Tibet - Union Européenne :
préoccupations sur les violations des droits

Source : Business Standard
 
Le Représentant spécial de l'UE pour les droits de l'homme, Stavros Lambrinidis, a visité les régions tibétaines et a exprimé ses préoccupations concernant la situation des droits de l'homme au Tibet.

" J'ai noté des tendances inquiétantes dans des domaines clés de préoccupation des droits humains, y compris la surveillance et les restrictions imposées à la liberté d'expression, accrue ".

Lambrinidis a visité les zones ethniques tibétaines de la province du Qinghai et la Région autonome du Tibet du 9 au 18 septembre.

Il a dit qu'il y avait " persécution, arrestation et détention de personnes pour avoir exprimé pacifiquement leurs opinions ou exercé légalement leurs activités professionnelles ".

" Au cours de ma visite, j'ai souligné la volonté de l'UE de continuer à travailler avec la Chine pour promouvoir l'adhésion respective des obligations internationales des droits humains et des normes ", a-t-il dit .
 
La visite a fourni des occasions pour l'UE et la Chine d'engager des discussions approfondies sur les droits de l'homme à un niveau supérieur, sur la base de graves préoccupations. Les deux parties ont également discuté des moyens de promouvoir un meilleur dialogue et une coopération axée sur les résultats sur les droits de l'homme, a indiqué le communiqué.

Lambrinidis a également visité les Palais du Potala et du Jokhang et le monastère de Sera à Lhassa , où il a rencontré des moines et des membres des comités de gestion du monastère.
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Plus de deux millions de Tibétains appauvris
en raison de leur réinstallation forcée

DHARAMSALA - 27 juin 2013 - HRW et Administration tibétaine en exil - Tibetan Review - Tibet-Info.net - Monique Dorizon

Plus de deux millions de Tibétains ruraux, représentant plus des deux tiers de la population de la "Région Autonome du Tibet", ont été transférés depuis 2006 dans de "nouveaux villages socialistes", en vertu de la "campagne de logement confortable" mise en place par la Chine, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport daté du 27 juin 2013.

Le rapport dit que cette politique endette les Tibétains, déjà parmi les plus pauvres de la République populaire de Chine, sans leur assurer de logement de qualité.

Human Rights Watch affirme que la population tibétaine a été réorganisée sur une échelle "sans précédent dans l'ère post-Mao", alors que les autorités chinoises ont tenté de poursuivre la répression contre le mouvement séparatiste et de renforcer le contrôle sur les communautés rurales.

Le rapport a également indiqué que, depuis 2006, plus de 600 000 éleveurs nomades de la partie orientale du plateau tibétain, telle la province du Qinghai (ancienne région tibétaine de l'Amdo), ont également été forcés de s'installer dans de nouvelles communautés rurales, où ils restent condamnés à vivre dans la misère.

Le rapport indique que de nombreux Tibétains qui délocalisent ou reconstruisent leurs maisons dans le cadre de ces programmes appelés par la Chine : "nouvelle ruralité socialiste" supportent l'essentiel du coût de la construction de leurs nouvelles maisons, ce qui entraîne souvent un endettement que les ménages ont du mal à supporter.

La Chine soutient que ces programmes contribuent à améliorer le niveau de vie des Tibétains. Elle nie que des expulsions forcées aient lieu, en insistant sur le fait que les délocalisations seraient entièrement volontaires et que les Tibétains seraient reconnaissants pour les nouveaux logements.

Le rapport dit aussi que le gouvernement chinois a annoncé des plans visant à favoriser le relogement et le déplacement de plus de 900 000 personnes dans la "Région Autonome du Tibet" d'ici la fin de l'année 2014 et la transformation d'un nombre supplémentaire de 113 000 nomades en habitants sédentaires dans l'est du Tibet (région tibétaine du Kham) d'ici la fin de l'année 2013.

Mais le rapport de 115 pages, intitulé : " Ils disent que nous devrions être reconnaissants " : Relogement de masse et réinstallation dans les zones tibétaines de la Chine", documente les violations massives des droits allant de l'absence de consultation à celle de fourniture d'une compensation adéquate, toutes deux requises en vertu du droit international pour légitimer des expulsions, a noté l'Administration tibétaine en exil, à Dharamsala, en Inde.
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L'écrivaine tibétaine Tsering Woeser
à nouveau en résidence surveillée à Pékin avec son mari Wang Lixiong
 
21 juin 2013 -  Phayul - Site Tibet-Info.net - Monique Dorizon 

L'écrivaine et poétesse tibétaine Tsering Woeser a de nouveau été placée par les autorités chinoises en résidence surveillée à Pékin par précaution, en amont d'un rare voyage au Tibet pour des journalistes étrangers parrainé par l'État.

Jeudi 20 juin, écrivant sur son blog, Woeser a déclaré que cette dernière décision est destinée à l'empêcher de dire la vérité sur le Tibet aux journalistes étrangers, qu'elle avait, pour certains, déjà rencontrés auparavant cette semaine.

"Cette fois, c'est pour contrecarrer les articles qui vont émerger d'un voyage à Lhassa organisé pour des journalistes étrangers en Chine", a déclaré Woeser parlant de son assignation à résidence avec son mari Wang Lixiong.

"Les autorités chinoises semblent préoccupées par le fait que mes opinions contrediront le tableau idyllique qu'elles veulent présenter via un itinéraire approuvé et des rencontres orchestrées destinées à projeter une image de Tibétains heureux de vivre une vie heureuse".

Woeser a révélé que le mercredi après-midi, elle et son mari ont été arrêtés par sept ou huit agents de la sécurité de l'État sur la route de Cuiwei dans le district de Haidian à Pékin avant d'être escortés jusqu'à leur domicile dans la partie orientale de la ville de Pékin.

Tout en notant que les mesures prises cette fois par les autorités "étaient plus fastueuses que jamais", elle raconte que des policiers en civil ont été placés à l'extérieur de son immeuble et deux autres mis en veille permanente via l'ascenseur.
"Pour le moment, il semble que ce confinement doive durer au moins jusqu'au 25 juin et peut-être plus longtemps", a-t-elle ajouté.

Selon Woeser, les journalistes étrangers devraient partir pour Lhassa le 6 juillet, qui, d'ailleurs, est aussi la date du 78e anniversaire du chef spirituel tibétain en exil, le Dalaï Lama. Elle dit aussi qu'un voyage pour les diplomates est également prévu, peut-être pour la fin juin.

Depuis 2008, les journalistes qui ont essayé de passer à travers le filet de la sécurité chinoise et d'accéder à la région ont été arrêtés, menacés et renvoyés.
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Un moine tibétain condamné à l'emprisonnement pour avoir écrit un livre

DHARAMSALA - 24 mai 2013 - Le Gouvernement chinois, dans sa guerre sans merci envers les écrivains et les intellectuels tibétains, a condamné un moine tibétain à cinq ans de prison pour avoir écrit un livre sur le Tibet et la vague d'immolations qui s'y déroule depuis 2009.
 
Gartse Jigme, écrivain tibétain reconnu et moine du Monastère de Gartse dans l'Amdo a été condamné par le tribunal du peuple de Tsekhog (chin Zekog) à Malho (chin Huanguan) le 14 Mai 2013. Il a, tout d'abord, été arrêté le 1er Janvier 2013 puis détenu à Rebkong ( chin Tongren ) comté de la préfecture de Malho jusqu'à ce que sa condamnation ait été prononcée.
 
Gartse Jigme avait précédemment écrit deux livres sur le Tibet, le livre en question est la seconde édition de son second livre, Tsenpoi Nyingtop (angl La valeur du roi) . Le livre a été saisi par la police, chez son éditeur, avant impression. L'écrivain avait déjà été détenu brièvement en Avril 2011 pour les opinions exprimés dans ce livre.
 
Il est également un membre respecté de la communauté monastique et s'est déjà exprimé oralement quant à la politique gouvernementale qui menace les gens de la région dans leur vie de tous les jours et a, de facon répétitive, exhorté le gouvernement chinois à cesser de proférer des accusations sans fondement reprises par les autorités à l'encontre de la religion tibétaine et de ses pratiquants et qui ont un impact destructeur sur la culture religieuse tibétaine.
 
Gartse  Jigme est né à Garwa, un village nomade de la région de Gartse dans le Comté de Rebkong. Il écrit depuis 1999 et a obtenu de nombreux prix littéraires. Son premier livre " Méditations sur mes pensées" a recu un accueil extrêmement favorable d' amis et d'autres personnes de la Communauté.

Il est également un érudit ayant étudié et suivi avec succès les Enseignements majeurs dans son Monastère en 2003.
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Le Vice-Président du Parlement européen demande à la Chine de permettre une mission d'enquête au Tibet
 
Le Vice-Président du Parlement Européen, le britannique M. Edward Mc Millan-Scott,  a interpellé M.Wu Hailong, ambassadeur de Chine auprès de l'Union européenne afin que soit facilitée une visite d'enquête au Tibet par une délégation de membres du Parlement Européen.

L'ambassadeur Wu Hailong a encouragé davantage d'européens à venir visiter le Tibet, et, s'est déclaré préoccupé devant les critiques de l'Union Européenne vis à vis de la Chine quant à la vague d'auto-immolations par le feu qui se déroulent au Tibet et dont le nombre s'accroit chaque jour encore davantage.

Edward McMillan-Scott,  Vice-Président du Parlement Européen, et, également, en charge du dossier des Droits de l'Homme et de la Démocratie au Parlement Européen depuis 2004,  a  interpellé  l'ambassadeur de Chine, Wu Hailong, en le priant de reconsidérer son allégation,  sans fondement aucun,  d'un Tibet soi-disant-ouvert à tout visiteur venu de l'étranger,  et surfant sur cette affirmation  - puisque-soi-disant-ouvert à tous ...-   pour  réitérer, donc, sa demande de faciliter l'envoi d'une commission d'enquête de députés de l' U.E.  au  Tibet  " ... et de nous permettre d'organiser notre propre enquête ainsi que nos propres rencontres,  sans être éclipsés par les forces de sécurité chinoises précisément mises en cause dans la répression brutale des libertés des Tibétaines et Tibétains  ".

Depuis 2009,  pas moins de 98 Tibétains - connus  -  se sont auto-immolés par le feu au Tibet, pour protester contre le joug chinois,  et,  exiger la liberté et le retour de Sa Sainteté le Dalaï-Lama.
 
Dans une interview à  theparliament.com,   l'ambassadeur de Chine auprès de l'Union européenne,  M. Wu Hailong  s'en est tenu à la ligne officielle habituellement  prônée par le parti et les caciques du régime Chinois, et a blâmé les "  forces étrangères  "   pour leur  participation  à  la  "  planification secrète,  la provocation,  l'organisation  et la mise en œuvre " des manifestations et de cette vague d' auto-immolations.
 
M. Mc Millan-Scott, qui fut le premier homme politique à se rendre au Tibet après un embargo de trois ans, en 1996, a fustigé les commentaires de l'ambassadeur de chine auprès de l'Union européenne, et, les prenant en exemple, a démontré  " ... pourquoi les niveaux de frustration ressentie par la communauté tibétaine sont aussi élevés qu'ils le sont."

" Le Régime totalitaire de la Chine nie sans vergogne toute responsabilité pour les tragiques auto-immolations de près de 100 Tibétains en signe de protestation contre les très graves brutalités policières consécutives à  la politique de la Chine au Tibet et l'exil forcé du chef spirituel tibétain, Sa Sainteté le Dalaï-Lama  "
 
L'euro-député britannique a déclaré que l'intergroupe pour le Tibet au Parlement Européen   "  reçoit continuellement  et pouvait faire état des preuves tangibles  que la culture tibétaine et sa langue sont systématiquement anéantis par le régime chinois  "

Et de poursuivre : 
" Je suis également convaincu que les prisonniers tibétains ont été  délibérément tués,  par le régime de Pékin,  pour que leur soient  prélevés des organes sains en vue d'opérations chirurgicales et de greffes  ...  Comme ce fut le cas pour d'autres groupes religieux  - qui, ni ne fument, ni ne boivent - tels que les Ouïgours et les adeptes et pratiquants de Falun Gong  "  a- t-il ajouté.
 
Dans l'interview, Wu Hailong s'est également plaint que la réponse du gouvernement Chinois quant à la crise du Tibet ait été censurée par l'Union Européenne, laquelle Union, a, par la voix de ses représentants,  exprimé,  le mois dernier,  sa " profonde tristesse " pour le nombre croissant d'auto-immolations au Tibet, et, a exhorté Pékin à respecter les droits des Tibétains,  et à permettre le libre accès au Tibet pour les diplomates et les journalistes.
 
"  Tout en respectant l'intégrité territoriale de la Chine,  l'Union européenne appelle les autorités chinoises à s'attaquer aux causes profondes de la frustration du peuple tibétain et de veiller à ce que leurs droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels soient respectés, y compris leur droit de jouir de leur propre culture, de pratiquer leur propre religion et d'employer leur propre langue   ".
 
L'année dernière, la Chine a également rejeté, et, ce très vertement et sans aucun ménagement,  une demande venue de l'ambassadeur d'Australie en France, M. Adamson Frances, de se rendre au Tibet pour  " examiner les raisons "  qui conduisent  à ces auto-immolations par le feu. Frances  Adamson avait également requis aux autorités chinoises l'autorisation d'une délégation de parlementaires australiens de se rendre en visite au Tibet .

 Mc Millan-Scott a appelé l' Union Européenne  à nommer un représentant spécial pour le Tibet.

" Nous sommes préoccupés par les restrictions qui frappent toute expression de l'identité tibétaine, et qui sont  à l'origine de la vague de mécontentement dans la région ",  a déclaré la Haute Représentante pour l'Union,  Catherine Ashton.
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Un Tibétain de 26 ans s'immole par le feu, ce qui porte à 99 le nombre des immolés depuis 1999
 
Le 23 Janvier 2013
 
DHARAMSALA : Kunchok Kyab, un Tibétain de 26 ans s'est immolé en protestation contre la politique répressive menée par la Chine à Bora, Ladang dans l'Est du Tibet dans la région de l'Amdo, il est mort sur le coup.

Il s'est immolé aux environs du Monastère de Bora, à Midi, heure locale hier, le 22 Janvier , cette nouvelle immolation amène le total des  immolations à 99 et ce, depuis 2009.Son corps a été emporté par les Autorités chinoises dans un endroit tenu secret.

La femme et le bébé de Kungchok Kyab originaire du village de Gyalring à Bora dans le comté de Ladrang, fils de Dorjee et Rinchen Tso, lui ont survécu.
 
La sécurité a été  renforcée dans toute la région alentour à la suite de cette immolation.De nombreux moines du Monastère de Bora ont été également arrêté et détenu par les responsables de la Sécurité chinoise.
 
En dépit des appels répétés de l'Administration Centrale Tibétaine à ne pas en arriver à des mesures extrêmes , à ce jour ce sont plus de 99 Tibétains qui se sont immolés en appelant au retour de Sa Sainteté le Dalaï Lama au Tibet ainsi qu'à la liberté pour les Tibétains du Tibet.
 
L'Administration Centrale Tibétaine exhorte le gouvernement chinois à revoir sa politique défaillante au Tibet et à répondre aux doléances légitimes du peuple tibétain.
 
Au vu de la situation critique à l'intérieur du Tibet, le Kashag et le Parlement tibétain en exil de l'Administration Centrale Tibétaine organisent une campagne de solidarité envers le peuple tibétain du 30 Janvier au 2 Février à New Delhi.
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Mourir pour que sa langue vive

Rappel de l'article du journal "LE MONDE CULTURE ET IDEES" du 27.12.2012
 
Par François Bougon
 
Au début, des moines ont montré la voie. Ils ont été suivis par des laïques, souvent jeunes, nomades et bergers. Une centaine de Tibétains - 28 pour le mois de novembre 2012 - ont choisi de s'immoler par le feu pour protester contre une répression chinoise croissante. Certains ont pu être sauvés, mais la plupart sont morts. En Chine, les autorités tentent d'endiguer la vague suicidaire en menaçant ceux qui veulent s'immoler d'une comparution en justice pour homicide et trouble à l'ordre public. Les médias officiels minimisent leurs actes en les rapprochant des membres des sectes apocalyptiques américaines, le rôle du "méchant" étant tenu par le dalaï-lama, le chef spirituel des Tibétains exilé en Inde depuis 1959, qui a officiellement abandonné toute fonction politique en 2011.
 
L'histoire récente de l'humanité recèle de nombreux cas de cette forme de protestation extrême qui a, parfois, permis de faire basculer le destin d'un pays, voire d'une région. Le 17 décembre 2010, en se sacrifiant sur un marché de la ville de Sidi Bouzid, en Tunisie, le jeune vendeur ambulant Mohamed Bouazizi marquait ainsi le début de ce qui allait devenir les "printemps arabes".
 
La première immolation d'un Tibétain remonte à 1998, en Inde. Mais il faut attendre 2009 - un an après les manifestations de Lhassa, la capitale de la région autonome du Tibet, qui s'étaient propagées aux régions tibétaines situées dans les provinces chinoises limitrophes - pour que ce phénomène se produise à l'intérieur des frontières chinoises. Certains des immolés ont laissé des testaments, qui ont été publiés sur le blog de l'écrivaine et blogueuse tibétaine Tsering Woeser. Ces derniers mots prennent parfois la forme d'un poème, comme celui laissé par Ani Sangay Dolma, morte à 16 ans, le 25 novembre 2012, et intitulé "Il est de retour" en référence au Dalaï-lama.
 
"Levez les yeux, amis tibétains,
Contemplez au-dessus de vos têtes le crépuscule bleu,
Telle une voûte céleste de montagne blanche, mon lama est de retour.
Levez les yeux, amis tibétains, (...)
Contemplez les montagnes enneigées.
C'est une nouvelle ère, l'ère du pays des neiges. Et le Tibet est libre et indépendant."
 
Selon Lama Jabb, un Tibétain en exil qui étudie la littérature tibétaine contemporaine à l'université d'Oxford, "le répertoire des images et la versification sont typiques de la tradition tibétaine". "Il est écrit comme si elle vivait dans un Tibet indépendant."
 
Si des thèmes comme le retour du dalaï-lama, les valeurs du bouddhisme tibétain, en particulier la compassion, le joug chinois et l'unité des Tibétains reviennent souvent, beaucoup de ces textes défendent la langue tibétaine, un aspect relativement nouveau dans la résistance face à la domination chinoise. "Je souhaite que les six millions de Tibétains apprennent leur langue maternelle, portent les habits tibétains et soient unis", écrit ainsi Nyingkar Tashi, âgé de 24 ans, avant de s'immoler le 12 novembre. "Nous réclamons la liberté d'expression religieuse et la préservation de notre culture. Nous réclamons le droit d'utiliser notre langue. Nous réclamons les mêmes droits que tous les autres êtres humains", affirme pour sa part Jamyang Yeshi, 26 ans, qui vivait en exil à New Delhi depuis 2006 et qui s'est sacrifié pour protester contre la visite du président chinois Hu Jintao en Inde, en mars 2012.
 
La langue tibétaine, qui appartient à la famille tibéto-birmane, est parlée par plusieurs millions de personnes. Elle est devenue l'un des derniers remparts de la résistance de ces peuples qui vivent sur un plateau de 2 500 000 km2, soit un quart de la superficie de la Chine. Au début du XXe siècle, face aux missionnaires occidentaux, les Tibétains ont cherché à protéger leur religion, qui constitue le cœur de leur identité : un bouddhisme tibétain qui a rayonné bien au-delà, influençant les peuples voisins, comme les Mongols et les dynasties étrangères qui ont gouverné la Chine (Yuan et Qing).
 
Ensuite, face aux troupes chinoises communistes, d'abord durant la Longue Marche, puis à partir de 1949, les Tibétains ont lutté pour leur terre, en particulier dans l'Amdo (nord-est du Tibet). "A cette époque, quand les Chinois sont entrés au Tibet, l'inquiétude immédiate des gens a été de protéger leur terre, leur peuple et la religion, le dharma. Il n'y avait pas de mention de la langue. C'est après la Révolution culturelle, période pendant laquelle l'enseignement du tibétain a été interdit, que cela a commencé", explique lama Jabb.
 
Dans l'Amdo, cette région du Tibet répartie sur les provinces chinoises du Qinghai, du Gansu et du Sichuan, les dix ans qui ont précédé le départ du dalaï-lama de Lhassa, dans le centre du Tibet, ont été marqués par des massacres qui ont entraîné énormément de morts, de disparitions ou de suicides. Pour le centre du Tibet, 1959 est la date marquante, mais pour cette région la répression a atteint un point culminant en 1958. "C'est la grande année du traumatisme pour l'Amdo", souligne la tibétologue Françoise Robin. Ce n'est sûrement pas un hasard si 80 % des immolations s'y sont produites.
 
Cette résistance, qui a pris des formes extrêmes avec les suicides par le feu, se manifeste également par un véritable foisonnement culturel. La mémoire refoulée des années 1950, 1960 et 1970 - présente de manière orale dans les familles mais niée à l'école et par l'histoire officielle - ressurgit depuis quelques années dans la littérature et dans les chansons. En 2005 est ainsi paru sous le manteau Joies et malheurs de l'enfant de Naktsang, l'autobiographie d'un Tibétain de l'Amdo, Naktsang Nulo.
 
Né en 1948, cet ancien juge y raconte ses jeunes années mais aussi 1958 - la répression de la rébellion anticommuniste et la tragique famine du Grand Bond en avant. "Ce livre a eu un succès phénoménal, surtout dans l'Amdo, car il a été écrit dans le dialecte de la région, ce qui était nouveau", explique Françoise Robin. La Tempête rouge, de Tsering Dondrup, un roman qui aborde cette mémoire taboue, a été publié en 2009. "Au travers de ces "pratiques mémorielles" culturelles, des artistes, intellectuels et écrivains tibétains exercent une résistance culturelle et historique en contestant la vision chinoise univoque de l'histoire récente des relations sino-tibétaines", souligne Françoise Robin dans un article publié en septembre 2011.
 
Pour les couches de la population tibétaine moins éduquées, comme les paysans, c'est surtout la chanson, diffusée en CD et par Internet, qui permet à l'identité tibétaine de s'exprimer. Depuis le début des années 1980, un genre est particulièrement apprécié : le dranyen dunglen, qui signifie "gratter et chanter" - le chanteur s'accompagne d'une mandoline. Comme pour la littérature, les allusions codées du début ont fait place à l'évocation plus explicite d'un passé glorieux ou des défaites face aux Chinois, battant en brèche la vision sinocentrée officielle.
 
Les chanteurs populaires paient leur audace par des séjours en prison. Ce fut le cas du chanteur de l'Amdo Tashi Dondrup, dont le disque Torture sans trace a été très populaire avant d'être interdit. L'une de ses chansons s'appelle "1958-2008" : " Eh ! L'année 1958 est celle où l'ennemi noir est entré au Tibet, les lamas ont été mis en prison, cette époque était terrifiante. Eh ! L'année 1958 est celle où les héros tibétains ont été mis en prison, où des Tibétains innocents ont été mis en prison, cette époque était terrifiante."
 
Un autre chanteur de l'Amdo, Phuljung, a été arrêté en août, peu après la sortie de son cinquième album. L'une des chansons, "Bon lama", évoque le dalaï-lama Lobsang Sangay, élu en 2011 premier ministre du gouvernement tibétain en exil, et le peuple tibétain, des "gens bons" : "Ce sont des gens au caractère sincère, c'est le peuple tibétain, il parle la pure langue maternelle." Ces chansons permettent à l'identité tibétaine réprimée de se renforcer, souligne lama Jabb dans un article publié en octobre 2011 dans la Revue d'études tibétaines. Elles évoquent "les images d'une histoire, d'une culture et d'un territoire communs, tout en déplorant la situation critique des Tibétains et en exprimant les aspirations à une destinée collective".
 
Ces derniers mois, après la décision des autorités de promouvoir le mandarin comme langue principale et langue d'enseignement, de nombreuses manifestations de collégiens ou de lycéens ont eu lieu dans la province de Qinghai. Dans une lettre publiée par le Centre tibétain pour les droits de l'homme et la démocratie, un moine exprime son inquiétude à l'assemblée de délégués de la communauté tibétaine en exil, qui s'est réunie à Dharamsala (Inde) en septembre : "Le Tibétain ne jouit d'aucune autonomie, même dans les écoles tibétaines établies dans les zones autonomes tibétaines. De telles conditions pathétiques ont rendu notre vie insupportable, il est donc extrêmement important que l'Administration centrale tibétaine [le gouvernement en exil] et tout le peuple tibétain soient conscients de ces problèmes."
 
Malgré la censure et la répression, des initiatives de plus en plus nombreuses émergent dans les régions tibétaines en faveur de la langue. L'emploi de mots chinois est traqué, des posters sont diffusés pour populariser les néologismes tibétains. Dans certaines régions tibétaines de l'Amdo, relève la tibétologue Katia Buffetrille, il n'est pas rare de voir sur les magasins des pancartes où il est inscrit : "Il est criminel de ne pas parler un pur tibétain".
 
Le mouvement du "Lakhar" (le "mercredi blanc") s'est également propagé, non seulement au Tibet mais en exil : tous les mercredis, de très nombreux Tibétains parlent un tibétain exempt de mots chinois (ou d'anglais et d'hindi pour les exilés), s'habillent avec des vêtements tibétains et mangent tibétain - généralement en refusant toute nourriture carnée. "Toute une frange éduquée de la jeunesse regarde le bouddhisme d'un peu loin : elle a une aspiration à la modernité qui fait que le bouddhisme est réservé à la sphère privée. Cette nouvelle jeunesse tibétaine est politisée autant que cela est possible en Chine. Cela passe par différents canaux, et la conscience linguistique en est un", conclut Françoise Robin.
 
François Bougon
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Un jeune tibétain s'immole à Sangchu
 
Le 12 Janvier  2013
 
DHARAMSALA : Tsebey, un jeune Tibétain de 22 ans s'est immolé par  le feu aux environs de 13 h le 12 janvier à SANGCHU, dans  la région de Kanlho dans l'Est du Tibet, il est mort sur le coup.

Les habitants ont emmené son corps dans un endroit sûr avant que les autorités chinoises arrivent.

Un témoin rapporte que plus tard son corps a été ramené à son village d'origine.

En dépit des appels répétés de l'administration centrale tibétaine à ne pas en arriver à ces mesures extrêmes, une centaine de Tibétains se sont immolés par le feu en appelant au retour de Sa Sainteté le Dalaï Lama au Tibet ainsi qu' à la liberté.
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ASSEMBLEE NATIONALE

Noël Mamère et Jean-Patrick Gille à la présidence du Groupe d'études sur la question du Tibet
 
 
 
Avec le changement de législature changement à la tête du Groupe d'études sur la question du Tibet. Six mois après l'élection de la nouvelle Assemblée nationale un nouveau groupe se met en place. Après  la présidence de l'UMP Lionnel Luca, deux représentants de la majorité présidentielle Jean-Patrick Gille et Noël Mamère, ont accepté de prendre la tête du Groupe à travers une co-présidence.
 
CO-PRESIDENTS
M. Jean-Patrick Gille (Affaires sociales)
M. Noël Mamère (Affaires étrangères)
 
Noël Mamère
Le plus connu du grand public et aussi le plus âgé (il fêtera ses 64 ans le 25 décembre),  Noël Mamère inscrit au groupe Ecologie, appartient à la Commission des Affaires étrangères et est le président du groupe d'amitié avec le Nigéria  Cet ancien journaliste représente la Gironde depuis 1994 sans interruption. Après trois ans comme député européen, il a laissé le PE pour l'Assemblée nationale où il en est à son quatrième mandat. Tout en étant dans le même temps  maire de la ville de Bègles dans l'agglomération bordelaise.

A l'heure où les immolations par le feu de patriotes tibétains se multiplient pour atteindre la centaine en moins de deux ans, les amis du Peuple tibétain apprécieront particulièrement l'arrivée de Noël Mamère à ce poste.
Notamment de par sa qualité de membre de la Commission des Affaires étrangères et ses capacités à réagir promptement à l'actualité concernant les droits de l'homme et droits des Peuples à la liberté et à l'autodétermination. Les plus récentes interventions du député à l'adresse de M. Laurent Fabius Ministre des Affaires étrangères sont là pour le rappeler.

A la mi-novembre Noël Mamère  interpelait le Ministre à propos du scandale qu'a constitué pour  la patrie des droits de l'homme l'arrestation et  l'extradition vers l'Espagne de la militante basque Aurore Martin, membre de Batasuna, parti politique indépendantiste basque parfaitement légal en France mais interdit en Espagne. Double scandale : non seulement la jeune femme militait dans une structure légale mais ses activités militantes (débats et réunions d'information) ne se déroulaient pas en Espagne mais en France seulement. On ne savait pas que les Gouvernants français avait vocation à jouer les supplétifs au profit de l'actuel Gouvernement espagnol de droite ?

Une plus récente intervention à l'AN du député de Bègles  a porté sur la liberté de la presse en Turquie, plus exactement sur l'absence de liberté dans ce pays qui veut rallier l'Europe. Le 20 novembre Noël Mamère attirait l'attention de Laurent Fabius sur la situation scandaleuse faîte par le Gouvernement turc à la presse grâce à une loi qui sous prétexte de lutte anti-terroriste baillonne les médias. Actuellement 76 journalistes Turcs et Kurdes sont emprisonnés et la grève de la faim menée en novembre par neuf d'entre eux, n'a rien changé.

Jean-Patrick Gille
Inscrit au groupe SRC (Socialiste-Républicain-Citoyen) M. Jean-Patrick Gille est un jeune député élu de Touraine, membre de la Commission des Affaires sociales dont il vient de devenir vice-président. Originaire du département de la Sarthe, cet homme de 50 ans a commencé comme chargé de mission au service d'une collctivité régionale. Il a été élu la première fois en 2007 député de la 1ère circonscription d'Indre et Loire ; il est conseiller municipal de Tours et secrétare national du Parti Socialiste à la famille.
Itinéraire au Parti Socialiste
Il commence son militantisme par un engagement écologiste au sein des Amis de la Terre en 1981. Il adhère au PS après la défaite de 1986 dans une fédération d'Indre-et-Loire marquée par un ancrage poperéniste et de lourdes divisions internes. Il se revendique dès lors comme un proche du courant jospiniste.

Il rejoint ensuite le syndicalisme étudiant en prenant sa carte à l'AGE de Tours de l'UNEF-ID. C'est l'occasion pour lui de participer aux manifestations de novembre de la même année contre la réforme Devaquet portant sur l'enseignement supérieur. Il s'investit ensuite plus spécifiquement au sein du PS pour devenir en 1993 premier secrétaire de la fédération d'Indre-et-Loire ( poste qu'il occupera jusqu'en novembre 2012).

Il fonde alors avec Benoît Hamon en 1994 le groupe politique " Nouvelle Gauche ", dans le cadre du congrès de Liévin.

1995 est l'année de la victoire de la liste conduite par Jean Germain aux élections municipales de Tours. Placé en numéro 2, il devient premier adjoint au maire chargé de la cohésion sociale, de l'emploi, de la formation professionnelle et de la politique de la ville.

En 1997, il échoue de peu face au candidat UDF Renaud Donnedieu de Vabres aux élections législatives. Après la victoire de la gauche plurielle sur le plan national, il se rapproche de Martine Aubry.

Après le 21 avril 2002, Jean-Patrick Gille esquisse dans une contribution nationale au Congrès de Dijon (2003) quelques perspectives pour réinventer une gauche "nouvelle, démocratique, européenne, écologique et sociale". Il rompt alors avec François Hollande et compose avec Marc Dolez et Pierre Larrouturou la motion D qui recueille 4,4 % des suffrages exprimés. Isolé, y compris dans sa fédération d'Indre-et-Loire, il se met à l'écart du PS.

Lors du congrès du Mans de 2005, Jean-Patrick Gille s'impose comme le candidat de la majorité rassemblée autour de la motion 1 de François Hollande et retrouve son poste de premier secrétaire fédéral.

Après le congrès de Reims, durant lequel il soutient la motion E portée par Ségolène Royal, il est réélu premier secrétaire de la fédération d'Indre-et-Loire du Parti Socialiste. Minoritaire dans les mois qui suivent les votes internes, il rejoint avec son courant en février 2009 la majorité du PS. Il devient d'ailleurs à l'occasion Secrétaire national à la Famille, et intègre la direction nationale du parti.
Le groupe d'Etudes sur la question du Tibet devrait se réunir prochainement pour fixer ses objectifs durant la législature

Secrétaire administrative du groupe : Mlle Aude Delvaux

Durant la précédente législature, le groupe Tibet de l'AN était présidé par Lionnel Luca inscrit au groupe UMP et appartenant au courant droite populaire. Avec sept vice-présidents dont Mme Chantal Robin-Rodrigo (Pyrénées) et MM. Jean-Louis Bianco, Patrick Bloche, Philippe Folliot, Richard Mallié, Daniel Spagnou, Philippe Vitel.
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Détentions et intimidations font suite aux immolations
 
KANLHO (TIBET) 4 décembre 2012

Source : site du Centre Tibétain pour les Droits de l'Homme et la Démocratie.

Dans leur quête de coupables tibétains, les autorités chinoises procèdent à des arrestations de Tibétains en lien avec les immolations par le feu.
 
D'après une source sûre, un nombre inconnu d'arrestations liées aux auto-immolations s'est produit dans les régions qui ont connu ces protestations-suicides.

Une autre source, ayant des contacts à Kanlho, rapporte au TCHRD que beaucoup de ceux détenus dans ce contexte de répression sont des membres des familles et des amis des auto-immolés.

La même source ajouta que ces personnes craignent de faire savoir qu'elles ont été arrêtées par peur d'autres représailles :"La peur est palpable parmi les Tibétains de Kanlho et des alentours que le fait de répandre l'information pourrait empêcher une libération plus rapide."
 
Ces derniers jours, les autorités locales chinoises de Kanlho (Province de Gansu) sont entrées en contact avec chaque foyer et les oblige à signer une lettre établissant que personne de la famille ne cherchera à s'auto-immoler et que chacun s'assurera de prévenir un tel incident.
 
Le 21 octobre, la Préfecture de Kanlho a publié une annonce offrant une récompense de 50 000 yuans ( 6 172 euros) à ceux qui informeront le gouvernement de toute "planification ou incitation" au sujet d'une protestation suicidaire. Dans le même registre, le 14 novembre, laPpréfecture de Malho a publié un arrêté commandant à toutes les représentations gouvernementales et tous les bureaux du Parti de faire appliquer l'interdiction des auto-immolations et les punitions aux familles des auto-immolés et aux villages où vivaient ces derniers.
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Un écrivain tibétain s'immole par le feu dans Nagchu
 
4 octobre 2012 - Dharamsala
 
Des rapports en provenance du Tibet disent qu'un écrivain tibétain s'est immolé aujourd'hui par le feu et est mort dans Driru comté Nagchu au Tibet oriental. L'incident a porté le nombre total de auto-immolations au Tibet à 53, dont 43 sur sont morts.
 
Gudrup, 43 ans, s'est immolé par le feu vers 10h du matin dans la ville de Nagchu et a succombé à ses blessures. La police chinoise a transporté le cadavre carbonisé de Gudrup hors de la ville au lieu de le remettre à sa famille, selon le rapport.
 
Alors qu'il était la proie des flammes, il a lancé des slogans disant "il n'y a pas de liberté au Tibet, que Sa Sainteté le Dalaï Lama revienne au Tibet."
 
Avant la protestation enflammée, il aurait laissé un message sur son compte QQ, appelant à "l'unité entre tous les Tibétains et de ne pas abandonner face à la lutte pour la liberté du Tibet."
 
"Gudrup a étudié à l'école Sherab Gatsel Lobling à Dharamsala en Inde, avant de retourner dans son pays natal en 2005 à l'issue de ses études. On le décrit comme un" écrivain prolifique". Il s'intéresse de près aux développements politiques concernant la question du Tibet et lit régulièrement des livres d'histoire du Tibet.
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A l'occasion de l'accession au pouvoir du nouveau Président chinois Xi Jinping
 
Prenez connaissance de la version française du rapport :
 
" Le Tibet : un défi pour Xi Jinping ".
 
Pour celà, copier le lien ci-dessous sur votre navigateur internet:
 
 
 
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Le chef de la propagande pour la République autonome du Tibet (RAT) insiste sur l'importance de préserver les secrets officiels au Tibet

TCHRD - 27 Juillet 2012, Dharamsala (Inde)

Dans un discours prononcé à l'occasion d'un séminaire qui s'est tenu à Lhassa le 11 Juillet dernier, le chef de la propagande du Commité Parti Communiste de Chine (PCC) pour la Région autonome du Tibet (RAT) a insisté sur la nécessité de 'donner plus d'importance au concept de confidentialité, de mettre en avant la portée de la confidentialité, de respecter la discipline de confidentialité et d'empêcher les fuites de secrets d'Etat.'[i]

Au cours de ce séminaire, auquel participaient des fonctionnaires et cadres de haut rang travaillant dans les bureaux et ministères où circulent des documents officiels de nature confidentielle, Mr Dong Yunhu, chef de la propagande pour la RAT,  a désigné le Tibet comme 'la première ligne dans la lutte menée par la Chine contre le séparatisme' et a réclamé un plus grand effort pour instaurer un système de propagande culturelle et un travail idéologique pour mieux protéger l'information confidentielle. Il a évoqué certains incidents au cours desquels la région du Tibet était devenue le théâtre d'actions menées par des forces séparatistes à l'intérieur et à l'extérieur du Tibet, y compris celles de 'forces hostiles et d'agences d'espionnage étrangères' enteprises dans le but de voler de l'information confidentielle. En plus de cet appel insistant pour le maintien de la 'stabilité nationale', Mr Dong a également évoqué 'la stabilité culturelle' comme l'un des principaux  objectifs politiques au Tibet.

Dans un éditorial du 14 Mars 2012, le journal People's Daily, organe du PCC,  notait qu'étant donné la diversité ethnique et culturelle existant en Chine, 'renforcer la notion d'identité du peuple dans la culture commune et l'identité nationale fondée sur le développement culturel, ethnique et géographique est la tâche essentielle du PCC aujourd'hui dans sa dimension culturelle.'[ii]

Quelques jours après la prise de parole de  Mr Dong, Li Changchun, chef du département central de Propagande du PCC, se rendit dans la RAT et rendit une visite toute spéciale aux villages fermiers et nomades de la préfecture de Nyingtri (chinois: Nyingchi) du 17 au 21 Juillet 2012. Mr Li s'est entretenu avec des cadres et des responsables ainsi qu'avec des représentants des fronts culturels, idéologiques et de propagande au Tibet et il les a exhortés à suivre une politique fidèle au parti et capable de mettre efficacement en place un développement de petites zones urbaines (leapfrog development) en même temps que la stabilité à long terme.  Il a aussi insisté sur la nécessité de renforcer la propagande et la campagne culturelle afin d'encourager 'l'unité ethnique'.

Pendant sa visite, Mr Li a aussi rappelé le besoin de cultiver les 'Cinq Biens' dans le cadre du travail de propagande culturelle. Les 'Cinq Biens' selon Mr Li, sont 'le PCC, qui est bon' ; le 'Socialisme, qui est bon'; les 'Nationalités, qui sont bonnes'; le 'Développement, qui est bon'; et 'la Patrie chinoise (la Mère Chine), qui est bonne'. Il a exprimé le souhait de voir le combat s'intensifier contre le séparatisme et pour la protection de l'unité nationale et la stabilité. Il a aussi exprimé l'espoir que le 'projet de radio et de télévision' destiné aux foyers du Tibet rural et nomade puisse accélérer le processus de création d'un système de service culturel partagé par les populations de tous les groupes ethniques dans le cadre des réformes et du développement.  

Le 18 Juillet 2012, au cours de sa visite au Temple du Jokhang à Lhassa, Mr Li a fait l'éloge des 'projets innovants' comme les Neuf-Indispensables et les Six-Autres dans le cadre du travail des  'monastères avancés'.[iii] Il a exhorté le comité du PCC et le gouvernement de la RAT afin qu'ils continuent de renforcer et d'encourager la mise en place de nouveaux règlements de gestion monastique et facilitent un mécanisme qui, à long terme, permettra au bouddisme tibétain de s'adapter à la société socialiste.

Au cours des derniers mois, les autorités chinoises au Tibet ont effectué un travail de propagande agressive au sein des communautés monastiques aussi bien que laïques, que ce soit pour la mise en place des campagnes pour les 'Neuf Indispensables' et pour les 'Six Autres', que pour les 'projets de radio et de télévision', ou pour l'enregistrement sur Internet de comptes d'utilisateurs  sous leurs vrais noms et pour l'organisation de sessions d'éducation politiques.

L'une des déclarations parmi les plus impressionnantes de ces dernières années est celle du présent chef de parti de la RAT, Mr Chen Quanguo, qui lors de la seconde session plènière du 8è  Comité du PCC pour la RAT, le 26 Juin 2012, a instamment demandé aux membres du parti de s'assurer que 'les voix et les images du parti soient entendues et vues partout dans les 1.2 millions de kilomètres carrés du vaste territoire' de la RAT et que 'ne puissent s'entendre aucune note discordante ou ne puisse se voir aucune image contrariante des forces hostiles de la clique du Dalaï'.[iv]

L'appel de Mr Chen en vue de l'interdiction complète de toute information venant de l'extérieur du  Tibet peut se comprendre comme incluant des 'forces hostiles' telles que des réseaux de radio comme La Voix de l'Amérique ou Radio Free Asia, qui sont devenus, pour les Tibétains, les sources principales d'information venant de l'extérieur, étant donné le système complexe et intrusif de censure mis en place au Tibet. Dans une enquête[v] effectuée par le Broadcasting Board of Governors(BBG) et par la société Gallup, ayant porté sur un certain nombre de pélerins tibétains en visite en Inde entre Décembre 2011 et Janvier 2012, une proportion impressionnante de 89 % d'entre eux a déclaré n'avoir aucune confiance dans l'information d'actualité contenue dans  tout média officiel émanant du gouvernement chinois, ajoutant que les chaînes de télévision officielles ne valent que comme sources de distractions. Sur les 117 Tibétains interrogés, 77 % ont déclaré que leur meilleure source d'information sur le monde était des parents ou des amis ; 7 % ont dit n'avoir à leur disposition aucune source d'information fiable et 6 % ont dit écouter les radios étrangères.

Les restrictions sur l'utilisation d'Internet comme l'enregistrement des usagers sous leur nom véritable se sont intensifiées. Les autorités chinoises de la RAT exigent à présent que les utilisateurs fournissent des cartes d'identité établissant leur citoyenneté  'seconde-génération'  (chinois: Shen Feng Teng) et 'd'autres documents' nécessaires à l'inscription dans les cybercafés.[vi] Le nouveau Shen Feng Teng inclue plus d'information personnelle sur les personnes que par le passé et rend, par conséquent, plus facile aux autorités la tâche de contrôle des activités online.  Tous les cybercafés de Lhassa ont reçu l'ordre d'installer une machine capable de lire les cartes d'identité seconde-génération  et les utilisateurs qui ne sont pas en possession de ce nouveau document ne peuvent accéder à l'Internet. Les mineurs de moins de 18 ans sont également interdits d'accès et les contrevenants seront punis par des amendes allant de 5,000 à 1,5000 RMB.

Traduction de Malie Montagutelli pour Montagne du Bonheur

Notes:
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[i] TAR Propaganda Chief Stresses Protection of Confidential Informationhttp://tb.tibet.cn/2010news/xzxw/zzzj/201207/t20120713_1759996.html
[ii] Cultural Construction Is "The Spiritual Pillar" Of Social Stabilityhttp://english.peopledaily.com.cn/100668/102793/102810/7758310.html
[iii] Chinese Central Propaganda Chief at Jokhang Temple in Lhasahttp://news.hexun.com/2012-07-26/144027657.html
[iv] Second Plenary Session of the Eighth TAR Regional Party held in Lhasahttp://epaper.chinatibetnews.com/xzrb/html/2012-06/27/content_367398.htm
[v] In Tibet, Word-of-Mouth Extends BBG's Reach
http://www.bbg.gov/press-release/in-tibet-word-of-mouth-extends-bbgs-reach/
[vi] Internet Cafe Users in Lhasa Must Hold a second-generation ID card for the full implementation of real-name registration systemhttp://www.chinatibetnews.com/fazhi/2012-07/16/content_1015326.htm

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Le Tour de France est passé dans la Drôme
 
Nhàn Nguyen représentait Tibet Vallée de la Drôme à Saint-Paul-Trois-Châteaux afin de défendre les valeurs tibétaines et rapporter des images.
 
 
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Il n'est plus de semaine que nous n'apprenions de nouvelles immolations au Tibet. C'est ainsi la sixième femme qui s'immole par le feu en moins de 12 mois.
 
Rikyo, mère de trois enfants, s'immole par le feu à Dzamthang

Sources : The Tibet Post International, Tibetan Centre for Human Rights and Democracy, par la Rédaction du site Tibet-Info.net,  2/ 06/12.

Le 30 mai 2012, trois jours après la double auto-immolation à Lhassa, une femme tibétaine est décédée après s'être immolée par le feu dans le Comté de Dzamthang (1), dans la "Préfecture Autonome Tibétaine et Qiang de Ngaba".

Le 30 mai 2012, Rikyo, 33 (ou 36 ans), mère de trois enfants, s'est immolée par le feu vers 15 heures (heure du Tibet), près du monastère de Jonang. Lorsque la police chinoise est arrivée, le feu était trop fort pour être éteint et elle est décédée. Des habitants ont emmené son corps jusqu'au monastère de Jonang Dzamthang Gonchen.

Près de 1 000 moines se sont réunis dans le monastère et ont prié pour l'âme disparue. Immédiatement après, les autorités chinoises auraient réclamé le cadavre pour le brûler et ont menacé de le leur enlever.

Le soir, vers 23 heures, le corps a été emmené sur une colline près du monastère et il a été brûlé. Les moines du monastère et des habitants, au nombre d'environ 5 000 au total, se sont réunis pour ses funérailles. Bien qu'il ait commencé à pleuvoir fortement, ils ont prié jusqu'à 3 heures du matin.

Rikyo, fille de Chuglo et Rinlha, était originaire du village de Tsang, Comté de Dzamthang dans la région de Ngaba. Elle a connu une vie de nomade, gardant les animaux. Avant son immolation, des sources locales racontent qu'elle pria et se prosterna toute une journée et toute une nuit, les amenant à penser qu'elle l'avait préparée.

Les habitants la décrivent comme une personne humble et religieuse. Rikyo laisse son mari Namgtong, trois enfants, 9, 7 et 5 ans, et ses parents.
Elle est la sixième femme tibétaine à s'être immolée en signe de protestation (2).

Depuis février 2012, dans le Comté de Dzamthang, quatre Tibétains se sont donné la mort par le feu en signe de protestation contre le gouvernement chinois (3).
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(1) Dzamthang est situé dans l'ancien Amdo tibétain, à la limite du Kham. Cette région est aujourd'hui incorporée à la "Préfecture Autonome Tibétaine et Qian de Ngaba", dans la province chinoise du Sichuan.
(2) Les autres femmes sont : Tenzin Wangmo,  Palden Choetso, Tenzin Choedron,  Tsering Kyi,  Rinchen.
(3) Ces quatre Tibétains sont : Nangdrol, Sonam,  Choepak Kyab,  Rykio (parfois écrit Rechok).
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Devant le Jogkhang, deux moines s'immolent
en signe de protestation contre la répression...
 
CELA PORTE A TRENTE-HUIT LES IMMOLATIONS DEPUIS 2011
 
 
TIBET / LHASSA - Radio Free Asia - 27 Mai 2012
 
Deux jeunes moines tibétains se sont immolés par le feu à Lhassa dimanche 27 Mai 2012 en signe de protestation contre la répression exercée par le régime totalitaire chinois au Tibet. Il sagit des premières immolations signalées dans la capitale du Tibet, selon ces sources.
 
Les moines se sont immolés en face de Temple du Jokhang situé dans le centre ville de Lhassa. Il sagit d' un lieu de pèlerinage réputé ultime pour les pèlerins Tibétains. Ceux qui étaient présents au moment de ces immolations ont été rapidement regroupés emmenés par les forces de sécurité chinoises arrivées dans plusieurs véhicules pour évacuer la zone, ont précisé les sources.
 
Les identités des deux moines et leur état de santé n'ont pas été communiqués. Les deux moines faisaient partie d'un groupe de jeunes manifestants Tibétains qui s'étaient réunis à l'extérieur du Temple pour protester contre la répression chinoise.
 
" Les forces de sécurité sont arrivées immédiatement pour éteindre le feu et tous les touristes présents sur place ont été évacués du site par les forces de l'ordre. Le lieu de ces immolations a été nettoyé et pas une trace de l'incident n'a été laissée sur le site," selon des témoins oculaires qui ont aussi déclarés que "les flammes étaient énormes". Les témoins ont ajouté que : "la ville de Lhassa est maintenant remplie de forces de police et para-militaires et la situation est très tendue".
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Les candidats à la présidentielle 2012 face au Tibet

Etudiants pour un Tibet libre - France - etlfreetibet.canalblog.com / 17 avril 2012


http://etlfreetibet.canalblog.com/archives/2012/04/17/24035893.html


Sur son blog officiel le mouvement Etudiants pour un Tibet libre - France "Le Tibet sera libre" a fait le point mardi sur la position des candidats à la présidentielle à propos du Tibet et de l'avenir du Peuple tibétain. 

