La déité Fa Kyes Po gouverne la porte du Sud et le peuple des Kumbhanda - Photo © Richard BROUSSAUD
 
 
L'isolement du Tibet explique pourquoi cette civilisation unique et raffinée reste longtemps méconnue. Elle se développe avec les influences de la Perse, de la Grèce d'Alexandre, de l'Afghanistan, de l'Inde, de la Chine et de l'Asie centrale qui pratiquent le bouddhisme mahayana et provoquent une formidable explosion des arts.  Au Ve siècle, règnent des rois puissants et cultivés. Ils élèvent, à la manière égyptienne, des tombeaux gardés par des " armées de la mort ", composées de prêtres et de guerriers chargés " de prendre soin " du souverain décédé.
 
La littérature
Au VIIe siècle, Sambotha, ministre de Songsten Gampo, " crée " la langue tibétaine à partir du sanscrit. Chaque monastère a son imprimerie, sa bibliothèque et les commandes affluent de l'Asie. La technique est xylographique. Les feuillets sont placés entre des planchettes. Ces livres sont entourés de tissus ou de brocards. Les styles savants et populaires utilisent la prose ou les vers dans les chants mystiques, les contes, les épopées, l'opéra, les récits historiques et le théâtre où évoluent des danseurs porteurs de masques.
 
La musique
La technique vocale, les instruments originaux et leur symbolisme font que cette musique est unique et a pour but de communiquer avec les divinités. Elle date du VIIe siècle et utilise des instruments à percussion (tambours, gongs), et à vent (conques, drungchen [grande trompe de 4 m], kangling [fémur humain évidé]). Quant à la musique profane, elle sert de lien social chez les nomades qui chantent et dansent durant les fêtes en s'accompagnant de flûtes et d'instruments à cordes.
 
La peinture
Elle s'exprime sur trois supports : les enluminures et les  illustrations de livres, les fresques qui décorent les murs et, le thangka, moyen d'expression artistique le plus typique de l'art tibétain. C'est une toile en lin, coton ou soie dont le centre est peint, primitivement réalisé en colorants naturels (or, lapis-lazuli, ocre, argent, malachite, cochenille…). Le thangka " œuvre que l'on déroule " est exécuté selon des normes très codifiées car il est destiné à la méditation ou à l'étude. Il représente un mandala (diagramme mystique) ou une divinité. L'astrologue fixe son déroulement. Sa finition comprend des bordures de brocard ou de soie et des bandes appelées " arc en ciel ". Il est anonyme, mais des styles existent selon les régions ou les écoles. Dès le XIe siècle, les Newar du Népal apportent leur style minutieux avec des détails floraux, des volutes et la prolifération de personnages. La Chine influence cette peinture tibétaine sous les Mongols en leur apprenant à  traiter des paysages imaginaires (Shambala).
 
La sculpture
Le métal employé est un mélange de cuivre, or, argent, fer, mercure, étain et plomb. Les sculptures sont coulées selon le procédé de la cire fondue. Dans ces statues, souvent creuses, se trouvent des reliques ou des livres. Les visages polychromes sont incrustés, à la mode népalaise, de pierreries.
 
La sculpture du bois anime les piliers, linteaux, portes et boiseries des temples (Jokhang, Labrang, Drepung).
 
Les statuettes en argile, tsa-tsa, sont très prisées par la population. Dans chaque foyer, il y a un autel dédié à Bouddha.
 
Un étal d'objets d'art tibétain - Photo © Richard BROUSSAUD
 
 
Les tapis
Ce pays d'élevage de yaks, moutons et chèvres fournit de très belles laines utilisées depuis le VIIe siècle pour la confection des tapis familiaux et de selle. Le tissage se distingue par un nouage unique au monde. Les motifs sont mis en relief par la sculpture aux ciseaux et représentent souvent les signes auspicieux du bouddhisme.
 
Les masques
Cet art remonte au XIIIe siècle. Le bois ciselé et le papier mâché sont les principaux éléments auxquels sont ajoutés du tissu, des os, de la filasse ainsi que des cornes de yak ou de cerf. Les masques sont portés par les officiants pour des rituels secrets ou dans des cérémonies publiques " danses du cham ". Il existe également des masques triangulaires en étoffe ou en peau de chèvre utilisés dans la " danse du chasseur ".
 
Les bijoux et l'orfèvrerie
Montés sur argent, les bijoux sont extrêmement riches en turquoise, coraline, ambre, lapis-lazuli et grenat. Les nomades portent de magnifiques colliers, bagues, boucles d'oreilles, gau (boîte en argent ciselé), pendentifs et coiffes. Les pièces d'orfèvrerie, réservées à la noblesse, comprennent des théières en argent, des reliquaires et des chörtens.
 
Les moulins à prières
Objets cultuels très répandus, ils sont l'expression ancestrale et permanente du bouddhisme. Ils se composent d'un cylindre creux en argent, bois ou laiton, incluant un mantra et tenu par un manche en bois, os ou ivoire. Les croyants en le tournant déroulent ainsi leurs prières, sources de protection et de guérison.
 