A travers les réponses des candidats (ou leur silences) à ses questions, ou au questionnaire envoyé par le site Tibet-Info.net ou encore à travers des interviews menées par certains médias comme Mediapart. Voici ce compte -rendu en date du  17 avril.


A l'occasion des élections présidentielles, SFT-France et un grand nombre d'associations françaises qui militent pour la cause tibétaine ont, à l'initiative d'International Tibet Network, interpellé les candidats et/ou formations politiques sur la situation au Tibet à travers des courriers. Nous faisons ici une synthèse éventuellement commentée des réponses que nous avons reçu.

- Eva Joly, (EELV) : nous a répondu à travers notamment une tribune co-écrite et publiée sur Médiapart : le Tibet un combat profondement ecologiste ainsi qu'une réponse adressée aux questions du site tibet-info.net : réponse_d'Eva_Joly sur le_Tibet
Dans la tribune, il est rappelé que "les écologistes, en

France, en Europe et ailleurs, sont solidaires de la cause tibétaine" et soutiennent le gouvernement en exil, le dialogue et la résolution non-violente de ce conflit". Ils apprécient la posture autonomiste et non "une revendication d'indépendance qui ne voudrait rien dire dans le monde d'aujourd'hui". Sur ce point, SFT-France ne partage évidemment pas la même analyse puisque notre organisation, comme de nombreuses organisations tibétaines militent justement dans un large mouvement pour l'Indépendance du Tibet (Rangzen).

Notons cependant une prise de position claire en soutien au Tibet, une reconnaissance du gouvernement tibétain en exil, l'engagement à recevoir officiellement le 1er ministre tibétain en exil Lobsang Sangay et une condamnation de la répression ("La France et l'Europe doivent dénoncer plus clairement qu'elles ne le font actuellement les répressions du pouvoir chinois").

- Nathalie Arthaud (LO ): A répondu dans un courrier soutenir le droit à l'autodétermination du peuple tibétain, être horrifiée par la repression exercée par l'Etat chinois sur le peuple tibétain tout en signalant qu'elle était contre "la théocratie" et que le "Dalaï Lama incarnait un courant réactionnaire". ( réponse_Lutte_Ouvrière_Tibet). Gageons qu'elle se réjouira d'apprendre que le Dalaï-Lama n'exerce plus de responsabilité politique et que le représentant des tibétains en exil est maintenant un laïc.

Remarquons que l'idée persistante que la lutte des tibétains viserait à rétablir une "théocratie" appelle vraiment à un travail de fond de la part des associations pro-tibétaines auprès des organisations politiques. Nous allons donc faire une réponse en ce sens.

- Nicolas Sarkozy (UMP) via Jean-François Copé nous a répondu dans un courrier ( réponse_Copé UMP Tibet). Avec une langue de bois déconcertante, il est réaffirmé dans ce courrier que "la défense des droits de l'Homme a été une priorité de l'action politique" et que "Le Président de la République n'a transigé sur rien, et surtout pas sur la question de la liberté religieuse ou des droits de l'Homme au Tibet".

Nous devions être dans une dimension parallèle ces 5 dernières années. Nous avons surtout le souvenir de la police française nous matraquant pour nous faire taire lors du passage de la Flamme Olympique à Paris en 2008, du silence complice ou au mieux d'évocations génées lors de la répression qui frappe toujours plus durement le Tibet depuis 4 ans. Nous avons aussi retenu le jumelage de l'UMP et du Parti Communiste Chinois.

Sans doute Jean-François Copé a-t-il bien appris ses leçons lors de sa dernière rencontre avec les responsables du PCC  puisqu'il arrive à écrire une page et demi sans employer le mot "tibétain". Seuls demeurent les "habitants du Tibet" et "minorités établies à l'intérieur des frontières de la Chine". (Définition de "s'établir" : venir s'installer). Ça n'est plus la Chine qui occupe le Tibet mais les tibétains qui sont "venus" (d'où?) "s'installer en Chine". Du grand n'importe quoi. Notons que lorsque l'on parle du Tibet, l'UMP répond "liberté religieuse et droits de l'Homme", comme si cela englobait tout le problème. Ni indépendance, ni même autonomie, pour l'UMP les tibétains n'existent même plus !

- François Bayrou (Modem) via Nathalie Griesbeck nous a répondu par un courrier. Une vive préoccupation face aux immolations, la dénonciation de la répression et menaces qui pèsent sur le peuple tibétain, un engagement de François Bayrou si il est élu à dénoncer la situation au Tibet, à défendre les intérêts du peuple tibétain et à encourager le dialogue pour résoudre le conflit, ainsi qu'à recevoir le 1er ministre tibétain en exil Lobsang Sangay.

Au niveau Européen, "il est urgent de mettre la question tibétaine sur l'agenda politique européen". Mme Griesbeck, qui est vice-présidente de l'Inter-groupe Tibet au Parlement Européen nous fait savoir qu'elle a activement interpellé les institutions européenes sur le sujet, par la déposition de questions écrites à la Comission et la co-signature et la déposition d'une résolution d'urgence avec Marielle de Sarnez adoptée par le PE à propos des immolations et de la répression qui ont eu cours ces derniers mois. Toujours au niveau Européen, la Haute Représentante de l'Union pour les affaires étrangères a été interpellée pour mettre la question des droits de l'Homme à l'ordre du jour lors du prochain sommet UE-Chine.

- Jean-Luc Mélenchon (Front de Gauche) n'a pas encore répondu à notre courrier (ni le Parti de Gauche). Celui-ci s'était fait remarqué depuis 2008 en tenant des propos particulièrement hostiles à la cause tibétaine : braqué sur la personne du Dalaï Lama et des religieux, il dénonce un projet "théocratique". Cette position lui est régulièrement rappellée par les journalistes, qui souvent eux-même déforment la question dans le but dans un faire un simple objet polémique (ce que nous avions dénoncé ici).

Monsieur Mélenchon déclare n'avoir "aucune tendresse pour le régime chinois", mais énonce des arguments fallacieux (historiques, politiques) qui semblent avoir directement été dicté par l'Ambassade de Chine.
Cependant, d'autres composantes du Front de Gauche ont une attitude bien plus ouverte (sans être pleinement satisfaisante) sur le Tibet et nous ont rencontré, comme le PCF (voir notre compte rendu ici).

Nous pouvons donc constater qu'au sein du Front de Gauche, la question tibétaine ne peut se résumer aux positions caricaturales de Jean-Luc Mélenchon qui continue à distiller le mensonge issu de la propagande chinoise que les tibétains en exil viseraient à rétablir une "théocratie" (pour rappel, nous avions déjà évoqué la question ici).
Nous avons noté que le "Monsieur économie" du Parti de Gauche et proche de Jean-Luc Mélenchon, Jacques Généreux, a réaffirmé sur France Culture "qu'il "avait toujours soutenu la lutte du Peuple Tibétain" (
http://www.dailymotion.com/video/xpvevs_les-matins-jacques-genereux_news?start=6#from=embed, entre 28.30 et la fin). Il y a donc une absence d'unité et une clarification à avoir avec le Front de Gauche sur la question du Tibet, si toutefois ils cherchaient une position unitaire sur ce sujet.

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Samdhong Rinpoche, ancien Premier ministre tibétain en exil
 
L'ancien premier ministre du Tibet lance un appel à l'aide
 
 Par Marie-Lucile Kubacki - lavie.fr
 
Samdhong Rinpoche, ancien premier ministre du gouvernement tibétain en exil et proche du Dalaï-Lama, lance un appel à l'aide internationale à l'occasion de sa visite à Paris. Nous l'avons rencontré.
 
C'est l'ancien n°2 du gouvernement tibétain en exil, un acteur majeur de la démocratisation des institutions tibétaines. Venu à Paris pour les commmémorations du 10 mars 1959, jour de l'insurrection du peuple tibétain en réaction à l'invasion chinoise, Samdhong Rinpoche, ancien premier ministre du gouvernement tibétain, a lancé un appel à l'aide interntionale. Compagnon d'exil du Dalaï-lama, il sera présent en France jusqu'au mardi 13 mars. Il nous a reçu dans un bureau de la mairie du XIè arrondissement, où il a été accueilli par le député maire Patrick Bloche, vice-président du groupe d'études de l'Assemblée Nationale française sur le Tibet.
 
La Vie.fr - Aujourd'hui, 10 mars 2012, quelle est la raison de votre présence en France ?
 
Samdhong Rinpoche - Je suis venu à l'invitation de mon ami, Sungjang Rimpoche pour travailler sur les enseignements de Sa Sainteté… Nous célébrons aujourd'hui le Rimay Monlam, journée de prière pour les gens qui souffrent. Je me suis retiré de la vie politique, aussi je vais m'exprimer en tant que citoyen tibétain. Je lance un appel à la communauté internationale. Un appel au secours pour que le monde prenne conscience de la situation au Tibet.
 
La Vie.fr - Comment la communauté internationale peut-elle vous aider ?
 
Samdhong Rinpoche - Je n'ai pas à lui dicter ce qu'elle a à faire ! C'est à chaque homme de voir comment il devrait réagir, aider… Nous sentons bien que dans ce monde post-moderne, l'argent est devenu la première valeur de l'humanité. C'est pour cette raison que face à la Chine, personne n'ose lever le petit doigt, ne serait-ce que pour poser une question. L'ensemble du monde est gouverné par la peur et la cupidité.
 
La Vie.fr - Pourtant, l'opinion publique est ralliée à votre cause…
 
Samdhong Rinpoche - Nous sommes reconnaissants aux gens ordinaires qui nous manifestent leur soutien et leur sympathie mais ils n'ont pas le pouvoir. Les gouvernements, eux sont relativement insensibles et le Tibet n'est malheureusement pas le seul concerné par cette complaisance face aux dictatures. Si le gouvernement chinois réussit à se maintenir en place, c'est grâce au soutien politique et économique des démocraties occidentales. Sans ce soutien, il se désintégrerait !
 
La Vie.fr - Chaque année, la répression chinoise s'intensifie aux alentours de cette date anniversaire. Qu'est- ce qui a changé cette année ?
 
Samdhong Rinpoche - La répression a commencé à devenir plus violente en 2008 car les Tibétains s'étaient davantage mobilisés à l'approche des Jeux Olympiques de Pékin. Depuis, c'est l'escalade : plus la répression se durcit, plus la résistance augmente, plus les forces chinoises en profitent pour réprimer le peuple tibétain. Depuis 2011, c'est de pire en pire : 26 personnes se sont immolées.
 
La Vie.fr - En tant que chef religieux, comprenez-vous que l'on puisse se supprimer pour une cause ?
 
Samdhong Rinpoche - Je ne peux condamner l'immolation même si, comme le Dalaï-Lama, je ne l'encourage pas : ceux qui s'immolent le font parce qu'ils y sont forcés, parce qu'il n'existe plus aucune autre issue pour vivre dignement, en paix avec sa conscience. Au Tibet, la vie est devenue impossible, insupportable, aussi j'admire le courage et la détermination de ces gens. En tant que bouddhistes, nous avons obligation de respecter le principe de non-violence. Ceux qui s'immolent ne blessent pas l'oppresseur chinois. Ils choisissent de prendre la souffrance sur eux-mêmes pour ne pas la tourner vers l'extérieur.
 
La Vie.fr - Face à tant de violence, que veulent les jeunes tibétains aujourd'hui : l'autonomie, comme le demande le gouvernement en exil en accord avec le principe d'autonomie inscrit dans la constitution chinoise ? Ou l'indépendance ?
 
Samdhong Rinpoche - Il n'y a pas de règle générale. La seule chose sur laquelle tout le monde s'entende, c'est que le Dalaï-Lama ait le droit de rentrer au Tibet. Ensuite, beaucoup veulent la liberté, mais la liberté ça peut recouvrir l'autonomie ou l'indépendance. Très peu de gens demandent l'indépendance à proprement parler. Ils réclament le respect des droits de l'homme et la liberté religieuse.
 
La Vie.fr - En Chine, la situation des chrétiens est également préoccupante…
 
Samdhong Rinpoche - Evidemment ! Le gouvernement communiste considère que la religion est l'opium du peuple. Les chrétiens ne font pas exception. Les bouddhistes et les taoïstes étant majoritaires, ils ont été la première cible. Ensuite, la répression s'est étendue aux chrétiens et aux musulmans.
 
La Vie.fr - Recevez-vous de l'aide de la part des communautés chrétiennes ?
 
Samdhong Rinpoche - Depuis longtemps, les chrétiens fournissent une aide matérielle aux chrétiens de la diaspora en Inde, dans les domaines de l'éducation et de la santé notamment.
 
La Vie.fr - Le 10 mars 1959, l'armée chinoise réprimait l'insurrection du peuple tibétain, provoquant la fuite du Dalaï-Lama et la vôtre à quelques jours d'intervalle. Quels souvenirs gardez-vous de cette semaine où votre vie et celle du Tibet ont basculé ?
 
Samdhong Rinpoche - Dans mon monastère, les choses semblaient paisibles… Mais le 20 mars, aux alentours de minuit, les bombardements ont commencé sur le palais du Dalaï-Lama, le Norbulinka. A quatre heures du matin, il ne restait plus rien du palais. Les gens avaient été massacrés. Alors, avec les autres moines, nous avons décidé de nous enfuir. Quand le matin s'est levé, nous nous sommes mis en marche vers la montagne qui se trouvait à côté du monastère et nous avons pensé que le Dalaï-Lama aussi avait dû partir vers l'Inde. Il était effectivement parti quelques jours plus tôt, le 17 mars...
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Immolation de vingt-quatre Tibétains dont vingt-deux dans les six derniers mois
 
 
Il ne se passe pas de jour sans que l'on apprenne l'immolation par le feu de nouveaux Tibétains.  Les autorités chinoises, qui par ailleurs font tirer à balles réelles sur la foule des manifestants pacifiques, ne s'en préoccupent pas car les médias occidentaux se taisent.
 
Si l'on souhaitait faire une comparaison... une seule immolation a déclenché le printemps arabe... et là les médias s'en sont emparé et ont ainsi permis aux jeunes épris de liberté de faire tomber les dictatures.
 
Il est temps de s'interroger sur l'origine de la chappe de plomb qui règne sur l'information européenne et notamment française privilégiant les petites phrases de la campagne présidentielle aux graves événements se déroulant au Tibet où récemment plusieurs centaines de pélerins, de retour à Lhassa après avoir été écouter les enseignements du Kalachakra par le Dalaï Lama, se sont trouvé déportés vers une destination inconnue en Chine.
 
Qu'attendent donc les médias pour faire leur métier ? Que nous n'ayons plus de relations commerciales avec la République populaire de Chine pour enfin ...PARLER !!!
 
Richard BROUSSAUD
Webmaster
 
Les images des personnes en silhouette sont celles où il n' y a pas eu de photos diffusées.
 
Déclaration de Gyalwang Karmapa, Orgyen Trinley Dorje
 
Bodhgaya 6 février 2012

Les nouvelles qui viennent juste de paraître disent que 3 Tibétains de plus se sont immolés par le feu en une seule journée à l'est du Tibet. Cela se produit très peu de temps après les 4 immolations de Tibétains et les autres morts dans les manifestations au Tibet au court du mois de janvier. Et tandis que les tensions s'accroissent, au lieu de faire preuve d'intérêt et d'essayer de comprendre les causes de cette situation, les autorités chinoises répondent par encore plus de force et de répression. Chaque nouvelle annonce de la mort d'un tibétain est pour moi source de souffrance et de tristesse ; 3 en un seul jour est au-delà de ce qu'un coeur peut  supporter. Je prie pour que ces sacrifices n'aient pas eu lieu en vain, mais  qu'ils puissent provoquer un changement de politique qui apportera un soulagement à nos frères et surs du Tibet.

J'ai reçu le nom de Karmapa, j'appartiens à une lignée de réincarnation vieille de 900 ans, qui a évité tout au long de son histoire tout engagement politique, une tradition que je n'ai aucunement l' intention de changer maintenant. Mais, en tant que tibétain, j'éprouve une grande compassion et une grande affection pour le peuple tibétain, et je ne pourrais pas accepter de rester silencieux pendant qu'ils sont dans la peine. Leur bien-être est ma préoccupation majeure.

Les manifestations des Tibétains et les immolations par le feu sont les symptômes d'un mécontentement profond mais méconnu. Si une opportunité réelle était donnée aux Tibétains de conduire leur vie comme ils le souhaitent, en protégeant leur langue, leur religion et leur culture,  jamais ils ne manifesteraient ni ne sacrifieraient leurs vies.

Depuis 1959, nous les Tibétains, avons affronté des pertes inimaginables, mais nous avons tiré des bénéfices de cette adversité. Beaucoup d'entre-nous ont redécouvert leur véritable identité tibétaine. Nous redécouvrons un sentiment d'unité nationale parmi les habitants des trois provinces du Tibet. Et  retrouvons la valeur d'un leader unificateur en la personne du Dalaï Lama. Ces facteurs nous ont donné une bonne base pour  l'espérance.

La Chine dit avoir apporté un développement au Tibet, et lorsque je vivais là-bas j'avais une vie confortable sur le plan matériel. Mais la prospérité et le développement, n'ont pas profité aux Tibétains sur le plan de ce qu'il considèrent avoir  le plus de valeur. Le confort matériel  est de peu de valeur sans un sentiment de satisfaction intérieur. Les Tibétains vivent avec la crainte persistante qu'il seront forcés à agir contre leur conscience et à accuser Sa Sainteté le Dalaï Lama. Les autorités chinoises dépeignent en permanence Sa Sainteté comme un ennemi. Ils ont rejeté ses efforts répétés pour trouver une solution paisible et négociée au problème tibéto-chinois. Ils refusent de considérer la foi sincère et loyale que le peuple tibétain éprouve envers Sa Sainteté. Même les Tibétains nés des dizaines d'années après le départ en exil de Sa Sainteté le Dalaï Lama, voient en lui leur guide et leur refuge, et non seulement pour cette vie mais aussi pour leurs vies futures. C'est pourquoi, dépeindre constamment Sa Sainteté le Dalaï Lama  en termes hostiles est un affront qui ne bénéficie à personne. En fait s'en prendre au coeur même de la foi des tibétains sape toute chance de gagner leur confiance. Ce n'est donc ni efficace ni sage.
 
J'en appelle aux autorités de Beijing de voir au-delà des apparences de bien-être présentées par les dirigeants locaux. La reconnaissance de la véritable détresse des tibétains du Tibet, et la prise en compte de la totale responsabilité de ce qui s'y passe, constitueraient une base avisée pour bâtir une confiance mutuelle entre les Tibétains et le gouvernement chinois. Plutôt que de traiter ceci comme un problème d'opposition politique, il serait beaucoup plus efficient pour les autorités chinoises de traiter cela comme la base même du bien-être humain.

En ces temps difficiles, je presse les Tibétains du Tibet : Soyez fidèles à vous-même, gardez votre équanimité face aux épreuves, et restez concentrés sur le long terme. Gardez toujours à l'esprit que vos vies ont une grande valeur, en tant qu'êtres humains et en tant que Tibétains.

Avec en vue le prochain nouvel-an tibétain, j'offre mes prières pour que les Tibétains, nos frères et soeurs chinois, et nos amis et partisans de l'Inde et du monde entier puissent trouver un bonheur et une paix véritables et durables.  Puisse la Nouvelle Année voir le jour dans une ère d'harmonie, caractérisée par l'amour, le respect des uns pour les autres et pour la terre qui est notre maison commune.

Orgyen Trinley Dorje 
17e Karmapa
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Trois nouvelles immolations portent à vingt le nombre de Tibétains
ayant choisi de se donner la mort par le feu

 
Phayul, 4 février 2012 - Traduction Monique Dorizon pour Tibet-info.net
 
Selon des témoignages en provenance du Tibet, trois Tibétains se sont immolés par le feu, le 3 février 2012, dans la ville assiégée de Serthar , au Tibet oriental.

Un Tibétain en exil, ayant des contacts dans cette région, dit que deux Tibétains ont survécu, mais on craint la mort du troisième.

"Les trois Tibétains ont appelé à l'unité du peuple tibétain et ont protesté contre le gouvernement chinois", rapporte le Tibétain, voulant rester anonyme. Les deux hommes qui auraient survécu ont été identifiés comme Tsering, âgé d'une soixantaine d'années et Kyari, 30 ans environ. Le troisième tibétain décédé n'est pas identifié.

Serthar est sous une loi martiale officieuse avec un verrouillage militaire lourd depuis les protestations de masse du 24 janvier. Avant ces manifestations de masse, les Tibétains dans les villages ruraux de Serthar avaient manifesté les 18 et 22 janvier, et une plus grande manifestation a également été signalée le 23 janvier dans la ville de Serthar, lors de laquelle une banderole portant l'inscription "Nous protestons contre l'échec des politiques chinoises au Tibet" a été déployée.

La même source dit à Phayul que, au cours des manifestations du 18 janvier, un grand nombre de rouleaux de prière ("lungta" ou "chevaux de vent") comportant le drapeau national tibétain et des slogans appelant à la longue vie du Dalaï Lama et "Victoire au Tibet" imprimés au verso ont été répandus dans la région.

Suite aux manifestations, toute la région a été coupée du monde extérieur, sans connexions téléphoniques ou Internet. Les routes menant à la région restent bloquées, comme l'indique un reportage de CNN dans lequel ses journalistes ont été arrêtés et renvoyés alors qu'ils essayaient de pénétrer dans la région.

Sur les photos des manifestations du 24 janvier à Serthar reçues le 3 février par Phayul , le personnel militaire chinois est vu en train de battre violemment et de traîner les Tibétains sur la route.

La semaine dernière, Amnesty International, dans un communiqué , a appelé la Chine à éviter d'utiliser une force excessive en réponse aux manifestations tibétaines et a exprimé la crainte de "la violence et (de) l'effusion de sang" au Tibet.
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La République populaire de Chine (RPC) extermine et déporte à huis clos au Tibet !
 
Après les 17 immolations suivies de nombreuses manifestations réprimées par des tirs à balle réelle où plusieurs morts et des dizaines de blessés ont été dénombrés, la Chine a fermé les frontières du Tibet aux Occidentaux et à la presse internationale.
 
Les forces de sécurité ont emmené des centaines de Tibétains de Lhassa vers une destination inconnue

Des centaines de pèlerins tibétains précédemment arrêtés par la police chinoise lors de leur retour du Népal vers le Tibet, ont été emmenés de force, en train, vers une destination inconnue, rapportent des témoignages venant du Tibet. La plupart d'entre eux revenaient du Kalachakra à Bodhgaya (Inde).

Vers 10 h (heure du Tibet) le 31 janvier 2012, des forces chinoises de sécurité ont encerclé ces Tibétains à la gare de Lhassa et les ont fait monter dans un train en partance pour la Chine.

Lors de leur voyage de retour vers le Tibet, alors qu'ils revenaient de pèlerinage au Népal et d'autres lieux, ces pèlerins tibétains avaient été stoppés récemment à de nombreux barrages.

 
En outre, les témoignages indiquent que les Tibétains arrêtés seraient interrogés, après leur détention dans un lieu inconnu, pour savoir s'ils envisageaient une activité politique. Aucun autre détail n'est disponible sur leur localisation et leur état.
 
Source : Administration Centrale Tibétaine, 31 janvier 2012.
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De nouveaux Tibétains meurent sous les balles de la sécurité chinoise
 
 
 
Mercredi 25 janvier 2012 par Monique Dorizon - Tibet info

Le 24 janvier 2012, au moins cinq Tibétains ont trouvé la mort à la suite des tirs de police, à Serthar, au Tibet oriental. Ceci est survenu quand une foule de Tibétains s’est réunie à Serthar et a commencé à lancer des slogans appelant à l’indépendance du Tibet.

Selon certaines sources de Tibétains en exil ayant des contacts dans cette région, plus de 600 agents de la sécurité chinoise sont arrivés sur le lieu des manifestations et ont commencé à tirer au hasard dans la foule.

Parlant à la radio "Voice of Tibet" basée à Dharamsala, un Tibétain anonyme a déclaré qu’assurément cinq Tibétains étaient morts et plus de 40 Tibétains gravement blessés.

"Le personnel de la sécurité chinoise a commencé à tirer au hasard dans la foule des Tibétains qui manifestaient contre le gouvernement chinois dans la ville de Serthar", affirme-t-il.

L’écrivaine tibétaine Woeser, habitant Pékin, a également confirmé de source indépendante que cinq Tibétains avaient été tués dans les manifestations d’aujourd’hui. Woeser a identifié l’un des morts comme étant Bobo, Tibétain d’une trentaine d’années.

Des sources indiquent que l’ensemble de la ville de Serthar est de fait sous la loi martiale, un grand nombre d’agents de la sécurité chinoise maintenant une stricte surveillance dans toute la ville. Tous les magasins, les restaurants et les équipements publics de la région ont été contraints de fermer. Il est à craindre que le nombre de victimes augmente puisque les Tibétains blessés ont été laissés sans accès à un traitement médical.
 
Les manifestations dans Serthar se déroulent un jour après que des protestations massives aient été signalées dans le Comté voisin de Drango [2]. Des témoignages antérieurs avaient indiqué qu’un Tibétain avait été abattu par le personnel de sécurité chinois à Drango mais actuellement les rapports confirment la mort de six Tibétains lors des coups de feu du 23 janvier.

L’agence Chine Nouvelle (Xinhua) a confirmé la mort d’un Tibétain
La semaine précédente, des centaines de Tibétains étaient sortis dans les rues de Serthar dans un acte de défi contre la domination chinoise, portant des photos du Dalaï Lama et appelant à l’indépendance du Tibet.
 
Le Premier ministre du gouvernement tibétain en exil, Lobsang Sangay, a exhorté le 24 janvier la communauté internationale à intervenir afin d’éviter le prolongement du carnage au Tibet.

"Le silence de la communauté internationale envoie un message clair à la Chine que ses mesures répressives et violentes pour gérer les tensions dans les régions tibétaines sont acceptables" a déclaré Lobsang Sangay.
"En tant que nation aspirant à devenir une puissance mondiale économique et politique, la République populaire de Chine ne peut pas être autorisée à se comporter d’une telle façon immorale et violente".
La communauté internationale ne peut pas "rester passive" et il est "grand temps qu’elle intervienne pour empêcher un nouveau bain de sang".
"Combien de temps encore et combien de morts tragiques sont nécessaires avant que le monde prenne une position morale ferme ?", a-t-il interrogé.
 
Les USA se sont dits "très inquiets des informations régulières faisant état de violences dans une zone tibétaine de la Chine". "Nous avons régulièrement demandé au gouvernement chinois de régler la question de la politique contre-productive qu’il mène dans les zones tibétaines qui crée des tensions et menace l’identité religieuse, culturelle et linguistique du peuple tibétain", a-t-elle ajouté.

"Nous appelons le gouvernement chinois à s’engager dans un dialogue avec le Dalaï Lama ou ses représentants pour répondre aux inquiétudes des Tibétains", a insisté Mme Nuland, porte-parole de la diplomatie américaine.
"Nous appelons le gouvernement chinois à protéger les droits universels de tous les citoyens de Chine", ajoute Mme Otero, responsable du dossier tibétain de l’administration Obama. "Nous appelons les forces de sécurité chinoises à faire preuve de retenue et nous renouvelons notre appel à l’ouverture des régions tibétaines de Chine aux journalistes, aux diplomates et à d’autres observateurs", conclut-elle.
 
Au cours des 11 derniers mois, 16 Tibétains se sont immolés par le feu, réclamant le retour de l’exil de Sa Sainteté le Dalaï Lama et protestant contre la poursuite de l’occupation chinoise au Tibet. Au moins une douzaine de Tibétains sont morts dans les dernières semaines du fait des tirs de la police sur des manifestants pacifiques.
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" Le Tibet made in China "
 
de Yannick Van der Schuerend,
Transmis par Jean-Claude Buhrer-Solal (Lausanne)
 
Pays des neiges - Mission accomplie.
 
Le 9 octobre 1951, les troupes communistes de Mao entraient dans Lhassa. Plus d’un demi-siècle après et malgré de nombreux mouvements de révolte de la population tibétaine, le Toit du Monde est désormais sous contrôle. C’est en toute quiétude, mais à l’abri des regards étrangers, que les autorités chinoises ont fêté en juillet dernier le 60e anniversaire de la «libération pacifique» du Tibet, selon l’expression consacrée du régime.
 
Reste à convaincre les sceptiques (nombreux) du bien-fondé de ce que l’immense majorité des Tibétains considèrent comme l’annexion pure et simple de leur pays. Pour vanter le respect de la culture tibétaine et le développement économique fulgurant de cette région dite autonome, Pékin a donc décidé d’inviter quelques journalistes de la presse helvétique. Une première. Et un pari risqué, sachant que la Suisse abrite la plus grande diaspora tibétaine d’Europe et que chaque apparition du Dalaï-lama sur notre territoire fait déplacer les foules. Visite guidée et étroitement surveillée au cœur du Tibet «made in China».
 
1
Le Grand Timonier en rêvait, les Chinois l’ont fait. La ligne de chemin de fer de 1142 kilomètres reliant Lhassa au reste de la République populaire a été inaugurée en 2006. L’aboutissement de plusieurs décennies de réflexion pour relever le défi de poser 547?kilomètres de rails sur le sol instable, qui alterne entre gel et dégel (permafrost), du plateau Qinghai-Tibet. Cinq ans de travaux, des centaines de milliers d’ouvriers et plus de quatre milliards de francs ont ensuite été nécessaires à la concrétisation de ce projet.
 
Aujourd’hui, cette ligne, qui culmine à 5072?mètres d’altitude, est l’une des plus grandes fiertés du régime. Cet ouvrage herculéen met le Pays des Monts neigeux à portée de rail de Pékin, de Shanghai et de plusieurs métropoles du sud-ouest du pays. Alors qu’une nouvelle voie reliant Lhassa à la frontière népalaise est déjà en construction.
 
Le gouvernement chinois présente cet exploit technologique comme un fantastique moyen de moderniser la province. Vrai. Il omet toutefois de préciser que ce chemin de fer facilite avant tout l’accès aux ressources minières dont regorge le Tibet, qu’il réduit considérablement le coût du transport militaire et qu’il permet d’accélérer la sinisation de la région. Le nombre de Chinois – soldats, touristes ou migrants à la recherche d’un emploi – qui débarquent quotidiennement en gare de Lhassa en témoigne.
 
Et on comprend la crainte des autochtones de se faire envahir par les Hans, ethnie majoritaire de l’Empire du Milieu.
 
De sources officielles, la cité des lamas sacrés compte 80% de Tibétains pour 20% de Hans. Dans la réalité, c’est à peu de chose près exactement l’inverse. «Regardez autour de vous… Vous en voyez beaucoup, des Tibétains?» lance discrètement un commerçant tout sourire. L’angoisse de nos hôtes – par ailleurs fort bienveillants – à l’idée que l’on puisse avoir le moindre contact avec la population rend ce genre d’aparté quasiment impossible. Au Tibet, plus encore qu’en Chine, les journalistes sont en liberté surveillée.
 
2
Après vingt-quatre heures de voyage, de paysages sublimes et de moments d’extase collective face aux troupeaux de yaks et d’antilopes qui batifolent à 4500?mètres d’altitude, le retour sur terre est brutal. Sur le quai de la gare aux allures très staliniennes de Lhassa, des uniformes à perte de vue. Tandis qu’un comité d’accueil se précipite pour nous passer une «hada» – traditionnelle écharpe blanche tibétaine – autour du cou, les centaines de soldats de l’Armée populaire de libération embarqués au petit matin à Golmud, au pied de l’Himalaya, sont accueillis en grande pompe. Dans quelques heures, ces hommes lourdement armés iront rejoindre leurs milliers de camarades chargés de surveiller les rues de la capitale. «Combien sont-ils? Que craignez-vous? Ce pays est-il si dangereux?» Un simple «Je vous rappelle que le Tibet n’est pas un pays» met un terme à toute tentative de conversation politique.

Le lendemain, jour de l’entrevue entre le «Swiss media team» et M. Ding Yexian, vice-président du gouvernement du Tibet autonome, nos hôtes prennent les devants. «Après son discours, vous êtes priés de ne pas poser de questions.» Pour des raisons protocolaires nous précise-t-on. Evidemment. A peine son long monologue sur tout ce que la Chine a apporté aux Tibétains en matière de développement économique et social terminé, le vice-président se lève, nous salue et quitte les lieux. Fin de l’échange.
 
3
Avec ses enseignes scintillantes, ses hôtels étoilés, ses karaokés, ses maisons de jeu et de passe et ses bars à soldats, Lhassa est devenue de prime abord une ville chinoise comme les autres. Il faut se rendre dans le centre historique, aux pieds du temple de Jokhang, le premier temple du bouddhisme tibétain et point de convergence de tous les pèlerins, pour entendre battre (brièvement) le cœur spirituel du Tibet.

C’est ici qu’en mars 2008, peu après les émeutes, des moines ont fait irruption devant un groupe de journalistes étrangers pour dénoncer les abus des forces chinoises au Tibet. Autant dire que les organisateurs de ce «Lhassa tour» veulent éviter tout bis repetita. La visite des lieux se déroule sans incident, mais au pas de charge et sous l’œil attentif d’une armada d’accompagnateurs. Pas moyen de vagabonder librement dans les ruelles animées ni le temps de s’imprégner des odeurs d’encens et de beurre de yak, utilisé comme cire à bougies dans les édifices religieux. C’est en quittant – à contrecœur – cette place qu’on remarque que chacune des unités militaires patrouillant dans le quartier est équipée d’un extincteur… De peur qu’un bonze ne s’immole, apprendra-t-on plus tard.
 
Direction le Potala. Devant l’affluence de touristes chinois, l’accès du nombre de visiteurs par jour a été restreint et la visite de la demeure ancestrale des dalaï-lamas est limitée à une heure. Il faut donc jouer des coudes et accélérer les pas pour arriver à parcourir, dans le temps imparti, tous les étages de ce palais légendaire miraculeusement épargné pendant la Révolution culturelle.
 
Inutile de chercher une représentation de l’actuel Dalaï-lama (le 14e) dans les mille et une merveilles architecturales et religieuses dont recèlent les lieux. Ici, nul ne se risque même à chuchoter son nom. La bête noire de Pékin, Tenzin Gyatso, réfugié en Inde depuis 1959, n’existe pas. La version chinoise de l’histoire du bouddhisme tibétain s’arrête avec son prédécesseur, Sa Sainteté le Grand Treizième. Le reste des visites se succède avec l’étrange sentiment que pour les Chinois, la culture tibétaine appartient depuis longtemps au passé.
 
4
Pas facile de sortir de Lhassa. Les convois militaires provoquent des embouteillages sur la route du lac Namtso, l’un des plus sacrés du Tibet, situé à 150 kilomètres de la capitale. Dans les vastes étendues, les nomades, victimes depuis les années 90 d’une politique de sédentarisation, ont troqué le cheval contre la moto. Pékin entend ainsi protéger les écosystèmes fragiles du haut plateau tibétain contre les dégâts infligés par leurs troupeaux de yaks… Le discours officiel ne mentionne pas en revanche la destruction massive de l’environnement, liée à la surexploitation minière et forestière par l’Etat chinois depuis 1949.

Il est prévu que l’ensemble des 2,25 millions de nomades tibétains soient installés dans des habitations permanentes. Sur les hauts plateaux, les petites maisons en béton – surmontées d’un drapeau chinois – poussent comme des champignons. Quant aux principaux intéressés, ils sont priés de se taire et de dire merci. Ainsi leur mode de vie vieux de plus de 2000 ans est tout simplement menacé de disparition.
 
N’en déplaise aux autorités chinoises et en dépit d’un merveilleux voyage, et du dévouement de nos guides, force est de constater – comme l’a écrit à maintes reprises la journaliste Claude B. Levenson, décédée à Lausanne l’an dernier – que le Tibet est un territoire militairement occupé et économiquement colonisé. Que les Tibétains n’ont pas d’accès libre à l’information, qu’ils sont tenus au silence sous peine de se faire arrêter et que quand leur culture est «respectée», elle est «folklorisée» ou reléguée au musée.
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Immolation par le feu de nombreux moines et nonnes au Tibet
 
Communiqué de presse de Tibetan Community in Switzerland and Liechteinstein

Zurich, 18 octobre 2011
 
Le Tibet se meurt - Des jeunes Tibétains s'immolent par le feu par désespoir et pour protester contre la politique répressive de la République Populaire Chinoise.
 
Depuis mars 2011, pas moins de huit jeunes moines et une nonne de 20 ans décédée le 17 octobre se sont immolés par le feu. Il s'agit de neuf très jeunes Tibétains âgés tout juste de 17 à 20 ans et d'un de 29 ans. Au moins cinq d'entre eux n'ont pas survécu à leurs blessures. Le danger que ces actes d'auto-immolation et autres actes de désespoir augmentent est à craindre. Ces jeunes ne demandaient que le respect des libertés fondamentales au Tibet et le retour de Sa Sainteté le Dalaï-Lama.
 
Depuis longtemps, la Chine verrouille les monastères tibétains, emprisonne les moines en leur faisant subir des tortures atroces. La situation dans le district de Ngaba (province Sichuan) est très tendue depuis des mois.
 
Les mesures de sécurité et la répression s'intensifient. Afin d'arriver à leurs fins, les autorités chinoises et les forces de sécurité ne reculent devant rien. Le degré de désespoir parmi la population tibétaine est énorme, et les moines tibétains s'immolent pour protester contre le régime totalitaire chinois. Ceux qui ont survécu à leur auto-immolation sont battus et enlevés vers des destinations inconnues. On peut craindre qu'ils ne reçoivent pas les soins médicaux nécessaires.

"La situation au Tibet est au pire. Les jeunes moines tibétains ne voient pas d'autres solutions que de s'immoler alors que la RPC viole tous les principes des libertés et droits fondamentaux de l'homme" commente Madame Pasang Memmishofer, Présidente de la Communauté Tibétaine en Suisse et au Liechtenstein. La Communauté Tibétaine en Suisse et au Liechtenstein condamne catégoriquement la politique répressive de la RPC et soumet les demandes suivantes:

- Soins médicaux pour les moines blessés

- Informations sur le sort des moines et nonnes enlevés et leur libération immédiate

- Rétablissement de la pleine liberté de mouvement des moines, nonnes et laïcs dans et autour des monastères

- Fin de toutes actions qui entravent la liberté de pratique religieuse dans les monastères de Kirti et de Nyitso, ainsi que dans tous les autres monastères tibétains

- L'arrêt immédiat des tactiques de répression inhumaines au Tibet qui sont à l'ordre du jour

- Début d'un dialogue substantiel avec les envoyés de Sa Sainteté le Dalaï-Lama pour la résolution d'une solution amiable et pacifique

Il est grand temps d'agir.              Le Tibet se meurt !              Aidez-nous !
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Déclaration de Sa Sainteté le Quatorzième Dalaï-lama,
Tenzin Gyatso, au sujet de sa réincarnation

Le 24 septembre 2011

Introduction

Mes compatriotes tibétains, tant au Tibet qu'en exil, tous ceux qui suivent la tradition du bouddhisme tibétain et tous ceux qui ont un lien avec le Tibet et les Tibétains.

La totalité de l'enseignement du Bouddha, qui comprend les enseignements des Trois Véhicules qui sont à la fois scripturaux et fondés sur l'expérience, ainsi que les quatre groupes de Tantras et les sujets et pratiques qui leur sont liés, ont prospéré au Pays des neiges grâce à la vision de nos anciens rois, ministres et érudits-accomplis. Le Tibet est devenu une des sources pour les traditions bouddhistes et les autres cultures qui lui sont liées dans le monde. Il a grandement contribué au bonheur d'un nombre incommensurable d'êtres en Asie, notamment en Chine, au Tibet et en Mongolie.

Tandis que nous maintenions la tradition bouddhique au Tibet, nous avons développé une tradition spécifiquement tibétaine de reconnaissance des réincarnations des érudits-accomplis. Ceci a été extrêmement bénéfique à la fois pour le Dharma et pour les êtres vivants, et plus particulièrement pour la communauté monastique.

Depuis que l'omniscient Gedun Gyatso a été reconnu et confirmé comme étant la réincarnation de Gedun Drub au XVème siècle et que le Gaden Phodrang Labrang (l'institution des Dalaï-Lamas) a été fondé, ses réincarnations successives ont été reconnues. Le troisième de la lignée, Sonam Gyatso, reçut le titre de Dalaï-Lama. Le Vème Dalaï-Lama, Ngawang Lobsang Gyatso, fonda le gouvernement du Gaden Phodrang en 1642, devenant ainsi le chef spirituel et politique du Tibet. À compter de Gedun Drup et pendant plus de six siècles, une série de réincarnations incontestables a été reconnue dans la lignée du Dalaï-Lama.

Depuis 1642, les Dalaï-Lamas ont joué le rôle de dirigeants à la fois spirituels et temporels du Tibet pendant 369 ans. J'ai désormais décidé de mettre un terme à cela, fier et satisfait que nous puissions avoir un gouvernement de type démocratique tel qu'il en existe beaucoup ailleurs dans le monde. En réalité, dès 1969, j'ai clairement déclaré que les personnes concernées devaient décider s'il était bon que les réincarnations du Dalaï-Lama se poursuivent dans le futur. Cependant, en l'absence de directives claires, et si les personnes concernées expriment un souhait profond que la lignée des Dalaï-Lamas se poursuive, il existe un risque évident que des intérêts politiques personnels fassent un mauvais usage du système de réincarnation pour mener à bien leur propre programme politique. C'est pourquoi, tant que je suis en bonne santé sur les plans physique et mental, il me semble important que nous établissions des directives claires pour la reconnaissance du prochain Dalaï-Lama, afin qu'il n'y ait nulle place pour le doute ou la tromperie. Pour que ces directives soient parfaitement compréhensibles, il est essentiel de comprendre le système de reconnaissance des tulkou et les concepts fondamentaux sous-jacents. Je vais donc les expliciter brièvement ci-dessous.

Vies antérieures et vies futures

Afin d'accepter la réincarnation ou la réalité des tulkou, il faut admettre l'existence de vies antérieures et de vies futures. Les êtres vivants prennent naissance dans la vie présente à la suite de leurs vies antérieures et, après leur mort, ils reprendront à nouveau naissance. Cette façon de renaître continuellement est admise par toutes les traditions spirituelles et les écoles philosophiques indiennes, si ce n'est par les Charvaka, qui étaient un mouvement matérialiste. Certains penseurs contemporains nient qu'il y ait des vies passées et des vies futures, en se basant sur le fait qu'on ne peut les voir. Pour d'autres, cet argument ne permet pas de tirer des conclusions aussi définitives.

Bien que de nombreuses traditions religieuses acceptent l'idée de renaissance, leurs vues diffèrent concernant la nature de ce qui renaît, la manière dont s'effectue cette renaissance et la façon dont se déroule la transition entre les deux vies. Certains traditions religieuses acceptent la perspective d'une vie future, mais rejettent l'idée de vies antérieures.

De manière générale, les bouddhistes croient qu'il n'y a pas de début à la naissance et que, lorsqu'ayant triomphé de notre karma et de nos émotions perturbatrices, nous aurons obtenu la libération du cycle des existences, nous ne renaîtrons plus sous l'emprise de telles conditions. En conséquence, la plupart des écoles philosophiques bouddhiques croit que la renaissance en raison du karma et des émotions perturbatrices connaît une fin, mais n'admet pas que le flux de conscience puisse s'arrêter. Rejeter les notions de renaissances passées et futures contredirait le concept bouddhique de " base, voie et résultat ", qui doit être expliqué sur la base d'un esprit maîtrisé ou non maîtrisé. Si l'on accepte cet argument, nous devrions alors logiquement accepter que le monde et ses habitants apparaissent sans causes ni conditions. En conséquence, si vous êtes un bouddhiste, vous devez admettre le principe des vies passées et futures.

Pour ceux qui se souviennent de leurs vies antérieures, la réincarnation relève d'une expérience claire. Cependant, la plupart des êtres ordinaires oublient leurs vies antérieures lorsqu'ils font tour à tour l'expérience de la mort, de l'état intermédiaire et de la renaissance. Les vies antérieures et futures étant légèrement obscures pour eux, nous devons avoir recours à une logique fondée sur des preuves évidentes pour les convaincre.

Dans les paroles du Bouddha et dans les commentaires qui ont suivi, est exposée une grande variété d'arguments logiques, pour prouver l'existence des vies antérieures et futures. En bref, cela se résume à quatre points : la logique selon laquelle les choses sont précédées de choses d'un genre similaire, la logique selon laquelle les choses sont précédées par une cause substantielle, la logique selon laquelle l'esprit a acquis une familiarité avec certaines choses dans le passé et la logique d'avoir acquis de l'expérience des choses par le passé.

De façon ultime, tous ces arguments sont basés sur l'idée que la nature de l'esprit, sa clarté et sa conscience, doivent avoir pour causes substantielles la clarté et la conscience. Ils ne peuvent pas avoir une autre entité, telle qu'un objet inanimé, comme cause substantielle. Ceci est évident. Par l'analyse logique, on peut déduire qu'un nouveau flux de clarté et de conscience ne peut pas advenir sans cause ou à partir de causes qui seraient sans rapport avec lui. Nous pouvons non seulement observer qu'il est impossible de produire un esprit dans un laboratoire, mais nous pouvons également en déduire que rien ne peut éliminer la continuité de la clarté subtile et de la conscience.

Autant que je sache, aucun psychologue, physicien ou neuroscientifique moderne n'a été capable d'observer ou de prédire la production de l'esprit à partir de la matière ou bien sans aucune cause.

Certaines personnes se souviennent de leur vie antérieure immédiate ou même de plusieurs vies antérieures et sont à même de reconnaître des lieux et des parents qu'ils connaissaient dans ces vies-là. Ce phénomène n'est pas seulement attesté dans le passé. Aujourd'hui encore, de nombreuses personnes en Orient comme en Occident se remémorent des incidents et des expériences qui se sont déroulés dans leurs vies antérieures. Le nier ne serait pas une manière honnête et impartiale de faire de la recherche, parce que cela s'opposerait à ces témoignages. Le système tibétain de reconnaissance des réincarnations est un mode authentique de recherche, basé sur le souvenir que les personnes ont de leurs vies antérieures.

Comment se déroule la renaissance

Il existe deux manières pour un individu de renaître après la mort : la renaissance sous l'influence du karma et des émotions perturbatrices et la renaissance par le pouvoir de la compassion et de la prière. Concernant la première : en raison de l'ignorance, des karma positifs et négatifs sont créés et leurs empreintes restent dans la conscience. Elles sont réactivées par le désir et la saisie, ce qui nous entraîne dans une vie suivante. Nous prenons alors naissance de manière involontaire dans des domaines supérieurs ou inférieurs. C'est de cette manière que les êtres ordinaires tournent sans cesse dans l'existence, comme une roue en mouvement. Même dans de telles circonstances, les êtres peuvent s'engager avec diligence et avec une aspiration positive dans des pratiques vertueuses au sein de leur vie quotidienne. Ils se familiarisent avec les mérites qui pourront être réactivés au moment de la mort, ce qui leur permettra de renaître dans un domaine d'existence supérieur. En revanche, les bodhisattvas supérieurs, qui ont atteint le chemin de la Vision, ne renaissent pas par la force de leur karma ou de leurs émotions perturbatrices, mais par le pouvoir de leur compassion envers les êtres vivants et sur la base de leurs souhaits d'être bénéfiques à autrui. Ils peuvent choisir le lieu et le moment de leur naissance, ainsi que leurs futurs parents. Une telle renaissance, qui n'est destinée qu'au bien d'autrui, est la renaissance par la force de la compassion et de la prière.
La signification du terme tulkou

Il semble que la coutume tibétaine d'appliquer l'épithète de " tulkou " (corps d'émanation d'un Bouddha) à des réincarnations reconnues a commencé quand les fidèles ont utilisé ce terme comme un titre honorifique. Il est depuis lors devenu une expression courante. En général, le terme " tulkou " fait référence à l'un des trois ou quatre aspects particuliers du Bouddha qui sont décrits dans le Véhicule des Sutras. Selon cette explication des différents aspects du Bouddha, même une personne qui est entièrement enchaînée par les émotions perturbatrices et par le karma possède le potentiel pour atteindre le corps de vérité (Dharmakaya), qui inclut le corps de vérité de sagesse et le corps de vérité d'essence. Le premier fait référence à l'esprit éveillé d'un Bouddha, qui voit en un instant toute chose de façon directe et précise telle qu'elle est. Cet esprit est débarrassé des émotions perturbatrices, ainsi que de leurs empreintes, grâce à l'accumulation de mérites et de sagesse pendant une longue durée. Le second est le corps de vérité d'essence. Ce terme fait référence à la nature vide de l'esprit éveillé et omniscient. Ces deux aspects n'apparaissent qu'aux Bouddhas eux-mêmes. Comme ils ne sont pas directement accessibles pour les autres, il est impératif que les Bouddhas se manifestent sous des formes physiques qui soient accessibles aux êtres vivants afin de les aider. De ce fait, l'aspect physique ultime d'un Bouddha est le " corps de complète jouissance " (Sambhogakaya), qui est accessible aux bodhisattvas supérieurs et qui possède cinq caractéristiques formelles, telles que la résidence dans la Terre Pure d'Akanishta. Puis, à partir du Corps de Complète Jouissance, sont manifestés les myriades de " corps d'émanation ", ou " tulkou " (Nirmanakaya), des Bouddhas, qui apparaissent sous formes de dieux ou d'humains et sont accessibles même aux êtres ordinaires. Ces deux aspects physiques des Bouddhas sont appelés les " corps formels ", qui sont pour le bien d'autrui.

Le corps d'émanation possède trois dimensions : a) le corps d'émanation suprême, comme le Bouddha Shakyamuni, le Bouddha historique, qui a manifesté les douze actes d'un Bouddha tels que la naissance dans un lieu de son choix, etc. ; b) le corps d'émanation artistique qui est utile aux autres en se manifestant sous l'aspect d'artisans, d'artistes, etc. ; et c) le corps d'émanation incarné, selon lequel les Bouddhas apparaissent sous diverses formes parmi lesquelles des êtres humains, des divinités, des rivières, des ponts, des plantes médicinales ou des arbres pour servir les êtres animés. Les réincarnations reconnues des maîtres spirituels qui sont connues au Tibet comme des " tulkou " ressortissent à la troisième catégorie. Parmi ces tulkou, il est possible que beaucoup soient des corps d'émanations incarnés qualifiés, mais cela ne s'applique pas forcément à tous. Parmi les tulkou du Tibet, il peut s'en trouver qui soient des réincarnations de bodhisattvas supérieurs, de bodhisattvas sur les chemins de l'accumulation et de la préparation, ainsi que des maîtres qui, de toute évidence, ne sont pas encore entrés sur ces chemins des bodhisattvas. En conséquence, le titre de tulkou est donné à des lamas réincarnés soit sur la base de leur similitude avec des êtres éveillés soit par leur lien avec certaines des qualités des êtres éveillés.

Comme l'a dit Jamyang Khyentse Wangpo : " La réincarnation est ce qui se passe quand quelqu'un renaît après le décès du prédécesseur ; on parle d'émanation quand les manifestations se déroulent sans le décès de la source ".

Reconnaissance des réincarnations

Comprendre qui est qui grâce à l'identification de la vie précédente d'une personne était une pratique déjà attestée du vivant du Bouddha Shakyamuni. On trouve dans les quatre sections " Agama " du Vinaya Pitaka, dans les histoires des Jataka, dans le Sutra du Sage et du Fou, dans le Soutra des Cent karmas, etc., de nombreux récits dans lesquels le Tathagata a exposé le fonctionnement du karma, en racontant d'innombrables histoires sur la manière dont les effets de certains karmas créés dans une vie antérieure sont vécus par une personne dans sa vie présente. De même parmi les récits de la vie des maîtres indiens qui vécurent après le Bouddha, nombreux sont ceux qui révèlent leurs précédents lieux de naissance. Il existe de multiples histoires de ce type, mais le système de reconnaissance et de dénombrement des réincarnations n'est pas apparu en Inde.

Le système de la reconnaissance des réincarnations au Tibet
Le phénomène des vies antérieures et futures a été affirmé dans la tradition Bön, indigène au Tibet, avant l'arrivée du bouddhisme. Et, depuis la diffusion du bouddhisme au Tibet, la quasi intégralité des Tibétains croit au principe de l'existence des vies passées et futures. La recherche des réincarnations de nombreux maîtres spirituels qui ont développé le Dharma, ainsi que la coutume de leur adresser des prières ferventes, se sont répandues partout au Tibet. On trouve le récit des réincarnations d'Arya Avalokiteshvara, le Bodhisattva de la Compassion, dans de nombreux textes canoniques, dans des textes tibétains autochtones tels que le Mani Kabum, ou les Enseignements des Kathang en cinq parties, ou encore dans les Livres des disciples kadampa et la Guirlande de Joyaux : Réponses à des requêtes, qui furent énoncés par le maître indien glorieux et incomparable Dipankara Atisha au XIème siècle au Tibet. Cependant, la tradition actuelle de reconnaissance formelle des réincarnations des maîtres n'a commencé qu'au début du XIIIème siècle avec l'identification du Karmapa Pakshi comme la réincarnation du Karmapa Dusum Khyenpa, par les disciples de ce dernier et conformément à ses propres prédictions.
 
Depuis lors, il y a eu dix-sept incarnations du Karmapa sur une durée de plus de neuf cents ans. De la même manière, depuis la reconnaissance de Kunga Sangmo comme la réincarnation de Khandro Choekyi Dronme au XVème siècle, il y a eu plus de dix incarnations de Samding Dorje Phagmo.
 
Donc, parmi les tulkou reconnus au Tibet, il existe des religieux ainsi que des pratiquants laïques tantriques, des hommes aussi bien que des femmes. Le système de la reconnaissance des réincarnations s'est peu à peu étendu au Tibet aux autres traditions bouddhiques, ainsi qu'au Bon. Il existe aujourd'hui des tulkous reconnus dans toutes les traditions bouddhistes tibétaines : Sakya, Geluk, Kagyu et Nyingma, ainsi que chez les Jonang et les Bodong, qui tous servent le Dharma. Il est aussi évident que, parmi ces tulkou, certains sont un déshonneur.

L'omniscient Gedun Drub, qui était un disciple direct de Je Tsongkhapa, a fondé le monastère de Tashi Lhunpo au Tsang et s'est occupé de ses étudiants. Il est mort en 1474 à l'âge de 84 ans. Bien qu'au départ, nul effort n'ait été entrepris pour identifier sa réincarnation, les gens ne purent que la reconnaître dans un enfant appelé Sangye Chophel, qui était né à Tanak, dans le Tsang, en 1476, en raison des souvenirs étonnants et exacts qu'il avait de sa vie précédente. C'est ainsi qu'a débuté la tradition de la recherche et de la reconnaissance des réincarnations successives des Dalaï-lamas par le Gaden Phodrang Labrang et, par la suite, par le gouvernement du Gaden Phodrang.

La méthode de reconnaissance des réincarnations

Après que le système de reconnaissance des tulkou a vu le jour, divers procédés de fonctionnement ont commencé à se développer et se diffuser.
 
Parmi les plus importants d'entre eux, on trouve une lettre prophétique du prédécesseur et d'autres instructions et indications de sa part sur ce qui sera susceptible d'avoir lieu ; la fiabilité du récit de la réincarnation lorsqu'elle se remémore et parle de sa vie antérieure ; sa capacité à identifier les objets qui ont appartenu à son prédécesseur et sa reconnaissance de personnes qui étaient proches d'elle dans sa vie antérieure. Il existe par ailleurs d'autres méthodes complémentaires : par exemple, on peut solliciter des divinations auprès de maîtres spirituels authentiques et des prédictions de la part d'oracles de déités de ce monde, qui apparaissent par le truchement de médiums en transe. On peut aussi scruter des visions qui apparaissent à la surface des lacs sacrés associés à des protecteurs, comme le Lhamoi Latso, un lac sacré au sud de Lhasa.

Quand il s'avère que plus d'un candidat peut prétendre à être reconnu comme tulkou, et que la décision est difficile, il est possible de prendre la décision finale en ayant recours à la divination à l'aide des boulettes de tsampa (zen tak), qui s'effectue devant une image sacrée, en faisant appel au pouvoir de la vérité.

Emanation avant la mort du prédécesseur
(ma-dhey tulkou)

Une réincarnation doit être généralement la renaissance sous forme humaine, après le décès de son prédécesseur. En général, les êtres ordinaires ne peuvent pas se manifester sous forme d'émanation avant leur propre mort (ma-dhey tulkou), mais les bodhisattvas supérieurs, qui peuvent se manifester simultanément sous formes de centaines ou de milliers de corps, peuvent manifester une émanation avant leur mort. Dans le système tibétain de reconnaissance des tulkou, il existe des émanations qui procèdent du même flux de conscience que leur prédécesseur, des émanations qui sont connectées à d'autres à travers le pouvoir du karma et des prières et des émanations qui sont le résultat de bénédictions et de désignation.

Le but principal de l'apparition d'une réincarnation est la poursuite de l'œuvre inachevée de son prédécesseur, pour être bénéfique au Dharma et aux êtres. Dans le cas d'un lama qui est un être ordinaire, en lieu et place d'une réincarnation qui découle du même flux de conscience, quelqu'un d'autre qui a des connections avec ce lama grâce à un karma pur et des prières peut être reconnu comme son émanation. Une autre possibilité est que le lama désigne un successeur. Il peut s'agir de l'un de ses disciples ou bien de quelqu'un de jeune qui est destiné à être reconnu comme son émanation. Puisque cela est possible dans le cas des êtres ordinaires, une émanation avant la mort, c'est-à-dire qui ne procède pas du même flux de conscience, est donc tout à fait envisageable. Dans certains cas, un lama éminent peut avoir plusieurs émanations de manière simultanée, telles que les incarnations du corps, de la parole et de l'esprit, etc. Récemment, plusieurs cas d'émanations avant la mort ont été avérés, tels que Dudjom Jigdral Yeshe Dorje et Chogye Trichen Ngawang Khyenrab.

Le recours à l'Urne d'or

À mesure qu'empire cette ère de dégénérescence, et que de plus en plus de réincarnations de lamas éminents sont reconnues, certaines pour des motifs politiques, un nombre croissant de réincarnations ont été reconnues au travers de moyens inappropriés et douteux, ce qui a eu pour conséquence de provoquer d'immenses dégâts pour le Dharma.

Pendant le conflit entre le Tibet et les Gurkhas (1791-93), le gouvernement tibétain a dû faire appel au soutien militaire des Mandchous. Par conséquence, les troupes gurkhas furent expulsées du Tibet mais, à la suite de cela, des fonctionnaires mandchous firent une proposition en vingt-neuf points sous prétexte d'améliorer l'efficacité du fonctionnement du gouvernement tibétain. Parmi ces points, on trouvait la suggestion de faire un tirage au sort dans une Urne d'or pour déterminer la reconnaissance des réincarnations des Dalaï-Lamas, des Panchen-Lamas et des Hutuktus, un titre mongol accordé à d'éminents lamas. Cette procédure a donc été suivie pour la reconnaissance de certaines réincarnations des Dalaï-Lamas, des Panchen-Lamas et d'autres lamas éminents. Le rituel à accomplir fut rédigé par le VIIIème Dalaï-Lama Jampel Gyatso. Mais même après l'introduction d'un tel système, il n'a pas été suivi pour les IXème, XIIIème et lors de ma reconnaissance en tant que XIVème Dalaï-Lama.

En réalité, même en ce qui concerne le Xème Dalaï-Lama, la réincarnation authentique avait déjà été trouvée et, de ce fait, cette procédure n'a pas été suivie. On a simplement annoncé qu'elle avait été observée afin de ménager les Mandchous.

Le système de l'Urne d'or n'a été véritablement utilisé dans les cas des XIème et XIIème Dalaï-Lamas. Mais le XIIème Dalaï-Lama avait déjà été reconnu avant que cette procédure fût employée. Un seul Dalaï-Lama a donc été reconnu par le recours à cette méthode. De la même manière, aucun Panchen-Lama n'a été reconnu à l'aide de cette pratique, à l'exception des VIIIème et IXème Panchen-Lamas. Ce système a été imposé par les Mandchous, mais les Tibétains n'y accordaient pas de foi car il était dénué de qualité spirituelle. Toutefois, s'il devait être utilisé honnêtement, il semble que nous pourrions le considérer comme similaire aux autres procédés de divination où l'on emploie les boulettes de tsampa (zen tak).

En 1880, lors de la reconnaissance du XIIIème Dalaï-Lama comme réincarnation du XIIème, il existait encore des traces de la relation chapelain-protecteur entre le Tibet et les Mandchous. Mais le XIIIème Dalaï-Lama a été reconnu comme une réincarnation incontestable par le VIIIème Panchen-Lama, par les prophéties des oracles de Néchung et de Samyé et par l'observation de visions qui sont apparues sur le lac Lhamoi Latso. Donc, le procédé de l'Urne d'or n'a pas été utilisé. Cela est clairement indiqué dans le testament du XIIIème Dalaï-Lama datant de l'année du Singe d'Eau (1933), dans lequel il déclare :

" Ainsi que vous le savez tous, j'ai été choisi non pas selon la méthode coutumière du tirage au sort dans l'urne d'or, mais ma sélection a été prédite et a fait l'objet de divinations. C'est en fonction de ces divinations et de ces prophéties que j'ai été reconnu comme réincarnation du Dalaï-Lama et que j'ai été intronisé ".

Quand j'ai été reconnu comme la quatorzième incarnation du Dalaï-Lama en 1939, la relation chapelain-protecteur entre le Tibet et la Chine était déjà terminée. C'est pourquoi il ne fut aucunement question de la nécessité de confirmer la réincarnation par le recours à l'Urne d'or. Il est bien connu que le Régent du Tibet de l'époque et l'Assemblée Nationale tibétaine avaient suivi la procédure de la reconnaissance de la réincarnation du Dalaï-Lama en prenant en compte les prédictions de lamas éminents, les oracles et les visions observées dans le lac Lhamoi Latso. Les Chinois n'ont donc été impliqués d'aucune manière. Cependant, certains fonctionnaires du Guomintang concernés par cette affaire se sont ensuite habilement répandus en mensonges dans les journaux, prétendant qu'ils avaient accepté de renoncer au recours à l'Urne d'or et que Wu Chungtsin avait présidé à mon intronisation, etc. Ce mensonge a été dénoncé par Ngabo Ngawang Jigme, vice-président du Comité Permanent du Congrès national du Peuple, que le République populaire de Chine considéré comme une des personne les plus progressistes. Ceci est manifeste à la fin de son discours, lors de la deuxième session du Cinquième Congrès du Peuple de la Région autonome du Tibet (31 juillet 1989). Après avoir donné une explication détaillée des événements et présenté des documents pour en prouver l'exactitude, il a demandé : " Pourquoi le Parti communiste doit-il emboîter le pas au Guomintang et perpétuer ses mensonges ? ".

Stratégie fallacieuse et faux espoirs

Dans un passé récent, des dirigeants irresponsables de riches domaines monastiques ont usé de méthodes inappropriées pour reconnaître des réincarnations. Ceci a ébranlé le Dharma, la communauté monastique et notre société. De plus, depuis l'époque mandchoue, lorsqu'elles se sont impliquées dans les affaires tibétaines et mongoles, les autorités politiques chinoises se sont régulièrement engagées dans des méthodes trompeuses utilisant le bouddhisme, les maîtres bouddhistes et les tulkou à des fins politiques. Aujourd'hui, les dirigeants autoritaires de la République populaire de Chine, qui en tant que communistes rejettent la religion, mais prennent part malgré tout aux affaires religieuses, ont imposé une soi-disant " campagne de rééducation " et ont déclaré un soi-disant " Ordre numéro 5 ", qui concerne le contrôle et la reconnaissance des réincarnations, ordre qui a été mis en application à partir du 1er septembre 2007. Cela est scandaleux et honteux. La mise en application de diverses méthodes inappropriées de reconnaissance des réincarnations afin d'éradiquer nos traditions culturelles tibétaines qui sont uniques provoque des dégâts qui seront difficiles à réparer.
De plus, ils disent qu'ils attendent ma mort et qu'ils reconnaîtront un

 XVème Dalaï-Lama de leur choix. Si l'on se base sur leurs lois et règlementations récents ainsi que sur les déclarations qui ont suivi, il est clair qu'ils disposent d'une stratégie précise pour duper les Tibétains, les adeptes du bouddhisme tibétain et la communauté internationale. En conséquence, et comme il est de mon devoir de protéger le Dharma et les êtres et de contrer des projets aussi nuisibles, je fais la déclaration suivante.

La prochaine incarnation du Dalaï-Lama

Comme je l'ai mentionné avant, la réincarnation est un phénomène qui doit se dérouler selon le libre choix de la personne concernée ou, au minimum, sur la base de la force de son karma, de ses mérites et de ses prières. Donc la personne qui se réincarne est la seule détentrice de l'autorité légitime concernant l'endroit et la façon dont elle renaîtra et la façon dont sa réincarnation doit être reconnue. Il est évident que personne ne peut forcer la personne concernée, ou la manipuler. Il est particulièrement inapproprié pour les communistes chinois qui, rejettent explicitement le concept même de vies passées et futures sans parler du concept de tulkou réincarnés, de s'immiscer dans le système de la réincarnation et, plus spécifiquement, dans celui de la réincarnation des Dalaï-Lamas et des Panchen-Lamas. Cette ingérence éhontée contredit leur propre idéologie politique et révèle qu'ils font preuve de deux poids, deux mesures. Si cette situation se poursuit dans le futur, il sera impossible pour les Tibétains et pour les adeptes du bouddhisme tibétain d'admettre ou d'accepter cela.

À quatre-vingt-dix ans environ, je consulterai les lamas éminents des traditions du bouddhisme tibétain, le peuple tibétain et d'autres personnes concernées parmi les adeptes du bouddhisme tibétain, et j'évaluerai à nouveau si l'institution du Dalaï-Lama doit se poursuivre ou non. Nous prendrons une décision sur cette base. S'il est décidé que la réincarnation du Dalaï-Lama doit se perpétuer et si la reconnaissance d'un XVème Dalaï-Lama est nécessaire, la responsabilité de cette reconnaissance reposera en tout premier lieu sur les fonctionnaires concernés au sein du Trust du Ganden Phodrang du Dalaï-Lama. Ils devront consulter les différents chefs des traditions du bouddhisme tibétain ainsi que les protecteurs du Dharma fiables et liés par le serment, qui sont associés de façon inséparable avec la lignée des Dalaï-Lamas. Ils devront solliciter les conseils et les orientations de ces personnes concernées et mener à bien les procédures de recherche et de reconnaissance selon les traditions du passé. Je laisserai des instructions écrites claires à ce sujet. Gardez à l'esprit que, à l'exception d'une réincarnation reconnue au moyen de ces méthodes légitimes, aucune reconnaissance ou acceptation ne devra être accordée à un candidat choisi dans un but politique par qui que ce soit, y compris ceux de la République populaire de Chine.

Le Dalaï-Lama
Dharamsala
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Doit-on se féliciter de l'accord passé entre Xavier Bertrand (UMP) et son homologue du PC chinois censé faire avancer la "démocratie" en Chine... et donc au Tibet !
 
Richard Broussaud
 
La Chine envisage de légaliser la "détention secrète"

Vendredi 2 septembre 2011 par Monique Dorizon - Source : Phayul

Dans le cadre d’une évolution qui peut compromettre la sécurité de plus d’un milliard de personnes, le gouvernement chinois envisage d’effectuer des changements dans son code pénal en légalisant la détention secrète jusqu’à six mois, sans inculpation formelle.

Les changements proposés, dans le cadre d’une révision plus large du code de procédure pénale du pays, ont été divulgués la semaine dernière dans le "Legal daily", quotidien géré par l’Etat.
 
Les changements donneraient les mains libres aux autorités chinoises pour arrêter et détenir des suspects sous "surveillance résidentielle" dans un lieu tenu secret pour une durée allant jusqu’à six mois, sans aucune accusation formelle ou information donnée à la famille ou à un avocat, dans des cas de terrorisme, crimes mettant en danger la sécurité nationale ou corruption majeure.
 
Bien que les cas de disparitions forcées et de détentions extra judiciaires soient déjà habituels en Chine, la proposition de légaliser cette transgression de l’État est considérée par beaucoup comme un pas en arrière, augmentant le risque de torture et les fausses accusations.
"Ce nouvel amendement légalisera la « disparition forcée »", twitte Liu Xiaoyuan, procureur à Pékin, qui, alors que son ami et client Ai Weiwei était détenu pendant deux mois, fut également brièvement détenu.
 
Les détentions arbitraires sont monnaie courante dans les régions tibétaines, avec un personnel de sécurité chinois détenant pendant des mois des Tibétains soupçonnés de sentiments anti-chinois dans des endroits non divulgués.

Les trois moines tibétains du monastère de Kirti, au Tibet oriental, récemment condamnés à de longues peines de prison, ont également été mis au secret depuis leur arrestation au début de cette année.
"Si, sans préavis, vous mettez quelqu’un en détention ailleurs que dans un lieu dirigé selon la loi, vous augmentez considérablement le risque de torture", dit Nicholas Bequelin de Human Rights Watch.
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La domination de Pékin au Tibet est intenable

Le Monde

par Lobsang Sangay, premier ministre de l'administration tibétaine en Inde
Il y a trois ans, de Lhassa à Litang, les Tibétains se soulevaient contre la domination chinoise au Tibet. Nous n'encourageons pas les manifestations, mais il est de notre devoir sacré d'apporter notre soutien et d'être la voix de nos courageux compatriotes privés de parole.

En 1950, lorsque l'armée chinoise est entrée au Tibet, les Chinois ont promis le "paradis socialiste" aux Tibétains. Après plus de soixante ans de domination chinoise, le Tibet n'a rien d'un paradis socialiste. Ce n'est pas le socialisme qui y règne, mais le colonialisme ; au lieu d'un paradis, on n'y trouve que tragédie. Le gouvernement chinois devrait s'en rendre compte.

Certains Tibétains qui avaient travaillé à l'ouverture de routes entre le Tibet et la Chine ont été rémunérés en pièces d'argent par des soldats chinois polis et respectueux. Pourtant, une fois les routes achevées au début des années 1950, les tanks ont encerclé les zones urbaines stratégiques, des camions ont foncé vers les montagnes riches en minerai, et ensuite sont arrivés des ouvriers chinois qui ont exploité et extrait des milliards de dollars d'or, de cuivre et d'uranium.

Du jour au lendemain, semblait-il, quelque chose avait changé. Polis jusque-là, les Chinois sont devenus autoritaires, agressifs et violents. Ils ont fait usage de leurs armes. Des combats ont éclaté. Ce fut une période de mort et de destruction.

La répression politique, l'assimilation culturelle, la marginalisation économique et la destruction environnementale qui se poursuivent dans le Tibet occupé sont inacceptables. La nouvelle voie ferrée de Pékin à Lhassa déverse toujours plus de matériel lourd servant à exploiter nos ressources naturelles, ainsi qu'un nombre croissant d'immigrants chinois qui commencent à dominer démographiquement le Tibet, à diluer notre identité et notre riche culture.

Aujourd'hui, près de 70 % des entreprises privées sont détenues ou gérées par des Chinois, plus de la moitié des fonctionnaires, cadres du Parti communiste et responsables officiels sont chinois, tandis qu'environ 40 % des Tibétains diplômés de l'enseignement secondaire ou supérieur sont au chômage. Et cette situation est encore aggravée par les responsables chinois, qui traitent le Tibet comme s'il faisait partie de leur patrimoine personnel et se comportent comme des seigneurs féodaux. Les Tibétains sont en train de devenir des citoyens de seconde zone dans leur propre patrie.

Plusieurs dirigeants chinois sont venus récemment à Lhassa pour constater les résultats de ce qu'ils considèrent comme soixante années de "libération pacifique". En réalité, cet anniversaire a été commémoré dans une ambiance de loi martiale non déclarée, avec des troupes armées de fusils d'assaut arpentant les rues de Lhassa, des tireurs d'élite postés sur les toits, et les frontières ont été fermées aux touristes. La domination de Pékin au Tibet est de toute évidence injuste et intenable. En dépit de la tragédie en cours au Tibet, nous tenons à ce que le monde, et en particulier la Chine, sache que nous sommes toujours attachés à la non-violence. Guidés par la sagesse de nos ancêtres, nous poursuivrons la politique de la "voie médiane", qui réclame pour le Tibet une authentique autonomie au sein de la République populaire de Chine, ce qui constitue une proposition gagnant-gagnant tant pour les Tibétains que pour les Chinois. Nous croyons à une résolution pacifique du problème grâce au dialogue.

La Chine aspire à devenir une superpuissance. Elle possède une économie à forte croissance appuyée sur une puissance militaire grandissante mais, malheureusement, sa puissance morale reste à la traîne. La puissance morale ne peut s'acheter sur le marché ni être imposée par la force militaire. Elle doit se mériter.

Tant que les Tibétains subiront la répression, il y aura une résistance et peu de respect envers la Chine. Trouver une solution durable à la question tibétaine constituerait un grand pas vers la restauration d'une image positive de la Chine dans le coeur et l'esprit des hommes du monde entier, et contribuerait à la préservation de sa souveraineté et de son intégrité territoriale.

Les années qui viennent seront décisives. Soit nous réussirons dans notre quête d'une plus grande liberté, soit nous échouerons et sombrerons dans l'oubli. Un dialogue pacifique pourrait déboucher sur une solution qui satisferait à la fois les intérêts tibétains et chinois. Ce serait une victoire non seulement pour les Tibétains, mais aussi pour tous les peuples marginalisés du monde.

Une résolution juste et rapide du problème tibétain serait dans l'intérêt de toute l'Asie. Pendant des milliers d'années, le peuple tibétain a été le gardien responsable de l'environnement du plus haut et plus vaste plateau de la planète, où prennent naissance dix fleuves et rivières majeurs contribuant à faire vivre plus de deux milliards d'êtres humains. La construction par les Chinois de barrages sur les cours d'eau prenant leur source au Tibet va dégrader les conditions de vie de millions de personnes vivant dans les régions asiatiques situées en aval.

C'est pour cette raison que des millions d'Asiatiques ont intérêt à ce que l'on restitue au peuple tibétain son rôle traditionnel de gardien responsable de l'environnement du plateau tibétain. Cette question transcende le débat politique. Elle concerne le bien-être et la prospérité de l'Asie.
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Rencontre avec M. Ngodup le samedi 28 aout à Dharamsala (Francis Longavesne - France Tibet)
 
Trois rencontres à Dharamsala
 
De Francis Longavesne
 
A Dharamsala, ce vendredi 26 aout, j'ai pu presenter la Campagne de Parrainage de Communes du Tibet, a Lobsang Sangye, le nouveau 1er Ministre Tibetain. Il a ete surpris du travail accompli par tous ceux ayant contribue a ce que 38 Maires de France et du Luxembourg adoptent une Commune du Tibet. Je lui ai remis une revue de presse consequente  de la Visite du Dalai Lama en France ainsi qu'un document complet de 600 pages de la Campagne de Parrainage de Communes du Tibet. Il fut tres interesse par ce document, surtout lorsqu'il decouvrit que Lithang, la Ville dont est originaire sa famille, est parrainee par Crest (26) avec le dynamique Depute-Maire Mariton que tout le monde connait. Je lui ai demande de nous aider a promouvoir cette Campagne difficile, il faut l'avouer, mais prometteuse et ambitieuse avec deja 38 Municipalites adherentes et de toutes tailles... en une annee de Campagne seulement! Le pari de demarrer cette Campagne est gagne cependant et j'ai bien sur ajoute que le Dalai Lama, ravi de decouvrir cette Campagne lors de sa rencontre avec les Maires ce 15 aout a Toulouse, allait"se servir de cette idée pour inciter d'autres pays de l'Union européenne à le faire".

L'energie de ce Nouveau Premier Ministre Tibetain fait plaisir a voir. Il aura dorenavant, a coeur, de conduire les affaires politiques que Le Dalai Lama vient officiellement de lui ceder.
 
J'ai aussi pu rencontrer Penpa Tsering, le speaker du Parlement Tibetain et lui ai remis un dossier similaire. Il va inviter les Parlementaires Francais lors d'une prochaine reunion prevue au Canada avec les Deputes Tibetains et ceux des autres pays qui aident le Tibet. Ce sera debut 2012, en avril, je crois. Et ainsi nos Parlemetaires pourront, eux aussi, parler de cette Campagne aux autres M.P's. Il pense aussi inviter a une autre reunion les Elus, comme les Maires d'Italie, d'Allemagne ou de France, ..., qui se mobilisent pour le Tibet. Il trouve excellente l'idee de cette Campagne de Parrainage de Communes du Tibet tout comme celle qui consiste a hisser le drapeau Tibetain le 10 mars ou de facon permanente. Affaires a suivre...
 
Et la 3e rencontre, tout aussi interessante, fut avec Mr Ngodup, le Nouveau Representant du Dalai Lama en France et a Bruxelles et plus... Comme aux 2 autres prestigieux personnages Tibetains rencontres que sont Lobsang Sangye et Penpa Tsering, j'ai remis le fameux document de 600 pages qui resume une annee de Campagne et qui presente de facon ludique, entr'autres, le patrimoine local des 38 Communes du Tibet parrainees ainsi que celui des 38 Municipalites Europeennes qui parrainent. Mr Ngodup, toujours Secretaire du Home Department, ne sera a Paris et Bruxelles que dans 2 ou 3 mois... Lui aussi fut tres interesse par cette nouvelle Campagne de Parrainage de Communes du Tibet et dans le document de 600 pages offert, il fut ravi de decouvrir que sa ville natale de Ruthok etait parrainee par Creon(33). Je lui ai notamment indique les endroits ou il risquait d'etre invite pour inaugurer le "panneau" du parrainage, comme il a pu le voir en photos, a Salles Sur Garonne(avec Tashi Wangdi et Gueshe Tengye), Manduel(avec Thupten Gyatso), Plouray(Lama Ngawang)...

Il me demanda de remercier tous les Maires et Associations de Soutien au Tibet pour tout ce travail accompli.

Je recois, avec toujours autant d'enthousiasme, de nombreux mails concernant cette Campagne et je peux dire qu'une trentaine de Maires vont proposer un parrainage dans les 4 mois a venir a leurs Conseils Municipaux et pour terminer avec un peu d'humour ce courriel et pour rester dans l'ambiance de cette Campagne.
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Le Dalaï Lama Présent Deux jours à Genève avant les Enseignements à Toulouse

GENEVE, 11août 2011

Sa Sainteté le Dalaï Lama est arrivé à Genève, en Suisse ce matin. Le programme principal de la visite est d'inaugurer et de consacrer le centre bouddhiste tibétain nouvellement construit - Sherdurb Choekorling au Mont Salève, demain matin en France. 
 
À l'arrivée à l'aéroport de Zurich à New Delhi, M. Tseten Samdup Chhoekyapa, représentant du Dalaï Lama, le Dr TV Nagendra Prasad, conseiller d'ambassade de l'Inde et M. Raefel Gimalov, membre du Parlement russe et une foule de personnalités, avec l'abbé de l'Institut tibétain de Rikon, les présidents de la Communauté tibétaine en Suisse et le Liechtenstein et la Tibetan Women Association, les représentants de l'Association de la Jeunesse tibétaine en Europe et en Suisse, de l'amitié tibétaine  s'est félicité le Dalaï Lama. 
 
Sa Sainteté le Dalaï Lama tout en abordant les dirigeants de la communauté tibétaine, il a étendu ses salutations à la communauté tibétaine en Suisse. Il a dit que la Suisse est le premier lieu accueil des Tibetains (en dehors de l'Inde). Sa Sainteté a complimenté les Tibétains en Suisse pour leur dévouement à la cause tibétaine ainsi que l'intégration dans la communauté suisse. 
 
Sa Sainteté a dit que la situation actuelle au Tibet est très urgente, mais qu'il était confiant que le changement pour un mieux pourra certainement avoir lieu. 
 
Plus d'une centaine de Tibétains l'ont accueilli à l'hôtel à Genève et ont offert Droso Chemar au Dalaï Lama.
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Dalaï-lama :  " La meilleure manière de diriger un peuple
est la voie de l'élection "
 
Dharamsala - Frédéric Bobin - Le Monde (extraits)
 
Dans un entretien au "Monde", le dalaï-lama explique les motivations qui l'ont amené, le 10 mars, à renoncer à son titre de chef politique des Tibétains. 

LE MONDE - Les élus tibétains en exil vous ont demandé de conserver un rôle de chef d'Etat purement cérémoniel, un peu comme un monarque constitutionnel. Vous avez refusé. Pourquoi?*

DALAI LAMA - Je n'aime pas cette formule. J'ai le plus grand respect pour la reine d'Angleterre et le prince Charles, mais personnellement, je ne souhaiterais pas être une figure symbolique. J'aurais l'impression d'être une marionnette avec un premier ministre qui tire les ficelles derrière (rire). Nous devons être complètement une démocratie de type républicain.

LM - Beaucoup de Tibétains ont exprimé leur opposition ou leur inquiétude face à ce changement.

DL - En cas de nécessité, je serai toujours disponible pour donner des conseils. Je suis convaincu qu'à long terme, ma décision est la meilleure susceptible de servir les intérêts du peuple tibétain ainsi que ceux de l'institution du Dalaï-lama.

LM - Il y a un autre domaine où vous évoquez des innovations nécessaires, celui de votre réincarnation. Voulez-vous contrer une offensive chinoise après votre disparition, quand viendra l'heure d'identifier votre réincarnation?

DL - Rien n'a été décidé à ce jour. Depuis des années déjà, je soulève cette question dans des réunions. Les gens concernés par cette affaire me disent "Il n'y a pas d'urgence." En général, ils préfèrent la méthode traditionnelle de sélection de la réincarnation. Mais j'ai évoqué des options alternatives. Je pense qu'une élection par un conclave de type papal serait une formule stable. Par ailleurs au Tibet, il y a une pratique selon laquelle un lama élève un garçon pressenti comme sa réincarnation jusqu'à l'âge de 15 ans ou 20 ans et puis conclut : "Ce sera un bon choix." Alors seulement, il propose que son nom soit officiellement validé. C'est une formule intéressante plutôt que de s'arrêter définitivement sur un très jeune garçon. Enfin, il y a une pratique où le lama choisit sa réincarnation avant sa propre mort.

LM - Quelque soit la formule retenue, vous avez maintes fois déclaré que votre réincarnation ne pourra naître qu'en dehors du Tibet sous tutelle chinoise. Pourquoi?

DL - Depuis des années, je suis très clair sur ce point : après ma mort, je renaitrai dans un pays libre. Parce que le sens même de la réincarnation est que la nouvelle vie tente de poursuivre l'oeuvre non terminée de la vie antérieure.

LM - Vous avez même évoqué la possibilité que votre réincarnation soit une femme.

DL - En effet. Si la situation est telle que seule une femme peut-être la plus utile pour la spiritualité bouddhiste, pourquoi pas? Je parle souvent de la nécessité de la compassion. Or dans ce domaine, la femme est biologiquement plus sensible à la souffrance d'autrui. Certaines personnes pensent que je plaisante. Non, je suis sérieux.

"Ce dont la Chine a le plus besoin, c'est d'une information libre"

LM - Craignez-vous une éventuelle ingérence de Pékin dans le choix de votre réincarnation?

DL - Autrefois, les empereurs chinois, étaient bouddhistes et croyaient dans le phénomène de la renaissance. Mais les communistes chinois aujourd'hui tiennent la religion pour un poison et me considèrent comme un "démon". Qu'ils s'intéressent à ma réincarnation est donc une absurdité, une énorme contradiction. S'ils veulent avoir une quelconque pertinence dans ce domaine, qu'ils commencent par reconnaître la réincarnation de Mao Zedong ou Deng Xiaoping. Alors seulement ils pourront s'intéresser à la réincarnation du Dalaï-lama.

LM - Quels sont les échos que vous avez de la situation au Tibet ?

DL - La situation est très mauvaise. Le contrôle du Parti communiste chinois est très dur. Un récent rapport officiel souligne que les dépenses de sécurité intérieure en Chine sont supérieures au budget de la défense. Cela signifie que la menace interne est tenue pour plus grande que la menace externe. Au Tibet aujourd'hui, il y a la suspicion et la méfiance partout. Comment cela peut-il durer? C'est impossible. C'est de l'autodestruction à long terme.

LM - Pensez-vous que la Chine finira par se démocratiser?

DL - Quand il s'agit de demander à la Chine  de se démocratiser, j'ai des réserves. Parce qu'il n'est dans l'intérêt de personne que l'autorité centrale s'éffondre, que le chaos s'installe. Un changement graduel est bien meilleur. Mais ce dont la Chine a le plus besoin maintenant, c'est d'une information libre. Un milliard trois cent millions de Chinois ont le droit de pouvoir juger ce qui est bon ou mauvais pour eux.
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Le successeur politique du Dalaï-lama a prêté serment
 
AP/Ashwini Bhatia

Lobsang Sangay, un juriste de 43 ans, a prêté serment en tant que nouveau premier ministre du gouvernement tibétain en exil et successeur politique du dalaï-lama, lundi 8 août. La cérémonie, présidée par le dalaï lama lui-même, s'est déroulée dans le temple Tsuglagkhang, le centre spirituel de Dharamsala, une ville du nord de l'Inde, où le gouvernement en exil est basé.

Lobsang Sangay a prêté serment exactement neuf secondes après 9 h 9 locales, le chiffre 9 étant associé à la longévité. Le dalaï-lama, 76 ans, avait annoncé en mars son intention de renoncer à son rôle politique de chef du mouvement des Tibétains en exil, essentiellement symbolique, et de transmettre ses responsabilités à un nouveau premier ministre aux pouvoirs élargis. Il conservera toutefois son rôle de chef spirituel.

Cette transition politique historique va donner au nouveau premier ministre une position beaucoup plus importante que celle de ses prédécesseurs.

Expert en droit international, Lobsang Sangay n'a jamais vécu au Tibet et ne s'y est même jamais rendu. Lors d'un récent entretien avec l'AFP, il avait assuré qu'il soutenait pleinement la formule de la "voie moyenne" voulue par le dalaï-lama, c'est-à-dire une "autonomie significative" du Tibet sous administration chinoise, plutôt qu'une indépendance pure et simple de la région.

Tout en insistant sur le fait que le dalaï-lama était irremplaçable, il avait souligné le désir de la communauté tibétaine de "voir une jeune génération prendre la direction" du mouvement.
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Ajournement de la visite du "Panchen Lama chinois" à Labrang
 
Le gouvernement chinois a tenté de faire parader ce mois-ci "son Panchen Lama" dans une région-clé à majorité tibétaine mais cela a été reporté à cause des controverses locales. 

Des mesures de sécurité extraordinaires ont été prises ces dernières semaines pour Gyancain Norbu, âgé de 21 ans, pour sa visite au monastère de Labrang, dans la Province du Gansu.
 
Un Tibétain vivant dans la région de Labrang a dit que des laïcs tibétains et les moines du monastère étaient mécontents quand ils ont entendu parler de la visite prévue. 
 
Le monastère de Labrang, institution clé du bouddhisme tibétain, a été le théâtre de manifestations très médiatisées contre la domination chinoise lors des manifestations de l'ensemble de la région en 2008.

Pour l'instant, en raison du mécontentement généralisé parmi les Tibétains - tant les fidèles que les moines de Labrang - les préparatifs semblent avoir été suspendus
 
Le personnel tibétain des bureaux du gouvernement ont affiché une réticence à soutenir la visite, même après que les autorités chinoises aient averti qu'ils pouvaient être renvoyés ou que leur salaire serait réduit pour avoir refusé de lui souhaiter la bienvenue. 

"Les autorités chinoises ordonnèrent au personnel tibétain des bureaux du Comté de Sangchu d'être prêts à lui souhaiter la bienvenue joyeusement et à lui offrir écharpes et prosternations", rapporte cette même source. 
 
"Plus de 1 000 membres des forces de police et de sécurité chinoises, y compris des policiers en civil, étaient stationnés autour du monastère pour préparer cette visite. Gyancain Norbu a fait ses débuts en politique en mai de l'année dernière lors de la session annuelle de la Conférence Consultative Politique du Peuple Chinois (CCPPC) à Pékin, apparaissant en tant que membre du Comité national de l'organe consultatif politique le plus élevé. Il est aussi le Vice-président de l'Association bouddhiste de la Chine dirigée par l'État.
 
L'administration centrale tibétaine en exil et les Tibétains en exil insistent sur le fait que Gyancain Norbu n'est pas le 11e Panchen Lama légitime, puisqu'il a été nommé par le gouvernement chinois et n'est pas reconnu par le Dalaï Lama comme la réincarnation du 10e Panchen Lama. Le véritable Panchen Lama a été enlevé par la police chinoise en 1995, et on n'a plus de ses nouvelles depuis, ni de sa famille enlevée avec lui...
 
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11e Festival du Tibet et des Peuples de l’Himalaya
 
Vendredi 22 juillet 2011 par Rédaction Tibet Info.net

Le Festival Culturel du Tibet et des Peuples de l’Himalaya  ouvrira ses portes au public pour sa 11e édition le samedi 10 et le dimanche 11 septembre 2011 avec pour marraine Véronique Jannot, à la Pagode du Bois de Vincennes, 75012 Paris.
 
Le 10 septembre 2011 à 11h, s’ouvrira le 11e Festival Culturel du Tibet et des Peuples de l’Himalaya dans le cadre champêtre et bucolique du Lac Daumesnil du Bois de Vincennes.

Pendant deux jours, le public aura un dépaysement assuré, en découvrant des cultures riches et passionnantes à travers la musique, les danses, l’artisanat mais aussi l’art culinaire des peuples de l’Himalaya.
 
Forts de leur expérience, les fondateurs ainsi que les bénévoles n’ont pas oublié l’esprit des débuts et la volonté de faire de belles choses, dans la joie et la bonne humeur.

Les valeurs du Festival restent et resteront l’authenticité, la convivialité, l’originalité, le goût des choses simples et énormément de découverte, de plaisir et d’enthousiasme... En effet, ce Festival ne bénéficie d’aucune subvention et est entièrement organisé par la Maison du Tibet aidée d’une centaine de bénévoles. Cet évènement reste donc à la fois populaire et exigeant, rigoureux et chaleureux, ce qui en fait une manifestation unique en son genre.
 
Nous souhaitons faire découvrir ces cultures ou enrichir les connaissances du public par des conférences des documentaires récents, et vous pourrez assister à des spectacles de danses et chants populaires et sacrés du Bhoutan, du Népal, de l’Inde et du Tibet, ...

Sans oublier la présence sur le site de chiens tibétains, et de yaks sur le dos desquels les enfants pourront se promener. Vous ferez ainsi, à la lisière de Paris, l’expérience d’une ambiance tibétaine et des cultures himalayennes.
 
La Maison du Tibet fait depuis toujours le pari d’une politique tarifaire symbolique. Les billets pour le concert sont en vente au tarif de 10 euros dans les points de vente habituels (Fnac, Carrefour, Géant) et le tarif de l’entrée journalier pour le Festival est de 3,50 € sur place, et gratuit pour les enfants de moins de 10 ans. Sans votre aide, chers amis, ce festival et les cultures himalayennes ne seraient pas connus du grand public.
 
Consultez le site du Festival du Tibet et des Peuples de l’Himalaya pour plus de détails.
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© AFP (Seule photo publiée par la Maison Blanche)
 
Barack Obama reçoit le Dalaï Lama, malgré la colère de Pékin

Dimanche 17 juillet 2011 par Rédaction -
Source : AFP, 16 juillet 2011.
Le président Barack Obama a défié les avertissements de Pékin et reçu le 16 juillet 2011 à la Maison Blanche le Dalaï Lama, à qui il a fait part de son "soutien appuyé" en faveur des Tibétains et de son "inquiétude sincère" au sujet des Droits de l’Homme au Tibet..

"Le président a loué l’engagement du Dalaï Lama en faveur de la non-violence et du dialogue avec la Chine", ainsi que sa recherche de la "Voie Médiane", a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche dans un communiqué.

"Il a souligné l’importance de la protection des Droits de l’Homme pour les Tibétains en Chine".

Selon le communiqué de la Maison Blanche du 15 juillet, l’entrevue de Barack Obama avec le Dalaï Lama vise à apporter un "soutien durable au dialogue entre les représentants du Dalaï Lama et le gouvernement chinois afin de résoudre leurs divergences". L’entrevue "illustre le soutien vigoureux du président en faveur de la préservation de l’identité religieuse, culturelle et linguistique unique du Tibet et de la protection des Droits de l’Homme des Tibétains".
 
Le Dalaï Lama a confié à l’AFP peu après la rencontre, qui a duré 45 minutes, que Barack Obama est "le président de la plus grande démocratie, il a donc naturellement manifesté de l’inquiétude au sujet des valeurs humaines élémentaires, des Droits de l’Homme et de la liberté religieuse". "Par conséquent, il a montré une inquiétude sincère au sujet des souffrances au Tibet mais aussi dans d’autres endroits", a-t-il ajouté.

Qualifiant l’entrevue de "retrouvailles spirituelles", le Dalaï Lama a affirmé se sentir proche de Barack Obama "à un niveau humain", tout en rappelant que ses relations avec les autres présidents américains avaient été tout aussi chaleureuses.
 
La Maison Blanche avait multiplié les précautions pour assurer une discrétion maximale à la rencontre en prévision du courroux de Pékin, annonçant cette entrevue au dernier moment, le 15 juillet au soir.
Les journalistes n’ont pas été conviés et aucune photo n’a pu être prise par la presse de l’entrevue, qui a eu lieu dans la Salle des cartes de la résidence, et non dans le bureau Ovale, où sont reçus les chefs d’État.

Rappelant la position officielle américaine, le porte-parole de la présidence écrit que "les États-Unis ne soutiennent pas l’indépendance du Tibet" et souhaitent qu’États-Unis et Chine coopèrent sur le sujet.

"Le Dalaï Lama a indiqué qu’il ne recherchait pas l’indépendance du Tibet et qu’il espérait que le dialogue entre ses représentants et le gouvernement chinois pourrait bientôt reprendre", poursuit le texte de la présidence.
 
De son côté, le gouvernement chinois a été piqué au vif par la décision de Barack Obama de recevoir malgré sa mise en garde le Dalaï Lama, considérant que Washington remet ainsi en question l’intégrité territoriale de la Chine et sa souveraineté sur le Tibet.

Dès l’annonce de la nouvelle, le ministère et l’ambassade chinoise aux États-Unis ont "formellement protesté" contre la décision de M. Obama, a précisé M. Hong Lei, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, dans un communiqué posté sur le site internet du ministère, et ce ministère a demandé à Washington "d’annuler immédiatement sa décision d’arranger une rencontre entre le président Obama et le Dalaï Lama". Ces propos ont été confirmés par le Ministre des Affaires Etrangères, Ma Zhaoxu, dans un communiqué sur le site officiel du gouvernement.

"Les États-Unis doivent rester fidèles à leur engagement de reconnaître que le Tibet fait partie de la Chine", indique Hong Lei, exigeant que Washington "n’interfère pas dans les affaires intérieures chinoises" et ne fasse rien qui soit susceptible de "nuire aux relations sino-américaines".

Le chargé d’affaires américain à Pékin a été "convoqué d’urgence" le dimanche 17 juillet au ministère pour y entendre les protestations officielles de la Chine.
 
Au cours de son séjour de près de deux semaines aux États-Unis, le Dalaï Lama aura notamment vu Mme Ros-Lehtinen, présidente de la commission des Affaires étrangères de la chambre basse du Congrès, John Boehner, président de la Chambre des représentants, et Nancy Pelosi, chef de file des démocrates de la Chambre et défenseur de longue date de la cause tibétaine.
 
Ileana Ros-Lehtinen, élue républicaine, avait critiqué le 15 juillet le président Barack Obama parce qu’il n’avait pas reçu le Dalaï Lama, en visite à Washington depuis début juillet, l’accusant de céder à la pression de la Chine.

"Il est fort dommage que le président ait cédé à la pression chinoise qui le poussait à ne pas recevoir le Dalaï Lama", a estimé Ileana Ros-Lehtinen.
"La Chine sape les intérêts américains dès qu’elle le peut. (Cet épisode) envoie encore une fois le message négatif que l’administration Obama se laisse malmener par des régimes voyous", a-t-elle encore expliqué.

Le 16 juillet, des internautes chinois ont manifesté leur colère. "Les États-Unis n’ont jamais respecté la Chine. Le moment est venu de vendre nos réserves en dollars, pour frapper un grand coup le billet vert", a estimé "freemanchina8".

La télévision nationale chinoise CCTV n’a pas mentionné la rencontre dans son journal de la mi-journée le 16.

A l’occasion des 60 ans de la "libération pacifique" du Tibet par les troupes communistes de Mao Tsé-toung, le gouvernement a publié un "Livre blanc sur le développement du Tibet", selon lequel "l’indépendance tibétaine" fait "partie d’un plan des agresseurs occidentaux pour dépecer le territoire chinois".
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LHAKAR - La révolution non-violente est en marche

Jeudi 21 juillet 2011 par Rédaction Tibet Info.net

LHAKAR est un mouvement populaire qui a émergé au Tibet. En dépit de la répression intensifiée de la Chine, les Tibétains ont embrassé la stratégie - puissante - de la non-violence.

"LHAKAR est un mouvement qui a inspiré de nombreux Tibétains au Tibet après le soulèvement de 2008. C’est un effort visant à répandre le mouvement parmi les Tibétains en exil", déclare Dolkar, une jeune Tibétaine de 23 ans, résidant à Dharamsala.
 
Chaque mercredi, un nombre croissant de Tibétains font un effort pour porter des vêtements traditionnels, parler uniquement tibétain, manger dans les restaurants tibétains, en consommant uniquement tibétain.

La résistance se construit par les canaux sociaux, culturels et économiques (promotion de la culture, de l’identité et de la langue tibétaine) et non-coopératifs (refusant de soutenir les institutions chinoises et leurs entreprises). À moindre échelle, ces tactiques de non-coopération rappellent l’epoque du boycott des textiles britanniques par l’Inde dans sa lutte pour la liberté du pays.
 