L'artisanat domestique
Il existe une production d'ustensiles rustiques en bois, cuir ou métal comme les boîtes à beurre, les récipients à offrande, les coupelles, les barattes et les pots à thé de belle facture.
 
L'architecture
Les Tibétains assimilent leur maison à une projection de l'univers. Il en est de même des monastères. Influencées par l'Asie centrale dans l'emploi de pisé, bois et fibres végétales, ces constructions se caractérisent par un parfait équilibre avec le paysage autant pour les formes que les coloris. L'étage supérieur est blanc, domaine des dieux, l'intermédiaire ocre, celui des hommes, le rez-de-chaussée et celui des démons, noir. Avec les chörtens, les murs de manis (pierres écrites et colorées), les lungtas (drapeaux de prières) et les tentes noires des nomades, le paysage est magique.
 
La médecine
Songsten Gampo convie des médecins indiens, persans et chinois à rédiger un traité de médecine. Le code de l'Amchi (médecin) est édicté sous Trisong Detsen. La première école de médecine " Chakpori " est créée au XVIIe siècle et l'Institut " Mentsekang " voit le jour sous le XIIIe Dalaï-lama.
 
La maladie est régie par le karma. Le corps humain se compose de cinq éléments devant être en équilibre : la terre constitue le corps physique ; l'eau est le principe de cohésion ; le feu est la maturation ; l'air gère les activités nerveuses et motrices ; l'éther est le support des éléments précédents. Les énergies se concentrent sur les shakras.
 
Le diagnostic repose sur la prise du pouls, l'examen des urines, l'interrogatoire sur l'alimentation et la palpation. L'altruisme et l'érudition de l'amchi en font un personnage important qui respecte onze vœux bouddhistes (comme dans le serment d'Hippocrate). Il considère le patient dans sa globalité.
 
La thérapeutique utilise des plantes et des minéraux permettant la fabrication de pilules ; certaines contiennent de l'or " pilules précieuses ". Le thermalisme, le contrôle du souffle par le yoga, les moxas, les onguents, les cataplasmes, et maintenant des traitements occidentaux prescrits dans les camps de réfugiés sont aussi utilisés. Par contre, au Tibet, la population se méfie des médecins chinois et des hôpitaux à cause des avortements forcés, des expérimentations et des prélèvements d'organes.
 
La place des jeunes dans la société
Les Tibétains développent un système social dynamique qui les unit. Cette permanence s'explique par le fait qu'au Tibet l'aîné des enfants, à son mariage, hérite de tous les biens et position sociale de son père. Le village est donc dirigé par des jeunes.
 
En Himalaya, les poésies, contes, proverbes et dictons sont à la base des croyances populaires. Les fables apprennent aux enfants à être courageux, stimulent leur imagination et leur intelligence. Avant huit ans, les enfants assument déjà un rôle actif au foyer. Les aînés surveillent les troupeaux, alors… la chasse aux loups à coups de pierre devient une réalité.
 
Un proverbe dit : " Un homme qui possède un peu de savoir est comme un borgne, tandis qu'un homme de grand savoir a des milliers d'yeux ". On explique donc au jeune Tibétain que c'est une faute de ne pas croire aux livres. Grâce à l'enseignement des moines, le taux d'alphabétisation, avant l'invasion chinoise, était élevé. C'est moins le cas aujourd'hui !
 
L'apprentissage des vertus bouddhistes, l'affection de leur famille, l'importance accordée à l'astuce et à l'espièglerie en font des gamins responsables et vifs. Les parents leur apprennent le respect de toute vie même celle d'un insecte.
 
Le Drapeau, histoire et symbolisme
 
 
Au VIIe siècle, le Tibet était un puissant empire d'Asie Centrale disposant d'une armée de 2860000 soldats. Chaque régiment avait son propre drapeau. Cette tradition a pris fin lorsque le XIIIe Dalaï-Lama a dessiné un drapeau national.

1) Le triangle blanc évoque le Pays des Neiges.
2) Les six rayons rouges représentent les six tribus originelles du Tibet.
3) Les rayons rouges et bleus symbolisent la détermination des déités protectrices  des traditions.
4) L'une, Nechung, est en rouge, tandis que l'autre, Sri Devi, est en noir.
5) Le soleil figure la liberté et le bonheur spirituel dont jouit le peuple.
6) La posture des deux lions illustre la victoire spirituelle et séculaire.
7) Les trois joyaux incarnent la révérence du peuple envers les sources de refuge : le Bouddha, sa loi et la communauté monastique.
8) Le motif circulaire à deux couleurs matérialise l'adhésion aux dix vertus et aux seize codes de la morale humaine.
9) Le contour jaune est l'épanouissement perpétuel du Bouddhisme dans toutes les directions.
 
Sources : " Le Tibet " Christian Deweirdt, Eliane Gandia et Marc Moniez. Le Drapeau est adapté d'après The Tibetan National Flag, publié par La Bibliothèque des Archives et Ouvrages Tibétains, Dharamsala, Inde.
 
 

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