Le mot tibétain "LHAKAR" se traduit littéralement par "mercredi blanc".
Mercredi est considéré par les Tibétains comme un jour spécial, car il est censé être le jour de Sa Sainteté le Dalaï Lama, né un mercredi.
 
Depuis 2008, après le soulèvement populaire, les Tibétains au Tibet et en exil ont fait des promesses diverses comme boycotter les produits "Made In China", manger végétarien tous les mercredis, lire un journal tibétain une fois par semaine, porter une chuba (vêtement traditionnel tibétain) tous les mercredis, etc... Grâce à ces engagements et actions, les Tibétains se rassemblent autour du plus grand mouvement que le Tibet ait jamais connu.
 
Autour du monde, le peuple tibétain essaie de respecter LHAKAR. En Inde, le mouvement a eu un effet boule de neige grâce à l’implication de bénévoles, de militants, d’écrivains ou tout simplement d’individus qui croient au mouvement.

Avec la croissance de la diaspora tibétaine, ce mouvement est destiné à préserver l’identité tibétaine au moins une journée par semaine.
 
Un jour qui signifie beaucoup

À Dharamsala, pour les Tibétains en exil, ce jour-là signifie beaucoup ; cela signifie que l’âme du Tibet est vivante pendant un jour.

Cette journée préserve et met en avant la culture tibétaine à travers des actions simples telles que le port de la chuba et autres vêtements traditionnels, en ne parlant que la langue tibétaine pendant toute la journée, en écoutant de la musique tibétaine traditionnelle, en mangeant dans des restaurants tibétains...
 
Une connexion avec le Tibet

À Dharamsala, dans la communauté tibétaine en exil, beaucoup de gens ont décidé de se joindre au mouvement.

Un groupe de soutien a été récemment formé à Dharamsala, dans le but de faire connaître LHAKAR à la communauté tibétaine. Le groupe a créé un site internet, une page Facebook, et un compte Twitter. Grâce à internet, le mouvement LHAKAR peut facilement communiquer à travers le monde.
 
Dolkar est une jeune tibétaine de 23 ans née en Inde. Elle n’a jamais vu son pays, mais chaque mercredi, ses pensées sont au Tibet et son style de vie est strictement tibétain.

Grâce à LHAKAR, une connexion est établie entre elle et le "Toit du Monde".

Pour Dolkar, l’idée est de préserver la culture, la langue... En bref, l’identité du Tibet ajoute une autre dimension au mouvement.

"Je suis tibétaine ; je n’ai pas besoin de me le rappeler, mais tous les mercredis - plus que tout autre jour - je me souviens de la lutte que nous menons et ce qui se passe au Tibet. Grâce à ce mouvement, il y a clairement un lien entre la communauté en exil et les Tibétains au Tibet".
Progressivement, la communauté tibétaine en exil prend part au mouvement.

Chaque mercredi, Dolkar communique son engagement pour la cause tibétaine à travers ses actions.

"Dès que je rencontre de nouveaux amis, je leur parle de LHAKAR. Les Tibétains en exil sont très réceptifs et sensibles au mouvement. Le message se répand rapidement et il y a un soutien croissant de la communauté".
 
Ce qui interpelle la population dans le mouvement est probablement le fait que c’est plus un état d’esprit. Il n’existe aucune règle, aucune restriction ; chacun est libre de prendre des initiatives ou de ne pas suivre le mouvement.

Ce mouvement est pour le peuple, pour chaque Tibétain.

"Pour ma part, je suis plus responsable en tant que Tibétaine le mercredi. J’agis. Quand je porte ma chuba, j’essaie d’inspirer les autres".
 
Il est intéressant de constater que la jeunesse tibétaine en exil multiplie les actions au profit de la préservation de la culture tibétaine. Sans tomber dans la politique ou l’activisme pur et dur, le mouvement LHAKAR résiste à l’occupation chinoise grâce à des actions simples qui fédèrent la population tibétaine en exil et noue le contact entre Tibet et diaspora tibétaine. Le mouvement a dans ce sens, de beaux jours devant lui.
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Village de relogement forcé des nomades © DIIR office – Dharamsala
 
Disparition du style de vie nomade au Tibet

Mercredi 20 juillet 2011 par Rédaction Tibet Info.net

Le pastoralisme décrit la relation interdépendante entre d’une part les éleveurs et leurs troupeaux et d’autre part leur habitat.

Le plateau tibétain situé à environ 4 000 mètres d’altitude est le domaine des Drokpas (ou "Brogpas").

En raison de la rudesse du climat, l’altitude dans de nombreuses régions ne permet pas aux gens de s’installer sur quelques hectares de terres. Emportant avec eux tout ce qu’ils possèdent, ils doivent se déplacer avec leurs troupeaux de moutons, chèvres, yaks sur de larges prairies (steppes) à la recherche de pâturages.
 
Sur le plateau tibétain, dans le Rupshu, le Kham et le Changtang, les Drokpas ont l’habitude de s’abriter dans des tentes de poils de yak et de nourrir leurs feux avec les excréments de l’animal, qui leur fournit également la viande, le lait, la laine, et le cuir qui sont a la base de leur subsistance. Leurs longues traversées des steppes sont ponctuées d’arrêts à proximité de marchés où ils vendent leurs surplus pour acheter du riz et autres céréales.
 
Les nomades élèvent yacks, chèvres et brebis, et migrent dans les vallées durant l’hiver et dans les pâturages de montagne en été. Ils passent généralement les deux tiers de l’année dans les vallées.

Mais le constat est sans appel. Le nomadisme est en déclin.

De plus en plus de familles ont maintenant un camp d’hiver permanent. Au Tibet, le régime chinois négocie des contrats de production avec les éleveurs nomades, en essayant de les intégrer dans l’économie de marché. Le plan consiste également à délocaliser les nomades dans des villages artificiels qui sont construits à la hâte.

Pendant des siècles, les nomades tibétains pastoraux et les éleveurs ont réussi à maintenir un mode de vie durable et mobile, se déplaçant vers différents pâturages selon la saison.
 
"La stratégie de développement de l’Ouest"

Depuis 2000, le gouvernement chinois met en œuvre des politiques de déplacement de population.
 
Lancée dans les années 90, la politique de déplacement des populations inclut le développement des terres de l’ouest de la Chine, l’envoi de nomades vers des habitats peu familiers et ce, afin de stimuler l’activité économique et le développement dans les régions occidentales, y compris le Tibet.
 
Selon le rapport de Human Rights Watch (Human Right Watch - report 2007, édité en 2007 : "Le gouvernement chinois a donné plusieurs justifications à son action, mettant en avant son souci de protéger l’environnement, mais en citant aussi les objectifs de « promouvoir le développement » et « civiliser » les zones et les personnes concernées."
Les autorités ont également justifié leurs actions en les présentant "comme une réponse nécessaire aux crises environnementales qui affectent le plateau tibétain".

Depuis 2003, ces politiques se sont surtout radicalisées dans les préfectures de Golok et de Jyekundo dans la province du Qinghai. Mais elles ont également été appliquées dans les provinces de Gansu, du Sichuan, du Yunnan, et la "Région autonome du Tibet" (RAT).

Les populations locales vivant dans ces régions sont généralement contraintes de vendre leurs yaks et sont réinstallées ailleurs.
Selon Freetibet.org ", autour de 300 000 familles au Tibet, impliquant 1,43 millions de nomades et des agriculteurs ont été déplacés dans des foyers ou de nouvelles colonies depuis 2006."
 
"Une relation étroite et positive entre l’écosystème et ses habitants"

Selon un rapport d’experts publié sur le site français Tibet-Info.net, "la Chine a besoin des connaissances acquises par des générations de nomades sur les écosystèmes des prairies. Au cours des millénaires, les nomades ont appris qu’une bonne gestion du plateau tibétain rend la vie humaine possible et écologiquement durable. Les nomades du Tibet sont essentiels dans la santé à long terme des écosystèmes et des ressources en eau".
 
Selon le rapport "Personne n’a la liberté de refuser" (HRW-2007), l’origine hypothétique du pastoralisme remonte à 4 000 ans (et peut-être jusqu’à 8 000 ans).

Ce mode de vie a montré une relation étroite et positive entre l’écosystème et ses habitants, pour le bien-être des familles et des clans, des communautés et des monastères, et, plus largement, pour le bien commun de la Chine.
 
La Chine prétend que le Tibet serait dégradé par le sur-pâturage des prairies.

Basé sur cet argument, la Chine concentre une part essentielle de ses mesures d’atténuation du réchauffement climatique sur le déracinement et le transfert forcé des nomades hors de leurs territoires, afin d’empêcher une nouvelle détérioration de l’écosystème du Tibet. En fait, une étude scientifique récente - menée par des scientifiques chinois – déclare que le changement climatique - et non l’utilisation des terres - est responsable de la dégradation de 81% des prairies situées sur le plateau tibétain à proximité de la partie supérieure du Yangtze.

En 2009, un article publié par le Tibet Post a révélé que "le gouvernement chinois avait déplacé - par la force - 50 000 bergers tibétains vers les zones urbaines."

Le gouvernement chinois prétend avoir « relocalisé » près de 50 000 nomades tibétains et leurs troupeaux dans des communautés sédentaires pour protéger l’écologie fragile de la région montagneuse. "Sous la façade de protection de l’environnement, cette loi aura un impact désastreux sur les bergers tibétains et leur capacité à maintenir leur mode de vie traditionnel, et va menacer une forme distinctive de l’identité culturelle tibétaine."

Ceci est très clair. La réinstallation forcée des nomades est toujours en cours au Tibet.
 
Un problème environnemental et une atteinte aux Droits de l’Homme

Le rapport de HRW affirme : "Même en supposant que le gouvernement ait eu des raisons valables concernant la défense de l’environnement ou autres pour transférer le peuple tibétain dans certaines circonstances, le voyage [la réinstallation des nomades] s’est presque toujours fait sans transparence, sans consultation préalable et sans compensation financière après le voyage, comme il est requis par la loi chinoise et le droit international."

Les familles nomades, souvent analphabètes et illettrées, reçoivent un contrat de la part du gouvernement chinois. Ce contrat, une fois signé, lie les familles nomades à une vie dans une ville construite à la va-vite, sans leur donner aucune information sur ce qui va se passer par la suite.
Selon le DIIR (Département de l’Information et des Relations Internationales) basé à Dharamsala, la situation est complexe et grave.
Non seulement la relation entre les pasteurs nomades et la nature tend à dérégler l’écosystème environnemental au Tibet, mais le transfert des familles nomades vers le béton des villes est la preuve que le mode de vie nomade est en train de disparaître, mais ce n’est pas seulement une question politique. A long terme, cela devient un enjeu environnemental. Les scientifiques du monde entier ont prouvé que l’interdépendance entre le mode de vie nomade et l’environnement était essentielle à la croissance de l’écosystème en Chine.
 
A l’éducation au problème se joint une grande responsabilité ; c’est à la communauté internationale travaillant sur les problèmes d’environnement de sensibiliser à cette situation critique, car l’injustice envers ce mode de vie et la nature peut encore être arrêtée.
 
Sources : Migrationinformation.org, Wikipedia.org, HumanRightWatch - rapport 2007 -, DIIR office – Dharamsala, Tibet-post.

Dossier écrit en anglais puis traduit par Carole, correspondant à Dharamsala.

NB Les notes de bas de page et les liens, internes ou externes, ont été ajoutés par Tibet-info à des fins d’explication, d’illustration ou de compléments d’information et ne font pas partie du document d’origine.
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Marche de protestation à Dharamsala contre l’anniversaire
de la "libération pacifique du Tibet"

Mardi 19 juillet 2011 par Rédaction Tibet Info.net

Tibétains et sympathisants se sont réunis près du temple principal (Tsuglakhang) à McLeod Ganj, Dharamsala, le mercredi 13 juillet 2011 afin de protester contre les célébrations organisées par le gouvernement chinois en juillet à Lhassa.

Ces célébrations marquent les 60 ans de la soi-disant ‘Libération pacifique’ du Tibet en 1951 où depuis le mois de mars dernier les tensions restent fortes dans les régions de Kardzé et Ngaba.
 
Afin de célébrer dignement cet anniversaire, le gouvernement chinois vient de publier un "Livre blanc sur le développement du Tibet" qui réaffirme sa souveraineté sur cette région. Reniant toute crédibilité au concept "d’indépendance tibétaine", ce document encense le Parti communiste chinois ainsi que le gouvernement chinois dans leur gestion de cette région qui "en 60 ans, a connu un développement qui aurait pris normalement mille ans".
 
L’organisation Students for a Free Tibet en Inde (SFT-India, Etudiants pour un Tibet Libre) a organisé une marche de protestation à Dharamsala, siège du gouvernement tibétain en exil ou 60 personnes, Tibétains mais aussi supporters, ont défilé dans les rues, brandissant des drapeaux noirs tout au long de la marche, représentant ainsi les 60 ans d’occupation et d’oppression de la Chine sur le Tibet.

La marche a débuté près du Temple du Dalaï Lama où 6 personnes entièrement vêtues de noir ont été suivies par des manifestants silencieux dans les rues de McLeod Ganj. La marche s’est terminée dans la cour de l’école du TCV (Tibetan Children Village) où les manifestants se sont regroupés en rang.

De jeunes enfants vêtus de costumes traditionnels tibétains se sont avancés pour dévoiler le drapeau tibétain caché sous les costumes noirs des manifestants, symbolisant la jeune génération révélant au monde ‘la vérité’ et ‘libérant’ le Tibet.

Dorjee Tseten, Directeur National de SFT India a ensuite pris la parole afin d’affirmer le soutien de la communauté en exil envers le peuple tibétain :
"La propagande chinoise qui a lieu ces jours-ci en l’honneur du soixantième anniversaire de la libération pacifique du Tibet essaie en vain de légitimer les 60 ans d’occupation illégale du Tibet. Le récent ‘Livre Blanc’ est juste une énième tentative de propagande de la part de la Chine", a déclaré Dorjee Tseten.
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Lobsang Sangay, nouveau leader pour le Tibet
 
 
 
Interview
 
Le Temps ch - Eclairages - mercredi 1 juin 2011

Propos recueillis par Frédéric Koller envoyé spécial à Dharamsala
 
Le Dalaï-lama vient de renoncer à son rôle de chef temporel des Tibétains pour ne conserver que sa direction spirituelle. Lobsang Sangay, 42 ans, le remplacera à la tête du mouvement politique après avoir été élu, fin avril, Kalon Tripa, c'est-à-dire premier ministre du gouvernement tibétain en exil dont le siège est à Dharamsala, en Inde. Il incarne une nouvelle génération, qui aspire à plus d'action pour libérer le Tibet. Après seize années passées aux Etats-Unis, il prendra ses fonctions d'ici au 14 août. Avant cela, il doit encore consulter sa mère et un astrologue pour déterminer le jour le plus propice. Etudiant, il dirigeait le Congrès de la jeunesse tibétaine, une organisation indépendantiste. Aujourd'hui, il dit s'en tenir à l'autonomie définie par le Dalaï-lama.
 
Le Temps : Sur quel programme avez-vous été élu premier ministre ?
 
Lobsang Sangay : Mon programme est détaillé sur mon site internet, kalontripafortibet.org. Les deux points principaux sont : restaurer la liberté du Tibet et favoriser le retour de Sa Sainteté le dalaï-lama à Lhassa, la capitale du Tibet.
 
Un Tibet libre, c'est quoi? L'indépendance ou une autonomie réelle au sein de la République populaire de Chine, comme le prône le Dalaï-lama avec sa politique dite de la "voie moyenne" ?
 
- La "voie moyenne". Il n'y a pas de changement.
 
Vous êtes le premier Kalon Tripa élu démocratiquement, qui plus est avec un réel pouvoir. Serez-vous vraiment indépendant vis-à-vis du Dalaï-lama, qui demeure le leader spirituel du peuple tibétain ?
 
- Sa Sainteté a été un dirigeant brillant qui nous a très bien gouvernés. Nous avons tous une dette envers lui. Il est hors de question que je le remplace. Je vais plutôt tenter de réaliser sa vision d'une société démocratique et séculaire. Je ferai de mon mieux pour être le porte-parole politique et le visage du mouvement tibétain.
 
Vous représentez aussi une nouvelle génération, celle des Tibétains nés en exil. On dit qu'elle est plus combative que l'ancienne, qui a fui le Tibet en 1959. Les Chinois, au contraire, espèrent qu'elle aura moins d'influence. Y a-t-il un conflit de générations ?
 
- J'ai été élu avec le soutien de l'ancienne et de la nouvelle génération. Les anciens ont dit qu'ils avaient confiance envers les jeunes. Ils nous transmettent la responsabilité de poursuivre le mouvement. En tant que représentant de cette jeune génération, je veux respecter leur héritage. Cette élection est un message à Pékin: la force du mouvement ne va pas disparaître avec la nouvelle génération. Nous lutterons aussi longtemps que nécessaire pour restaurer la liberté du Tibet. Sur le plan émotionnel, nous sommes tout autant attachés au Tibet. Les Tibétains sont divisés non par choix, mais par force. Mais nous sommes toujours une seule famille. La jeune génération a également largement voté pour moi. Elle veut un leader qui soit plus actif.
 
C'est-à-dire ?
 
- Toute personne active pour le Tibet doit avoir trois principes: unité, innovation et autonomie. Peu importe l'idéologie, je vais soutenir toutes les initiatives en faveur de la liberté qui prône l'unité en innovant, et de façon autonome. Par exemple, le Congrès de la jeunesse tibétaine a organisé une grève de la faim durant vingt-cinq jours à Delhi pour protester contre la répression des moines d'un monastère. J'y suis allé et je leur ai dit: bien que je ne sois pas forcément d'accord avec votre idéologie, je suis de votre côté, car vous luttez pour le Tibet.
 
Mais vous leur avez demandé de stopper leur grève !
 
- Oui. Je leur ai dit qu'il faut réfléchir dans le long terme. Mettre la vie des leaders du mouvement en danger n'apportera rien dans l'immédiat.
 
Allez-vous davantage utiliser Internet ?
 
- Une des premières mesures que je vais prendre sera d'améliorer les sites d'information de notre administration. Nous allons utiliser Facebook, Twitter et favoriser tous les ressorts de la technologie du XXIe siècle.
 
 
- Certainement. L'armée, le hard power chinois sont forts. Nous sommes faibles. Mais nous allons prendre l'avantage dans le pouvoir virtuel. Dans le soft power, nous sommes également forts car nous prônons la non-violence, nous sommes pacifiques et ne faisons aucun mal aux Chinois.
 
Comment développer ce pouvoir virtuel au Tibet ?
 
- Des milliers de Tibétains utilisent tous les jours leur téléphone mobile et communiquent avec l'extérieur.
- La police chinoise les écoute...
- Alors on emploie un autre langage, codé. On ne dit pas: j'appelle de Dharamsala, c'est l'administration tibétaine, mais on dit: je parle des montagnes... de La place.
- Mais les numéros peuvent être détectés!
- Non, non...
 
Que pensez-vous des Chinois? En avez-vous beaucoup rencontré aux Etats-Unis?
 
- De point de vue bouddhiste, rien n'est permanent, tout change. La Chine change avec le monde. Tout le monde parle des progrès économiques de la Chine. Mais il y a aussi de nouveaux espaces sociaux qui se créent, les gens s'expriment davantage. Le goût de la liberté est universel et propre à l'homme. Cela fait seize ans que j'ai des contacts avec des Chinois à l'Université de Harvard. J'ai organisé sept conférences, dont certaines réunissaient le dalaï-lama et des chercheurs chinois. Je suis allé à Pékin et à Shanghai en 2005 comme chercheur. Mais je n'ai pas été autorisé à me rendre au Tibet.
 
Comment allez-vous négocier avec Pékin? La Chine ne reconnaît pas votre gouvernement !
 
- Le dialogue [qui est gelé] pourra se poursuivre avec les envoyés spéciaux du dalaï-lama qu'ils reconnaissent. Pas de problème. Peu importe par qui et comment la discussion s'instaure, c'est le contenu qui compte et ils connaissent nos propositions pour une véritable autonomie qui respecte la Constitution chinoise.
 
Avez-vous réussi à convaincre ne serait-ce qu'un seul Chinois de la justesse de votre cause ?
 
- En privé, oui. Beaucoup reconnaissent qu'il y a un problème. L'ennui, c'est que les durs au sein du gouvernement chinois pensent qu'il faut continuer de réprimer toute manifestation de mécontentement. Cela peut fonctionner dans le court terme. Mais à la longue, c'est intenable. Si la Chine veut être la prochaine grande puissance, comme elle l'affirme, elle ne peut pas se contenter de sa force économique et militaire, il lui faudra aussi assurer un leadership moral. Tant qu'elle opprime les Tibétains, ce sera impossible. Si elle devient une superpuissance, ce qui nous arrive depuis cinquante ans pourrait un jour arriver au reste du monde.
 
La Chine qui conquerrait le monde ?
 
- C'est notre expérience. On ne veut pas que le reste du monde connaisse notre sort. C'est la Chine que nous connaissons. Vous pouvez croire à la théorie d'une Chine confucéenne et bienveillante. Si c'est ce que vous espérez, bonne chance! Si la Chine veut être respectée par la communauté internationale, elle doit respecter les Tibétains.
 
Pékin doute de la sincérité du Dalaï-lama. Le Parti communiste pense que les Tibétains avancent à visage masqué et que leur réelle intention reste l'indépendance. Et c'est en effet ce que veulent beaucoup de membres de la jeune génération. Pensez-vous aussi que l'autonomie n'est qu'un premier pas vers quelque chose d'autre ?
 
- L'autonomie réelle est la politique officielle, et je la soutiens. On peut voir cela avec suspicion ou avec confiance. Si on a un état d'esprit suspicieux, c'est sans fin. Vous ne croyez ni père ni mère. La confiance est un sentiment rationnel et humain. Chacun fait un pas et l'on se fait confiance. J'ai rencontré des centaines de Chinois. Je n'avais pas besoin de le faire. C'était risqué. J'ai souvent été critiqué. Certains Tibétains pensaient que j'étais fou de parler avec eux. Cela m'a coûté des votes, d'un point de vue politique. Quand je dis qu'il faut un dialogue avec les autorités chinoises, je suis sincère. Si l'on est suspicieux et irrationnel, c'est impossible de vous convaincre, quoique l'on dise.
 
Avez-vous des amis chinois ?
 
- Oui. Des étudiants, des chercheurs, en Chine, hors de Chine.
 
Mais une vaste majorité de Chinois pense comme les autorités: "Pékin a fait de tels sacrifices pour développer le Tibet: comment les Tibétains peuvent-ils être aussi ingrats ?"
 
- C'est vrai, la majorité des Chinois croient leurs médias et ignorent la réalité du Tibet. J'ai rencontré des centaines de personnes dans ce cas. Je leur demande alors: quelle confiance accordez-vous habituellement à vos médias gouvernementaux? La réponse est 50% de vrai, 50% de faux. Et quel est le pourcentage de vérité pour le Tibet? Cela les amène à réfléchir. Je ne les blâme pas. Avec la propagande qu'ils subissent et la montée du nationalisme - le XXIe siècle est leur siècle disent-ils -, l'ignorance devient un facteur dangereux. Mais, en discutant, on peut les convaincre de la réalité tragique du Tibet.
 
D'où vient votre famille ?
 
- De Lithang, dans le Tibet oriental.
 
Avez-vous des contacts ?
 
- Oui. Et je me tiens informé de ce qui s'y passe.
 
Pékin dit que vous diffusez des mensonges, que les Tibétains sont heureux...
 
- Si nous avons tort, nous serions heureux qu'on nous le démontre. Il suffit d'ouvrir les portes aux médias internationaux, aux ONG ou aux touristes pour le savoir. S'il s'avère que nous avons tort, nous serons heureux de le reconnaître. Mais les faits sont que le Tibet est occupé, opprimé et qu'il n'y a pas de liberté.
 
Vous savez qu'il y a une forte communauté tibétaine en Suisse...
 
- Oh oui ! Ma première visite à l'étranger a été Genève, pour une réunion à l'ONU. En février dernier, j'ai donné une conférence à Zurich. Nous sommes très reconnaissants envers le gouvernement et le peuple suisses pour leur aide de longue date. La plus grande communauté tibétaine en exil hors d'Inde vit en Suisse. Et elle est devenue très suisse. Pour mon élection, juste après le vote, je cherchais à m'informer des tendances à travers des proches dans les divers pays où sont installés des Tibétains. Ceux de Suisse ont gardé le secret jusqu'à l'annonce du résultat final. Je leur disais: vous n'êtes pas mon banquier, je veux juste savoir comment cela s'est déroulé. Rien à faire. Ils ont adopté le culte du secret !
 
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Au monastère de Kirti,la répression policière s'intensifie après l'immolation d'un moine.
 
Situation à Kirti : appel du Dalaï Lama
 
La situation qui prévaut actuellement au monastère de Kirti, à Ngaba, dans le nord-est du Tibet, est très sombre en raison de la confrontation entre les forces militaires chinoises et les Tibétains. Le monastère, qui compte environ 2 500 religieux, est  complètement encerclé par les forces armées chinoises, qui empêchent l'approvisionnement du monastère en alimentation et autres fournitures vitales.
 
Les Tibétains de la région, craignant que ce siège du monastère de Kirti soit un prélude à la détention à grande échelle des moines, ont encerclé les soldats qui font le blocus du monastère et ont encombré les routes de manière à empêcher les camions et les véhicules chinois d'entrer ou de sortir de Kirti.
 
Le blocus chinois du monastère de Kirti a commencé le 16 mars 2011, quand un jeune moine tibétain du monastère s'est tragiquement immolé pour marquer le troisième anniversaire des manifestations pacifiques généralisées qui ont secoué le Tibet en 2008. Au lieu d'éteindre le feu, la police a battu le jeune moine, ce qui a été l'une des causes de sa mort tragique. Cet acte a créé un ressentiment considérable parmi les religieux, qui a abouti à ce blocus massif du monastère de Kirti.

Je suis très préoccupé par cette situation qui, si on la laisse continuer, peut devenir explosive, avec des conséquences catastrophiques pour les Tibétains de Ngaba.
 
Prenant en compte ces considérations, j'exhorte les moines et les laïcs tibétains de la région à ne rien faire qui puisse être utilisé comme un prétexte par les autorités locales pour exercer une répression massive sur eux.
 
Par ailleurs, je presse instamment la communauté internationale, les gouvernements du monde entier, les organisations internationales non gouvernementales, de persuader les autorités chinoises à faire preuve de retenue face à cette situation.
 
Au cours des six dernières décennies, l'utilisation de la force comme principal moyen de régler les problèmes au Tibet n'a fait que renforcer les injustices et le ressentiment du peuple tibétain. Je lance donc un appel aux dirigeants chinois à adopter une approche

réaliste et de répondre aux doléances légitimes des Tibétains avec courage et sagesse, et à s'abstenir de recourir à la force pour régler cette situation.
 
Le Dalaï Lama - 15 avril 2011
(Traduction en français revue par le Bureau du Tibet, Paris, le 18 avril 2011)
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Tenzin Gyatso, 14e Dalaï lama, se retire de la vie politique
 
19 mars 2011 - Dharamsala
 
D'après la transcription anglaise des remarques faites par Sa Sainteté le dalaï-lama au cours d'un enseignement public donné le 19 mars 2011, à Dharamsala, dans le temple principal, pour expliquer son retrait de la vie politique.

"Voilà plus de trente ans que, depuis l'exil, je m'efforce de bâtir un système de gouvernance démocratique. Les Tibétains en exil disent : " notre démocratie est un don de Sa Sainteté le dalaï-lama". Il y a dix ans, on a commencé à élire le Kalon Tripa selon un véritable processus démocratique plutôt que le candidat ne soit nommé par le dalaï-lama, ce qui n'était pas juste. Depuis l'élection directe du Kalon Tripa, l'institution du Gaden Phodrang du dalaï-lama, qui représentait l'autorité à la fois spirituelle et temporelle, a pris fin. Depuis lors, j'ai décrété que j'étais en semi-retraite.

Dix années se sont écoulées et c'est bientôt le moment pour nous d'adopter un système démocratique véritable. L'heure n'est plus à la domination des rois et des chefs religieux. Nous devons suivre la tendance qui prévaut dans le monde libre et qui est celle de la démocratie. En Inde, par exemple, malgré la surpopulation, la multitude de langues, de religions et de cultures, la situation demeure, dans l'ensemble, très stable. Ceci est le fait de la démocratie, de l'état de droit, de la liberté d'expression et des media. A l'inverse, la Chine, avec son régime autoritaire, est toujours confrontée à des problèmes. Le gouvernement chinois, dans un rapport récent, reconnaît dépenser plus pour maintenir la stabilité intérieure que pour la défense nationale. Cela prouve que les ennemis intérieurs sont plus nombreux que les ennemis extérieurs, ce qui est affligeant.

Le gouvernement de la République populaire (de Chine) est censé oeuvrer au bien-être de son peuple. Alors, répondre aux aspirations de ce dernier doit être le fruit d'élections démocratiques. Si les dirigeants étaient choisis par le scrutin, ce serait une véritable source de fierté. Mais détenir le pouvoir par les armes plutôt que par les urnes est à la fois immoral et dépassé. La gouvernance par un potentat n'est pas un bon système. Voilà pourquoi il n'est du tout souhaitable que le dalaï-lama continue à détenir le pouvoir suprême. Au début, le dalaï-lama ne cumulait pas les autorités spirituelle et temporelle. Cela a commencé avec le cinquième dalaï-lama en des circonstances différentes et sous l'influence du chef mongol Gushri Khan. Le système a apporté de nombreux avantages. Mais aujourd'hui, alors que nous sommes entrés dans le vingt et unième siècle, le temps du changement est venu. Mais si ce changement s'accomplit sous la contrainte, ce sera un déshonneur pour tous les dalaï-lamas précédents.
 
Depuis Ngawang Lobsang Gyatso, le cinquième dalaï-lama, les dalaï-lamas ont toujours assumé l'autorité à la fois spirituelle et temporelle sur le Tibet. Comme je suis le quatorzième dans la lignée de cette institution, il me paraît judicieux de mettre personnellement un terme, avec joie et fierté, à la double autorité du dalaï-lama. Personne d'autre que moi ne saurait prendre une telle décision et j'en ai décidé ainsi. Un chef élu démocratiquement par le peuple tibétain devrait prendre toutes les décisions politiques à l'endroit du Tibet. Un vestige du double système perdurera de toute façon, si je suis investi de l'autorité politique dans la Charte. Il faut opérer ce changement et le moment semble propice.

Je peux évoquer brièvement toutes les choses que j'ai accomplies pour la cause tibétaine, puisque le peuple tibétain au Tibet ainsi que la diaspora ont placé toute leur confiance en moi et que, par ailleurs, beaucoup de gens dans le monde reconnaissent l'autorité du dalaï-lama et le jugent digne de confiance et d'amour. Le moment est maintenant venu pour mettre un terme à ce double système de gouvernance établi par le cinquième dalaï-lama, tout en conservant le genre de reconnaissance et d'unanimité acquises par les quatre premiers dalaï-lamas dans le domaine spirituel. Le troisième dalaï-lama, en particulier, a reçu le titre honorifique de maître œcuménique avec la coiffe jaune. Alors, à leur instar, je continuerai à prendre des responsabilités spirituelles jusqu'à la fin de ma vie.

Personnellement, j'ai travaillé à la promotion des valeurs morales et à l'entente entre les religions dans le monde. Cela s'avère très bénéfique. Par ailleurs, je reçois de nombreuses invitations de différentes écoles et universités, situées un peu partout dans le monde. On ne me demande pas de venir enseigner sur le bouddhisme en tant que tel, mais d'enseigner sur la façon de promouvoir le bonheur intérieur et la doctrine bouddhique à laquelle beaucoup de gens s'intéressent et que beaucoup aiment entendre.
 
Alors, quand le dalaï-lama se retrouve dans une telle position, ce serait pour lui un légitime sujet de fierté et un geste élégant que de mettre un terme à quatre cents ans de double autorité. Personne d'autre que moi ne peut décider de mettre un terme à quelque chose qui a été mis en place par le cinquième dalaï-lama et ma décision est irrévocable.

Récemment, j'ai reçu des appels de Tibétains de l'intérieur qui me faisaient part de leur très grande inquiétude et de leur sentiment d'abandon à l'idée que je me retire. Il n'y aucune raison de s'inquiéter. Après mon retrait, je continuerai à diriger le Tibet dans le domaine spirituel, comme les quatre premiers dalaï-lamas. Comme le deuxième dalaï-lama, Gedun Gyatso, qui a créé l'institution du Gaden Phodrang, et a dirigé le Tibet sur le plan spirituel avec l'assentiment de tous, je conserverai aussi ce genre de guidance spirituelle jusqu'à la fin de ma vie. Peut-être que si je ne commets aucun tort envers les autres et que je fournis de véritables efforts dans le futur, je pourrai continuer en tant que guide spirituel.

Si un tel dalaï-lama, unanimement plébiscité pour diriger les affaires spirituelles, renonce au pouvoir politique, cela aidera au maintien d'une administration en exil en la rendant plus progressiste et plus forte. Par ailleurs, la communauté internationale qui soutient la cause tibétaine louera le dalaï-lama pour son authentique et totale démocratisation de la politique tibétaine. Cela augmentera notre prestige dans le monde. Et, d'un autre côté, cela mettra au jour tous les mensonges et propos fallacieux du gouvernement chinois qui prétend qu'il n'existe pas de problème tibétain, hormis la question des droits personnels du dalaï-lama. Au Tibet, les gens ne devraient pas se sentir découragés par l'extraordinaire décision que je viens de prendre ; qu'ils songent aux bienfaits pour le peuple tibétain, à plus ou moins long terme. L'administration tibétaine en exil sera plus stable et plus progressiste. Contrairement au système autoritariste du parti communiste chinois au Tibet, notre petite communauté en exil a été capable de mettre en place un système moderne, totalement démocratique.

A plus ou moins long terme, cette décision renforcera notre gouvernement en exil, le rendra plus efficace. Par ailleurs, si l'on compare notre communauté en exil avec le régime autoritariste de la Chine communiste, nous sommes déjà une société moderne. C'est un résultat qui nous honore. Les Tibétains du Tibet devraient en être fiers aussi. Vous devriez tous comprendre, tous être conscients que je n'ai pas perdu courage et que je n'ai pas renoncé à notre cause.

Je suis né au pays des neiges. Les six millions de Tibétains du pays des neiges portent en commun la responsabilité de la cause tibétaine. Pour ma part, j'appartiens à la région de l'Amdo et, jusqu'à ma mort, je serai responsable de la cause tibétaine.

Vous devriez profiter du fait que je suis encore parmi vous et en bonne santé pour prendre en charge les affaires tibétaines. Et si un problème devait surgir, nécessitant mon aide, je serais là, naturellement. Je n'ai pas renoncé et je ne suis pas découragé. Le système démocratique que nous avons suivi jusqu'à présent est capable de prendre le relais et, après avoir pesé le pour et le contre, je demande au système de prendre le relais. Vous tous qui êtes rassemblés, et tous les Tibétains au Tibet, ne devriez pas vous démoraliser. Il n'y a aucune raison de vous inquiéter.

Pas plus tard qu'hier, j'ai rencontré un étudiant chinois qui m'a dit mener un travail de recherche sur le système électoral tibétain et être déjà venu ici il y a cinq ans. Il m'a dit que cette fois-ci les Tibétains participaient activement à la démocratie en utilisant pleinement leurs droits. Il a loué les progrès du système démocratique tibétain. Ainsi ces avancées traduisent-elles notre conscience politique grandissante et le bond en avant de notre processus démocratique. Et donc, ma décision de déléguer mon pouvoir participe aussi de ce processus démocratique qui est en marche.

Ceux d'entre vous qui êtes venus du Tibet, quand vous y retournerez, expliquez bien cela à tous ceux à qui vous pourrez faire confiance. Ils l'entendront peut-être aussi à la radio. J'ai pris la décision de me retirer après y avoir réfléchi pendant des années, et pour le bien ultime du Tibet. Il n'y a vraiment aucune raison de vous sentir démoralisés.

D'un autre côté, le Ganden Phodrang n'est pas arrêté. C'est l'institution des dalaï-lamas et, aussi longtemps que je vivrai, j'aurai besoin d'une petite institution. Alors, ce Ganden Phodrang perdurera. Ce qui se passe, c'est simplement que le Ganden Phodrang renonce à ses responsabilités politiques.

Ensuite, pour ce qui est des prochaines réincarnations, il n'y a pour l'heure aucune urgence. Mais, dans vingt ou trente ans, lorsque j'approcherai de la fin, alors cela dépendra essentiellement des souhaits du peuple tibétain, ainsi que des peuples des régions himalayennes et des autres bouddhistes qui ont une connexion avec les dalaï-lamas : s'ils le souhaitent, il y aura un quinzième, un seizième, un dix-septième dalaï-lama, etc. Alors le Ganden Phodrang demeurera intact. Des changements politiques sont nécessaires, mais cette évolution apportera la stabilité. Le Ganden Phodrang revenant à sa fonction et sa responsabilité premières de chef spirituel, comme c'était le cas sous les deuxième, troisième et quatrième dalaï-lamas, voilà qui fait sens et paraît très raisonnable.

A plus ou moins long terme, si vous y réfléchissez, ce changement et cette décision que je prends seront très bénéfiques pour les Tibétains. Dans ma lettre au Parlement tibétain, j'ai suggéré que l'on change le nom de Ganden Phodrang Shung. Le Ganden Phodrang perdurera, mais il n'aura plus aucune responsabilité politique puisque nous sommes devenus une démocratie.

Le terme tibétain shung ne se traduit pas nécessairement en anglais pas " gouvernement ". Nous n'utilisons pas le mot " gouvernement " en tant que tel, pour décrire notre administration en exil. Une fois, au cours d'une conférence de presse à Delhi, il y avait aussi Samdhong Rinpoche, et un journaliste s'est adressé à lui en tant que Premier ministre du gouvernement en exil. J'ai alors immédiatement clarifié la situation en expliquant que nous n'utilisons pas des termes tels que " Premier ministre tibétain " ou " gouvernement tibétain en exil ". Nous parlons de " l'administration tibétaine centrale ". Bien sûr, il y a des Tibétains en exil et nous avons besoin d'une organisation pour nous occuper d'eux. Cela incombe directement à l'administration. D'une façon générale, en tant que Tibétains exilés, nous avons le devoir de relayer les aspirations des Tibétains de l'intérieur et de faire savoir au monde entier quelle est la situation actuelle au Tibet. Nous n'avons jamais appelé notre administration " le gouvernement tibétain en exil ". Appeler " administration " le Ganden Phodrang Shung, c'est une toute autre chose. Donc, l'appellation correcte est l'" administration tibétaine centrale " dont les dirigeants sont tous élus démocratiquement.

A vrai dire, cela donne aux chefs des régions autonomes du Tibet matière à réflexion. Ceux d'entre nous qui sommes en exil, tout en conservant un statut de réfugiés dans des pays étrangers, avons mis sur pied un véritable système électoral. Si ces chefs sont vraiment capables et dignes de confiance, que les Tibétains à l'intérieur du Tibet les élisent aussi démocratiquement. Quelle que soit la situation dans le reste de la Chine, nous pourrions importer le système propre à l'exil à l'intérieur du Tibet ; ce serait une très bonne chose.

Finalement, les nombreux changements politiques que j'ai effectués s'appuient sur des raisons valides et pour notre plus grand bien, dans l'immédiat et ultimement. En fait, ces changements rendront notre administration plus stable et favoriseront son développement. Il n'y a donc aucune raison de se sentir découragés.

Voilà ce que je souhaitais vous expliquer."
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Le dernier homme respectable ?
 
Yves Steinmetz - La Voix de l'Est

Tenzin Gyatso, le dalaï-lama, vient, une fois de plus, de nous surprendre. Chef du gouvernement tibétain, en exil à Dharamsala, dans le nord de l'Inde, il vient de donner une nouvelle preuve de son grand pouvoir d'adaptation au monde qui l'entoure. À soixante-seize ans, il déclare renoncer au pouvoir politique qu'il cumulait jusqu'ici avec son rôle de chef spirituel.

Il nous annonce donc que l'autorité politique tibétaine sera assumée par un premier ministre élu démocratiquement par les quelque cent mille exilés qui l'ont suivi dans son exode.

L'histoire des dalaï-lamas force une certaine admiration. Tenzin Gyatso et ses treize prédécesseurs ont été désignés à vie comme chefs d'état. Pas un n'a exercé de dictature. Tous ont prôné le respect et la tolérance. Tous ont vécu dans la simplicité. Tous ont commis des erreurs. Tous s'en sont excusés, et ont rectifié leurs propos en fonction du respect dû à l'être humain.

Certains accusent Tenzin Gyatso de manger à tous les râteliers. Son exil hors du Tibet, investi par les forces chinoises, a été protégé par les troupes américaines envoyées par la CIA. Mao Tsé Toung, qui a plusieurs fois rencontré Tenzin Gyatso, ferme les yeux et ne s'oppose pas à la fuite des Tibétains qui franchissent l'Himalaya. Les États-Unis, selon une formule chère à leur coeur, se sont approprié un mouvement humain auquel ils ne croyaient pas, mais sur lequel il était peut-être intéressant d'investir.

Installé en Inde, le dalaï-lama s'empresse de se donner un rayonnement mondial. Excluant tout prosélytisme religieux, ce qui est sans précédent. Il est, au fond, le premier à avoir accueilli le principe de la mondialisation.

Il ne tarde pas à être proclamé première des cent personnes les plus influentes au monde, selon les sondages du magazine Time.
Il reçoit le prix Nobel de la paix.

Que pense-t-il de la violence ? " La guerre doit être reléguée dans les poubelles de l'Histoire. "

Le dalaï-lama est de plus en plus sollicité. On lui pose le problème de la laïcité. Il est pour. Il vient de le déclarer sans équivoque. Pas d'interaction entre la religion et la gestion des destinées humaines.

L'avortement ? Le bouddhisme condamne tout acte qui interrompt une vie. Là encore, Tenzin Gyatso affirme le principe, mais lui apporte des nuances. L'avortement est acceptable quand un enfant handicapé va naître. Quand la mère, traumatisée, a conçu à la suite d'un viol. Quand la grossesse, non planifiée, affecte une femme qui se trouve matériellement dans l'impossibilité d'élever un enfant.

L'homosexualité ? Le bouddhisme proclame que les organes sexuels des humains sont faits pour la procréation. Le dalaï-lama l'affirme avec courage. Gais et lesbiennes s'insurgent. Le dalaï-lama repense sa position. Il reconnaît son erreur. Il s'en excuse. L'important, dans un couple, qu'il soit hétéro ou homo, est l'amour et le respect mutuel entre les conjoints, reconnaît-il modestement.

Le végétarisme ? Il y tient, mais un jour, son médecin lui prescrit de manger un peu de viande. Il se soumet.

Ce que j'en pense ? Je n'ai jamais gaspillé mon admiration que pour quelques artistes. Boris Vian, Georges Brassens, Hemingway. Quelques autres. Jamais pour un leader.

Sauf qu'il y a Tenzin Gyatso. Le dalaï-lama. Il est âgé de soixante-seize ans. Huit de plus que moi. J'espère que son végétarisme et sa vie zen le feront durer plus longtemps que moi. Ça m'ennuierait, voyez-vous, de survivre au dernier homme respectable de notre planète
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Hommage à Claude Levenson
La journaliste et écrivain Claude B. Levenson, grande spécialiste du Tibet contemporain, est décédée à Lausanne
le 13 décembre 2010, à l'âge de 72 ans.
 
© D.R.
Transmis par Philippe Eyraud, Vice-Président de TVD et ami de Cl. B. Levenson

La grande discrétion qui a entouré la triste nouvelle correspond bien à la personnalité de Claude B. Levenson. Journaliste brillante, extrêmement cultivée et polyglotte, elle était restée d'une grande modestie personnelle, alors qu'elle donnait à son métier passion et relief. Des médias comme Le Monde, Géo, Le Nouvel Observateur ou, en Suisse, 24 Heures et Radio Suisse International ont largement bénéficié de ses dossiers riches et détaillés sur le monde asiatique, et en particulier sur la situation du Tibet, sa patrie de cœur, ardemment défendue pendant trente ans.
 
Alors que la traductrice, orientaliste et reporter Claude B. Levenson, fille d'un déporté à Auschwitz et d'une militante communiste, avait largement trouvé en Asie - explorée du Sri Lanka au Cambodge et du Népal à l'Indonésie -, un emploi à ses études de russe, de persan ou d'hindi, la rencontre avec le Tibet s'était faite presque par hasard, en 1981, lors d'une conférence de presse du Dalaï-lama à laquelle se bousculèrent… trois journalistes. La graine n'allait germer que lentement, puisque la journaliste ne concrétisa son premier voyage au Tibet que trois ans plus tard, mais les racines en furent indestructibles : fascinée par la culture, tentée par le bouddhisme, mais surtout incroyablement fine dans son analyse politique de la situation, Claude B. Levenson n'a jamais cessé depuis de défendre la cause du peuple tibétain face à l'hégémonie chinoise. Longs articles, interventions télévisées, grandes conférences, participation aussi à de modestes manifestations ignorées des médias, la journaliste devenue traductrice et amie du Dalaï-lama n'a ménagé ni son temps ni ses connaissances encyclopédiques pour faire mieux comprendre la nécessité de garder présent le combat pacifique des Tibétains pour la préservation de leur identité et le droit à l'autodétermination.
 
En 2008, invitée du Grand Débat organisé au Théâtre de Vidy par Payot Libraire et 24 Heures, elle avait ébloui par la présentation de son dernier essai : Tibet, la question qui dérange, qui fait la synthèse de la situation historique et politique du Tibet avant de s'adresser plus directement au monde occidental ou en voie de développement, aux secteurs diplomatiques, politiques ou économiques, mettant en regard les belles déclarations d'intentions et les compromissions de la réalité face à la Chine. Lucide mais non amère - elle fréquenta trop longtemps le pacifisme et le bouddhisme tibétain pour cela - Claude B. Levenson y énumère les problèmes soulevés par les différentes crises depuis l'annexion de 1959 : indifférence de la communauté internationale, impuissance des bonnes volontés politiques, droits de l'Homme défaillants, destruction de civilisation, oppression au bénéfice d'une superpuissance, exploitation anarchique des ressources naturelles, pollution irréparable, etc., concluant son triste constat par cette question effectivement dérangeante : " Et si le Tibet était une métaphore de notre liberté, de nos libertés ? ".
 
Minée par le cancer depuis de longs mois, Claude B. Levenson, qui vivait depuis 1970 à Lausanne avec son époux, le journaliste Jean-Claude Buhrer [le " B. " de son nom] avait sans doute puisé sa sérénité dans le fameux Livre des morts tibétains, dont elle savait mieux que quiconque que le titre original signifie en réalité " Le grand livre de la libération naturelle par la compréhension "…
 
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Tibet Vallée de la Drôme s'associe à l'hommage rendu à cette Grande Dame. Sa Newsletter que nous nous faisions un devoir de diffuser tous les mois nous manque déjà cruellement.
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Mémorandum adressé à Sa Sainteté
le Dalaï Lama, avec de ferventes prières
et une profonde dévotion
 
le 5 janvier 2011

Votre Sainteté,
 
Nous, membres du Comité permanent du Parlement tibétain en exil, au nom de tous les Tibétains du Tibet et des Tibétains en exil, vous implorons solennellement :
 
Au cours de la cérémonie de clôture de la première assemblée tibétaine nationale qui s'est tenue en 2010 dans les campements tibétains de Bylakuppe, dans le sud de l'Inde ; dans votre réponse aux questions posées au cours d'un meeting public avec des Chinois à Toronto ; lors de l'anniversaire de la création du TCV (Village pour les enfants tibétains) à Dharamsala ; et dans votre réponse aux questions posées lors d'une conférence de presse à New Delhi, Votre Sainteté avez exprimé votre intention d'abandonner complètement vos fonctions politiques. Tous les Tibétains, au Tibet ou en exil, ont été très affectés par cette annonce et n'ont cessé de vous adresser leur requête en vous implorant de renoncer à aller au bout d'une telle décision. Nous, membres du Comité permanent du Parlement tibétain en exil avons, également, tenu une suite de meetings en prenant très à cœur ce souhait de Votre Sainteté de vous retirer complètement de la vie politique.
 
Grâce à votre extrême bienveillance à notre endroit, Votre Sainteté avez conduit le peuple tibétain sur le juste chemin de la démocratie, en commençant par introduire des réformes dans le mode de fonctionnement du gouvernement tibétain au moment où vous avez été investi des pouvoirs temporel et spirituel au Tibet. Et, dès que vous avez foulé le sol indien, après votre fuite vers l'exil, Votre Sainteté avez introduit un mode de scrutin permettant au peuple tibétain de voter pour ses représentants et, en 1963, Votre Sainteté avez aussi promulgué une constitution tibétaine. En 1991, Votre Sainteté avez approuvé la Charte des Tibétains en exil, par laquelle vous avez consolidé le Parlement tibétain en exil en en faisant une instance législative, en parfaite conformité avec la définition d'une législature nationale moderne. En particulier, Votre Sainteté avez introduit, en 2001, un système d'élection directe du Kalon Tripa (Premier ministre), veillant ainsi à ce que le peuple tibétain élise lui-même son propre chef du gouvernement.
 
Pour le formuler simplement, aucune accumulation d'offrandes de matières précieuses ne saurait représenter  ne fût-ce qu'une infime part de la gratitude du peuple tibétain pour tout ce qu'il a reçu en partage, rien qu'avec les immenses actions et tous les souhaits de Votre Sainteté. Par ailleurs, il est inutile de rappeler que, ces derniers temps, les discours répétés de Votre Sainteté étaient sans aucun doute motivés par votre souhait sincère d'assurer à tout le peuple tibétain le bien-être, en pensant au présent, mais aussi au futur. Cela étant, il n'en demeure pas moins que nous autres, appartenant au Pays des Neiges, avons été soutenus jusqu'à présent par la bienveillance et la générosité de Votre Sainteté. Sur la base de la prédiction sacrée du Bouddha, Votre Sainteté avez fermement respecté votre engagement à revenir délibérément en tant que maître religieux et chef temporel, particulièrement en ces temps cruciaux.
 
Il est donc inconcevable, aussi longtemps que durera cette ère cosmique, que le peuple du Tibet soit privé, ne serait-ce qu'un moment, de votre excellente gouvernance spirituelle et temporelle. Au cours des derniers meetings de quelque importance, cette question a été abordée de façon très claire dans chacun des rapports et chacune des résolutions adoptées. Cela inclut la décision adoptée à la fin de la première assemblée générale spéciale des Tibétains qui s'est tenue en 2008, en accord avec les dispositions de l'article 59 de la Charte des Tibétains en exil ; et, en particulier, le document 63 qui date de 2010 - une résolution adoptée à l'unanimité pendant la neuvième session du quatorzième Parlement tibétain en exil.
 
Par ailleurs, à l'issue de la première assemblée générale de Bylakuppe, a été rédigé un rapport reprenant les avis et les suggestions de tous les délégués présents. Le premier point de la rubrique politique du rapport disait :

" Sa Sainteté le dalaï-lama a jusqu'ici assumé les responsabilités de chef de la grande nation tibétaine et tête du gouvernement tibétain. Au nom de tous les Tibétains, ceux qui sont au Tibet comme ceux qui sont en exil, nous réitérons notre immense gratitude envers Sa Sainteté. En même temps, Sa Sainteté le dalaï-lama a fait remarquer dans son discours qu'il était déjà en semi-retraite.  Cela a plongé l'ensemble du peuple tibétain, ceux de l'intérieur comme ceux de l'exil, dans un tel désespoir qu'ils sont à présents incapables de digérer leur nourriture ou de trouver un sommeil paisible. Les choses étant ce qu'elles sont, l'assemblée générale implore Sa Sainteté de ne rien mettre en œuvre dans le sens d'une telle décision. "
 
Ce point de vue a été adopté à l'unanimité par l'assemblée réunie.
 
Compte tenu de la série d'appels évoqués ci-dessus, nous implorons Votre Sainteté du fond du cœur et avec une fervente dévotion de ne jamais envisager de prendre votre retraite ou même une semi-retraite. "
 
Submitted with heartfelt prayers and devotion on 5th of January 2011 in the Tibetan Royal Year 2137
Penpa Tsering
Speaker, Tibetan Parliament-in-Exile
Dolma Gyari
Deputy-Speaker, Tibetan Parliament-in-Exile
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Trois enseignants critiquent
les récentes déclarations
de l'ex-Premier ministre
et du secrétaire général de l'UMP
sur la Chine et le Tibet

Le 5 janvier 2011

 Un article paru sur un site officiel d'information chinois (china.org.cn, 3 décembre 2010), mais semble-t-il peu repris par les médias français, nous apprend que lors d'un séminaire qui s'est tenu à Pékin le 2 décembre avec de jeunes Chinois, monsieur Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre, a déclaré que la question tibétaine n'était pas centrale dans les relations sino-françaises et que l'engagement français à soutenir l'unité chinoise avait été clairement confirmé dans un communiqué commun signé durant le G20 à Londres au début de l'année.

Ce n'est pas la première fois que monsieur Raffarin exprime son adhésion complète au régime autoritaire de type colonial qui caractérise l'administration politique de la Chine au Tibet, transformant la France en un EX-pays défenseur des droits de l'homme. Les intérêts économiques supposés que la France pourrait retirer de ce pacte ne devraient cependant pas obliger Monsieur Raffarin, à l'égal de Monsieur Jean-Luc Mélenchon, à relayer le discours des autorités chinoises dont la politique en matière des droits de l'homme et des minorités ethniques n'est nullement compatible avec nos valeurs européennes.

Par ailleurs, lors de ce même séminaire, monsieur Jean-François Copé, président de l'UMP, a affirmé que "la plupart des Français savent très peu de choses au sujet du Tibet" et que ce qu'ils apprennent vient "d'observateurs français". Il aurait été utile qu'il précise ce qu'il entendait par cette expression. Il apparaît que monsieur Copé ignore que la France est, avec la Russie, le premier lieu en Occident où le tibétain a été enseigné à l'université (depuis 1842 aux Langues Orientales). L'école française de tibétologie est connue dans le monde entier pour la qualité de ses recherches. Deux chaires sont consacrées aux études tibétaines à l'École pratique des Hautes Études, trois équipes du CNRS comptent des tibétologues, cinq grandes bibliothèques de recherche en France possèdent des fonds tibétains importants et la BNF est en possession d'une partie des manuscrits de Dunhuang, premiers documents historiques en langue tibétaine (VIII-Xe s.). Nous sommes un certain nombre de spécialistes qui consacrons notre vie à l'étude de la culture, de la langue, de l'histoire et de la civilisation tibétaines et dont les travaux sont accessibles au grand public.

Nous sommes payés par la République pour enseigner, publier, apporter nos connaissances sur le Tibet et ses populations dont la culture singulière et d'un haut raffinement intellectuel est en danger, conséquence de la politique du gouvernement chinois depuis plus d'un demi-siècle.

Il serait souhaitable que nos politiciens commencent enfin à se renseigner sur la question tibétaine. Cela leur permettrait ainsi de comprendre pourquoi les Tibétains dans leur ensemble, en Chine comme en exil, contestent le "grand récit" de l'État chinois et les "bienfaits" de sa colonisation.
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Katia Buffetrille, ethnologue et tibétologue, École pratique des Hautes Études - Françoise Robin, maître de conférences, Institut national des langues et civilisations orientales - Heather Stoddard, professeur des universités, Institut national des langues et civilisations orientales
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Le Karmapa (AFP)
 
Après le Dalaï Lama, le Karmapa sera-t-il le chef spirituel des Tibétains ?

Jeudi 15 juillet 2010 - Dharamsala - La fête d'anniversaire du dalaï lama, qui vient de souffler ses 75 bougies, a livré quelques clés concernant la succession mystère du chef spirituel et politique des Tibétains: assis à côté du prix Nobel de la paix, se tenait un lama de 26 ans à l'avenir prometteur.

Orgyen Trinley Dordje revendique le titre de 17e karmapa, l'un des plus importants chefs du bouddhisme tibétain. Séparés par deux générations, le Dalaï Lama et le Karmapa partagent un lien particulier: ils ont tous deux fui leur pays pour vivre un exil incertain.

Le Karmapa, qui s'enfuit en 1999, a aujourd'hui le même âge que le Dalaï Lama quand celui-ci quitta le Tibet à la suite d'un soulèvement anti-chinois.
Tous deux vivent à Dharamsala, dans le nord de l'Inde, une ville qui sert de base au gouvernement tibétain en exil, dont le Dalaï Lama est le chef.
 
"Il est comme une figure paternelle pour moi. Je le considère comme mon professeur et mon guide", confie-t-il dans un entretien à l'AFP.

Selon lui, la mort du Dalaï Lama, de son vrai nom Tenzin Gyatso, aura un "impact énorme" sur le mouvement tibétain et la lutte pour une véritable autonomie au sein de l'administration chinoise.

Il n'y a cependant pas "de précipitation" pour penser à la succession, jure-t-il, avant d'ajouter qu'il "ferait de son mieux pour aider aux activités que le Dalaï Lama a portées" pour le Tibet et les Tibétains.

Le Karmapa est l'un des chefs spirituels bouddhistes les plus importants au Tibet, avec le Dalaï Lama et le Panchen Lama. Mais le dernier Panchen Lama, un enfant de six ans nommé par le Dalaï Lama en mai 1995, a été porté disparu peu après et Pékin a nommé son propre candidat.

Même s'il ne pourra jamais devenir le 15ème Dalaï Lama car il appartient à une autre branche du bouddhisme, le Karmapa pourrait avoir une position dominante jusqu'à ce qu'une nouvelle figure soit trouvée.
 
Ce Karmapa a été à la fois reconnu par le Dalaï Lama et intronisé par le pouvoir chinois, avant sa fuite du pays, ce qui fait de lui une figure très influente.

Il est de ce fait considéré comme un possible médiateur entre Pékin et les 200.000 membres de la communauté tibétaine en exil, même si selon lui, il reste considéré avec méfiance par la Chine.

Sa fuite du Tibet, à l'âge de 14 ans, avait été motivée par la crainte de se voir réduit à un rôle de marionnette par les autorités chinoises.

"L'une de mes inquiétudes était qu'à l'âge de 18 ans, j'obtienne un poste au sein du gouvernement (chinois) et qu'alors je doive aller contre sa Sainteté et la cause pour le Tibet", explique-t-il.

Vivant désormais sous la loi indienne, il est soumis à des restrictions de déplacement. Un voyage prévu en Europe cette année a ainsi échoué et son seul voyage en 11 ans à l'étranger fut aux États-Unis en 2008.
 
L'existence en Inde d'un mouvement tibétain, qui milite ouvertement pour l'autonomie ou l'indépendance et dénonce des violations des droits de l'Homme au Tibet, tend les relations diplomatiques entre l'Inde et la Chine.
 
Interrogé par l'AFP, le porte-parole du Dalaï Lama, Tenzin Taklha, souligne que le Karmapa est l'un des nombreux Lamas à pouvoir endosser des responsabilités après la mort du Dalaï Lama.

"Il est certainement l'un des chefs spirituels les plus importants. Il est charismatique et un chef prometteur avec un nombre important de fidèles", a-t-il cependant souligné.

Traditionnellement, la recherche du Dalaï Lama est menée par les Lamas les plus haut placés dans la hiérarchie, mais le régime communiste chinois a récemment indiqué qu'il se réservait le droit d'avoir le dernier mot.
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PARIS / TAIWAN / PEKIN :
Plus que jamais, bas les pattes devant la Chine ! Coucher… ! à la niche !

Mercredi  7 juillet 2010 - Marianne - Philippe Cohen
 
Et encore plus que jamais quand le président de l'assemblée de la RPC est en visite à Paris et à l'Assemblée nationale française...(ndlr).

Ça se passe comme ça à Paris : la conférence d'un chercheur taiwanais à l'IFRI a été annulée pour ne pas chatouiller les oreilles sensibles de la représentation diplomatique chinoise...
 
La recherche scientifique sur la Chine est-elle encore libre en France ? On peut se le demander suite à la mésaventure vécue par Andrew Yang, chercheur taiwanais, et par ailleurs vice-ministre de la Défense dans son pays.

Andrew Yang était invité à donner une conférence sur la sécurité en Asie à l'IFRI l'un des tout premiers instituts de recherche en matière de relations internationales, dirigé par Thierry de Montbrial. Or, quelques jours avant ladite conférence, l'impétrant apprend l'annulation de son voyage et le refus par l'administration française de lui accorder un visa de séjour.
 
Que s'est-il passé ? C'est assez simple à comprendre. La venue de ce chercheur taiwanais, bon connaisseur de la défense chinoise, n'avait pas l'heur de plaire à l'ambassade de Chine. Qui l'a fait savoir à qui de droit. Oui mais qui est qui de droit ? C'est ce que nous avons cherché à savoir. Côté IFRI, le chercheur en charge du dossier nous renvoie à la direction. Le patron, Thierry de Montbrial, qui a régulièrement des relations avec la Chine , nous réoriente, via sa secrétaire, vers un directeur général. Lequel nous indique, de façon laconique, que " Monsieur Yang a eu un problème technique ", et qu'il faut voir avec le Quai d'Orsay. Côté quai d'Orsay, différents interlocuteurs se renvoient la patate chaude jusqu'à un mail du service de communication d'une certaine Elsa Pignol. Un message on ne peut plus sybillin : " Nous n'avons aucun commentaire sur cette affaire."
 
Personne - les Ambassades de Chine et de Taiwan étant bien sûr muettes sur l'affaire - ne voulant donc raconter l'histoire, nous sommes contraints de le faire nous-mêmes. Selon toute vraisemblance, l'Ambassade de Pékin a joint à la fois l'IFRI et le Quai d'Orsay. Thierry de Montbrial a obtempéré : pour lui, le maintien de bonnes relations avec la Chine est au dessus de tout, (et même de la liberté de la recherche ?). L'IFRI a donc annulé la conférence tandis que le ministère des Affaires étrangères refusait le visa.
 
L'ambassade de Taiwan ne peut rien faire au moment où le pays vient de signer un accord commercial avec Pékin, accord sur lequel mise depuis des mois le gouvernement taiwanais pour normaliser ses relations avec la Chine. Quant au Quai d'Orsay, selon des sources internes, à la veille de la prochaine visite à Paris, en septembre du Président Hu Jintao, dont on espère qu'il signera une nouvelle moisson de contrats commerciaux, il n'est pas question susciter le moindre ombrage aux diplomates chinois. Plus que jamais, bas les pattes devant la Chine !
 
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Nancy Pelosi demande à la Chine d'engager des discussions "sérieuses" avec le Dalaï Lama

Mardi 6 juillet 2010 - Washington (AFP) - La présidente de la Chambre américaine des représentants Nancy Pelosi a demandé à la Chine mardi, à l'occasion des 75 ans du dalaï lama, d'engager des discussions "sérieuses" avec le dignitaire bouddhiste qu'elle a qualifié "d'homme de paix et de sagesse".

"Sa Sainteté a fait part de sa volonté de se rendre en Chine et de dialoguer directement avec des hauts responsables. Mon voeux le plus cher est que Pékin envoie un message ferme en invitant sa Sainteté en Chine pour d'importantes discussions", a indiqué Mme Pelosi dans un communiqué.

Nancy Pelosi, connue pour ses critiques envers Pékin au sujet des violations des droits de l'homme, a estimé qu'il était "grand temps de résoudre la question" du Tibet.

"Un accord négocié assurera la stabilité intérieure au Tibet et oeuvrera en faveur de la réputation de la Chine dans le monde", a ajouté Mme Pelosi.

"A l'occasion du 75e anniversaire de sa Sainteté le dalaï lama, je continue d'admirer l'oeuvre de sa vie qui fait la promotion de la compassion, de la paix et des droits de l'homme pour toutes les personnes du monde", a-t-elle dit.

Adulé par son peuple, icône en Occident, le dalaï lama, qui a fui le Tibet en 1959 à la suite d'un soulèvement anti-chinois, est abhorré par Pékin qui voit en lui un dangereux séparatiste.

Pour autant, le lauréat du prix Nobel de la paix en 1989, apôtre de la non-violence, défend une stratégie conciliante face à la Chine, une "voie moyenne" qui prône une simple "autonomie culturelle".

Des milliers de Tibétains ont fêté mardi les 75 ans du Dalaï Lama dont l'âge et la santé précaire posent avec une acuité croissante la question de sa succession.
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Claude B. Levenson
 Mai 2010
 
Le Tibet à rebrousse-temps
 
Regardez une carte de géographie, vous le verrez au coeur de l'Asie, même si son nom n'y figure plus, au milieu de nulle part, c'est-à-dire au centre même, axe de la planète dorénavant assimilé au " troisième pôle " ou toit du monde au-dessus des étendues euroasiatiques, pays que des idéologue s'acharnent à faire disparaître en l'effaçant de l'histoire des hommes et que d'autres, mieux inspirés et fondés à le faire, préservent tranquillement avec non moins d'obstination pour l'avenir des générations futures. Pays qui existe tellement à force d'être souhaité disparu corps et biens de la mémoire humaine et dont l'âme nomade caracole sur la crêtes des montagnes, des nuages ou des rêves.
 
Défaite des vainqueurs, victoire des vaincus : alors que le bras de Pékin se fait de plus en plus long à mesure que ses interlocuteurs se font plus petits et semble étendre ses tentacules bien au-delà de la Grande muraille, fût-elle virtuelle, des hommes et des femmes chassés de chez eux il y a plus d'un demi-siècle ont dû se résoudre un jour à partir et à prendre l'une des multiples routes du temps, celle de l'exil. Peut-être à rebrousse-temps du temps linéaire commun dans la société humaine. Car enfin, à l'heure de l'émancipation des peuples, lorsque tant d'autres recouvraient la liberté ou accédaient à l'indépendance, le Tibet, lui, était militairement occupé contre la volonté de son peuple révolté, et depuis lors, soumis à une colonisation systématique au nom d'une hypothétique modernisation à marche forcée piétinant les aspirations profondes des premiers concernés, les Tibétains eux-mêmes. Curieuse destinée à vrai dire pour un peuple dont Jacques Bacot disait à l'orée du XXe siècle qu'il était " étrange et vivait à part des autres, ne faisant rien comme eux "…
Et pourtant : comme d'autres peuples naguère asservis, les Tibétains restent insoumis.

Ils le font savoir à leur manière, parfois surprenante, s'entêtant à ne pas capituler ni à l'intérieur de leur pays défiguré où tout est fait afin qu'ils oublient leurs racines, leur passé, leurs traditions et leur histoire - ni dans l'exil où non contents de reconstruire et de préserver leur héritage, ils l'offrent en partage. Pour enrichir le patrimoine commun de l'humanité. Du toit du monde jusqu'aux rives d'océans lointains : de quoi contribuer à irriguer ou à éclairer les temps à venir.
 
Sur place néanmoins, en leur vaste berceau d'altitude, la vie est rude à ceux qui persistent à ne pas abdiquer leur singularité, voire à réclamer le respect de leurs droits. Un jeune Tibétain téméraire, rapidement arrêté par des gardiens de l'ordre chinois aux aguets, a osé devant le Jokhang à Lhassa réclamer en solitaire une aide réellement efficace et des compensations pour les victimes du séisme de la mi-avril, laissées pour compte dans les hameaux à peine éloignés de l'épicentre du désastre. D'autres dans la région de la catastrophe ont été arrêtés pour avoir posé des questions sur l'organisation des secours et les incohérences de l'aide d'urgence, retardée par la méconnaissance du terrain et les difficultés d'accès.
 
Toutefois, comme pour tenter de mieux dissimuler des réalités qui dérangent, à la grandiose exposition universelle de Shanghai censée témoigner aux yeux du monde de la montée pacifique de la Chine sur l'échiquier mondial, il se trouve un " pavillon du Tibet céleste " où, selon une dépêche de l'AFP, on voit des " Tibétains tout sourire richement parés dans des paysages somptueux illustrant ainsi " la société harmonieuse " version le président Hu Jintao, sous le slogan " le Tibet nouveau, une vie meilleure ". Revers de la médaille, fin avril, l'agence officielle Xinhua en appelait au " renforcement de la vigilance contre les forces étrangères hostiles à la Chine " et à " bloquer les informations nuisibles concernant les droits de l'homme, le Tibet ou le Xinjiang ". Amis du Tibet, vous voilà dûment avertis, attention à la liste noire…
 
Mieux encore, le 9 mai, une dépêche de la même agence Xinhua rapportait les propos de Jia Qinglin, président du Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois, appelant les ressortissants chinois à l'étranger et les étrangers d'origine chinoise, membres de diverses associations culturelles ou d'amitié, à contribuer par des investissements " au développement de la Région autonome du Tibet er la Région autonome ouïghoure du Xinjiang ". Et de les encourager à être de " fermes partisans de l'unité nationale et de mieux faire découvrir au monde les progrès du Tibet et du Xinjiang, à faire plus d'efforts pour sauvegarder l'intégrité territoriale, la cause de la réunification et la diffusion de la culture chinoise à l'étranger ". Comme si tous les grands (et les moins grands) de ce monde ne s'étaient pas empressés il y a peu dans le sillage du récent tremblement de terre de présenter au président chinois des condoléances très " chinoisement correctes ", sans jamais mentionner les victimes tibétaines… Bien seul à tenter un peu tardivement de sauver l'honneur, le Congrès américain serait en train de rédiger une résolution visant à réparer ce manque d'élémentaire courtoisie…
 
" Se libérer de la peur ", n'a cessé de répéter la Dame de Rangoun, toujours recluse dans la maison familiale en train de se délabrer et abandonnée au mauvais vouloir d'une camarilla paranoïaque que d'aucuns font mine de croire sur parole quand les militaires birmans promettent des "élections " libres et ouvertes " devant déboucher sur une " démocratie disciplinée ". Il y a plus longtemps, vers la fin des années 80, d'autres ailleurs se battaient pour garder la mémoire, résister à l'oubli, ne pas se soumettre ni capituler, se protéger du désespoir : ce vadémécum de la dissidence est-européenne a finalement permis à ses artisans de casser un temps immobile et de briser le contrat du silence. Persister, informer, ne pas céder - disait Vaclav Havel. Parce que, comme l'avait alors résumé l'un d'eux, " le chemin le plus court vers la liberté des autres est ma propre liberté. "

Newsletter janvier 2010
mailto : claude.levenson@gmail.com

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IMPORTANT  SEISME  AU  TIBET  (KHAM)

Province du Qinghai colonisée par la Chine (nord-ouest de la Chine actuelle)

Bilan provisoire au 20 avril : 2000 Morts , 12315 blessés et 300 disparus

 
La ville de Gyegu (Jyekundo) 3 jours avant le séisme. Elle est peuplée à 95 % de Tibétains et regroupe la plus grande quantité de Mani au Tibet (pierres gravées) ©Tibet De Facto.
 
Un Comité pour venir en aide aux victimes de Yushu
 
Bureau du Tibet à Paris

Un violent tremblement de terre, d'une amplitude de 6,9 sur l'échelle de Richter, a frappé la région de Kyejudo (Yushu) dans la province de l'Amdo le 14 avril dernier.

A ce jour, les autorités dénombrent environ 2 000 décès, 300 disparitions et plus de 12 000 blessés graves. Plusieurs milliers de personnes se trouvent dans une situation extrêmement critique, beaucoup de bâtiments ayant été détruits.

Via la Circulaire du Cabinet (Kashag) n° Kh86 (61 10)-11 du Gouvernement tibétain en exil, un Comité pour venir en aide aux victimes de Yushu a été créé. Tous les dons financiers seront les bienvenus. Le Bureau du Tibet est habilité à les percevoir?; ils seront regroupés et envoyés à ce comité basé à Dharamsala qui se chargera de les répercuter.

Merci infiniment de faire largement circuler cette information au plus grand nombre possible. Pour des raisons pratiques, n'oubliez pas d'accompagner vos chèques d'une petite note mentionnant la destination de votre donation.

Nous vous remercions de votre solidarité ainsi que la Communauté tibétaine en France (
www.tibetan.fr) et toutes les Associations qui ont déjà pris l'initiative d'œuvrer dans le même sens.
 
Wangpo Bashi

Bureau du Tibet, 84 Bd Adolphe Pinard, 75014 Paris
Tél: (1) 46 56 54 53 
Fax: (1) 41 17 00 14
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Témoignage d'Olivier du site
Tibet De Facto
 
Mardi 20 avril 2010 - Tibet De Facto
 
 
Tibet-defacto était à Gyegu (ou Jyekundo) dans le district de Yushu au Nord-Ouest de la région tibétaine traditionnelle du Kham, 3 jours avant le séisme.
 
La ville de Gyegu est située à 3.700 mètres d'altitude. Elle est la capitale de la Préfecture Autonome de Yushu dans la province chinoise du Qinghai. Nous sommes ici en fait dans la province traditionnelle du Kham dans la région de Jyekundo (ou encore Gyegu ou Gawa pour les Tibétains Khampa).
 
Le mercredi 14 avril 2010, un tremblement de terre de grande ampleur a frappé la ville et la région. Les dernières estimations portent le bilan à près de 2.000 morts et environ 15.000 blessés. Et ce bilan risque encore de s'alourdir car nombre de personnes sont encore portées disparues. De plus, la région comporte beaucoup de sites isolés difficilement accessibles. Il y a également des centaines de milliers de sans-abri.
 
Trois jours avant la catastrophe, Tibet-defacto était dans la région. Après avoir hésité, je me décidé à publier quelques photos prises juste avant cet événement dramatique. Pour aider à faire connaître cette région un tout petit peu mieux au moment ou elle est si durement frappée (Gyegu est maintenant à 85 % détruite) et ou sa population a tant besoin d'aide.
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Communiqué de Thupten Gyatso, Président de la Communauté Tibétaine de France 
 
URGENT - Appel aux dons
 
Samedi 17 Avril 2010
 
La Communauté Tibétaine de France lance un appel à don après le puissant tremblement de terre, d'une intensité de 7.1 sur l'échelle de Richter, qui a frappé la région de " la Préfecture Autonome Tibétaine de Yushu ", dans la province traditionnelle tibétaine du Kham, mercredi 14 avril, à 6 heures, heure locale.
 
Selon le bilan provisoire, environ mille personnes ont péri et plus de 10.000 personnes sont blessées. 90% des habitations en bois et en terre sont détruites et 100.000 personnes se trouvent sans abri avec une température de moins 10 degrés Celsius. L'épicentre du séisme est habité par une population à 98% Tibétaine, par conséquent presque toutes les victimes sont des Tibétains.
 
La Communauté Tibétaine dans la diaspora, s'organise pour venir en aide aux victimes, dans la phase d'urgence, sans oublier la reconstruction de la ville de Yushu.
 
Nous avons besoin de votre solidarité et de votre générosité envers les victimes du tremblement de terre au Tibet.
 
Sélectionnez votre montant * :
 
60 euros soit 15€ après déduction fiscale
80 euros soit 20€ après déduction fiscale
100 euros soit 25€ après déduction fiscale
160 euros soit 40€ après déduction fiscale
 
Vous pouvez payer par internet sur : www.tibetan.fr

soit par chèque à l'ordre de " la Communauté Tibétaine de France " 28, rue Sorbier 75020 Paris.
 
Nous vous adresserons un reçu par la suite.
 
Nous vous remercions cordialement pour votre soutien.
 
Bureau de la Communauté Tibétaine de France et ses Amis.

Thupten Gyatso, Président
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Secours dans la zone de Yushu (nord-ouest de la Chine)      
après une série de violents séismes, le 14 avril 2010/AP/SIPA
 
Selon le dernier bilan, 617 personnes sont mortes
et plus de 9.000 autres sont blessées...
 
Jeudi  15 avril 2009 - 20minutes.fr
 
DERNIERE INFO : 17h28 - Le président chinois Hu Jintao a qualifié le séisme d'«énorme désastre» et a confirmé qu'il rentrait en Chine à l'issue d'un sommet des grands pays émergents jeudi soir.

En visite au Brésil, Hu Jintao écourte son voyage en Amérique latine pour rentrer en Chine. Sur place, les parents des élèves ensevelis sous les décombres attendent avec inquiétude des nouvelles. Les opérations de secours se révèlent compliquées à cause du le faible niveau d'oxygène lié à l'altitude. Les sauveteurs s'activent toujours ce jeudi pour retrouver des survivants dans la province du Qinghai, dans le nord-ouest de la Chine, après le violent séisme de mercredi.

Le Premier ministre Wen Jiabao est arrivé jeudi soir à Yushu, épicentre du séisme de magnitude 6,9 qui s'est produit mercredi, selon les médias officiels. Il est à la tête d'une délégation de 40 personnes et devrait se rendre au quartier général des opérations de secours. Il devrait repousser une tournée en Asie du sud-est. Le président chinois Hu Jintao, en visite au Brésil, a quant à lui décidé d'écourter son voyage en Amérique latine en raison du séisme survenu dans son pays. Le président chinois était arrivé mercredi soir à Brasilia, pour participer à un sommet des grands pays émergents.

Les secouristes travaillent à mains nues

Le dernier bilan fait état de plus de 617 morts, selon l'agence Nouvelles de Chine, révisant à la baisse un chiffre donné auparavant par la Radio nationale. Selon l'agence, 1.045 personnes ont été extraites vivantes des décombres par les secouristes, qui ont retiré 107 corps, alors que 2.038 personnes sont soignées.

Auparavant, la Radio nationale de Chine avait affirmé que 2.038 personnes avaient été extraites des décombres dans la préfecture de Yushu, épicentre du puissant séisme. Les autorités avaient annoncé mercredi soir que plus de 900 personnes avaient pu être extraites des décombres, souvent par des secouristes travaillant à mains nues.

Parmi les morts, au moins 66 élèves. Ce jeudi, la télévision officielle diffusait des images de sauveteurs s'affairant dans les décombres pour tenter d'atteindre des élèves coincés dans la préfecture de Yushu. Wang Yubo, responsable de l'éducation de la province du Qinghai, cité par l'agence Chine Nouvelle, a précisé que le tremblement de terre avait détruit au moins 11 écoles.

Ecoliers coincés dans les dortoires de leurs écoles

Des dizaines de parents attendaient dans l'angoisse des nouvelles de leurs enfants qui fréquentaient l'école professionnelle de Yushu, selon l'agence. «Lors du séisme, les élèves venaient d'achever leurs exercices physiques du matin. La plupart prenaient leur petit déjeuner à la cantine de l'école ou nettoyaient leurs salles de classe», a déclaré le proviseur, Kunga Tenzin. «Certains ont été piégés dans leurs dortoirs», a ajouté le proviseur.

Lors du séisme au Sichuan voisin en mai 2008, des milliers d'écoliers avaient péri dans l'effondrement des écoles, un sujet qui avait provoqué une très vive polémique sur le respect ou non des normes antisismiques dans la construction des bâtiments. Certains parents avaient évoqué la corruption qui aurait pu expliquer pourquoi des milliers d'établissements scolaires, construits à la va-vite, s'étaient écroulés, alors que d'autres bâtiments avaient résisté.

Difficultés du fait de l'altitude

Des milliers de sinistrés ont passé la nuit dehors dans la préfecture de Yushu avec des températures descendant sous zéro degrés et un vent glacial. L'armée chinoise a dépêché sur place 100 parachutistes ainsi que 1.500 autres personnels pour prendre part aux opérations de secours et de recherches de survivants. Plus de 6.000 soldats ont été envoyés sur place. Cependant, les opérations de secours sont compliquées par le faible niveau d'oxygène du fait de l'altitude élevée.

La préfecture de Yushu, se situe sur le plateau tibétain, surnommé «le Toit du monde», à une altitude moyenne de 4.000 mètres. Les opérations de secours en haute altitude «sont beaucoup plus exigeantes physiquement et techniquement en raison de la raréfaction de l'oxygène», a expliqué He Xiong, directeur du Centre de prévention et de contrôle des maladies de Pékin. Le niveau d'oxygène dans la région de Yushu, région montagneuse de la chaîne himalayenne, peut être un tiers voire moitié moins élevé que celui au niveau de la mer, selon des chiffres officiels.

Les opérations sont également rendues difficiles du fait de l'état des routes et des réseaux d'électricité et de télécommunications, endommagés par le séisme suivi de nombreuses répliques et de glissements de terrain.
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Déclaration du Kashag (*) à l'occasion du 51e anniversaire de la journée du soulèvement national tibétain
 
Aujourd'hui, le 10 mars 2010, marque le 51e anniversaire du soulèvement pacifique tibétain de 1959 contre les autorités chinoises. En ce jour mémorable, le Kashag rend hommage au courage des Tibétains et des Tibétaines qui ont sacrifié leur vie à notre cause temporelle et spirituelle. Par solidarité envers nos compatriotes de l'intérieur du Tibet, actuellement soumis à la torture, le Kashag adresse sa reconnaissance et sa commisération à chacun d'entre eux.
 
Comme stipulé dans la déclaration du Kashag en date du 10 mars dernier, nous avons constaté des évolutions négatives et positives au cours de ces 50 dernières années. D'un côté, tous les Tibétains vivant au Tibet et en dehors ont été les victimes de terribles épreuves et notre spiritualité, notre politique et notre peuple ont subi des pertes irréparables. Néanmoins, d'un autre côté, des Tibétains du Tibet de tous les âges, sans se décourager, maintenant leur vaillance, ont alimenté notre lutte pour la vérité au fil des ans. De même, ceux de l'exil ont accompli de grandes réussites spirituelles et politiques, en particulier dans les domaines de la préservation et de la promotion de la spiritualité et de la culture tibétaines. Aujourd'hui, alors que nous nous souvenons de tout cela, le Kashag souhaite exprimer sa plus profonde gratitude à Sa Sainteté le Dalaï-Lama dont la direction positive a pu mener à toutes ces réalisations au cours des années.
 
Entre le 10 mars dernier et aujourd'hui, les Tibétains exilés et leur administration ont organisé diverses cérémonies de commémoration pour marquer le cinquantenaire de leur vie en exil et pour remercier du fond du cœur leurs pays d'accueil. Dans le cadre de ces cérémonies, une réunion informelle des employés de l'Administration Centrale Tibétaine (ACT) s'est récemment tenue afin de tirer les enseignements des expériences passées et de faire des propositions relatives à l'avenir. Un résumé de l'issue de cette réunion, qui a été apporté à Sa Sainteté le Dalaï-Lama, comprend (entre autres sujets) un renouvellement du serment des employés de rester sur la voie de la paix et de la non-violence dans notre lutte pour la vérité, jusqu'à ce qu'une solution durable ait été trouvée à la question du Tibet. Nous sommes convaincus que la plupart de la population du Tibet (au Tibet et en dehors) se joindra à ce serment.
 
Nous sommes particulièrement préoccupés par le fait qu'aucune évolution positive ne se soit produite au Tibet depuis l'éclatement de la crise, le 10 mars 2008. Le Kashag enjoint donc la République Populaire de Chine (RPC) à mettre un terme immédiat à toutes ses actions inhumaines et illégales, dont la répression et des violations des Droits de l'Homme au Tibet, de même que les condamnations à mort et à de longues périodes d'emprisonnement prononcées contre des Tibétains, sans procès légaux. Le Kashag réclame également officiellement la remise en liberté de tous les prisonniers tibétains innocents, dont le jeune Panchen-Lama, Gondun Choekyi Nyima. De plus, le Kashag exhorte tous les Tibétains du Tibet à faire preuve de la plus grande retenue et de la plus grande prudence.
 
Dans le cadre du processus de pourparlers actuel, nous avons présenté aux officiels concernés de la RPC un mémorandum pour une autonomie véritable du peuple tibétain, le 31 octobre 2008. Dans ce document, en plus d'une articulation des aspirations fondamentales des Tibétains au Tibet et en dehors, nous avons réclamé la pleine application des clauses relatives à l'autonomie nationale régionale telles qu'inscrites dans la constitution.
 
Cependant, les Chinois ont cherché à détourner ou à mal interpréter les demandes que nous y avons inscrites. Afin de clarifier ces sujets et pour faire une nouvelle demande en deux points, les émissaires de Sa Sainteté le Dalaï-Lama se sont rendus à Pékin cette année et y ont participé à une neuvième série de pourparlers avec leurs homologues chinois, les 30 et 31 janvier. Dans ces derniers entretiens, les émissaires, sur les conseils de Sa Sainteté le Dalaï-Lama, ont mis en avant les deux propositions suivantes:
 
1. Le souci ultime de Sa Sainteté le Dalaï-Lama est le bien-être des six millions de Tibétains. À ce sujet, le gouvernement central chinois soutient que les Tibétains du Tibet sont heureux et qu'en tant que telle, il n'y a pas de question du Tibet à résoudre. Nous croyons au contraire que la plupart des Tibétains du Tibet sont soumis à de terribles épreuves. Il règne parmi eux un vaste sentiment d'insatisfaction et de mécontentement dans tous les domaines (religieux, politique, économique, linguistique, culturel et social). Face à des vues aussi divergentes entre les deux parties, il nous semble nécessaire de mener une étude collective et méticuleuse de la situation sur place afin de saisir quelle est la réalité. Par conséquent, nous demandons au gouvernement chinois d'entreprendre une telle étude, de manière à ce que chaque Tibétain puisse véritablement exprimer ce qu'il ressent réellement, sans crainte et sans doute. S'il s'avérait, suite à une telle étude, que les Tibétains, dans leur majorité, estiment qu'il n'y a pas de problème au Tibet et qu'ils sont contents de leur sort, Sa Sainteté le Dalaï-Lama ne recherche rien d'autre. Il n'y aurait alors nul besoin pour les deux parties d'être en désaccord sur l'avenir du Tibet. Mais s'il s'avère que les Tibétains sont mécontents, alors le gouvernement central chinois devra, " preuves concrètes à l'appui ", reconnaître qu'il y a un véritable problème au Tibet et entamer des discussions pour collectivement trouver des solutions et leurs moyens au problème du Tibet.
 
2. L'allégation que Sa Sainteté le Dalaï-Lama et son administration en exil ont provoqué le soulèvement spontané et pacifique qui secoue toutes les zones tibétaines depuis le 10 mars 2008, est faux. De fait, cette allégation n'est pas acceptable par nous. Cela a été signifié aux dirigeants chinois lors des pourparlers informels qui se sont déroulés à Shenzhen. En conséquence, lors de la 7ème série de pourparlers, le gouvernement central chinois a accepté la réalité et a changé sa position en passant des " trois interdits " à " quatre choses à ne pas soutenir ". Pourtant, récemment, il a de nouveau formulé de telles allégations à notre encontre. Il y a donc désormais une nécessité pour le gouvernement central chinois de clarifier si sa position est restée la même que lors de la 7ème série de pourparlers ou s'il l'a changée. S'il l'a effectivement changée, alors le gouvernement central chinois doit entreprendre cette étude en profondeur (au Tibet et en dehors) pour scientifiquement identifier la véracité de ces accusations. L'issue d'une telle enquête devra être acceptée par les deux parties concernées. De plus, dussions-nous être dans notre tort, nous en ferions amende honorable. Si ce n'est pas le cas, le gouvernement central chinois doit cesser de répandre des mensonges et de telles allégations infondées, à la fois sur son sol et sur la scène internationale, et publier une clarification sur ce point.
 
Le gouvernement central chinois n'a pas apporté de réponses claires sur ces deux points et n'a pas non plus communiqué nos deux demandes dans ses déclarations de presse ultérieures. Nous allons de notre côté continuer de faire pression sur ces deux points que nous avons formulés de manière honnête et sincère. Si le point de vue et ce que dit le gouvernement central chinois contiennent un élément de vérité, alors celui-ci ne devrait avoir aucune hésitation à accepter cette enquête. Nous pouvons tous garantir qu'une fois qu'une enquête en bonne et due forme sera menée, les choses seront plus claires pour l'avenir et la réalité sera plus évidente à tous.
 
Au cours des neuf séries de pourparlers, les émissaires de Sa Sainteté le Dalaï-Lama ont catégoriquement affirmé au gouvernement chinois qu'il n'y a pas lieu de débattre de la question personnelle de Sa Sainteté le Dalaï-Lama ou de ses proches. L'unique intérêt du processus de dialogue est le bien-être des six millions de Tibétains. La question personnelle de Sa Sainteté n'a été avancée dans aucun de ces échanges. Nous avons amplement clarifié cela dans le passé et nous le réitérons aujourd'hui. Par conséquent, le gouvernement central chinois, à travers ses dires et ses déclarations officielles, selon qui la raison des pourparlers est précisément de parler de la question personnelle de Sa Sainteté le Dalaï-Lama, et pas le bien-être des six millions de Tibétains, a tort. C'est tout simplement hors propos. Bien qu'il n'y ait pas le moindre changement dans notre détermination à nous engager dans le dialogue avec la RPC jusqu'à ce qu'une solution durable soit trouvée à la question du Tibet, le Kashag souhaite officiellement stipuler que l'agenda du processus de dialogue ne doit concerner que le bien-être des six millions de Tibétains et rien d'autre. Nous réaffirmons par conséquent qu'il n'y a strictement rien à débattre au sujet de la situation personnelle de Sa Sainteté le Dalaï-Lama.
 
D'avis que la question du Tibet est d'ordre intérieur et qu'elle doive donc être résolue dans le cadre de la RPC, nous sommes toujours ouverts envers le gouvernement central chinois. Cependant, les Chinois continuent d'évoquer Sa Sainteté le Dalaï-Lama et de la question du Tibet et ils continuent d'exercer partout d'énormes pressions liées à cela : dans leurs relations bilatérales avec d'autres pays ou dans divers forums internationaux. Cela contribue manifestement à nos yeux à faire de la question du Tibet une question internationale.
 
Notre lutte se base sur la vérité et la non-violence. Il ne fait aucun doute que si tous les Tibétains du Tibet et du dehors mettent toute leur foi dans la voie de la non-violence que nous avons choisie et que nous pratiquons, alors la véracité du problème tibétain prévaudra plus tôt que prévu. Aujourd'hui, un nombre croissant de pays en quête de vérité, des gens, des dirigeants religieux et politiques manifestent leur inquiétude et leur soutien envers la question du Tibet. De plus en plus d'intellectuels chinois en Chine et à l'étranger commencent à apprécier et à soutenir la " Voie Médiane " choisie par Sa Sainteté le Dalaï-Lama. De plus, la vérité liée aux mauvaises politiques chinoises au Tibet devient de plus en plus évidente. Qui plus est, la politique de la " Voie Médiane ", bénéfique à tous, ne prévoit pas la victoire des uns et la défaite des autres. Le monde entier nous l'envie et des pays comme les États-Unis et d'autres partageant les mêmes idéaux lui ont offert leur soutien. Les intellectuels tibétains des trois régions tibétaines l'admirent et la soutiennent également. Ainsi, la question du Tibet a atteint et continue d'atteindre de grands résultats dont les bénéfices sont à moyen et à long termes. Alors que nous exprimons notre infinie gratitude à Sa Sainteté le Dalaï-Lama d'avoir élaboré une politique aussi authentique, le Kashag souhaite faire le serment devant Votre Sainteté de poursuivre cette politique à l'avenir, sans la remettre en question.
 
La cruauté et les atrocités inimaginables de ces 60 dernières années n'ont pas réussi à ébranler l'esprit et la détermination du peuple tibétain. Le gouvernement chinois aiguise actuellement sa politique du recours au mensonge et à l'argent pour détruire l'esprit et l'unité du peuple tibétain. Le Kashag pense que le peuple tibétain ne se laissera pas prendre au piège des Chinois et de leurs tromperies. L'unité de tout le peuple tibétain, intacte depuis si longtemps, a été renforcée par le soulèvement populaire de 2008. Le Kashag appelle tous les Tibétains à fournir un effort pour renforcer cette unité et à résister aux sollicitations et aux machinations de la partie adverse qui cherche à nous diviser, nous, les Tibétains. Le Kashag exhorte tous les Tibétains à veiller à ne pas s'engager dans des querelles internes pour des motifs de moindre importance.
 
Deux points importants auxquels les Tibétains du Tibet doivent être vigilants sont les suivants :
 
1. Les jeunes Tibétains doivent être encouragés à étendre leurs horizons éducatifs en se concentrant à la fois sur l'enseignement traditionnel et sur l'enseignement moderne et en acquérant des compétences professionnelles dans leurs domaines d'études.

2. Il faut rechercher tous les moyens possibles de préserver le délicat environnement du plateau tibétain de toute dégradation supplémentaire.
 
Il s'agit là de sujets apolitiques qui auront pourtant un impact fort à cout et à long termes pour le bénéfice à la fois de Tibétains et des Chinois. Il est donc capital que les deux parties fassent des efforts collectifs dans ce sens. De même, chacun doit faire de son mieux pour appliquer les conseils de Sa Sainteté le Dalaï-Lama aux gens à travers le monde en général et aux Tibétains en particulier, conseils à teneur à la fois spirituelle et temporelle, pour cette existence actuelle mais également pour toutes celles à venir.
 
Si les Tibétains, actuellement divisés en différentes unités administratives, peuvent être réunies sous une seule administration autonome, cela facilitera l'élaboration d'une politique uniforme visant à développer les domaines de l'éducation, de la culture, de la santé etc. Cela contribuera notamment à préserver la culture et l'identité uniques du Tibet. La demande de réunir tous les Tibétains sous une administration unique a été faite et répétée au gouvernement chinois depuis 1951. Ainsi, au cours du Vème Forum de Travail sur le Tibet, il a été demandé aux délégués de toutes les zones tibétaines de réfléchir à un plan de développement uniforme pour tous les Tibétains. Le Forum a également identifié le fait que les conditions de vie de tous les Tibétains en général, mais des paysans et des éleveurs tibétains en particulier, sont particulièrement mauvaises. Nous devons répondre à cet état de fait. Nous attendons que le gouvernement chinois applique un programme de développement uniforme pour toutes les zones peuplées de Tibétains.
 
Le 6 juillet 2010, Sa Sainteté le Dalaï-Lama aura 75 ans. Le Kashag prévoit de célébrer cet anniversaire de manière plus recherchée que les années précédentes, grâce à des activités spirituelles majeures. De même, notre démocratie en exil fêtera ses 50 ans le 2 septembre cette année. Nous planifions par conséquent de fêter cet anniversaire-là également. Nous espérons que tous les Tibétains garderont ces deux événements à l'esprit. Bien qu'il soit particulièrement difficile pour les Tibétains du Tibet de célébrer ouvertement ces deux événements, nous ne doutons pas que leurs cœurs et leurs esprits s'uniront à ceux des Tibétains en exil à ces deux occasions.
 
Pour finir, le Kashag prie pour que Sa Sainteté le Dalaï-Lama vive encore longtemps et pour l'accomplissement spontané de tous ses vœux. Puisse la vérité de la question tibétaine éclater très prochainement !
 
Le 10 mars 2010
Le Kashag
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(*) Le Kashag est le nom tibétain qui signifie " le cabinet du gouvernement tibétain "
 
NB : Le présent document a été traduit d'après un original publié en tibétain. En cas de différence de sens entre les deux, veuillez considérer la version en tibétain comme primant et finale sur toute autre.
 
Traduction française d'Alexandre Huillet pour le Bureau du Tibet, Bruxelles.
 
www.tibet.net ( english, tibétain, …)
www.tibet-info.net ( français)

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Entretien avec Sa Sainteté le Dalaï Lama
(réalisé en octobre 2009 avant sa visite récente aux Etats-Unis)

Le Tibet survivra-t-il ?
 
Cet entretien a été conduit par Chen Yan (**)

Dans le monde interconnecté du XXIème siècle, il y a longtemps que la question tibétaine ne relève plus uniquement des " affaires intérieures " de la Chine, mais s'inscrit dans un mouvement plus vaste d'aspiration à la démocratie. Comment répondre à la demande d'autonomie et de liberté du peuple tibétain ; et comment aider une Chine économiquement développée et politiquement arriérée à s'engager dans la voie de la démocratie : aux yeux du Dalaï Lama, ces deux questions sont intimement liées.
 
Un dialogue entre représentants du Dalaï Lama et autorités chinoises s'est engagé en Chine à partir de 2002. Huit rencontres officielles ont eu lieu sur le territoire chinois, mais pour l'heure, les pommes de discorde restent nombreuses. Le Tibet historique comprend, outre la région autonome du Tibet, les territoires peuplés de Tibétains dans les provinces du nord-ouest de la Chine : Qinghai, Gansu, Sichuan (1) et Yunnan. Afin de sauvegarder la culture tibétaine dans son ensemble, le gouvernement tibétain en exil a demandé au gouvernement chinois de procéder à un redécoupage territorial qui permette d'inclure dans la région " autonome " du Tibet (qui n'a d'autonome que son nom officiel !) toutes les régions habitées par les Tibétains. Cette suggestion a provoqué une réaction virulente de la part du gouvernement chinois pour lequel cette tentative de reconstitution d'un " Grand Tibet " n'est qu'une revendication d'indépendance voilée. Le malaise est d'autant plus profond que, malgré les réformes démocratiques introduites en 2001 par le quatorzième Dalaï Lama et la mise en place d'un pouvoir exécutif désormais dirigé par un chef de gouvernement élu au suffrage universel (2), les médias officiels chinois continuent de voir dans le gouvernement tibétain en exil un régime théocratique. Il est pourtant certain que, résidant en Inde, le gouvernement tibétain en exil n'a été reconnu par aucune instance internationale et n'a guère que le pouvoir d'organiser la vie des quelques centaines de milliers de Tibétains éparpillés à travers le monde, tout en se projetant dans un avenir hypothétique. Le jour où l'armée chinoise quittera les terres tibétaines n'est, en effet, aucunement prévisible…
 
Nos lecteurs apprécieront cet entretien exceptionnel réalisé à Dharamsala et accordé à Radio France Internationale (émission en chinois) ainsi qu'à notre revue. Cet entretien (mené en tibétain et en chinois), a permis au Dalaï Lama de s'adresser directement, pour la première fois, à un auditoire de Chine populaire et de briser ainsi le mur de la propagande que les dirigeants de Pékin s'emploient à ériger entre lui et la population chinoise.

Sa Sainteté le Dalaï Lama - La Chine d'aujourd'hui est fondamentalement différente de la Chine d'il y a trente ou quarante ans. Le tournant se situe en 1978, avec le retour de Deng Xiaoping au pouvoir et le lancement de la politique de réforme. Incontestablement, le développement économique a permis d'améliorer les conditions de vie des Chinois. Ils sont de plus en plus nombreux à voyager, et de plus en plus d'étudiants chinois font des études à l'étranger. Grâce à ces échanges, la Chine devient de plus en plus perméable aux valeurs démocratiques de l'Occident.
 
C. Y. - 2009, c'est aussi le vingtième anniversaire de la chute du Mur de Berlin, qui a sonné le glas du système communiste en Europe. Comment envisagez-vous la sortie du communisme en Chine ?
 
D.L. - Un effondrement brutal du régime, à l'image de ce qu'à connu l'Union Soviétique, serait problématique non seulement pour la Chine mais aussi pour les pays voisins. La meilleure solution serait, pour le Parti communiste chinois, de mettre en place, de sa propre initiative, des réformes politiques graduelles. J'approuve entièrement le point de vue qu'a exprimé le vice-président Xi Jinping dans un long texte publié par le Quotidien du Peuple (3) : il insiste sur l'importance des comportements démocratiques au sein du Parti et appelle de ses vœux l'organisation d'élections directes au niveau des instances de base. Le président Hu Jintao a également mentionné à plusieurs reprises le mot démocratie dans son discours d'ouverture du XVIIe Congrès du Parti communiste chinois en octobre 2007. Mais la démocratie ne saurait se contenter de discours. Elle doit s'ancrer dans le concret. Je suis néanmoins confiant : les dirigeants savent que la démocratie est incontournable, et lorsqu'ils mesureront l'intérêt à long terme que la Chine peut en retirer, ils seront bien obligés de régler cette question.
 
C.Y. - Vous voulez dire que, sans la démocratie, la Chine ne deviendra jamais une véritable grande puissance ?
 
D.L. - Absolument. La Chine est un grand pays qui est appelé à occuper une position importante sur la scène mondiale. Pour l'instant, elle en est loin car le reste du monde ne lui fait pas confiance. La raison ? Son manque de transparence. C'est parce que la Chine se dissimule que ses voisins et la communauté internationale la redoutent. Il n'y a ni liberté de la presse ni liberté de parole. Le gouvernement se réfugie constamment derrière le secret d'Etat. Ce mot avait peut-être un sens pendant la guerre civile, avant 1949, ou pendant la guerre de Corée, au début des années 1950 ; mais, en temps de paix, est-il nécessaire de tout bâillonner ? Cette censure des médias nuit à l'image de la Chine. N'importe qui, n'importe quel pays, peut commettre des erreurs. Il faut les reconnaître et s'excuser publiquement aux yeux du monde.
 
C.Y. - Lors de votre récent voyage aux Etats-Unis, vous n'avez pas été reçu par le président Obama. Savez-vous s'il a subi des pressions de la part du gouvernement chinois ? Avez-vous prévu de le rencontrer dans un proche avenir ?
 
D.L. - Le président Obama a certainement subi des pressions. C'était peu de temps avant sa visite à Pékin, au cours de laquelle il a abordé la question tibétaine avec le gouvernement chinois. Pour ne pas irriter ses interlocuteurs, il a jugé plus opportun de ne pas me recevoir. J'étais de son avis. Notre but ultime n'est-il pas de résoudre le problème tibétain ? Il est donc inutile de froisser qui que ce soit. Des amis qui entretiennent des contacts avec des officiels chinois de haut rang m'ont, eux aussi, conseillé de ne pas rencontrer le président américain cette fois-ci.
 
Mais il a été convenu qu'au retour de sa visite en Chine, M. Obama me recevrait dès que possible. Comme mes voyages sont programmés longtemps à l'avance et que je n'ai pas l'intention de modifier mes plans, je pense que notre rencontre aura lieu probablement en 2010 (NDLR : Le Dalaï Lama a rencontré le président Obama le 18 février 2010 "Le gouvernement chinois a émis une protestation formelle, concernant cette rencontre, auprès de l'ambassadeur des Etats-Unis en Chine Jon Huntsman).
 
C.Y. - Un certain nombre de dirigeants européens, eux, ont bravé les foudres de Pékin. C'est le cas du président Sarkozy qui vous a rencontré en Pologne (4). A la suite de cette entrevue, les relations franco-chinoises ont d'ailleurs connu un sérieux refroidissement …
 
D.L. - La chancelière allemande et le président français, que j'ai vus l'an dernier, ont tous deux été " punis " par le gouvernement chinois. Cela dit, je ne tiens pas particulièrement à multiplier mes contacts avec les dirigeants, surtout si ces rencontres doivent leur causer des ennuis. Si je sillonne la planète, c'est avant tout pour aller au devant des peuples. J'estime que, en tant qu'élément de ce vaste ensemble qu'on nomme humanité, il est de mon devoir de promouvoir la bonté qui réside en chacun de nous afin que le monde devienne plus harmonieux. Et, en tant que chef religieux, j'essaie de favoriser le dialogue entre les religions. C'est pourquoi, chaque fois que je visite un pays, je donne toujours des conférences devant le plus grand nombre de personnes possible. Enfin, en tant que Dalaï Lama, je dois assumer mon rôle de porte-parole de tous les Tibétains qui me font confiance, quel que soit l'endroit où ils se trouvent. Depuis 2001, les responsabilités administratives sont assumées par des élus tibétains (5). Il me reste des responsabilités politiques, mais je joue plus un rôle de conseiller que de décideur. Je suis un semi-retraité !
 
C.Y. - Quelle impression le président Sarkozy vous a-t-il laissée ?
 
D.L. - C'est un homme très franc et pas maniéré du tout. Quant à son épouse, que j'ai eu l'occasion de rencontrer dans le sud de la France, elle était visiblement très émue et très franche elle aussi.
 
C.Y. - Après les manifestations de mars 2008 au Tibet, la Chine a connu en juillet 2009 des affrontements interethniques meurtriers dans la province du Xinjiang. Quelle est votre lecture de ces deux événements ? Une alliance est-elle envisageable entre les peuples tibétain et ouighour pour lutter ensemble en faveur de l'indépendance ou d'une véritable autonomie ?
 
D.L. - Lorsque j'ai quitté le Tibet en 1959, j'ai fait la connaissance de nombreux Ouighours - (6). Nous nous réunissions pour parler de notre souffrance et de notre avenir. Il y avait parmi eux des gens qui préconisaient de recourir à la lutte armée pour conquérir l'indépendance - une démarche que, comme vous le savez, j'ai toujours réfutée. C'est la raison pour laquelle nous nous sommes éloignés peu à peu les uns des autres.
 
Mais apparemment, les esprits ont évolué. Il y a quelques années, j'ai rencontré Mme Rebiya Kadeer (7). Je lui ai exposé mon point de vue sur l'autonomie et la lutte non violente et elle a totalement approuvé mes idées. Après les événements du 5 juillet dernier à Urumqi, je l'ai revue à Prague à l'occasion d'une conférence de la Fondation Nobel et elle m'a, à nouveau, confirmé son choix de la non violence.
 
Certains de mes amis chinois pensent que je devrais éviter Mme Kaader en raison de sa mauvaise réputation : Pékin la considère comme un leader terroriste. Je leur ai répondu que je leur avais rendu service puisque j'ai réussi à la rallier à ma position et à lui faire abandonner toute idéologie belliqueuse !
 
C.Y. - Mme Kaader jouit-elle sur le peuple ouighour de la même autorité que vous sur les Tibétains ?
 
D.L. - J'ai abordé ce sujet avec elle. Je lui ai dit qu'elle devait souder autour d'elle tous les Ouighours et enfants d'Ouighours installés à l'étranger. De la même façon, j'encourage les très nombreux dissidents qui ont quitté la Chine après les événements de Tian'anmen à s'unir pour former une force commune. Malheureusement, cette force n'a pas encore vu le jour.
 
C.Y. - Vous avez organisé, il y a quelques mois, deux rencontres sino-tibétaines : la première a eu lieu au mois d'août 2009 à Genève, et la seconde un mois plus tard à Vancouver. Les Tibétains en exil ont, de leur côté, multiplié les contacts avec les Chinois d'outremer. Cette politique de rapprochement a-t-elle porté ses fruits ?
 
D.L. - Après les événements de Lhassa en mars 2008 (8), j'ai effectué des voyages aux Etats-Unis, en Angleterre et en Allemagne. Partout, je me suis heurté à des centaines d'étudiants chinois qui protestaient avec véhémence contre moi et contre le gouvernement tibétain en exil. Pensant qu'ils n'étaient pas au courant de ce qui s'était réellement passé, j'ai décidé d'aller vers eux, en particulier les bouddhistes, et de leur expliquer ma position. Cette démarche a été très fructueuse puisque, lors de mon voyage en Australie au mois de juin, les manifestations avaient baissé d'un ton. Certains étudiants, chercheurs et écrivains chinois m'ont fait part de leur étonnement. Non seulement ils ont pu constater que je ne ressemble en rien à la personne décrite par la propagande officielle, mais en plus ils approuvent entièrement mon point de vue. J'en ai déduit qu'en améliorant la communication entre les Tibétains et les Chinois on pourrait grandement contribuer à la résolution du problème tibétain. De même, certains Chinois, fraîchement arrivés à Dharamsala (9), étaient inquiets pour leur sécurité. Ils pensaient que les Tibétains allaient les attaquer. Lorsqu'ils ont compris qu'ils se trouvaient sur une terre de paix, ils en ont été tout heureux !
 
Rien ne remplace l'expérience directe. En 1956, quand j'ai quitté le Tibet pour la première fois à l'occasion d'un pèlerinage en Inde, l'armée chinoise m'a escorté jusqu'à la frontière. Il y avait là un vice Général qui me disait que, si l'on me posait des questions sur le Tibet, il faudrait répondre qu'il valait mieux voir la réalité de ses propres yeux, et que les yeux sont des témoins plus fidèles que les oreilles. Et il avait parfaitement raison. Au lieu de stigmatiser les Tibétains de Dharamsala, de les accuser - comme ce fut encore le cas en mars 2008 - de fomenter des troubles au Tibet, pourquoi les autorités chinoises n'envoient-elles pas sur place une délégation pour faire toute la lumière sur ce prétendu complot ? Les archives du gouvernement tibétain en exil sont à leur disposition, sans aucune restriction. Mais Pékin n'a pas répondu à notre offre. Cette ouverture doit pourtant s'effectuer dans les deux sens. S'il est vrai que les Tibétains profitent du développement économique de la Chine et qu'ils sont heureux, pourquoi les autorités chinoises n'ouvrent-elles pas les portes du Tibet aux journalistes du monde entier pour qu'ils puissent le constater de leurs propres yeux ? Au lieu de cela, ils continuent d'en interdire l'accès aux médias étrangers.
 
C.Y. - Vous expliquez depuis plusieurs années que vous ne revendiquez pas l'indépendance du Tibet, mais une simple autonomie, conformément à la Constitution chinoise. Vous insistez également sur le fait que la région tibétaine devrait comprendre non seulement la région autonome du Tibet, mais aussi toutes les zones où la culture tibétaine est fortement présente, ce qui est interprété par Pékin comme la revendication d'un " Grand Tibet " et un premier pas vers l'indépendance …
 
D.L. - C'est le gouvernement chinois qui parle de Grand Tibet. Jamais nos représentants n'ont utilisé cette expression. La vérité, c'est qu'il existe, en dehors de la région autonome, des départements et des districts autonomes tibétains dans plusieurs provinces limitrophes du Tibet, qui possèdent leurs propres radios et journaux en langue tibétaine. Ce que nous demandons, c'est une réelle autonomie du Tibet qui permette de protéger la religion et la culture tibétaines. Pendant plus de mille ans, les régions de U-Tsang, d'Amdo et de Kham, qui se trouvent aujourd'hui en dehors de la région autonome tibétaine proprement dite, ont largement contribué au rayonnement de notre culture. Parmi les Tibétains qui ont quitté la Chine en 1959 nombreux sont ceux qui sont originaires de ces contrées. Certains sont même devenus des guéshé (10) bouddhistes.
 
Le monastère de Drepung (11), qui comptait sept ou huit mille disciples avant 1959, en accueillait encore ces dernières années entre six cents et mille, malgré l'exil de nombreux Tibétains. Mais un ami chinois, qui s'y est rendu il y  a quelques mois, nous a appris qu'il ne reste pas plus de soixante-dix moines. Pour quelle raison ? Parce que, après les événements du 14 mars 2008, les Tibétains dont le lieu de résidence (12) se trouve en dehors de la région autonome ont été renvoyés chez eux par les autorités.
 
Depuis l'ouverture d'un dialogue avec Pékin en 2002, mes représentants se sont entretenus à huit reprises avec les autorités chinoises. Lors de la cinquième rencontre à huis clos, qui a eu lieu en février 2006, les négociateurs de Pékin ont clairement dit qu'ils savaient que le Dalaï Lama ne cherchait pas l'indépendance du Tibet. Pourtant, en avril et en mai de la même année, la presse officielle a redoublé de critiques à mon égard, m'accusant de vouloir diviser le pays. Ce double discours prouve que les dirigeants chinois ont toujours eu des arrière-pensées. S'agissant du Grand Tibet aujourd'hui, c'est exactement la même chose. Les Chinois déforment sciemment mes propos. Après les événements qui se sont déroulés au Xinjiang (13) le 5 juillet 2009, le secrétaire du parti de la province de Guangdong, Wang Yang, a souligné la nécessité de réexaminer la politique chinoise à l'égard des minorités nationales. Je suis tout à fait d'accord avec lui. Deng Xiaoping a eu le courage de réformer l'économie chinoise. Si le gouvernement chinois pouvait faire preuve du dixième de ce courage pour entreprendre des réformes politiques, nous en serions les premiers ravis.
 
C.Y. - Si le gouvernement chinois vous donnait des garanties suffisantes sur le plan culturel, seriez-vous prêt, en contrepartie, à consentir des concessions politiques ? Pourriez-vous transiger sur le point controversé de la réunification des trois régions tibétaines (14) ?
 
D.L. - Notre devoir est de respecter la volonté du peuple tibétain et de nous battre pour que ses souhaits soient exaucés. Le dixième Panchen Lama (15) était très attaché à la réunification des trois régions tibétaines. Parmi les nombreuses raisons citées, il mettait surtout en avant la protection de notre culture et de notre religion. D'ailleurs, demandez aux Tibétains de l'Amdo, du Gansu et du Qinghai, y compris aux membres du Parti communiste chinois, ce qu'ils en pensent : tous sont favorables à l'unification. Au moment de la fondation de la région dite " autonome " du Tibet en 1965, le vice-premier ministre de l'époque Chen Yi, envoyé du gouvernement à Lhassa, avait lui-même admis que l'unification de toutes les régions tibétaines était incontestablement une bonne idée.
 
Il est évident que, pour entrer dans le détail d'une unification, il faudrait négocier concrètement avec le gouvernement chinois - ce qui, dans le contexte actuel de tensions extrêmes, est peu probable. Nous avons appelé la communauté internationale à faire pression sur la Chine pour qu'elle autorise des organismes indépendants et fiables à conduire une enquête auprès de la population tibétaine. Si les Tibétains sont satisfaits de leur sort, s'ils vivent dans de bonnes conditions, alors nous retirerons notre demande et nous présenterons nos excuses auprès de la communauté internationale. En revanche, s'il apparaît que les Tibétains sont malheureux, sur le plan économique ou spirituel, alors le gouvernement chinois doit faire face à la réalité et entamer les réformes.
 
C.Y. - Vous avez mentionné la réforme de 2001 qui a démocratisé le pouvoir tibétain en exil. Cette réforme n'a-t-elle pas signé également, d'une certaine manière, la fin de la tradition tibétaine ?
 
D.L. - Le titre et la fonction du Dalaï Lama ont correspondu à une certaine période de l'histoire du Tibet. Il n'y a pas de rapport intrinsèque entre la culture tibétaine - qui compte environ mille trois cents ans d'histoire - et le système du Dalaï Lama qui ne remonte qu'à six cents ans. Le régime du Dalaï Lama est le produit de la culture tibétaine, plus particulièrement du bouddhisme tantrique, et non l'inverse. L'ancien système, dans lequel le Dalaï Lama était un leader à la fois spirituel et temporel, est révolu à jamais.
Quant à l'institution du Dalaï Lama elle-même, il appartiendra au peuple tibétain de se prononcer sur sa survie. C'est à lui que reviendra la décision. Pas tout de suite, parce que je n'ai pas l'intention de mourir demain matin ! Mais, un jour ou l'autre, les Tibétains devront se poser la question. S'ils considèrent qu'il n'y a plus de raison de maintenir ce système, alors il faudra arrêter. L'idée d'être le dernier Dalaï Lama ne me déplairait pas car, après tout, par rapport à mes treize prédécesseurs, je ne suis peut-être pas le meilleur, mais je ne suis pas le pire non plus !
 
C.Y. - Si l'on interrogeait les Tibétains aujourd'hui, je suis sûr qu'ils ne seraient pas d'accord pour abolir votre fonction !
 
D.L. - Vous avez raison. Les Tibétains souffrent terriblement et ils comptent sur moi pour améliorer leur situation. C'est à cause du gouvernement chinois que je suis devenu quelqu'un d'extrêmement important. Mais l'abolition du système n'est pas impossible : si le Tibet devenait une région réellement autonome et si le niveau de vie des Tibétains augmentait sensiblement, il n'aurait plus lieu d'être. J'exhorte les bouddhistes du monde entier - ceux du Tibet, de Chine ou de Corée, du Vietnam ou du Japon, les disciples du Petit Véhicule ou du Grand Véhicule - à entrer pleinement dans le XXIe siècle. Un bouddhiste moderne doit vivre en harmonie avec son temps, concilier sa croyance et la science. Le jour où ce souhait sera réalisé, c'en sera probablement fini de l'ère des lamas et des grands maîtres du bouddhisme tantrique.
 
C.Y. - Mais la fin du système théocratique ne va pas forcément de pair avec la disparition du Dalaï Lama …
 
D.L. - Les choses sont claires : le chef du gouvernement tibétain en exil est désormais élu tous les cinq ans au suffrage universel. Je n'exerce donc plus aucune responsabilité de nature administrative. Quant à ma mission politique et historique, elle s'arrêtera le jour où les Tibétains de Chine et les Tibétains de l'exil seront réunis au sein d'un Tibet qui n'aura pas d'"autonome" que l'appellation. Ce jour là, je pourrai me contenter de donner des conférences sur le bouddhisme…
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* Quatorzième Dalaï Lama, Tenzin Gyatso vit en exil en Inde depuis 1959. Prix Nobel de la paix en 1989.
 
** Historien. Chef de la section en langue chinoise de Radio France Internationale. Auteur, entre autres publications, de : L'Eveil de la Chine, Editions de l'Aube, 2004.
Chen Yan - La Chine vient de fêter le soixantième anniversaire de la naissance de la République populaire. Cette année 2009 a également marqué le cinquantième anniversaire de votre départ de Lhassa et de celui de milliers de Tibétains vers l'exil. Quel regard portez-vous sur ces dernières décennies ?
 
(1) Le Tibet historique comprend une zone beaucoup plus vaste que la région autonome du Tibet telle qu'elle a été définie par le gouvernement chinois en 1965. L'Amdo se situe dans les provinces actuelles du Qinghai et du Gansu, et le Kham dans celles du Sichuan et du Yunnan.

(2) La démocratisation du régime tibétain a débuté dès l'arrivée en exil du Dalaï Lama et a été réalisée progressivement sous sa direction. Depuis 2001, le premier ministre, actuellement le professeur Samdhong Rinpoché, est élu au suffrage universel. En 2007, le départ à la retraite du Dalaï Lama a été officiellement évoqué, ainsi que son remplacement éventuel par le XVIIe Karmapa, Orgyen Trinley Dorje. Bien que le Dalaï Lama se déclare lui-même en semi-retraite, les Tibétains continuent à le révérer comme leur chef spirituel, créant ainsi une ambiguïté sur la nature de ses fonctions. Même s'il ne joue plus le rôle traditionnel du théocrate, il reste l'ultime recours vers lequel les Tibétains se tournent, faisant passer la dévotion avant les principes démocratiques que le Dalaï Lama tente patiemment de leur inculquer.

(3) Quelques réflexions sur les soixante ans d'édification du parti dans la Chine nouvelle, discours prononcé le 1er septembre 2009 à l'Ecole centrale du parti et reproduit par le Quotidien du Peuple.

(4) Le président français a rencontré le Dalaï Lama à Gdansk, le 6 décembre 2008, à l'occasion des cérémonies du 25e anniversaire du prix Nobel de la paix de Lech Walesa.

(5) Le Parlement tibétain est l'organe législatif du gouvernement tibétain en exil. Il comprend 43 membres élus, dont 10 députés pour chacune des trois provinces principales du bouddhisme tibétain. Trois députés représentent la diaspora tibétaine en Europe et en Amérique. Les derniers députés sont nommés par le Dalaï Lama pour représenter la culture, les sciences ou le service de la communauté. C'est le Parlement qui est habilité à élire le Cabinet tibétain : le Kashag ou Conseil des ministres.

(6) La province du Xinjiang, au nord-ouest de la Chine, est peuplée à 47 % d'Ouighours, groupe ethnique de langue turque, en majorité des musulmans sunnites, à 40 % de Chinois Han et à 12 % de membres d'autres groupes ethniques comme les Kazakhs et les Kirghizes.

(7) Rebiya Kadeer est devenue la personnalité politique la plus représentative du mouvement d'opposition ouighour en exil. Elle vit à Washington depuis 2005, après avoir passé six ans en prison en Chine.

(8) Des manifestations importantes se sont déroulées à Lhassa du 10 au 14 mars 2008, avant que la police et l'armée interviennent pour ramener le calme. Le gouvernement tibétain en exil estime qu'il y aurait eu plus de 150 morts et des milliers d'arrestations suite aux manifestations qui se sont déroulées dans la plupart des régions habitées par des Tibétains.

(9) Dharamsala est une ville du nord de l'Inde, située dans l'Etat de l'Himachal Pradesh. C'est là que siège le gouvernement tibétain en exil, et que réside le XIVe Dalaï Lama, Tenzin Gyatso.

(10) Docteur en bouddhisme tantrique.

(11) Le monastère de Drepung se trouve au nord-ouest de Lhassa. Fondé en 1416, il est l'un des trois grands monastères de la branche des Gelugpas du bouddhisme tibétain, à laquelle appartient le Dalaï Lama et le Panchen Lama.

(12) Le système du hukou, mis en place par le gouvernement chinois dès le début des années 1950, fixe le lieu de résidence de chaque citoyen chinois, en distinguant les ruraux et les citadins et en obligeant chacun à dépendre d'un seul village ou d'une seule ville, de la naissance à la mort. Les " migrants " peuvent ainsi être renvoyés à tout moment dans leur lieu de résidence.

(13) Les émeutes du 5 juillet au Xinjiang trouvent leur origine dans un événement qui s'était produit dans une usine de jouets à Shaoguan au Guangdong, en juin 2009, et qui avait provoqué la mort de deux ouvriers ouighours.

(14) Région autonome du Tibet, Kham et Amdo.

(15) Le dixième Panchen Lama, contemporain du XIVe Dalaï Lama, est mort au Tibet en janvier 1989.
Entretien traduit du chinois par Mme Yang Mei et Marie Holzman.

Edité par :
Politique Internationale, n° 126, Hiver 2009-2010 (revue trimestrielle)
Coût : 15 €

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Le Dalaï-Lama sera reçu à la Maison Blanche courant février

 
Jeudi  4 février 2010 - LEMONDE.FR - AFP/Stefan Rousseau      

Le Dalaï-Lama, chef spirituel des Tibétains en exil, sera reçu ce mois-ci à la Maison Blanche en dépit de la colère exprimée par la Chine à l'annonce de sa rencontre avec Barack Obama, a confirmé, jeudi 4 février, le porte-parole de la présidence américaine. "Il sera ici ce mois-ci", a dit M. Gibbs en réponse à une question sur la date de la visite du Dalaï-Lama à Washington.

Le porte-parole n'a cependant pas communiqué la date exacte de cette visite, ni précisé si M. Obama et le Dalaï-Lama poseraient ensemble pour les photographes. La Maison Blanche avait déjà confirmé mercredi la rencontre, sans évoquer de date, expliquant que "le Dalaï-Lama est une figure religieuse et culturelle respectée dans le monde entier, et c'est à ce titre que le président va le rencontrer". Pékin, qui accuse le Dalaï-Lama de vouloir l'indépendance du Tibet, avait protesté, indiquant que "la Chine s'oppose fermement à la visite du Dalaï-Lama aux Etats-Unis et à ce que des dirigeants américains le reçoivent".
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NDLR : Si la visite du Dalaï-Lama devait se confirmer, la France de Nicolas Sarkozy ne sortirait pas grandie des ses atermoiements de 2009.
 
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Claude B. Levenson 
 
Janvier 2010

Tibet, afin que perdure la lumière
 
Elles étaient froides et venteuses, ces nuits de janvier à Bodh Gaya, et pourtant, les journées poussiéreuses, brumeuses au petit matin, étaient empreintes de cette légèreté bienveillante qui - en dépit de bousculades passagères - accompagne d'ordinaire les déplacements du Dalaï-lama. A ce rendez-vous d'enseignement public, les fidèles étaient bien présents, attentifs sous la vaste tente pompeusement baptisée Kâlachakra maïdan. Autour du grand stûpa et de l'arbre de la Bodhi où le prince Gautama a jadis atteint l'Eveil, c'était la circumambulation traditionnelle en rangs serrés des pèlerins venus de loin, accompagnée de la non moins traditionnelle litanie profonde des moines, dans le crissement des moulins à prières au poing des dévots et le glissement feutré de milliers de pas sur les cailloux et la terre battue du chemin de ronde consacré par le temps et la foi. Les moments forts n'ont pas manqué, parmi lesquels hors session une audience remarquée accordée aux participants chinois de divers horizons de l'intérieur et de l'extérieur, ainsi qu'une rencontre avec des étrangers (entendez " occidentaux ") venus à trois ou quatre mille d'une quarantaine de pays écouter le maître de sagesse que les Tibétains apprécient depuis si longtemps.
 
Si les enseignements sont chose sérieuse par excellence, le Dalaï-lama sait aussi les agrémenter de remarques judicieuses parfois inattendues mais toujours à propos - ainsi, alors qu'il expliquait la nécessité de se débarrasser de l'hypocrisie en tant qu'obstacle sur le chemin, son allusion brocardant le président américain ajournant leur rencontre afin de ne pas froisser des susceptibilités à fleur de peau à l'autre bout du monde a soulevé une vague de rires dans l'assistance. Plus grave cependant, à l'issue de ces journées bien remplies, au cours d'une rencontre informelle, le leader tibétain a renouvelé un appel pressant à tous ceux qui le pouvaient d'aller voir " ce qui se passe au Tibet militairement occupé, afin de prendre la mesure des souffrances endurées par le peuple tibétain, et d'en porter témoignage. "
 
Il y a une année, l'ONU et les décideurs de tout calibre d'horizons divers avaient fait la sourde oreille. Certes, un vieil adage prétend qu'il n'est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir - mais comment rester de marbre quand Dhondup Wangchen écope de six ans de prison pour avoir filmé des Tibétains exprimant leur ras-le-bol d'une présence étrangère imposée ? Les peines sont lourdes pour quiconque ose parler vrai dans un pays sous la botte, Tibétains et Chinois téméraires en font la cruelle expérience. A preuve, deux écoles, l'une élémentaire et l'autre moyenne, viennent d'être fermées d'autorité dans la région de Machu, pour avoir annoncé l'organisation d'un séminaire consacré à la sauvegarde de la langue tibétaine… Et ce n'est pas la nomination d'un Tibétain de souche, Pema Thinley, au poste de secrétaire adjoint (adjoint seulement, pas dans le rôle principal) du parti communiste de la Région dite autonome qui va changer quelque chose, tandis qu'à peu près dans le même temps, lors d'une réunion politique dans la capitale tibétaine, Jampa Phuntsok (Qiangba Pingcuo, selon la transcription chinoise) donnait sa démission du poste de gouverneur - payerait-il les pots cassés des manifestations de Lhassa de 2008 ? Pas de nouvelles cependant de son double chinois, Zhang Qingli, dont les prises de position d'une rare intransigeance ont sans doute contribué à entretenir les tensions.
 
Et pendant ce temps, on apprend qu'il y a quelques jours, le 8 janvier de cette année, le Bureau politique du parti communiste chinois réuni à Pékin sous la présidence de Hu Jintao en personne, flanqué du premier ministre Wen Jiabao et du vice-président Xi Jinping discutait du " système d'autonomie régionale des minorités ethniques et d'une voie de développement à la chinoise adaptée aux conditions locales ", afin d'assurer " la stabilité à long terme du Tibet ". Mais, au fait, qui donc a décidé que les Tibétains étaient une " minorité ethnique " de la Chine ?
 
Après les jeux olympiques et le 60e anniversaire tant claironné de la République populaire, la clique dirigeante de la Chine se prépare en vue de l'exposition universelle de Shanghai et, un peu plus tard dans l'année, des jeux asiatiques de Canton. Inutile donc de s'étonner qu'à la veille de la réunion à Pékin des plus hautes têtes pensantes du régime, le Bureau d'information du Conseil d'Etat ait jugé nécessaire d'annoncer et de définir publiquement ses objectifs pour 2010. En voici l'essentiel, dans le respect du jargon officiel : " La Chine doit se saisir du pouvoir du discours, prendre la direction de l'opinion publique et accroître sa capacité de communication internationale, travailler à gagner en puissance dans l'opinion publique étrangère - à la mesure du développement économique de la Chine et de son statut international. " Et le directeur dudit Bureau, Wang Chen, de préciser : "nous nous efforcerons encore davantage afin d'aider le monde à comprendre une Chine prospère, démocratique, ouverte, pacifique et harmonieuse. " Rien que ça…

Inutile de rire, même jaune, nous voilà prévenus, et en guise d'illustration concrète, il faut savoir que très fâchés par le refus des organisateurs privés d'un festival de cinéma à Palm Springs de retirer de leur programmation un film tibétain de Ritu Sarin et Tenzin Sonam intitulé " Le soleil au-delà des nuages ", les responsables de l'industrie cinématographique chinoise ont décidé de quitter la compétition en emportant les deux films officiels. Le film tibétain a remporté un franc succès. Et encore plus courroucés par les (timides) remontrances anglaises à la suite de la récente exécution d'un citoyen britannique, les diplomates chinois ont fort peu diplomatiquement fait avoir qu'ils ne se rendraient pas au rendez-vous du dialogue sino-britannique bisannuel sur les droits de l'homme qui devait se tenir en janvier à Londres. Ça commence bien…Il n'empêche : à en croire l'avis de deux experts aux points de départ de leur réflexion croisée grandement opposés, le Tibétain Tsering Shakya et le Chinois Wang Lixiong, " la bataille du Tibet " est bel et bien engagée, et ce qui se joue tragiquement aujourd'hui sur le toit du monde nous concerne tous, chacun et chacune. Il n'est pas concevable de laisser disparaître le Tibet, son peuple et sa culture, ni de les laisser être métamorphosés de force en produits folkloriques de pacotille… chinoise, la communauté humaine ne s'en remettrait pas.
 
C'est à coups d'investissements économiques, d'encouragements effrénés au consumérisme et de contrôle renforcé sur la religion que le régime de Pékin entend venir à bout de la résistance tibétaine. Et si le chemin est semé d'embûches à l'heure d'une érosion généralisée des libertés fondamentales et de la liberté tout court, n'est-ce pas Alexandra David-Neel qui disait : " La bravoure est la plus sûre des attitudes. Les choses perdent de leur épouvante à être regardées en face ", alors qu'Albert Camus estimait pour sa part que " en vérité, le chemin importe peu, la volonté d'arriver suffit à tout… "
 

Newsletter janvier 2010
mailto : claude.levenson@gmail.com

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Neuvième rencontre Tibet-Chine
 
Le compte-rendu du chef de la délégation Lodi Gyari
 
Transmis par Christiane Stocchi et Thupten Gyatso - Bureau du Tibet Paris
 
Avec Kelsang Gyaltsen et accompagné de Tenzin P. Atisha, Bhuchung K. Tsering et Jigmey Passang membres de la Task Force, Lodi Gyari a conduit la délégation tibétaine en RPC du 26 au 31 janvier pour une neuvième série de pourparlers avec les représentants des autorités chinoises. Discussions intervenant après une interruption de 15 mois.

Revenus à Dharamsala le 1er février 2010, Lodi Gyari et les membres de la délégation ont présenté leur rapport officiel au Dalaï-Lama, au Premier ministre du Gouvernement tibétain en exil Samdhong Rinpoche, ainsi qu'au Président et à la Vice-présidente du Parlement tibétain en exil.

Voici ce rapport établi par Lodi Gyari (*)
 
"Le 30 janvier, nous nous sommes entretenus à Pékin avec M. Du Qinglin, Vice-président de la Conférence consultative politique populaire chinoise et Ministre du Département du Travail du Front uni du Comité central.  Le lendemain, le 31 janvier 2010, nous avons passé une journée en pourparlers avec Zhu Weiqun, Vice-ministre adjoint et avec le Vice-ministre Sithar. M. Nyima Tsering, l'un des Vice-directeurs du Congrès populaire de la Région autonome du Tibet, a également assisté à ces entretiens.
 
Nous sommes arrivés à Changsha, capitale de la province de Hunan, le 26 janvier 2010. Avant d'entamer notre programme sur place, nous avons officiellement présenté au Département du Travail du Front uni du Comité central une Note relative au Mémorandum sur l'autonomie réelle pour tous les Tibétains, que nous avions déjà proposée lors de la huitième série de pourparlers, en novembre 2008.  Cette Note contenait sept points sur les questions fondamentales soulevées par les autorités chinoises lors de cette huitième entrevue, ainsi que des suggestions constructives pour faire progresser le processus de dialogue.  Ces sept points comprennent le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la République populaire de Chine, le respect de la Constitution de la RPC, le respect des "Trois Adhésions", le respect de la hiérarchie et de l'autorité du gouvernement central chinois.  Des questions soulevées par le gouvernement central sur des compétences particulières se rapportaient au Mémorandum, reconnaissant le cœur du problème et offrant la coopération de Sa Sainteté le Dalaï-Lama en vue d'une solution mutuellement bénéfique.
 
La Note indiquait clairement que Sa Sainteté le Dalaï-Lama et d'autres membres du gouvernement en exil n'ont aucune exigence personnelle à formuler.  Sa Sainteté se préoccupe des droits et du bien-être des Tibétains.  Par conséquent, la question fondamentale devant être résolue est l'application fidèle d'une autonomie réelle, permettant aux Tibétains de se gouverner eux-mêmes, selon leurs propres idées et besoins.
 
Sa Sainteté le Dalaï-Lama s'exprime au nom du peuple tibétain avec lequel il entretient une relation profonde et historique, basée sur une confiance totale. Il est indéniable que Sa Sainteté représente légitimement le peuple tibétain et elle est certainement perçue comme son légitime représentant et porte-parole.  En effet, ce n'est que par le dialogue avec Sa Sainteté le Dalaï-Lama que la question tibétaine pourra être résolue.  Il est capital de reconnaître cette réalité.
 
Nous insistons sur le fait que l'engagement de Sa Sainteté pour la cause tibétaine ne vise pas la revendication de droits personnels ou d'une position politique, ni pour le compte de l'administration tibétaine en exil.
 
Nous avons appelé nos homologues chinois à cesser les accusations infondées contre Sa Sainteté et de la traiter de séparatiste. Au contraire, nous enjoignons les autorités chinoises à travailler avec Elle afin de trouver une solution au problème du Tibet, acceptable des deux côtés et basée sur le Mémorandum. C'est ainsi que seront assurés la stabilité, l'unité et le développement d'une société harmonieuse.
 
Nos homologues chinois ont quant à eux exposés " les Quatre Interdits " pour définir leur position. Ils nous ont aussi fourni un exposé détaillé sur les récents développements relatifs au Tibet, et en particulier à l'important Vème Forum sur le travail au Tibet.  Ils ont déclaré que le Forum visait à améliorer la vitalité des Tibétains dans la Région autonome du Tibet et dans toutes les zones tibétaines, et tout particulièrement, dans les services publics tels que l'éducation, les services médicaux et la protection de l'environnement.  En nous basant sur les rapports qui nous ont été transmis sur le Forum à l'origine, nous avons salué les questions qu'il a soulevées pour améliorer la vie des Tibétains, notamment dans les zones rurales.  Nous saluons le fait que le Vème Forum sur le travail au Tibet a examiné des points comme le développement dans toutes les zones tibétaines ( la Région autonome du Tibet ainsi que les autres zones tibétaines ). Nous croyons fermement que toutes les zones tibétaines doivent être régies par une politique uniforme et une administration unique. En nous débarrassant des slogans politiques, bien des problèmes dont le Forum a fait des priorités s'apparentent aux besoins de base des Tibétains, tels que mentionnés dans notre Mémorandum.
 
Le regard opposé porté sur l'analyse de la situation actuelle au Tibet demeure une différence majeure entre nos homologues chinois et nous.  Donc, pour une compréhension mutuelle de la situation réelle, nous avons suggéré un effort commun pour saisir la réalité de fait sur place, avec le souci de chercher la vérité d'après les faits. Cela aidera les deux parties à évoluer au-delà des controverses l'une de l'autre.
 
Ces prochains jours, nous examinerons les points soulevés par nos homologues, y compris les comptes-rendus du Vème Forum sur le travail au Tibet ainsi que " les Quatre Interdits ".  Comme je l'avais fortement précisé au cours de notre entretien, je souhaite ardemment que les autorités chinoises se livreront à un travail de réflexion sérieuse sur les points que nous avons soulevés. Comme Sa Sainteté le Dalaï-Lama n'a cessé de clarifier sa position quant à l'avenir du Tibet au sein de la République Populaire de Chine et qu'elle a fait preuve de volonté politique envers les autorités chinoises, nous ne voyons aucune raison pour laquelle un terrain d'entente ne pourrait être trouvé pour résoudre ces problèmes.  Nous souhaitons réitérer l'incessante volonté de Sa Sainteté à travailler avec le gouvernement central chinois là-dessus afin que le peuple tibétain puisse retrouver sa fierté et sa dignité et que la stabilité et l'unité de la République Populaire de Chine soient assurées..
 
Nous remercions nos hôtes, le Front uni du Hunan, le Front uni pékinois et le Département du Travail du Front du Comité central pour leur hospitalité au cours de ce séjour.
 
Dharamsala, le 2 février 2010."
 
(*) Traduction française d'Alexandre Huillet pour le Bureau du Tibet, Paris.
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NDLR : Comme on le voit, il n'y a aucune proposition de la part des responsables chinois lors de cette nouvelle rencontre, ces derniers restant campés sur leurs positions... désormais bien connues !
 
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Décès à 99 ans d'un "collabo tibétain" historique !
 
Jeudi 24 décembre 2009 - Agence France-Presse

Un ancien haut responsable du gouvernement du Dalaï-lama, qui avait signé l'accord de 1951 reconnaissant la souveraineté de la Chine sur le Tibet, Ngapoi Ngawang Jigme, est décédé mercredi à Pékin à l'âge de 99 ans, ont rapporté jeudi les médias officiels.

Dans un communiqué, cité par les médias chinois, le comité central du Parti communiste a salué "un grand patriote, un militant social connu, un bon fils du peuple tibétain".

Né en février 1910 à Lhassa dans une famille de nobles, Ngapoi Ngawang Jigme était gouverneur du Kham, lorsque les troupes communistes chinoises s'étaient emparées de cette province de l'est du Tibet en octobre 1950.

Capturé, il avait ensuite dirigé la délégation qui s'était rendu à Pékin en 1951 pour, selon la terminologie chinoise, négocier la "libération pacifique du Tibet". Il avait alors signé l' "accord en 17 points", reconnaissant la souveraineté de la Chine sur le Tibet.*

Pékin affirme que le Tibet fait partie de la Chine depuis le XIIIe siècle, une affirmation contestée par le gouvernement tibétain en exil.

Le Dalaï lama, chef spirituel des Tibétains qui vit en Inde depuis 1959, soutient que l'accord de 1951 a été imposé par les Chinois et qu'il en a pris connaissance en écoutant la radio.

Après la fuite du Dalaï-lama, à la suite d'un soulèvement avorté contre la présence chinoise en 1959, Ngapoi Ngawang Jigme était devenu l'un des principaux responsables politiques tibétains au sein du régime communiste. En 1965, il avait été nommé président de la toute nouvelle Région autonome du Tibet.
 
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(*) Accord et prise d'otages (NDLR).
Cet accord ornementé d'un faux cachet a été imposé par Pékin à la délégation tibétaine coupée de Lhassa et ne disposant d'aucun moyen de communication avec le Dalaï-lama et les responsables tibétains.      
                 
L'accord lui-même signifiant la mise sous tutelle manu-militari d'une nation indépendante avec cependant la reconnaissance d'une "certaine" autonomie n'a pourtant jamais été respecté par les responsables de la dictature chinoise qui l'avaient imposé au cours de cette prise d'otages.

Aucun changement depuis 1951 : le point de vue de Pékin étant de croire et faire croire qu'un mensonge mille et mille fois répété inlassablement finira par devenir un jour une "vérité" d'inspiration divine sans aucun doute !             
 
Avec les compliments de toutes les dictatures et régimes autoritaires du monde ! C'est ce que certains appellent sans doute les progrès du régime chinois en matière de Droits de l'homme.
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Une nonne, prisonnière politique tibétaine, décède à l'hôpital de Chengdu (Chine) des suites de ses tortures
 
Lundi 7 Décembre 2009 - Phayul - (traduction Tibet Chine Actualité)  

Dharamsala (Inde) - Une nonne tibétaine de Kardze est morte tôt dimanche dans un hôpital de Chengdu, capitale de la province chinoise du Sichuan, selon des sources tibétaines en éxils en Inde.
 
La religieuse de la nonnerie de Kardze Lamdrag, Yankyi Dolma, âgée de 33 ans a été arrêtée le 24 mars 2009 avec une autre religieuse, Sonam Yangchen, après avoir organisé une manifestation sur la place du marché à Kardze contre la politique répressive du gouvernement chinois.
 
Les nonnes on scandé des slogans comme : "La Chine hors du Tibet", "retour du Dalaï Lama au Tibet", "arrêtez la persécution religieuse au Tibet", tout en jetant en l'air des tracts pro-indépendance, selon un communiqué.
 
Environ 50 soldats armés ont battu sévèrement les deux religieuses et les ont emmenées dans un fourgon. Les autorités ont ensuite saccagé la nonnerie. Ce soir-là, Yankyi et Sonam ont dû enlever les photos du Dalaï Lama, ajoute le communiqué. Leurs parents et les membres de leur famille ont été réprimandés pour avoir des liens avec les "forces séparatistes en exil du Dalaï-lama". Le jour suivant, les autorités chinoises ont appelé le frère de Yankyi, Tsangyang Gyatso, à l'autorité administrative locale et l'ont interrogé pendant des heures.
 
Yankyi aurait succombé à la suite des tortures en prison. Tenzin Choeying de l'Association "Étudiants pour un Tibet Libre" (Inde) a déclaré : "Les soldats chinois l'ont battue sans pitié en plein jour dans le marché historique de la ville de Kardze. Et nous pouvons très bien imaginer ce qu'ils peuvent faire à huis clos dans la prison."
 
Yankyi avait été remise à la Cour populaire intermédiaire de Kardze, le 24 août 2009. Toutefois, on ne connaît pas les décisions du tribunal.
 
Yankyi est née de Guendune Dhargye et Pema Khando de Hormeytsang, famille du canton de Roltsa dans le comté de Kardze, "TAP" province du Sichuan. Elle devint religieuse à l'âge de 17 ans.
 
L'Association des femmes tibétaines, Étudiants pour un Tibet libre, le Parti démocratique national du Tibet et l'Association d'anciens prisonniers politiques "Gu Chu Sum" ont tenu, tard dans la soirée, une veillée aux chandelles sur la place principale de McLeod Ganj (Inde) pour rendre hommage à Yankyi.
 
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Le chanteur tibétain Tashi Dondrup a été arrêté à cause de "chansons subversives"

Lundi 7 décembre 2009 - Phayul (Traduit par Gachet, H.N.S Info)
 
Les autorités chinoises ont arrêté jeudi un chanteur tibétain jeune et populaire sous les accusations de composition de chansons subversives, selon le Times Online.

Tashi Dondrup (photo) a été arrêté hier après-midi alors qu'il était en fuite dans la ville de Xining, capitale de la province de Qinghai, où il s'était réfugié après que les autorités eurent interdit sa musique.

Le chanteur professionnel de 30 ans a sorti un album intitulé "Torture sans trace" le mois dernier. Cet album contient treize chansons exprimant la nostalgie envers le leader tibétain exilé, le Dalaï-Lama et rappelle la répression qui a suivi les émeutes anti-chinoises au Tibet en mars dernier.
Les 5000 CD ont vite été épuisés chez les tibétains de la région de l'Amdo dans l'est du Tibet, où Tashi Dondrup est une star locale. Les autorités chinoises ont interdit l'album immédiatement.

Selon le reportage, les officiels de la province centrale du Henan, où le chanteur est membre de la troupe artistique de la région autonome mongole du Henan, ont émis un mandat pour son arrestation. Le musicien, fils de fermiers tibétains, marié il y a deux mois, a ensuite pris la fuite avant son arrestation.
 
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Claude B. Levenson 
 
Décembre 2009

Les Iles Féroë à l'Unesco, le Tibet peut toujours attendre...
 
Récemment, le petit monde parisien de l'Unesco était en pleine effervescence, dans l'attente du nouvel élu qui tiendra dorénavant le devant de la scène à sa direction. De rumeurs en joutes serrées, de palabres en négociations laborieuses, la tête de l'organisation internationale est féminine, Irina Bokova la Bulgare, l'ayant finalement emporté sur Farouk Hosny l'Egyptien. A peu près en même temps, les amateurs de foot, bien plus nombreux, se passionnaient pour un match décisif entre les équipes de France et des îles Féroé, justement.

A première vue, pas grand-chose de commun entre ces deux événements. Et pourtant… Le brouhaha autour du premier et les clameurs entourant le second ont relégué loin à l'arrière-plan un troisième événement qui vaut tout de même son pesant d'information.

Heureusement, à la différence d'un surprenant silence journalistique, un organe de presse sérieux et qui ne perd aucune occasion de lancer son scoop n'a pas négligé d'annoncer à son vaste public cette nouvelle si importante : dès la mi-octobre, tous les intéressés étaient informés que les Iles Féroé venaient d'être admises comme deux-centième membre à l'Unesco, " qui compte désormais 193 Etats membres et sept associés ".
Merci le Service français de Radio Pékin, qui précise doctement : " Selon l'Acte constitutif de l'Unesco, les territoires ou groupes de territoires qui n'assument pas eux-mêmes la responsabilité de la conduite de leurs relations extérieures peuvent être admis comme membres associés par la Conférence générale. "
 
Sage disposition qui a permis à l'archipel européen de 18 îles et 40.000 habitants de se joindre aux associés qui l'ont précédé, à savoir Aruba, les Antilles néerlandaises, les Iles Caïman, les Iles Vierges, Tokelau (dans le Pacifique, trois îlots et 1.187 habitants), et … Macao. La dépêche chinoise a ceci d'intéressant que non seulement elle donne l'information, capitale pour enrichir le patrimoine culturel mondial de l'humanité, mais en même temps, elle est stimulante, car elle peut donner des idées et suggérer des initiatives tout aussi heureuses et novatrices. Que les pays adhérant à l'ONU soient de plein droit membres de l'Unesco, rien à redire, et que son institution spécialisée dans l'éducation et les sciences en compte une demi douzaine de plus eu égard à la diversité culturelle de notre brave petite planète bleue, rien que de très normal : l'auguste institution n'a-t-elle pas pour mandat de " contribuer au maintien de la paix et de la sécurité dans le monde en resserrant, par l'éducation, la science, la culture et la communication, la collaboration entre nations, afin d'assurer le respect universel de la justice, de la loi, des droits de l'homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion, que la Charte des Nations unies reconnaît à tous les peuples " ?
 
Il est donc tout naturel d'y retrouver St. Kitts et Nevis, St. Marin, St. Vincent et les Grenadines, les Iles Marshall et les Salomon, ou encore Kiribati, Nauru, Tuvalu et Tonga, pour accueillir leur nouvel associé, les Féroé, " connues pour l'intégrité des paysages, l'architecture traditionnelle et une identité culturelle marquée ". " Identité culturelle marquée… territoires qui n'assument pas eux-mêmes la responsabilité de leurs relations extérieures ", ça ne vous rappelle rien? D'accord, Macao y a bien sa place… Mais alors, pourquoi pas le Tibet ? Nul doute qu'il s'agit là d'un malencontreux oubli, que le ministre chinois des affaires étrangères (ce sont eux qui se chargent généralement de déposer la demande d'association à l'Unesco, au nom du pays qui exerce la tutelle) se fera un réel plaisir de réparer dans les meilleurs délais. Il est de notoriété publique - pour reprendre une formule chère aux porte-paroles de Pékin - que le Pays des Monts neigeux qui, comme chacun sait ou feint de le croire, " appartient à la Chine depuis la nuit des temps ", se prévaut sans ambiguïté d'une " identité culturelle marquée ", avec son architecture traditionnelle et ses paysages naguère intègres d'une beauté puissante, pour ne citer que ces traits saillants.

Son passé, son savoir ancestral, ses trésors artistiques, sa langue et son alphabet, ses us et coutumes, ce qui reste de son patrimoine qualifient amplement ce vaste territoire qu'on appelle " le toit du monde ", autant que Macao, pour entrer par la grande porte à l'Unesco.

Une idée en ce sens avait été lancée il y a environ une année, visant à l'inscrire au Patrimoine mondial, en vue d'apporter une " réponse magistrale et pacifique au problème posé par le statut de ce pays ". Intention on ne peut plus louable, mais qui l'a entendue en des temps où le tout économique l'emporte sur le tout politique, voire sur le respect des principes mêmes de l'ONU et de l'Unesco auxquels ont souscrit tous les membres de ces honorables institutions ? Faute d'un geste de véritable courage politique, l'Unesco qui revendique l'universalité culturelle s'honorerait de pareille audace…
 
Une ombre de taille entre New Delhi et Pékin
 
Au-delà cependant de ce qui peut paraître relever de l'anecdote, la realpolitik de plus en plus largement en vogue à travers le monde a de quoi laisser songeur. Comme si le Tibet n'était qu'un simple alibi, ou un cache-misère, selon les intérêts de l'instant - que l'on s'appelle Barack Obama ou Nicolas Sarkozy, sans oublier Manmohan Singh, voire Sonia Gandhi. Entre les deux mastodontes asiatiques qui se livrent sans cesse à des escarmouches plus ou moins feutrées masquant mal une rivalité croissante, le Tibet n'est plus l'Etat-tampon de naguère, mais une ombre gigantesque sur les relations entre New Delhi et Pékin. Et ces rapports ne sont pas au beau fixe, quand bien même la presse est plutôt discrète à ce propos.

Davantage que des bruits de bottes, ce sont des roulements de chars et le sourd vacarme d'une construction accélérée d'infrastructures militaires sur le toit du monde qui se font entendre au loin, tandis que le gouvernement indien joue apparemment la sérénité… tout en suspendant des chantiers frontaliers dès que les autorités chinoises manifestent leur mauvaise humeur.

Il ne suffit toutefois pas de laisser le Dalaï-lama répondre aux demandes des fidèles d'Arunachal Pradesh et d'ailleurs pour faire croire que l'Inde n'a pas à se soucier des intentions de sa nouvelle voisine au-delà de l'Himalaya - les intentions de cette dernière ne sont pas à l'abri de tout soupçon. Le Tibet et les Tibétains en ont fait et en font encore l'amère expérience, certains stratèges ou hauts fonctionnaires en Inde n'ont pas oublié l'expérience de 1962 et ne souhaitent pas qu'elle se renouvelle. Personne n'y a intérêt certes, à l'exception de ceux qui aimeraient bien allumer la mèche, et l'histoire indique qu'ils se laissent plus souvent qu'à leur tour enivrer par l'orgueil de la puissance, cette illusion pernicieuse qui monte si vite à la tête au point d'en ignorer les conséquences.
 
Prenant à rebrousse-poil l'antienne du déclin de l'influence occidentale, américaine en particulier, dans le monde et du rôle des démocraties en faveur des droits de l'homme, Wei Jingsheng, un vétéran de la dissidence chinoise, rappelait récemment à l'occasion de l'anniversaire de la chute du mur de Berlin : " Nous autres Chinois, nous étions découragés après le massacre du 4 juin à Tiananmen. Cette victoire des Européens de l'Est nous a fait l'effet d'un feu de camp dans les ténèbres, elle nous a encouragés et rendu espoir. " Certes, les temps changent lentement, et même si parfois l'horizon s'obscurcit et le ciel semble bas, le dernier mot revient toujours à la lumière. " L'humanité crie à l'aide, constatait naguère le Dalaï-lama. Notre temps est désespéré. Ceux qui ont quelque chose à offrir, qu'ils se manifestent. Il est grand temps… " En des temps encore plus reculés, un autre sage assurait : " C'est lorsqu'il n'y a plus d'espoir qu'il convient d'espérer. "

Newsletter Décembre 2009
mailto : claude.levenson@gmail.com


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Photo SL - capture Dailymotion - LeMonde.fr - montage SL

 
Accord UMP-PC chinois :
Le Député Lionnel Luca voit... rouge

24 Octobre 2009 - Nice Matin
 
" Xavier Bertrand, secrétaire général de l'UMP, a signé jeudi un protocole entre son parti et le Parti communiste chinois lors de sa visite à Pékin (...)"
 
Bertrand signe... Et Luca s'étrangle.

De colère. D'amertume, aussi.

Le député des Alpes-Maritimes, président du groupe d'études sur le Tibet à l'Assemblée nationale, se dit " complètement abasourdi " que son mouvement " s'acoquine à un parti totalitaire ". Et, dans un courrier adressé à Xavier Bertrand, il annonce sa décision " de se mettre en congé de l'UMP pour son fonctionnement interne ".

Lionnel Luca, député impétueux, ne mâche pas ses mots.

Comment avez-vous appris que Xavier Bertrand avait signé ce protocole ?

Franchement ? On m'a envoyé la dépêche de l'AFP et j'ai cru que c'était une mauvaise blague. Un bidouillage. Un canular sur Internet, c'est dire...

Et quand vous avez compris que c'était vrai...

Déjà, faire ça un 22 octobre, le jour de la lecture de la lettre de Guy Môquet dans les lycées, il fallait oser. Et pendant que Xavier Bertrand signait le protocole à Pékin, le même jour, trois Tibétains - deux hommes et une femme - étaient exécutés par l'armée chinoise pour leur rôle dans les émeutes de l'an dernier. Et je ne suis pas loin de penser que ce n'est pas une coïncidence de faire ça, ce jour-là. De ça, Xavier Bertrand n'en dit pas un mot. Les manifestations au Tibet n'avaient qu'une seule revendication : la liberté. Je suis écoeuré que mon parti soit du côté des tyrans et non des résistants.

" On va lui faire péter son protocole ! "

A quoi sert ce protocole ?

Il s'agit de resserrer les liens, de mieux travailler et échanger. Je crois rêver ! Ils se sont même promis une manifestation commune chaque année. Une fois en France, une fois en Chine. Même le PCF, dans ses rêves les plus fous, n'aurait pas imaginé un truc pareil !

En réaction, vous vous mettez en congé de l'UMP pour son fonctionnement interne, ce qui veut dire ?

Que je n'assure plus mes fonctions comme celle au Conseil national par exemple. Pour tout ce qui fait la machine UMP, je ne m'associe plus au fonctionnement du parti. C'est une grève passive. Un boycott. J'en ai marre, c'est vraiment n'importe quoi. En revanche je garde ma carte. D'abord parce que l'UMP, c'est... familial. Et parce que je ne suis pas certain que tous les membres du mouvement soient d'accord avec ce protocole, bien au contraire.

Vous êtes remonté...

Enfin ! On ne le fait même pas avec les conservateurs britanniques et on fait ça avec les communistes chinois. 60 millions de morts ! Oui, en colère, décontenancé. Et triste aussi, parce que ce n'est pas l'idée que je me fais de la politique. A l'époque, en prenant ma carte au RPR, je pensais qu'on était plutôt du côté de la résistance que du côté des collabos. Et moi je ne veux pas me déshonorer.

Vous comprenez Xavier Bertrand ?

Non. Je tombe des nues. Je peux comprendre la nécessité pour nous d'avoir des relations d'Etat à Etat avec la Chine, mais pas qu'on lui donne un brevet de bonne fréquentation. Là franchement, ça rime à quoi ? Qu'est-ce qu'on a à gagner ? Des chaussures pourries qui vous brûlent les pieds ?

Je suis étonné de ce qu'à fait Xavier Bertrand qui était un homme pour qui j'avais plutôt de la sympathie. Mais on va lui faire péter son protocole !

Qui avez-vous informé de votre décision ?

J'ai prévenu Copé, mon président de groupe. Et les députés du Groupe Tibet. On est 180, dont plus de 100 UMP quand même. Mais cela ne remet pas en cause mon soutien à Nicolas Sarkozy, qui restera dans l'histoire comme le seul président de la République à avoir rencontré officiellement le Dalaï-lama.

Votre décision est-elle révocable ?

Je veux marquer le coup. On verra comment ça va réagir.
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L'UMP Lionnel Luca :
" l'UMP est solidaire des tyrans chinois"

Vendredi 23 Octobre 2009 - Marianne - Gérald Andrieu
 
Le député UMP des Alpes-Maritimes et président du Groupe d'étude sur la question du Tibet n'a pas apprécié de voir son parti "s'acoquiner avec un parti totalitaire", le Parti communiste chinois. Dans un courrier adressé à Xavier Bertrand, il annonce "sa mise en congé de l'UMP".

Ça sentait la goutte d'eau, la goutte de trop. Et ça l'a été. Pour Lionnel Luca, député UMP des Alpes-Maritimes et défenseur de la cause tibétaine, l'annonce de la signature par Xavier Bertrand d'un protocole d'accord entre son parti et le Parti communiste chinois ne passe pas. Dans un courrier adressé au secrétaire général de l'UMP en date de ce vendredi, Lionnel Luca annonce " avec beaucoup de regrets mais également avec une entière certitude " vouloir " [prendre] congé de l'UMP pour son fonctionnement interne auquel [il] ne [saura] participer dans ces conditions". 

Certes, il prend soin de préciser que " cela ne remet nullement en cause [son] soutien au Président de la République qui restera dans l'histoire comme le seul Président de la République à avoir rencontré officiellement le Dalaï Lama ".

Mais Lionnel Luca n'est pas du genre à mâcher ses mots. Et il le prouve à nouveau lorsqu'il s'agit d'expliquer sa décision : " Si je peux comprendre, écrit-il, la nécessité pour la France d'avoir des relations d'Etat à Etat avec le grand pays qu'est la Chine, rien n'oblige un parti démocratique comme le nôtre à s'acoquiner avec un parti totalitaire, lui donnant ainsi un brevet de bonne fréquentation. "

Et d'ajouter à l'adresse de Xavier Bertrand : " Dans le même temps où vous étiez présent (en Chine, ndlr), trois Tibétains dont une femme ont été exécutés par l'armée chinoise à Lhassa pour leur participation aux manifestations de mars 2008 violemment réprimées ; elles font suite à 12 condamnations à mort prononcées à la suite des récentes manifestations dans le Si-Kiang. Toutes ces manifestations n'avaient qu'une revendication : la Liberté. Je suis triste que mon parti soit du côté des tyrans et non des résistants. Le Parti communiste chinois aura tôt ou tard à rendre des comptes à son peuple et devant l'Histoire. Qu'aurons-nous à dire à ce moment-là ? " 
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*** Lionnel Luca, député UMP des Alpes maritimes, président du groupe d'Etudes parlementaire sur le problème du Tibet, 
Assemblée nationale, Palais Bourbon, casier de la Poste .
75355 PARIS 07-SP
Lionnel Luca
lluca@assemblée-nationale.fr
Attachée parlementaire Marie Huteau :
mariehuteau@lionnel-luca.org
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L'UMP se jumelle avec les communistes chinois
 
Jeudi 22 Octobre 2009 - Marianne - Philippe Cohen et Sylvain Lapoix

A l'occasion d'une visite en Chine, Xavier Bertrand a signé un protocole entre l'UMP et le Parti populaire chinois. A quand les grandes fresques sur le Président Sarkozy sur les murs de Paris ? 

 
"Le vent d'Est l'emporte sur le vent d'Ouest !", avait coutume de dire Mao. En devenant parti-frère du Parti populaire chinois, l'UMP réalise enfin les prédictions du Grand Timonier ! A l'occasion d'une visite officielle du secrétaire général du parti présidentiel français, Xavier Bertrand a signé un protocole pour "une meilleure compréhension, une meilleure connaissance et beaucoup plus d'échanges" entre les deux formations politiques. Une façon de rattraper l'incident suite à la rencontre entre Nicolas Sarkozy et le Dalaï Lama en début d'année et un message fort envers le dissident UMP Lionnel Luca, soutien de la monarchie théocratique illégitime du Tibet, reclus sur la Côte d'Azur !
 
On a eu du mal à le croire. On a vérifié pour savoir s'il ne s'agissait pas d'un hoax. Mais non, c'est du béton, l'UMP se marie bien avec  le dernier parti totalitaire du monde (avec le PC nord-coréen), celui qui a dirigé la révolution culturelle et provoqué la mort de centaines de millions de Chinois.
 
Lou ravi qui a eu cette idée de génie, tout heureux d'avoir pris de vitesse le sinophilique Jean-Pierre Raffarin, a même fourni des précisions sur cet accord historique. Tous les deux ans, a-t-il promis, un événement donnera "un relief particulier" à ce protocole. On imagine le dilemme : que choisir, un défilé militaire signé Serge Dassault ? Une longue Marche des caissières de Carrefour ? Un défilé de majorettes conduit par Carla Bruni ?
 
Une chose est sûre : le secrétaire général de l'UMP était également là pour s'inspirer de la réussite du PCC. Il a ainsi visité l'école des cadres du parti qui compte 76 millions de membres afin de s'initier aux méthodes les plus modernes de recrutement et de formation des militants politiques. " Le quart de rouge c'est la boisson du Garde Rouge ", chantait Nino Ferrer dans les années 1970.
 
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Jacques Rogge et Liu Qi, maire de Pékin, lors de l'ouverveture des J.O. le 8 août 2008.
 
On comprend, enfin, pourquoi Jacques Rogge a fait la sourde oreille aux demandes réitérées
du "respect des Droits de l'Homme en Chine" durant les JO !
 
Un accord secret entre Jacques Rogge et la Chine pour que les J.O. soient attribués à Pékin

Mardi 20 octobre 2009 - Harold Thibault (Aujourd'hui la Chine)

Voila qui pourrait expliquer la ferveur avec laquelle le président du CIO a toujours défendu les Jeux de Pékin. La Chine et Jacques Rogge se sont entendus secrètement pour que Pékin obtienne les J.O. et que lui soit élu président du CIO, révèle l'ancien ministre chinois des sports. 

Jacques Rogge et Liu Qi, maire de Pékin, lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques le 8 août 2008
La Chine a passé un accord secret avec Jacques Rogge, président actuel du Comité International Olympique (CIO), pour s'assurer l'attribution des Jeux de Pékin, selon un livre du ministre chinois des sports de l'époque, Yuan Weimin, que s'est procuré le quotidien britannique Times.
 
L'ancien ministre y explique que M. Rogge a négocié avec lui pour s'assurer le vote des membres chinois du CIO lors de sa réunion de Moscou en 2001, au cours de laquelle il devait attribuer les Jeux d'été de 2008 et élire un nouveau président.
 
Le livre, intitulé "Yuan Weimin et les vents et nuages du sport international" révèle comment Pékin a réussi à se mettre des votes de membres européens du CIO dans la poche, alors que ces derniers étaient plus susceptibles de voter pour Istanbul ou Paris.
 
"Bien que n'ayant pas de contrat écrit avec Rogge nous avions un accord privé" écrit Yuan, selon le Times.
 
Yuan explique que lui et le maire de Pékin Liu Qi ont eu un rendez-vous avec M. Rogge dans un appartement d'un centre de conférences de Genève à l'approche de la réunion de Moscou. Rogge aurait alors dit que l'une des raisons pour lesquelles il soutiendrait la candidature de Pékin était qu'en cas d'attribution des J.O. de 2008 à Paris, cela serait mauvais pour sa propre campagne à l'intérieur du CIO. La rencontre était une initiative de Li Lanqing, alors membre du Comité Permanent du Bureau Politique du PCC, la plus haute instance politique de Chine, selon l'ancien ministre.
 
"Nous avons expliqué à Rogge que nous espérions que (lui) et ses amis soutiendraient Pékin. Rogge a dit qu'il espérait que les trois délégués chinois du CIO et les amis de la Chine le soutiendraient" écrit Yuan Weimin, selon le Times. "Rogge m'a dit qu'il m'était très reconnaissant de le soutenir dans sa campagne pour être président et qu'il soutiendrait complètement la candidature chinoise aux Jeux Olympiques", poursuit-il.
 
"Mais il espérait que la Chine comprendrait qu'il ne puisse pas exprimer sa position et son opinion (publiquement) parce qu'il était président du Comité Olympique Européen et que Paris et Istanbul étaient en Europe - mais que malgré cela il travaillerait pour Pékin".
 
L'ancien ministre révèle dans le livre que la Chine a promis qu'elle persuaderait ses amis de soutenir Rogge et qu'en retour Rogge s'était engagé à gagner le soutien des membres européens du CIO.
 
Le plan du Bureau permanent a failli vaciller lorsque l'un des délégués chinois au CIO s'est montré enclin à voter pour un autre candidat à la présidence, le Sud-Coréen Kim Un-yong. Furieux, les dirigeants chinois auraient alors donné l'ordre aux trois Chinois du CIO de voter pour Rogge. Finalement, Pékin s'était vue attribuer le 13 mai 2001 et Jacques Rogge avait été élu président 3 jours plus tard.

Un porte-parole de M. Rogge a répondu au quotidien londonien que le président du CIO avait été élu par une large majorité et que toute insinuation que des accords auraient été passés est complètement fausse.
 
A l'époque, et jusqu'à la tenue des Jeux, le choix du Comité Olympique d'attribuer les Jeux à Pékin avait été critiqué au regard du bilan de la Chine en matière de droits humains.
 
A plusieurs reprises, M. Rogge avait défendu son choix. "Au moment de la candidature à Moscou en 2001, un membre dirigeant du Comité de candidature (de Pékin) a dit qu'attribuer les Jeux à Pékin ferait avancer l'agenda social de la Chine, dont les droits de l'Homme. C'est ce que j'appelle un engagement moral" avait par exemple expliqué M. Rogge au printemps 2008, à quelques mois des J.O, sur CNN.
 
Jacques Rogge a été réélu président du CIO pour 4 ans vendredi 9 octobre dernier après avoir été le seul candidat à sa succession.
 
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Claude B. Levenson 
 
Octobre 2009
 
Tibet on t'aime, Washington non plus...

Les grands titres de l'actualité qui se bousculent à la une de la presse et occupent le devant des journaux télévisés ont tendance à laisser dans l'ombre des informations souvent révélatrices. Ainsi, rien que depuis début octobre, plusieurs sources tibétaines ont permis de confirmer l'arrestation d'un certain nombre de Tibétains qui avaient participé le 7 juin à une cérémonie d'offrande d'encens à l'occasion de Saka Dawa (une fête d'importance capitale du calendrier tibétain), quelques-uns ont été relâchés, mais familles et proches sont toujours sans nouvelle d'autres participants. Par ailleurs, les responsables du monastère de Pangsa sont également sans nouvelle ni information d'une dizaine de moines arrêtés lors des protestations de mars 2008. D'autres renseignements reçus début octobre confirment qu'une doctoresse tibétaine à la retraite a été condamnée en novembre 2008 à 15 ans de prison sous l'accusation d'avoir " passé des secrets d'Etat à l'étranger " lors des manifestations du printemps 2008.

Elle purge sa peine de travaux forcés dans un centre près de Lhassa, sans avoir été autorisée à voir quiconque de ses proches depuis sa détention et sans avocat lors du procès…
 
Et afin de ne pas oublier qu'une " bonne " nouvelle peut tenter d'en cacher une autre bien moins réjouissante, l'agence officielle chinoise annonçait le 4 octobre que près de 3 millions d'hectares de prairie de la réserve des Trois rivières (Dri-chu, Ma-chu et Za-chu, soit le Yangtsé, le Fleuve jaune et le Mékong, entre Kham et Amdo) avaient été " écologiquement réhabilités " au cours des quatre dernières années. Pas un mot en revanche des restrictions imposées dans ce louable but à des dizaines de milliers de nomades tibétains dont c'était naguère le terrain de transhumance depuis des siècles, désormais sédentarisés de force dans les nouveaux " villages socialistes " où, privés de leurs bêtes et sans possibilités d'activités de substitution, ils semblent voués à une mort aussi lente que certaine. Toute comparaison avec le sort naguère réservé aux peuples indiens des Amériques serait oiseuse ou fortuite, voire taxée de malveillance.

Quant au Nobel surprise attribué au fringant président américain, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il était inattendu et qu'il n'a pas suscité que de l'enthousiasme jusque parmi ses plus ardents partisans. Des commentateurs, y compris américains (et de tout bord) s'étonnent de la promptitude d'un prix couronnant certes de belles intentions, mais bien peu de concret. Bien sûr, l'heureux lauréat n'est qu'en début de mandat, même si d'aucuns se disent qu'une candidature déposée à la hâte juste avant la clôture des listes de proposition et à peine onze jours après son entrée à la Maison Blanche, c'est aller un peu vite en besogne.
 
Le fait que le nouveau président du Comité Nobel de la paix soit parallèlement et depuis peu secrétaire du Conseil de l'Europe peut donner à penser que le brave homme n'avait guère envie de se mettre à dos Moscou pas plus que Pékin. Or, l'association russe " Mémorial " et le dissident Hu Jia (au nom de tous les autres, et ils sont nombreux à languir dans les geôles chinoises souvent sans même que l'on sache leurs noms ou les accusations qui pèsent sur eux) étaient cités comme favoris pour le prix de cette année. De quoi regretter le discrédit ainsi jeté sur une récompense prestigieuse, gaspillée pour un lauréat qui n'en demandait pas tant ni n'en avait besoin - ce qui fait dire à un blogueur américain que cette bévue pourrait bien signaler le début de la fin d'un certain rêve américain de pays protecteur pur et dur des libertés fondamentales.

Il semble difficile de ne pas percevoir une contradiction évidente entre de belles paroles et des faits pratiques - nombre d'analystes n'ont pas manqué de relever le report par la Maison Blanche de la rencontre envisagée entre Barack Obama et le Dalaï-lama justement de passage à Washington, et certains responsables tibétains ont eu du mal à masquer leur déconvenue tandis que Pékin ne cachait pas sa satisfaction. Sortant de sa réserve coutumière, seul Samdong Rimpoché, chef de l'administration en exil, a constaté publiquement que comme tant d'autres, le président américain choisissait l'apaisement vis-à-vis de la Chine.
 
Dame, quand une bonne partie de la dette américaine est en mains chinoises, on le comprendrait à moins… Il n'empêche : ce que l'on appelle aujourd'hui en politique un " signal " lancé en direction d'un partenaire (ou d'un adversaire) est en l'occurrence un signe qui laisse mal augurer de la place concédée dorénavant à la défense des libertés et des droits de l'homme par une administration américaine plus préoccupée (comme tant d'autres !) par des soucis économico-financiers et d'une relance convoitée pour sortir de la crise d'un capitalisme débridé.
 
De l'autre côté de la planète, entre l'Inde et la Chine, en dépit des protestations de bonne foi et de bonne volonté réciproques, la tension monte le long de la frontière, avec déploiement de troupes à la clef. Des frictions sont évitées de justesse du côté du Ladakh et les responsables chinois voient rouge à l'idée de la visite annoncée du Dalaï-lama en Arunachal Pradesh, au monastère de Tawang où était né le VIème dalaï-lama… Pendant ce temps, au Népal, les nouvelles autorités mènent la vie dure aux réfugiés tibétains, de plus en plus surveillés et restreints dans leurs activités, alors que le gouvernement népalais a demandé à Pékin la prolongation de la voie ferrée de Lhassa à Katmandou, afin de favoriser les échanges entre les deux pays. Pourtant, dans les campagnes népalaises, la grogne monte devant les intrusions chinoises, l'ouverture de routes nouvelles menaçant directement le mode de vie et les conditions de travail des populations locales.
 
Dans le contexte actuel, tout cela ne signifie nullement qu'on se croise désormais les bras, car on ne saurait oublier que d'autres affrontent les autocrates à mains nues : ils résistent aux pires épreuves, et quand on les entend, on n'en finit pas de s'interroger - comment font-ils? Impossible de ne pas les soutenir par une solidarité agissante, aussi modeste soit-elle.
Naguère, lorsque le continent latino-américain était le théâtre favori des dictateurs, des amis comparaient, en guise d'humour trop souvent noir, les dictaduras et les dictablandas (soit dictadure contre dictadouce ?).
 
L'actuelle variante en vogue chez les héritiers du Céleste empire ressemble de plus en plus à une forme exemplaire de la première variété - raison suffisante de ne pas rendre les armes. Les graines de démocratie prennent du temps à éclore, mais elles ont été semées, reste à les cultiver et les arroser - sans jamais oublier qu'il n'est rien de permanent, sinon le changement…
 
Newsletter Octobre 2009
mailto :
claude.levenson@gmail.com
 
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Le Népal s'apprête à déployer une force de police à sa frontière tibétaine
 
5 octobre 2009 - Treck Magazine Anthony Nicolazzi
 
Selon Anthony Nicolazzi, le Népal s'apprête à déployer une force de police à sa frontière tibétaine, selon Bhim Rawal, le ministre de l'Intérieur népalais, cité par l'AFP (lire la dépêche originale en anglais). Si le ministre se défend d'agir sous la pression de la Chine, cette annonce intervient au lendemain de l'arrestation, par la police népalaise, de 80 militants tibétains, qui manifestaient jeudi devant l'ambassade de Chine à Katmandou, à l'occasion des 60 ans de la république populaire de Chine.
 
"Nous envisageons de déployer l'APF (Armed Police Force) à différents points le long de la frontière" a ajouté M. Rawal. "Nous avons déjà déployé nos forces de sécurité le long de la frontière indo-népalaise. Il est clair que la sécurité de nos frontières est d'un intérêt national. Nous devons consacrer tous nos efforts à rendre notre frontière sûre et efficace".
 
Plusieurs milliers de Tibétains franchissent chaque année la frontière népalaise pour fuir la politique d'intégration chinoise à l'égard du peuple tibétain. Le 30 septembre 2006, un groupe de Tibétains qui fuyaient au Népal en passant par le col de Nangpa La et le Solukhumbu avait essuyé les tirs de la Police Populaire Armée (PAP) chinoise, chargée de la sécurité des frontières chinoises. Une nonne de 17 ans avait été tuée.
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Le Tibet de nouveau fermé aux touristes étrangers

22 septembre 2009 - La Presse Canadienne

Pékin - Le gouvernement chinois a de nouveau fermé le Tibet aux touristes étrangers, dans la perspective du 60ème anniversaire de la Chine populaire, a indiqué mardi un responsable du tourisme, alors que des mesures de sécurité renforcées sont prises partout pour éviter des incidents pendant les célébrations.

Tan Lin, du bureau du tourisme du Tibet, précise que l'interdiction est entrée en vigueur ce mardi, mais ne s'applique pas à ceux qui sont déjà sur place.

La Chine a imposé des mesures de sécurité telles que l'interdiction de la vente de poignards dans les grands magasins Carrefour, après deux attaques au couteau place Tiananmen la semaine dernière, d'après les médias locaux. D'après une responsable du magasin du Grand Hôtel de Lhassa, l'interdiction s'applique jusqu'au 8 octobre prochain.
 
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Tsewang Dondrup montre ses blessures
lors d'une conférence de presse à Dharamsala
le 28 mai (Abhishek Madukhar/Reuters)
 
Tsewang Dondrup, une histoire tibétaine en exil
 
Mardi  8 septembre 2009 - Alexandre Marchand (Etudiant en journalisme) - Rue 89
 
Dharamsala - Accrochée aux contreforts des Lower Himalayas, Dharamsala (Himachal Pradesh) est une agréable station de montagne dans laquelle débarquent des flots continus de touristes et de hippies. Mais de cette foule vêtue à l'occidentale surgissent ça et là des teintes ocre et mauve. Les moines tibétains sont là pour rappeler au voyageur, si besoin en est, qu'il se trouve au centre de la communauté tibétaine en Inde.

Il y a cinquante ans cette année, le Dalaï-lama s'enfuyait de Lhassa, capitale tibétaine, entraînant dans son sillage des foules d'exilés volontaires. L'hémorragie n'a jamais cessé depuis. Aujourd'hui encore des Tibétains continuent de prendre le chemin de l'Inde pour échapper à la présence chinoise. Tsewang Dondrup est un de ceux-là.

Coincée entre deux échoppes, l'entrée sombre du centre pour les réfugiés tibétains est peu engageante. C'est ici, dans une triste chambre sentant le feu de bois, que réside Tsewang depuis son arrivée en Inde il y a trois mois et demi. Dehors, la pluie martèle les vitres et des torrents d'eaux dévalent les rues pentues. Petit homme vif au visage rond et au teint hâlé, Tsewang est vêtu d'une polaire rouge, son bras gauche en écharpe. La voix chargée de colère, il entame son récit.

Fermier dans la province de Kham (est du Tibet), Tsewang se joint en ce 24 mai 2008 à une manifestation pacifique spontanée en faveur des droits de l'Homme dans la ville de Tihoe. Seules armes des participants : des slogans, que ce soit parce que " Sa Sainteté [le Dalaï-lama] interdit l'usage de la violence " ou, sur un plan plus pratique, parce que les Chinois ont entrepris de confisquer tout objet susceptible de servir d'armes.

Face au groupe, près de 200 policiers et soldats chinois. Ayant d'abord vainement tenté de disperser les manifestants à coups de barres de fer, la police se met à tirer dans la foule.

Fuite à dos de moto

Non loin de lui un jeune moine s'effondre, incapable de se relever. Tsewang se jette à sa rescousse en le traînant par le bras. Rejoint par un autre homme, ils commencent à déplacer le moine. C'est à ce moment-là qu'il reçoit une balle dans le dos dans la région du rein. Balle vite suivie par une autre qui lui traverse l'avant-bras dans toute sa longueur (le curieux angle de ses os atteste de l'irréversibilité des dommages). Il perd connaissance et tombe. Les manifestants le mettent sur une moto où deux hommes prennent son corps en sandwich et démarrent immédiatement.

Après une halte de deux heures dans un village voisin, le temps de panser tant bien que mal les blessures afin de réduire l'hémorragie, il faut continuer à fuir. Les deux motocyclistes ainsi que deux autres hommes du village prirent sur eux de le mettre sur un brancard et de le transporter dans les montagnes. Il raconte : " Le trajet fut très douloureux car mes blessures étaient très mauvaises et le terrain très accidenté. "

Avançant uniquement de nuit, sans lumière, se cachant dans les forêts en journée, le convoi marcha ainsi pendant six jours.

Mis sur la liste des " personnes les plus recherchées " par les autorités chinoises, Tsewang se vit privé de toute possibilité de retour à la vie normale. Commença ainsi son long séjour dans les montagnes en compagnie de ses quatre sauveurs (trois dont il ne peut révéler les noms car ils vivent toujours au Tibet). Afin d'éviter de se faire repérer, la troupe changeait régulièrement d'emplacement, vaguant de grottes en forêts.

Les tsampas (galettes faites de farine d'orge), cuites la nuit, constituèrent l'alimentation de base des cinq hommes pendant tout ce temps. A tour de rôle, chacun de ses compagnons retournait au village pour un temps afin d'éviter d'éveiller des soupçons et d'amasser de la nourriture et des médicaments. Coûteux, ces derniers étaient payés par des villageois au courant de la présence et de l'état du fuyard. Pendant six mois, Tsewang resta ainsi allongé sur le dos, se rétablissant douloureusement.

Une " seconde mort ", quitter le Tibet

Malgré les rigueurs du climat et un traitement médical assez sommaire, Tsewang réussit à survivre animé, dit-il, " par la volonté de raconter son histoire au monde ". Au bout d'un an et deux mois, se sentant suffisamment fort il prit la décision, sa " seconde mort ", de quitter le Tibet pour l'Inde.

Avec un de ses compagnons d'infortune, Lobsang Samten, ils rejoignirent Lhassa où, de là, ils traversèrent l'Himalaya avec l'aide d'un passeur. Trois semaines furent ainsi nécessaires pour atteindre leur havre, le Népal, où ils furent pris en charge par les autorités tibétaines en exil.

Homme simple, sans éducation, Tsewang sait les risques qu'il prend en racontant son histoire, surtout vis-à-vis de sa famille restée au Tibet. Mais son récit ne lui appartient pas, c'est celui de ces personnes qui l'ont aidé à travers ces épreuves, celui de ceux qui vivent toujours cachés dans la nature, celui de toute une communauté. Dans les rues de Dharamsala, la pluie continue de tomber, drue.
 
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Les Sénateurs français exhortent Pékin d'accorder au Tibet une autonomie réelle

Samedi 5 septembre 2009 - Tibet.net (site officiel du Gouvernement tibétain en exil)

 
"La délégation du Parlement français presse le Gouvernement chinois de mettre réellement en application au Tibet les dispositions en matière d'autonomie régionale des ''nationalités''(2) inscrites dans la Constitution chinoise.

A Pékin, lors d'une 8ème rencontre sino-tibétaine (début nov. 2008), les Représentants de Sa Sainteté le Dalaï-lama avaient présenté au Gouvernement chinois un ''Memorandum pour une Autonomie réelle du Peuple tibétain''(4). Le Memorandum insiste sur la nécessité de voir préservés l'unité de la nationalité tibétaine et son patrimoine riche et unique (sur les plans historique, culturel, linguistique, spirituel, etc.). Ce texte considère que la mise en application effective de ce que prévoit théoriquement la Constitution chinoise pour les ''minorités''(2) permettrait de répondre aux principales aspirations des Tibétains.

" En France, parfois les avis divergent au Sénat sur des questions qui nous sont soumises, mais quand il s'agit des Tibétains les Parlementaires restent unanimes dans leur attitude et dans le souci qu'ils ont du problème du Tibet " a déclaré le Sénateur Humbert(1) aux médias internationaux et locaux.

" Notre présence à Dharamsala symbolise la solidarité du Peuple français et son soutien envers le Peuple tibétain. Notre visite ne vise aucunement à porter atteinte aux sentiments du Peuple chinois ", affirmait le Sénateur Humbert.

Il a ajouté qu'ils n'étaient pas du tout ennemis de la Chine et qu'ils ne cherchaient pas à lui infliger une défaite, mais " ce que nous voulons dire au Pouvoir chinois, c'est que ce qui se passe actuellement au Tibet est inacceptable ".

Le Sénateur Humbert a mis l'accent sur le fait que  le problème du Tibet n'est pas une question de politique intérieure chinoise, et qu'au contraire il figure parmi les préoccupations les plus fortes de toute la Communauté internationale.

Il a déclaré que le Peuple français considère l'avenir du Tibet, comme un problème très important, mettant en jeu la survie même d'une civilisation unique, et que les Français sont admiratifs du Peuple tibétain pour sa lutte non-violente d'émancipation.

"Cette visite à Dharamsala nous a permis de parfaire et d'enrichir notre approche de la question du Tibet. Nous allons maintenant faire en sorte de communiquer l'information à la population française", a-t'il ajouté.

Le Sénateur Thierry Repentin a fortement incité les Parlementaires du monde entier à se rendre au Tibet pour prendre vraiment conscience de tout ce que peut endurer le Peuple tibétain sous le régime répressif instauré par Pékin. Il a précisé que le Parlement français avait déjà voté trois résolutions sur le Tibet et que les Parlementaires continuaient à se préoccuper fortement du problème du Tibet en se tenant informés de la situation.

Les Sénateurs français (1)  vont rencontrer Sa Sainteté le Dalaï Lama à New Delhi le 5 septembre 2009."
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Notes du traducteur :
1. Les Sénateurs de la délégation parlementaire française en visite à Dharamsala auprès de la Communauté tibétaine: le Sénateur Jean-François Humbert (UMP, Président du Groupe d'information sur le TIBET; région Franche Comté (Est de la France)); le Sénateur Thierry Repentin (Parti Socialiste, Groupe Tibet); la Sénatrice Jacqueline Panis (UMP, Groupe Tibet). Sénat / Groupe d'information internationale sur le TIBET: www.senat.fr/ga/ga_tibet/index.html
2. ''Nationalités, minorités'' : en dehors de l' ''ethnie Han'', le Pouvoir chinois reconnaît 55 groupes ethniques - dits ''Minorités'' (dont les Tibétains) - tous sensés faire partie intégrante de la R.P. de Chine. Sa Constitution leur accorde certains droits... surtout sur le papier. L'ethnie Han, dite majoritaire en RPC, est en réalité un patchwork de ''minorités'' de langues et de cultures très diverses: cf. article " Cent façons ou presque d'être Chinois " : www.courrierinternational.com/article/2009/08/01/cent-facons-ou-presque-d-etre-chinois

3. Démocratie : la Communauté tibétaine en exil est régie par un système démocratique instauré par le Dalaï Lama depuis les premières années de son exil forcé en Inde, avec une nette séparation des Pouvoirs :
Exécutif : assuré par le Gouvernement tibétain en exil composé de plusieurs Ministres (Ministre se dit Kalon en tib.) dirigé par un Premier Ministre (élu tous les 5 ans par tous les exilés dans le monde entier; poste occupé par le Professeur Samdhong Rinpoche; élections en 2011; Premier Ministre = Kalon Tripa en tib.). Le Premier Ministre est assez méconnu au niveau international - alors que le Dalaï lama lui a délégué le pouvoir politique - car à ce jour aucun pays n'a eu le courage de reconnaître le Gouvernement tibétain en exil.

" NB : le 6 juillet 2000, le Parlement européen votait une résolution invitant les "gouvernements des États membres à examiner sérieusement la possibilité de reconnaître le gouvernement tibétain en exil comme représentant légitime du peuple tibétain si, dans un délai de trois ans, les autorités de Pékin et le gouvernement tibétain en exil n'étaient pas parvenus à un accord sur un nouveau statut pour le Tibet par le biais de négociations organisées sous l'égide du Secrétaire général des Nations unies".

" Au terme de l'échéance, en juillet 2003, il était attendu que le Parlement européen fasse le bilan des objectifs fixés et reformule en conséquence ses recommandations dans le cadre d'une nouvelle résolution. Cela n'a pas été le cas. Pourtant, la mise en oeuvre de cette résolution est aujourd'hui plus que jamais justifiée.: cf. extrait de la Campagne Tibet-Europe (
www.tibet-europe.eu/). La France devrait donner le ton !

Législatif : 43 députés élus par les exilés tibétains tous les 5 ans (le Dalaï lama n'exerce pas l'option qui lui permet de désigner 3 députés supplémentaires: il veut que les Tibétains prennent en charge leur propre destin);

Judiciaire : en Inde, les Tibétains traitent d'affaires civiles spécifiques; le reste incombe à la Justice indienne.

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Claude B. Levenson 
 
Septembre 2009

 
Tibet, la résistance au coeur

Le Dalaï-lama à Taiwan - une visite-surprise, inattendue, et qui en a pris plus d'un au dépourvu, suscitant même une controverse passagère sur place. Mais celle-ci avait à voir essentiellement avec la politique intérieure de Taipeh, dans la mesure où l'invitation émanait de l'opposition peu favorable au rapprochement trop appuyé du président Ma de la Chine continentale. Pékin a d'ailleurs parfaitement saisi les intentions de chacun, en se montrant inhabituellement modéré dans ses protestations dirigées davantage vers les initiateurs de la visite que vers un président taïwanais navigant si bas dans les sondages qu'un refus d'accéder à la demande d'approbation de visa n'aurait en rien arrangé ses affaires.
 
A l'évidence, la sagesse du leader tibétain n'a pas été prise en défaut, lui qui, en répondant favorablement à l'invitation, s'est empressé de préciser haut et clair que ce voyage avait pour but unique de réconforter les familles endeuillées après le passage d'un cyclone meurtrier d'une rare violence et de prier avec elles pour le repos des disparus. Et comme à l'ordinaire, le Dalaï-lama s'en est tenu à sa promesse, se contentant à l'occasion de constater devant une poignée de contestataires combien ils avaient de la chance de vivre en démocratie et d'être libres de s'exprimer. Magistrale leçon de droiture et de compassion, soit dit en passant, qui devrait donner à réfléchir à bien des responsables d'un monde ne tournant pas tous les jours très rond.
 
A la fin du voyage, il se dégage sans nul doute un sentiment de gratitude de tous ceux
- et ils étaient nombreux - qui ont bénéficié de cette Présence, mais peut-être aussi des réflexions à en tirer. Ainsi donc, le Dalaï-lama a passé quelques jours en un territoire bruyamment revendiqué comme sien par Pékin qui ne se gêne pas pour l'ostraciser, et le ciel n'est pas (encore ?) tombé sur la Cité interdite ? Serait-ce que le temps est enfin venu de voir en ce pèlerin pas tout à fait comme les autres un authentique facteur de paix plutôt qu'un méchant fauteur de troubles ? Au moment où le Turkestan oriental s'enflamme à nouveau et qu'Ouroumchi quadrillé par l'armée fait écho à Lhassa il n'y a guère, la question n'est pas forcément impertinente.
Sédentarisation, alcoolisme et Potala. Car pendant ce temps, au Tibet comme dans les enclaves tibétaines qui persistent à demeurer elles-mêmes au Kham et en Amdo, il se passe des choses qui éveillent fort peu d'intérêt et ne font pas les grands titres de l'actualité internationale. Par exemple, qui prête attention au drame silencieux que vivent les nomades en voie de sédentarisation forcée ? Plus de 50.000 d'entre eux viennent d'être délogés du " parc naturel " autour des sources du Fleuve jaune, du Yangtsé et du Mékong - sous prétexte de surpâturage qui mettrait en péril l'équilibre écologique des lieux, alors que pasteurs et bergers tibétains ont de tout temps été les meilleurs gardiens de ce fragile environnement. Un vaste programme de relocation a été lancé en octobre 2008, prévoyant la sédentarisation dans les cinq ans de près d'un demi million de nomades au Séchouan…
 
Ou encore, cet encouragement aussi insidieux qu'officiel à la boisson dans les villes et les nouveaux villages " socialistes " : avec l'apparition de promotions tapageuses pour la bière et autres breuvages, l'alcoolisme va croissant parmi les jeunes générations et les laissés pour-compte marginalisés chez eux, au point qu'un fonctionnaire chinois, maire adjoint de Lhassa, Chen Zhi Chan, déclare tout de go à un journaliste indien de passage dans la capitale tibétaine à l'occasion de la fête de Choeton, rebaptisée d'autorité ' du yaourt' : " Boire est dans la nature des Tibétains, c'est une espèce de culture locale. La bière tibétaine est à base d'orge, c'est une manière de stimuler l'économie locale ". Ah bon ? Ce qui n'empêche pas le journaliste de relever que tandis que visiteurs et touristes boivent jusqu'à plus soif, les Tibétains, eux, se pressent du côté du monastère de Drépung pour assister au déploiement du grand thangka de Bouddha, élément fondamental de la fête.Autre nouvelle passée inaperçue, pourtant claironnée par Chine nouvelle, l'achèvement " avec succès " (bien entendu !) des travaux de rénovation de " trois reliques du patrimoine tibétain - les palais d'hiver et d'été à Lhassa, et le monastère de Sakya ".
 
Mais ce qu'omet de dire l'agence officielle chinoise et que relève le Times of India, c'est que le Potala et le Norbulingka sont devenus des musées, des coquilles vides sans âme, et qu'il est vain de chercher au Potala la moindre image du XIVe Dalaï-lama… Sans doute les adeptes bien pensants de la modernisation et du développement du Tibet seront-ils ravis d'apprendre qu'il est question de creuser un tunnel d'accès souterrain au Potala, " pour alléger la circulation et faciliter le parcours des pèlerins "…
 
Et qui donc a relayé la protestation silencieuse d'une Tibétaine et de ses enfants devant le commissariat de police d'un village près de Chamdo pour demander la libération de son mari arrêté le 27 juin pour n'avoir pas donné suite aux ordres d'application d'une nouvelle " campagne de rééducation patriotique " au monastère de Pema dans le district dont il était responsable ? Tans d'autres informations si quotidiennes qu'elles vont se perdre dans un marais de routine, comme si le sort des uns laissait indifférents tous les autres… Même le témoignage poignant d'un moine de Labrang, passé clandestinement en vidéo, n'a guère éveillé d'écho - il rappelle pourtant " aux Nations unies et à la communauté internationale qu'elles ont l'obligation morale de parler au nom du peuple tibétain à l'intérieur du Tibet qui vit dans une peur constante et endure une sévère répression ". Est-ce ainsi que les hommes vivent ?, s'interrogeait un jour un poète…D'autres nouvelles passent elles aussi, sans qu'il leur soit réellement prêté attention - cette sourde tension qui monte insidieusement entre New Delhi et Pékin autour du vieux monastère de Tawang et de la revendication chinoise affichée ouvertement sur l'Arunachal Pradesh, ou cette brusque flambée de violence du côté de Kokang à la frontière septentrionale de la Birmanie avec la Chine, au grand déplaisir de Pékin qui demande à la junte de prendre les mesures adéquates pour protéger les citoyens chinois. Et ce rappel de l'injustice faite à Aung San Suu Kyi qui résiste en faisant appel de son inique condamnation, alors qu'une rumeur circule que les moines birmans en ont assez de la mauvaise conduite des généraux. Quant aux grands de ce monde, ils sont apparemment aux abonnés absents, ou en vacances, ou ils regardent ailleurs, englués dans des soucis plus urgents, et surtout ne pas faire de vagues, ne pas faire de peine aux autocrates en place où que ce soit, maîtres chez eux comme le veut la bienséance diplomatique internationale. Comme s'ils étaient sourds à cette autre rumeur qui court, résister, désobéir, ne pas se croiser les bras devant l'intolérable…
 
Car au loin, là-haut, brille une flamme, celle du Tibet.
 
 
Newsletter septembre 2009
mailto : claude.levenson@gmail.com

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De la gauche vers la droite :
Wang Lequan, Li Dezhu, Zhang Qingli, Liang Guanglie.
 
Les dirigeants Chinois accusés par la justice espagnole
de la répression lors du soulèvement
du peuple Tibétain de mars 2008.
 
 
La Chine adresse par écrit des menaces à l'Espagne,
au sujet du Tibet
 
Quant à la Cour espagnole, dans sa poursuite pénale contre les dirigeants chinois, elle ajoute le carnage de Nangpala ...  

Vendredi 21 août 2009 - Communauté Tibétaine de France 

 
Dharamsala, le 21 août 2009, la Chine a rejeté la demande judiciaire concernant les dirigeants chinois, qui doivent comparaître devant la Cour espagnole pour " les crimes contre le Peuple Tibétain ". Par ailleurs, la Chine a répliqué en demandant au gouvernement espagnol d'arrêter l'enquête et en la qualifiant de " faux procès ".

L'ambassade de Chine en Espagne, dans ses premières réponses écrites aux poursuites pénales la concernant, a dit que l'Espagne a violé " les principes de base d'une juridiction d'Etat et de l'immunité établie par le Droit International, et que l'assistance judiciaire n'est pas couverte par le Traité concernant les Affaires criminelles entre la Chine et l'Espagne ".
 
La Chine a dit qu'elle "refuse avec fermeté toute demande de l'assistance judiciaire concernant le procès, et elle demande à l'Espagne d'assumer ses responsabilités face au Droit international, et d'adopter des mesures immédiates et effectives pour empêcher une quelconque violation du Traité par l'assistance judiciaire dans les Affaires criminelles entre la Chine et l'Espagne, et donc de mettre un terme à la poursuite pénale contre la Chine aussi vite que possible ".

L'ambassade de Chine à Madrid a également retourné la commission rogatoire délivré par le Ministère espagnol de la Justice pour que les dirigeants chinois puissent témoigner devant la Cour.
 
Les Tribunaux nationaux espagnols, lesquels traitent des cas de crimes contre l'humanité et de génocide, ont accepté d'entendre une poursuite pénale engagée le 9 juillet 2008, par un Groupe de soutien au Tibet. Cela a été admis en vertu des principes de la compétence universelle, que le système judiciaire espagnol a adopté en 2005, et sous lesquels les Tribunaux espagnols peuvent entendre des Affaires concernant le génocide et les crimes contre l'humanité où que cela soit commis, et quelque soit la nationalité du défendeur.

Le Juge espagnol, Monsieur Santiago Pedraz a informé le 5 mai dernier le Ministère chinois de la Justice de la poursuite pénale devant la Haute Cour d'Espagne, contre huit dirigeants chinois, dont le Secrétaire du Parti pour " la Région Autonome du Tibet " Zhang Qingli, en rapport avec la répression du gouvernement chinois sur les manifestants tibétains depuis mars 2008.

Le Juge Monsieur Pedraz a demandé en mai, à la Chine, d'interroger les défendeurs chinois en Chine, au cas où ils refusent de venir en Espagne. Un représentant de l'ambassade chinoise à Madrid, selon des sources fiables à Madrid, aurait indiqué dans des échanges verbaux avec les officiels espagnols, que le Juge Pedraz serait arrêté s'il se rendait en Chine.

Les procès concernant le Tibet, affrontent des menaces depuis qu'une résolution du Congrès espagnol, a adopté le 19 mai, de limiter les compétences juridictionnelles des Juges aux Affaires dans lesquelles, il y aurait un lien espagnol clair.

En dépit des manœuvres politiques et de la pression continue de la Chine, le Juge Monsieur Pedraz a récemment annoncé l'extension de l'un des procès concernant le Tibet, qui inclura l'enquête sur la fusillade du 30 septembre 2006 à Nangpala, par les forces des gardes frontière. Ce qui a entrainé la mort de la none Kelsang Namtso, âgée de 17 ans, au moment où, ils essayaient de traverser la frontière du Tibet et du Népal.
 
Le Juge Monsieur Pedraz a demandé le 14 juillet au gouvernement indien, un visa afin d'interroger les témoins tibétains de la fusillade de Nangpala. Un Alpiniste américain, Luiz Benitez qui a vu abattre fatalement la none Kelsang Namtso , celle-ci avec soixante quatorze autres tibétains incluant des nones, des moines, et des enfants fuyaient le Tibet, par le passage du col de Nangpala ; l'alpiniste américain a fourni des preuves le 17 juillet au Juge Pedraz de la Haute Cour d'Espagne.

Parmi les personnes poursuivies, sont inclues, le Ministre chinois de la Défense, monsieur Lian Guanglie, le Ministre de la Sécurité d'Etat, monsieur Geng Huichang , le Ministre de la Sécurité publique, monsieur Meng Jiangzhm, le secrétaire du Parti monsieur Zhang Qingli, membre du Bureau politique, monsieur Wang Lequang, le Président de la Commission des Affaires ethniques, monsieur Li Deshu, Commandant de l'Armée populaire de " libération " à Lhassa, le général Tong Guishan, ainsi que le Commissaire politique du commandement militaire à Chengdu, parmi lesquels Zhang Qingli, Wang Lequan, et Li Dezhu ont été associés en tant que les principaux architectes des répressions au Tibet et dans d'autres régions à population tibétaine.

Les tribunaux nationaux espagnols qui traitent les crimes contre l'humanité, et le génocide, ont accepté d'entendre un procès engagé par " le Comité de Apoyo al Tibet " (CAT) et la fondation " Casa Del Tibet ", le 5 août de l'année dernière avant les J.O. de Pékin. Cela a été admis en vertu des principes de la " compétence universelle " adoptés par l'appareil judiciaire espagnol en 2005 et sous lesquels les Tribunaux espagnols peuvent entendre les cas de génocide et de crimes contre l'humanité, où que cela soit commis et quelque soit la nationalité du défendeur.

Le Juge d'une autre Cour nationale est en train d'enquêter sur un génocide allégué au Tibet, dans les années 1980 et 1990. Dans ce procès, les trois anciens prisonniers politiques ont témoigné devant la Cour, il s'agit de Paldent Gyatso ; Jampel Monlam et Bhagdro.

Un avocat espagnol Dr. Jose Elias Esteve et Alan Cantos du Comité " de Apoyo al Tibet " (CAT) ont été en Inde, au mois de février de l'année dernière, pour demander aux Tibétains de témoigner devant la Cour espagnole, après que l'Inde ait refusé de mettre en place une commission rogatoire qui aurait permis aux Tibétains de témoigner en Inde, d'après un rapport " d'Asian Age " en date du 17 février 2008.

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Conférence sino-tibétaine "Trouver des terrains d'entente"
 
Communiqué de presse (1)
 
Déclaration de la Conférence sino-tibétaine

GENEVE - Une conférence sino-tibétaine intitulée "Trouver des terrains d'entente" s'est tenue à Genève du 6 au 8 août 2009. Elle a réuni des Chinois et des Tibétains, notamment des experts, professeurs, écrivains et des défenseurs des droits de l'homme.
 
L'objectif de la conférence était d'abord d'informer le peuple chinois et la communauté internationale du fait que :

- la culture et l'identité mêmes du peuple tibétain se trouvent en grave danger ;

- le régime chinois ne respecte absolument pas les droits humains fondamentaux des Tibétains.
 
La conférence visait aussi à identifier des orientations concrètes pour soutenir le peuple tibétain encore davantage dans sa lutte pour ses libertés et pour sauver de l'extinction son identité et sa culture uniques, comme l'avait exprimé de manière poignante Sa Sainteté le Dalaï-Lama dans son discours d'ouverture.
 
Dans ce contexte, la conférence a mis en évidence les orientations communes suivantes :
 
I. Valeurs fondamentales

La conférence s'est appropriée les valeurs fondamentales de la " Déclaration Universelle des Droits de l'Homme ", dont la liberté, la démocratie, l'État de droit, le respect des Droits humains, l'égalité et la coexistence de toutes les cultures.
 
II. Origines et nature du problème du Tibet

- Le problème du Tibet ne tire par son origine d'un conflit quelconque entre les peuples chinois et tibétain. La cause vient du pouvoir totalitaire que la République Populaire de Chine exerce au Tibet, en y perpétrant un génocide culturel.
 
- Pékin revendique que le Tibet fait partie de la Chine depuis toujours. Or, les faits historiques prouvent le contraire.
 
- La culture, la religion, la langue et le mode de vie du peuple tibétain sont en voie de disparition.
 
- Les droits humains fondamentaux du peuple tibétain sont bafoués : notamment le droit à l'auto-détermination nationale, le droit de participer aux choix politiques et la liberté religieuse.
 
- Les media du pouvoir chinois déforment la réalité du problème du Tibet et attisent les conflits entre les deux Peuples.
 
III. Voies pour une résolution du problème du Tibet
 
- Respect des droits humains fondamentaux du peuple tibétain, notamment la participation aux choix politiques et la liberté religieuse.
 
- La solution du problème du Tibet est fortement liée à la démocratisation de la Chine.

- Le peuple chinois devrait sérieusement réfléchir aux dérives du nationalisme Han et se mettre à vraiment respecter la culture et le mode de vie des Tibétains.
 
- Le gouvernement chinois doit se conformer aux règles d'un État de droit.
 
- Respect du droit indéniable de Sa Sainteté le Dalaï-Lama de pouvoir retourner dans sa patrie.
 
IV. Recommandations à l'attention du gouvernement tibétain en exil
 
- Développer dans le monde entier des cercles d'amitié sino-tibétains (associations, forums, organisation citoyennes etc.) afin d'accroître les échanges culturels et les liens affectifs entre ces deux peuples.
 
- Créer un Institut de Recherches pour les experts chinois et tibétains travaillant sur l'histoire et la culture du Tibet et dont le credo sera la vérité des faits.
 
- Mettre en œuvre des moyens pour contrer le blocus de l'information à propos de Sa Sainteté le Dalaï-lama et pour briser le contrôle médiatique du régime chinois sur la question tibétaine, afin notamment de permettre aux citoyens de Chine et de la communauté internationale d'accéder à une information autre que celle élaborée par Pékin.
 
- Faire en sorte que Sa Sainteté le Dalaï-lama puisse communiquer plus facilement ses valeurs à la communauté chinoise et renforcer ainsi le renouveau en cours des valeurs spirituelles au sein de la population chinoise.
 
Notre vœu à tous au sein de la conférence sino-tibétaine est que le peuple tibétain recouvre sa liberté et que l'on empêche la culture tibétaine de disparaître.

Nous partageons cette foi fondamentale : la liberté est la valeur la plus essentielle de toutes ; la culture tibétaine est un précieux trésor de l'humanité au même titre que toutes les autres cultures.

Tant qu'il n'y aura pas de liberté au Tibet, il n'y en aura pas non plus en Chine.
 
L'extinction de la culture tibétaine ne serait pas seulement une tragédie pour le peuple tibétain mais aussi une honte pour le peuple chinois et une perte irremplaçable pour toute l'humanité.

Les participants à la conférence sino-tibétaine
Genève, le 8 août 2009.
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(1) Document initial en mandarin, puis traduit en anglais. En cas de divergence, le document en mandarin fait référence.
PS : une documentation complète sur la conférence est disponible sur le site : www.tibet-china-conference.org < http://www.tibet-china-conference.org/> < http://www.tibet-china-conference.org/>
  
Contacts pour la presse:
- en anglais :
M. Chompel Balok Tél : +41 78 638 79 90 Courriel :
press@tibet-china-conference.org < http://tibet-china-conference.org/>
 
- en mandarin et tibétain :
M. Kunga Tashi Tél : +41 76 762 12 37 Courriel :
chinese@tibet-china-conference.org < http://tibet-china-conference.org/>
 
Traduit de l'anglais par le Bureau du Tibet, Paris :
www.tibet-info.net
 
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Claude B. Levenson 
 
Août 2009
 
" Le Tibet, le Dalaï-Lama et les foudres de Pékin"

Si d'aventure quiconque en doutait, les actuels locataires de la Cité interdite n'ont guère l'intention de changer quoi que ce soit à leur politique envers les 'minorités', et surtout pas à l'égard des Tibétains pas plus d'ailleurs qu'envers les Ouïghours. Pour les Mongols et les Mandchous, c'est déjà vraisemblablement un peu tard, et toujours dans une même indifférence internationale qui donne à réfléchir. Le récent voyage européen du Dalaï-lama - Pologne, Allemagne et Suisse - est révélateur à ce propos, non pas qu'il ait été très différent des précédents, même si certains aspects en disent plus long qu'il n'y paraît de prime abord, mais parce que du côté de Pékin, le ton est encore monté jusqu'à devenir comminatoire.
 
Bien sûr, les fidèles étaient au rendez-vous, les enseignements et conférences ont été suivis avec une attention soutenue, les échanges avec le public empreints à la fois de bonne humeur et de bon sens, les Tibétains accourus des alentours pour s'incliner devant leur chef spirituel et temporel. Ce qui a pu peut-être attirer l'attention d'un œil un tant soit peu scrutateur, c'est parfois la frivolité de plusieurs articles de presse, une connaissance approximative du sujet abordé et la tonalité souvent agressive de certains intervenants. L'étonnement aussi de percevoir assez nettement dans quelques propos l'écho marqué de la propagande officielle chinoise. Certes, nul n'ignore l'offensive, de propagande justement, lancée récemment à grand fracas par les responsables dudit Bureau tous azimuts et en de multiples langues - rien de surprenant là, après tout c'est leur boulot. Mais qu'aujourd'hui encore -à nouveau ? - d'aucuns, journalistes ou autres, se laissent si aisément piéger, voilà qui ne manque pas de surprendre.
 
Il est de notoriété publique (pour reprendre une expression qu'affectionne particulièrement la propagande chinoise) depuis belle lurette que les dirigeants chinois n'aiment pas que le Dalaï-lama se déplace peu ou prou à sa guise, et à chacun de ses voyages où que ce soit, lorsque Pékin ne réussit pas à bloquer visas ou invitations toujours jugés malintentionnés, la machine se met en marche comme s'il suffisait d'appuyer sur un bouton pour entendre la même rengaine. Cette fois cependant, le tir de barrage a été plus violent que de coutume, avertissant péremptoirement, par exemple le 3 août à la suite de l'escale à Varsovie (chinatibet.people.com.cn) que "les activités d'instigation au séparatisme en Chine doivent cesser". Vous m'en direz tant sur le sacro-saint principe de non-ingérence dans les affaires d'autrui, dont Pékin ne cesse de se gargariser à la moindre occasion.
 
Le lendemain, le Quotidien du peuple en ligne (version française originale) récidivait encore plus explicitement. Sous le titre " La Suisse officielle ignore le Dalaï-lama ", Zhao Guojun, " spécialiste des problèmes internationaux " expliquait : " Autrefois, la Suisse n'a pratiquement aucune influence sur la stratégie politique internationale, c'est pourquoi elle osait provoquer la Chine en recevant officiellement le Dalaï-lama. Cette fois-ci la Suisse officielle décide de l'ignorer et la raison c'est qu'elle constate que la Chine occupe une place de plus en plus importante dans l'environnement mondial actuel et qu'elle doit prendre en considération sa coopération avec celle-ci, ce afin de pouvoir préserver ses intérêts d'Etat et surtout protéger ses intérêts économiques et commerciaux (…) D'autre part, la violente protestation diplomatique du gouvernement chinois (après les incidents d'Ouroumchi) a produit un certain effet sur les autres pays. " Illustration involontaire du vieil adage chinois " effaroucher les poules pour faire peur aux singes " ? Allez savoir…
 
Il n'empêche, le ton est encore monté pour stigmatiser la rencontre à Genève, sous l'égide d'une respectable ONG, le Mouvement international pour la réconciliation, et de l'Association d'amitié Suisse-Tibet, d'intellectuels tibétains et chinois dans le but avoué d'explorer ensemble des ouvertures afin de préserver l'avenir. Certes, le chemin est encore long jusqu'à jeter des ponts, mais l'histoire enseigne qu'il faut bien commencer un jour, quitte à nourrir une infinie patience : quelques cartes en main, ou quelques oreilles réellement attentives, permettent à l'espoir de durer. Et dans le contexte de blocage actuel dû à l'intransigeance des dirigeants chinois, force est de miser sur l'avenir.
 
D'aucuns font grief au Dalaï-lama de l'échec, qu'il admet lui-même, de sa volonté de dialogue pour parvenir à une solution négociée, viable pour les deux peuples que la géographie a placés dans un voisinage commun. Lui est allé aussi loin qu'il le pouvait dans les concessions, et il est parfaitement conscient de la volonté profonde de son peuple qui aspire au respect de son droit inaliénable à l'autodétermination, à la liberté. Dans ces conditions, plutôt que de lui imputer l'échec de cette tentative non violente de sortir de l'impasse, ne serait-ce pas plutôt grand temps de reconnaître que c'est un signe sans équivoque de la faillite du système de société contemporaine et des règles dont elle s'est dotée dans le sillage de la Seconde guerre mondiale et que chaque dictature bafoue à sa convenance ? A y réfléchir à deux fois, sans attendre un miracle, plus que jamais il s'avère nécessaire de faire pièce au mensonge, de résister sans oublier que ma liberté dépend aussi de celle d'autrui.
 
 
Newsletter juillet 2009
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claude.levenson@gmail.com
 
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Les dirigeants chinois peu empressés de recevoir François Fillon

Vendredi 30 Juillet 2009 - Le Monde
 
François Fillon avait prévu de se rendre à Pékin fin août. Ce devait être la première visite, sur le plan bilatéral, d'un haut responsable du gouvernement français, depuis la brouille spectaculaire entre Paris et Pékin à propos du Tibet, en 2008. Le déplacement a dû être repoussé à la demande des Chinois, qui ont invoqué le calendrier chargé du premier ministre, Wen Jiabao.

Le report de ce voyage, au cours duquel le premier ministre français devait poser la première pierre d'une des deux centrales nucléaires EPR vendues à la Chine par Areva, signale, selon des connaisseurs du dossier, la persistance d'une mauvaise humeur chinoise à l'égard des autorités politiques françaises. Malgré les multiples efforts de l'Elysée, depuis des mois, pour rétablir la relation avec Pékin. Le voyage de M. Fillon reste programmé. Selon des sources autorisées à Pékin, il devrait avoir lieu d'ici à la fin de l'année, avant une visite prévue en France du président Hu Jintao.

"Principe de non-ingérence"

M. Sarkozy avait provoqué la colère de Pékin à deux reprises en 2008. En conditionnant sa venue aux JO de Pékin à la reprise d'un dialogue entre les émissaires du dalaï-lama et la Chine (le chef de l'Etat fit malgré tout le déplacement pour la cérémonie d'ouverture). Puis en annonçant abruptement, en novembre, qu'il rencontrerait le chef de l'Eglise tibétaine en Pologne.

Paris avait cherché à dissiper ces tensions, décrites par des diplomates comme la plus grave crise dans les relations bilatérales depuis des décennies. Dans un communiqué publié en avril, avant une rencontre à Londres, en marge du G20, entre M. Sarkozy et son homologue chinois Hu Jintao, la France s'engageait, "dans le respect du principe de non-ingérence", à ne jamais, "sous quelque forme que ce soit", soutenir le principe d'une indépendance du Tibet.

Certains passages du texte avait été interprétés par des observateurs comme une façon pour Paris de promettre aux Chinois qu'aucune nouvelle rencontre entre le dalaï-lama et M. Sarkozy ne serait désormais envisageable. Côté français, on assurait toutefois n'avoir que réitéré la position traditionnelle de la France à l'égard du Tibet, ajoutant que, le dalaï-lama ne revendiquant pas lui-même l'indépendance, la formule ne pouvait donc s'appliquer à lui. Le geste français était censé en tout cas solder le contentieux avec Pékin. Les diplomates notaient des améliorations dans la relation. Mais cela a-t-il suffi ?

Certains facteurs internes chinois pourraient aussi avoir joué. Le report de la visite de M. Fillon est annoncé au moment où Wen Jiabao, qui incarne l'aile plus modérée du régime, est curieusement absent de la scène politique publique depuis des semaines.
 
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Deux Tibétains de retour d'exil gravement torturés
 
15 juillet 2009 - Tibet DeFacto et Phayul
 
Deux jeunes tibétains en exil retournant au Tibet ont été brutalement torturés par la police chinoise suite à leur arrestation près de la frontière du Népal en avril de cette année.

D'après boxun.com, un site Web en langue chinoise, les deux jeunes étaient en Inde pour aller à l'école gérée par le gouvernement tibétain en exil.

Dagah et Tsuiltrim de la Préfecture autonome du Tibet de Dechen dans la province du Yunnan ont tenté une première fois d'entrer au Tibet en février. Ils sont arrêtés à la frontière par une patrouille chinoise qui leur indique qu'il y a en ce moment des restrictions gouvernementales sur les déplacements des jeunes tibétains à la frontière. Les deux retournent alors à la capitale népalaise et reviennent à la frontière en avril. De nouveau, une patrouille chinoise les arrête sous prétexte que leur permis de voyage a expiré depuis quinze jours.

Les deux jeunes sont emmenés dans un centre de détention à Shigatsé où la police chinoise les interroge pendant plusieurs jours. D'après le site, ils sont soumis à de terribles séances de torture durant lesquelles ils sont frappés avec des matraques électriques ce qui provoque de graves lésions sur leurs abdomens et leurs organes génitaux.
 
Avant leur départ du Népal, les deux jeunes avaient contacté par téléphone leurs familles dans le Yunnan. Les recherchant, les deux familles les localisent au centre de détention de Shigatsé.
 
D'après les sources, la mère de Dagah s'est évanouie en voyant son fils dans un état de faiblesse extrême. Alors que la famille de Dagah obtient sa libération sous caution, les parents de Tsuiltrim seraient en route pour Shigatsé pour le faire libérer.

Dagah a été admis dans un hôpital de Kunming dans le Yunnan pour y suivre un traitement médical. Des sources fiables ont fait part au site Web de l'inquiétude des médecins envers les problèmes médicaux que Dagah risque d'avoir plus tard dans sa vie malgré sa récupération progressive à l'hôpital.
 
Selon le site, il y a d'autres Tibétains au centre de détention de Shigatsé arrêtés soit alors qu'ils fuyaient le Tibet soit de retour d'exil.

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Vendredi 17 juillet 2009 - Le Dauphine Libéré - Crest 
Enfin... un semblant de réponse !!!
 
A un mois de l'exposition sur les Cinq continents
la Mairie de Portes-lès-Valence
avait annulé téléphoniquement
la participation de TVD à la manifestation
des 17 et 18 juillet... pour un "problème de salle" !
 
 
Interrogée par le "Dauphiné Libéré"  la mairie de Portes-lès-Valence
apporte une "réponse" qui ne peut que surprendre
par ses contre-vérités ou ses approximations...
 
 
 
"Nous avons fait le choix d'une diversité à offrir au public au niveau des associations. Et finalement, nous avons trouvé que Tibet Vallée de la Drôme était trop partisane pour convenir à l'esprit du festival" explique Cyril Bernardin, directeur du cabinet du maire. "Nous avons également appris que l'association allait travailler avec un établissement privé, nous nous préférons favoriser le public au privé, c'est un choix politique assumé. Ce festival a vocation à rassembler, nous avons également craint que le discours de l'association choque certains des visiteurs. Même si nous respectons son activité. Je regrette qu'elle face de cette décision une montagne, cela ne reflète pas d'une certaine sérénité" et de conclure "le drapeau tibétain ne flotte pas sur notre mairie, nous jugeons qu'un service public ne doit pas prendre position sur un tel sujet."
 

Lettre ouverte au Maire de Portes-lès-Valence
 
MAIS POURQUOI DONC AVONS-NOUS ETE INVITES ?
 
1) Sommes-nous une association partisane ? Oui, si l'on prend ce terme dans le sens de "favorable à" ou "qui défend une opinion, une idée". Non, dans le sens de "partial" ou "de parti pris".
 
Donc, nous ne sommes pas une association partisane, au sens ou semble l'entendre la mairie de Portes, puisque notre raison d'être est de faire connaître la culture tibétaine, de mener à bien des projets de scolarisation au Tibet (avec l'accord tacite des autorités chinoises) et maintenant en France et de demander le respect des Droits de l'Homme pour les Tibétains.
 
Nous laissons à d'autres associations, qui le font mieux que nous, le soin d'engager des actions plus militantes. Nous avons d'ailleurs répondu à l'invitation de communes (quelques soient les opinions politiques de leurs maires) ou d'associations qui nous ont invitées, et ce, sans faire de "vagues" que ce soit à Chabeuil, Saillans, Eurre, Rousset-les-Vignes, Chastel-Arnaud, Cléon d'Andran, Montmeyran, Allex ou Crest. Il suffit qu'un "cahier des charges" précis soit signé par les partenaires.
 
2) Nous allons effectivement scolariser deux étudiants dans un lycée privé "sous contrat"  mais ce n'est pas un choix délibéré. Ceci résulte de la fin de non recevoir des lycées publics que nous avons contactés en premier lieu. Ces derniers réclamaient les dossiers scolaires de nos étudiants que nous n'étions pas en mesure de fournir puisque ces derniers arrivaient de camps de réfugiés en Inde.
 
3) Notre discours ne peut être choquant car selon les directives données par le "cahier des charges" nous restons sur le terrain culturel.
 
4) Il semblerait que nous fassions "une montagne" de cette décision d'annuler notre participation à un mois de l'exposition ! Notre article paru dans la presse prouve le contraire. Mais l'élémentaire correction aurait nécessité de nous écrire (ou de nous rencontrer) pour nous informer  de ce changement radical de dernière minute, voire de nous présenter des excuses pour les frais engagés, or rien de tel n'a été fait ! Seul un bref appel téléphonique a ruiné tout notre travail. 
 
Nous avions été invités (sans avoir rien demandé !) après que la commune de Portes ait consulté notre site Internet, compulsé notre book et visionné des photos, elle  s'était dite "intéressée par notre travail". 
 
Je rappelle que TVD avait investi dans de l'artisanat et des décors  en accord avec le service culturel de la mairie de Portes. Cette décision risque de mettre en difficulté financière notre association qui n'avait inscrit à son calendrier 2009 que cette seule manifestation. Nous entamons une action sur quatre années de scolarisation de deux étudiants et avions besoin des bénéfices potentiels dégagés par cette exposition. 
 
On aurait voulu faire capoter notre action que l'on ne s'y serait pas pris autrement.
 
5) Quant au "Drapeau tibétain". Il n'a jamais été question de le faire flotter sur la mairie de Portes-lès-Valence à l'occasion de cette exposition.
 
Chaque mairie prend ce type de décision en son âme et conscience et après un vote de son Conseil municipal. La seule demande qui ait été formulée (comme il se doit !) c'est de savoir si nous pouvions l'apposer dans ou sur la salle d'exposition durant la manifestation.
 
Une campagne de drapeaux avait été menée par plusieurs associations drômoises, dont la nôtre, à l'occasion des JO de Pékin... mais, c'était en 2008. Il serait bon de ne pas faire l'amalgame !
 
Conclusion - Laissons donc vivre Portes-lès-Valence sur son île déserte en dehors de toute information... ne troublons surtout pas la quiétude de sa population par des "vérités choquantes" qui ont pour nom : tortures, emprisonnements arbitraires, exécutions sommaires, avortements programmés par les autorités, infanticides, génocide culturel, etc. Toutes choses que nous n'aurions pas dites... pour ne pas faire de "vagues" !
 

TIBET VALLEE DE LA DROME
souhaite vous avoir éclairé sur cette "réponse"
pour le moins contestable de la mairie de Portes-lès-Valence.

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Avec un peu de retard
 
Vibrant hommage de Robert Badinter au Dalaï Lama
 
Jeudi 11 juin 2009 - Communauté Tibétaine
 
"Les gouvernants chinois, exaspérés par sa force tranquille, peuvent le dénoncer comme un loup caché sous sa robe de moine. Mais si nous voyons la robe du moine, nous ne distinguons pas les traits du loup. Et à dire vrai mes amis, les gouvernants chinois nous paraissent bien peu qualifiés pour jouer le rôle du petit chaperon rouge.

La vérité est plus simple. Le Dalaï Lama est un homme de paix. Et il sait que la résistance spirituelle d'un peuple opprimé, à travers le temps et les épreuves, finit toujours par l'emporter."

C'est un rare privilège de présenter le Dalaï Lama en de telles circonstances et à une telle assemblée.

Souvent je me suis interrogé : Pourquoi parmi les personnalités si diverses que j'ai eu l'occasion de rencontrer, le Dalaï Lama est-il marqué du sceau de l'exception ? Sans doute, son savoir est considérable et recouvre des domaines multiples de la connaissance, philosophique, politique, scientifique, écologique. Mais d'autres détiennent aussi ces clefs du monde. Sans doute, son expérience de la vie et des épreuves traversées au cours d'une existence déjà longue ajoute à son enseignement la densité de la sagesse. Mais d'autres personnalités détiennent aussi cette vertu.

En vérité, ce qui fait aujourd'hui du Dalaï Lama un être d'exception, c'est le message dont il est porteur, qu'il a toujours enseigné et incarné : un message d'humanité et de spiritualité dans un monde marqué par le matérialisme quand ce n'est pas la cupidité, et la cruauté quand ce n'est pas la barbarie.

D'abord l'humanité : Le Dalaï Lama en a fait son horizon tout au long d'une vie qui depuis un demi-siècle est faite d'exil et d'errance, loin de son peuple et de sa terre natale. Parce qu'à l'orée de sa vie, le Dalaï Lama a vu son pays envahi et écrasé par une puissance militaire étrangère, le Dalaï Lama est devenu bien au-delà de sa propre cause un messager de la paix universelle, cette condition première du bonheur des peuples.

L'humanité, pour le Dalaï Lama, elle s'exprime dans le respect constant de la dignité et des droits de l'Autre, de notre frère humain. Pour lui, les droits de l'homme sont la charte politique de l'humanité. Ils sont les droits de tous les êtres humains, partout dans ce monde. Ces droits précieux et fragiles, ils ne se conçoivent qu'universels et indivisibles. Car que seraient les droits de l'homme s'ils n'appartenaient qu'aux sociétés riches et développées alors que des milliards d'êtres humains vivent dans la misère, la maladie et l'ignorance ?

Le message du Dalaï Lama est ainsi proclamation de notre solidarité avec tous les êtres humains, face aux épreuves que le destin réserve à chacun de nous. Car où l'être humain accablé trouvera-t-il refuge ou secours sinon dans la solidarité de ses frères ?

Enfin l'humanité, pour le Dalaï Lama, ne survivra que sur une terre protégée contre sa destruction progressive en assurant la sauvegarde de l'environnement, ce patrimoine commun de tous les êtres vivants.

Ce message d'humanité qui inspire l'enseignement et la vie du Dalaï Lama, il ne prend toute sa dimension que par sa spiritualité. Face à la violence dans ce monde, le Dalaï Lama a toujours opposé les seules forces qui vaillent, celle de l'esprit et de la justice.

Si le Dalaï Lama, chef d'un état occupé, meurtri, opprimé, a maintenu haut et fort les droits du peuple tibétain, c'est parce qu'il a choisi de faire de la non violence une arme spirituelle à nulle autre pareille. Oui, le Dalaï Lama croit, comme nous, qu'une cause juste doit pour l'emporter, faire appel inlassablement à la conscience humaine face à la violence mortelle. A cet égard, le Dalaï Lama s'inscrit dans la droite ligne de Gandhi.

Les Chinois exaspérés par sa force tranquille, peuvent le dénoncer comme un " loup caché sous sa robe de moine ". C'est d'ailleurs ce terme de " simple moine " qu'utilisait le Dalaï Lama lui-même pour se qualifier, au moment solennel où il recevait à Oslo le prix Nobel de la Paix. Mais si nous voyons la robe du moine, nous ne distinguons pas les traits du Loup. Et à dire vrai, les dirigeants chinois nous paraissent peu qualifiés pour jouer le rôle du petit " Chaperon rouge ".

La vérité est plus simple : le Dalaï Lama est homme de paix. Il sait que la résistance spirituelle d'un peuple opprimé, à travers le temps et les épreuves, finit toujours par l'emporter. Le Dalaï Lama croit à la force du Droit. Et parce que la cause des Tibétains est juste, il sait qu'elle triomphera de ses oppresseurs. Car que demande le Dalaï Lama ? non pas, comme affirme la propagande chinoise, la proclamation d'un Etat tibétain souverain, reconnu comme tel par la communauté internationale. (Pour ma part, je l'avoue, je n'y verrai pas d'inconvénient).

Le Dalaï Lama, lui, conscient des réalités internationales et des rapports de force, ne réclame que le statut d'autonomie pour le Tibet, la sauvegarde de son identité culturelle, si importante dans le concert des civilisations, et le respect des droits fondamentaux des Tibétains. Mettre un terme à un régime d'oppression et à un génocide culturel, instaurer un régime d'auto gouvernement et amener l'Etat de droit au Tibet, il n'y a rien là qui menace l'intégrité territoriale de la république chinoise ni sa souveraineté internationale. Aussi nous continuerons inlassablement à soutenir, par les voies du droit et la force spirituelle de la justice tous ensemble, sans violence ni provocation, mais avec résolution et constance, la juste cause des Tibétains. C'est pourquoi je vous remercie d'être venus si nombreux aujourd'hui écouter le " simple moine bouddhiste " de passage chez nous, notre ami Le Dalaï Lama.
 
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Le Tibet devient une priorité
de la politique américaine envers la Chine
 
Vendredi 26 Juin 2009 - France Tibet

Les questions liées au Tibet resteront parmi les principales priorités de la politique américaine envers la Chine, a dit Kurt M. Campbell, récemment nommé par le Président Obama au poste de Secrétaire Adjoint aux affaires de l'Asie de l'est et de la Pacifique.
 
Encourager le respect des Droits de l'Homme, dont les droits des minorités et la liberté de religion, dans toutes les régions, y compris le Tibet, est une grande priorité dans notre engagement bilatéral avec la Chine a dit M. Campbell lors de son audition devant le Comité des Relations Etrangères du Sénat et en réponse aux questions des sénateurs le 10 juin 2009.
 
"En engageant la Chine sur un grand éventail de défis, nous aurons des discussions franches sur des questions où il y a des désaccords, dont les Droits de l'Homme, le Tibet, la liberté de religion et la liberté d'expression" a dit M. Campbell dans une réponse écrite à une question.
 
Il soutient que la "promotion des droits de l'homme est un aspect essentiel de la politique étrangère américaine" et il a ajouté que le Président Obama et la Secrétaire d'Etat Clinton avaient tous les deux soulevé leurs inquiétudes à propos des Droits de l'Homme et les questions tibétaines lors de leurs réunions respectives avec les dirigeants chinois.
 
"Nous ne répugnerons pas à chercher des occasions de soulever franchement avec les dirigeants chinois nos inquiétudes sur la mauvaise situation des Droits de l'homme au Tibet. Le Président Obama et la Secrétaire d'Etat Clinton ont discuté des problèmes tibétains avec les responsables chinois au plus haut niveau, et moi je ferai de même" dit Campbell qui devrait être confirmé rapidement dans son poste par le Sénat.
 
Campbell est le premier responsable haut placé du Département d'Etat à se présenter devant le comité qui sera responsable des questions qui, dans leur ensemble, formeront la politique américaine sur le Tibet, dit dans un rapport sur son site web la Campagne Internationale pour le Tibet, un groupe de pression qui soutient le Tibet à Washington.
 
D'après ce rapport, le Secrétaire Adjoint de la démocratie, des droits de l'homme et du travail, le Secrétaire Adjoint de la population, des réfugiés et de la migration, l'ambassadeur américain en Chine, et le coordinateur spécial des affaires Tibétaines sont tous des membres clés de l'équipe de politique du Département d'Etat et devraient être en place dans les semaines à venir.
 
Dans sa déclaration, Campbell a également dit que le gouvernement américain continuerait à promouvoir le dialogue positif entre les responsables chinois et tibétains dans le but d'atteindre résultats significatifs sur le Tibet.
 
"De la même manière, nous encouragerons aussi les Tibétains à poursuivre le dialogue avec les Chinois et à identifier des domaines où des améliorations substantielles dans la vie des Tibétains peuvent de manière réaliste être atteintes."
 
Cette administration considère que les discussions entre le gouvernement chinois et les représentants du Dalaï Lama sont essentielles pour résoudre les tensions de longue date dans les régions tibétaines de la Chine, et pour protéger l'identité ethnique, culturelle et religieuse du peuple tibétain. "
 
Nous continuerons à nous concentrer sur la promotion du dialogue positif qui vise à atteindre des résultats significatifs", dit-il.
 
Répondant à la déclaration de Campbell, Todd Stein, directeur des relations avec le gouvernement de la Campagne Internationale pour le Tibet, a dit : "L'attente des 'résultats significatifs' fait écho aux déclarations récentes du président Obama, de la secrétaire d'état Clinton et de la présidente de la Chambre des représentants Pelosi, qui donnent une haute priorité pour le Tibet et un sentiment que les discours ne suffiront pas pour satisfaire une nouvelle équipe présidentielle qui recherche des preuves de progrès sur le Tibet et qui est prête soutenir les moyens de l'obtenir. Le langage sans ambiguïté de ces déclarations devraient être ainsi entendu par le gouvernement chinois".
 
Les discussions entre les représentants du Dalaï Lama et Beijing se sont arrêtées après que Pékin a reçu avec dérision le "Mémorandum sur l'Autonomie Véritable pour le Peuple Tibétain" soumis par les Tibétains lors de la huitième session de discussions en octobre 2008.
 
La Chine continue d'insister sur le fait que la porte est toujours ouverte pour les discussions.
 
Cependant, du côté tibétain, on dit que les chinois n'ont pas été sincères dans les discussions qui ont eu lieu depuis 2002, et on prétend que le gouvernement de Pékin a rejeté le mémorandum proposé sans donner d'explications juridiques ou raisonnées.
 
Le Groupe de Travail pour le Tibet, une organisation mise en place en 1999 principalement pour aider les représentants du Dalaï Lama dans leurs discussions avec les représentants du gouvernement chinois, se serait réuni récemment à Dharamsala, le siège du gouvernement tibétain en exil, pour réfléchir sur des façons de briser l'impasse et reprendre les discussions avec les responsables chinois.
 
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Une ONG chinoise remet en cause la version officielle sur
la révolte tibétaine de 2008

Samedi 13 juin 2009 - LE MONDE - Correspondant à Shanghaï
 
Plus d'un an après les manifestations qui ont secoué Lhassa en mars 2008, une organisation non gouvernementale (ONG) chinoise ose prendre à revers la thèse officielle et simpliste sur les événements, en publiant les résultats d'une enquête d'un mois sur le terrain, dans la province du Gansu, près de Xiahe et Hezuo, ainsi qu'au Tibet même, à Lhassa et Haidong.

Rédigé par quatre chercheurs pour le compte de l'ONG Gongmeng (ou Open ConstitutionInitiative), un tel rapport, qui soulève des questions taboues en Chine, aurait difficilement pu voir le jour s'il n'avait pas été le fait deChinois Hans (population majoritaire en Chine), oeuvrant sous couvert de recherches universitaires.
 
Gongmeng, fondée en 2003, n'est autre que la plate-forme des "avocats des droits de l'homme". Plusieurs de ses membres ont par ailleurs entrepris ces derniers mois de défendre des Tibétains accusés de divers crimes suite aux troubles de 2008, non sans s'exposer au harcèlement policier.
 
Intitulé "Rapport d'enquête sur les causes sociales et économiques de l'incident du 14 mars dans les zones tibétaines" - ce jour-là, ont eu lieu au Tibet les plus importantes manifestations depuis celles de 1989 à Lhassa -, le texte d'une quarantaine de pages annonce très vite la couleur : au-delà des prétendus "facteurs externes" qui ont contribué à échauffer les esprits au Tibet en 2008, les auteurs notent combien ils ont ressenti, sur place, "le mécontentement populaire et la colère qui se cachaient derrière les incidents, et la complexité de leurs causes sociales".
 
Il serait vain, expliquent-ils en substance, de faire l'économie d'un débat "autour des causes historiques de ces contradictions", des "questions de sentiment religieux et d'identité ethnique"ainsi que de "la réalité profonde des problèmes de conflits d'intérêts" au coeur de ce mécontentement. Ils s'en prennent ouvertement à la "surexposition de la violence du 14 mars par la propagande" à travers les médias, qui n'a conduit qu'à "attiser les rancoeurs entre Hans et Tibétains".
 
En s'intéressant à l'entreprise de modernisation du Tibet par le gouvernement chinois, l'enquête révèle les limites des politiques de "développement rapide" lancées dans les années 1990, qui ont en réalité "créé les bases d'une marginalisation accrue" des Tibétains. Ce sont "les nouveaux venus, les Non-Tibétains, qui sont les premiers à bénéficier (de la) stratégie de chances pour tous" à Lhassa et ailleurs, soulignent les auteurs.
 
Surtout, "une nouvelle aristocratie" s'est substituée à l'ancienne. A la tête de "ressources sociales complexes", elle est "plus puissante que l'ancienne aristocratie" et a adopté des "pratiques rentières". Son pouvoir provient "d'une source de légitimité externe", le gouvernement central, ce qui accroît l'aliénation de la population. Le prétexte du "maintien de la stabilité", les"accusations de séparatisme", ou "de forces étrangères" masquent comme "un cache-sexe les erreurs de gestion (des dirigeants locaux) justifiant la répression du mécontentement populaire", lit-on.
 
L'extrême indigence des politiques culturelles et éducatives en langage tibétain a contribué, constatent les auteurs, à créer une jeunesse tibétaine désoeuvrée et ignorante de sa propre histoire culturelle.
 
Enfin, le rapport considère que le "bouddhisme tibétain", qui "est à la base du système et de la culture traditionnelle tibétaine, non seulement ne devrait pas être considéré comme un obstacle à la modernisation mais plutôt comme une base sur laquelle il faut compter pour la promouvoir".

L'enquête de Gongmeng est bienvenue dans le contexte d'omerta qui règne autour de la question tibétaine en Chine : de source chinoise et indépendante, elle confirme et nourrit la plupart des problèmes exposés par les ONG tibétaines en exil.
 
Accessible en ligne, sa diffusion reste toutefois confidentielle - aucun média chinois n'en a encore fait l'écho. Mais elle a tout lieu de ne pas passer inaperçu à Pékin. "Le but est de proposer des idées constructives au gouvernement. Il est indispensable d'avoir des voix plurielles lors d'un événement aussi complexe que celui du 14 mars", confie, à Pékin, Zhang Boshu, professeur à l'Académie des sciences sociales. Proche de Gongmeng, il est l'auteur, en 2008, d'un texte corrosif sur le rôle historique du Parti communiste du Tibet.
 
"Le problème du Tibet est avant tout une question des droits de l'homme. Mais ce n'est pas que cela. Les violations des droits de l'homme sont un effet, et non une cause. La cause du problème du Tibet, c'est un système dictatorial irrationnel", y écrit-il.
 
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Chamdo : la campagne de boycott agricole sévèrement réprimée
 
Jeudi 18 Juin 2009 - Tibet de Facto
 
Un Tibétain blessé par balle et trois autres grièvement blessés à Chamdo dans l'est du Tibet lors d'une opération contre la campagne de boycott agricole en cours dans la région.

Au cours de la répression, un dénommé Tsering a été touché par une balle et deux autres Tibétains, Paga et Lhadar, ont été emportés par la police après avoir été gravement battus et blessés à coups de matraques. Un autre, nommé Samga, a lui été frappé à coups de crosse. D'après les sources, tous ces événements se sont déroulés fin mai dans le district de Jomda, Préfecture de Chamdo, Région Autonome du Tibet (RAT).

Ces mêmes sources précisent que les forces de sécurité chinoises ont également arrêté des manifestants dont certains font partie du personnel des monastères de Vara et Jobhu dans le district de Jomda.

Tous les détenus ont plus tard été relâchés à l'exception de trois personnes?: Sonam Palmo (dit Sopal) Lobsang Palden et Yeshe Dorjee, accusés d'être les meneurs de cette campagne de boycott agricole.

Plusieurs lamas en retraite de deux autres monastères de la région ont également été sévèrement frappés par les forces de sécurité chinoises au cours de descentes nocturnes.

Le monastère de Gyune a été assiégé et encerclé par les forces armées et 8 de ses lamas en retraite ont été battus lors d'un raid de nuit. Même scénario pour des lamas du monastère de Palchen, eux aussi battus.

Des campagnes de boycott agricole similaires ont également eu lieu à différents endroits dans la préfecture de Kardze (Ch: Ganzi) dans la province du Sichuan depuis mars dernier.

Le TCHRD (Tibetan Center for Human Rights and Democracy) dit que ce mouvement de désobéissance civile symbolique est mené par les habitants de ces régions afin de défier la " politique répressive qui prévaut, initiée et mise en œuvre par les autorités chinoises contre les Tibétains ".

Le TCHRD avait déjà rapporté que les autorités chinoises avaient averti par voie d'affiches les paysans tibétains des sérieuses conséquences encourues, pouvant aller jusqu'à la confiscation des terres, par ceux qui refuseraient de reprendre leurs activités agricoles.

Depuis, les autorités chinoises de Kardze ont mené une opération " arrestations et passages à tabac " contre les paysans continuant de défier l'ordre donné de cultiver leurs terres.

Selon le TCHRD, beaucoup des jeunes de Kardze ont été arrêtés et mis en détention par les autorités chinoises après avoir participé aux manifestations de l'an dernier.

Pour le TCHRD, " même si les gens de Kardze désiraient labourer les terres, il n'y a presque plus de main-d'œuvre disponible ".
 
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Le Dalaï lama remet une kata à Bertrand Delanoë en symbole de respect, dimanche 7 juin à Paris.
 
Nouvelle tentative d'ingérence de la RPC dans les affaires intérieures françaises...
 
La Chine appelle la ville de Paris à "rectifier ses erreurs"

Mardi 9 juin 2009 - AFP et Aujourd'hui la Chine
 
 La Chine a fermement condamné lundi la remise la veille par Paris du titre de "citoyen d'honneur" au dalaï lama, estimant qu'il s'agissait d'une "grave ingérence" dans les relations sino-françaises.
 
La remise de cette distinction dimanche au chef spirituel des Tibétains par le maire socialiste de la capitale française, Bertrand Delanoë "ne pourra que porter atteinte aux relations de Paris avec les municipalités chinoises concernées et constitue une grave ingérence dans les relations sino-françaises", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué faxé à l'AFP.
 
Ce titre de "citoyen d'honneur" de Paris avait été décerné en mars 2008 par les élus de la ville.
Les autorités chinoises, qui accusent le Dalaï lama de rechercher l'indépendance du Tibet, ce qu'il récuse, avaient par avance protesté, début mai, contre cette cérémonie. "Ignorant l'opposition de la Chine, la ville de Paris a accordé au dalaï lama le prétendu titre de citoyen d'honneur, nous exprimons notre fort mécontentement et notre opposition déterminée à cet égard", déclare le ministère dans son texte, rappelant les "graves difficultés" récentes entre la Chine et la France en raison du Tibet.
 
Pékin appelle la ville de Paris "à cesser toutes ses ingérences sans exception, à adopter des mesures sincères et efficaces, à rectifier ses erreurs et à éviter de s'enfoncer dans la voie de l'erreur".
 
Dimanche, le maire de Paris avait expliqué ne vouloir "ni pratiquer d'ingérence dans les affaires chinoises, ni même prôner l'indépendance du Tibet, ce que nous n'avons jamais fait".
 
Le maire PS de Paris Bertrand Delanoë a affirmé lundi "ne pas négliger la réaction des dirigeants chinois" qui ont condamné la remise dimanche par Paris du titre de "citoyen d'honneur" au dalaï lama, tout en soulignant que la ville "ne fait pas la politique étrangère de la France". "Je ne néglige pas la réaction des dirigeants chinois. Je m'y attendais un peu", a-t-il souligné lors d'un déjeuner de presse en marge du conseil de Paris, après la vive réaction de Pékin à la remise de ce titre, décerné en mars 2008 par les élus de la Ville.
 
"Paris doit se situer du point de vue des valeurs, mais Paris ne fait pas la politique étrangère de la France", a-t-il souligné, précisant: "Je n'ai subi absolument aucune pression de l'Elysée ou du Quai d'Orsay".
 
"Je n'ai jamais été pour l'indépendance du Tibet, je ne suis pas bouddhiste. Je prends des positions liées aux valeurs de Paris et à mes convictions profondes. Je ne prétends pas régenter le monde", a redit lundi Bertrand Delanoë, après des propos similaires la veille.
 
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La RPC trompe tout le monde...

Dalaï-lama à Paris : profil bas sous la pression de la Chine

Lundi 8 juin 2009 - Pierre Haski - Rue89 
 
En visite en France, le Dalaï-lama a estimé que "la Chine trompe tout le monde, y compris les hommes politiques français" qui, à part Betrand Delanoë, n'ont pas souhaité le rencontrer. Le prix à payer pour la réconciliation franco-chinoise. 

 
Le Dalaï lama a une grande capacité à rire de tout, y compris de ce qui semblerait à première vue négatif pour lui. Dimanche matin, à Paris, lors d'une visite en demi-teinte, il a fait remarquer à quelques journalistes, dont Rue89, que "la Chine trompe tout le monde, y compris les hommes politiques français", partant dans un éclat de rire aussi communicatif qu'intrigant.
 
S'il y a une chose dont le chef spirituel des bouddhistes tibétains peut rire, c'est effectivement les embarras que sa visite suscite dans le monde politique français ! Nicolas Sarkozy et le gouvernement prennent bien soin de faire savoir qu'ils n'auront aucun contact avec le Dalaï lama lors de son séjour, et même le maire de Paris, Bertrand Delanoë, qui l'avait invité pour lui remettre sa médaille de "citoyen d'honneur" de la capitale française décerné l'an dernier en pleine crise tibétaine, le reçoit dimanche en catimini, sans tapage, comme s'il regrettait son geste passé.

Il est vrai qu'entre temps, la Chine a piqué une grosse colère contre la France après la rencontre de Nicolas Sarkozy avec le leader tibétain en Pologne, annulant un sommet sino-européen sous présidence française, et pénalisant les entreprises françaises dans l'attribution des contrats. Dimanche, en piqure de rappel, des étudiants chinois en France manifestaient à Paris contre la venue du dalaï lama risquant d' "endommager la relation franco-chinoise, qui vient de sortir d'un époque difficile"…

"Victoire" diplomatique chinoise

La réconciliation franco-chinoise s'est en effet faite sur le dos du Dalaï lama : même s'il ne l'admet pas, Nicolas Sarkozy a dû promettre à Pékin de ne plus rencontrer ce "diable en habit de moine", selon la terminologie du Parti communiste chinois… Le communiqué commun franco-chinois d'avril dernier a été présenté à Pékin comme une grande victoire diplomatique.

Le Dalaï lama ne s'en formalise pas en apparence. Il confiait dimanche matin à un petit groupe de journalistes français invités à le rencontrer dans un palace parisien que l'enjeu de sa visite n'étant pas diplomatique mais spirituel - il prononçait dimanche après midi une conférence sur "éthique et société" à… Bercy ! -, cette absence de contacts politiques ne le chagrinait pas. Et il considère toujours Nicolas Sarkozy comme "un ami du Tibet".

Pourtant, à y regarder de plus près, Nicolas Sarkozy aurait des raisons de considérer que le compte n'y est pas au Tibet, par rapport à sa demande publique, l'an dernier, de voir reprendre le dialogue entre Pékin et les émissaires du dalaï lama. Ce dialogue a certes repris à la veille des Jeux olympiques de Pékin, mais a vite tourné court : "Après les événements de mars 2008, on pouvait espérer une approche plus réaliste de la part du gouvernement de Pékin. Mais cela ne s'est pas produit. Toute leur politique est basée sur l'hypocrisie, à tous les niveaux. (…) Il n'y a rien à attendre du gouvernement chinois, je n'ai pas beaucoup d'espoir. Il peut toujours changer d'avis, mais je n'y crois pas. Mais je garde confiance dans le peuple chinois."

Le Dalaï lama sait pertinemment que si la mobilisation internationale autour du Tibet est importante pour sa cause, elle n'a que peu d'influence sur la Chine en raison du rapport de force qui a basculé en faveur de Pékin, à mesure que le poids économique et diplomatique chinois montait.

Dalaï-lama : "L'esprit tibétain ne sera jamais brisé"
 
S'il reste optimiste, c'est parce qu'il est convaincu que "l'esprit tibétain ne sera jamais brisé". Il souligne que trois générations de Tibétains se sont confrontés au pouvoir chinois. Celle des années 50 qui a été brisée par le pouvoir maoiste ; celle des années 80 qui a fait face à la répression des manifestations de 1987-88 ; et enfin la nouvelle génération qui a explosé l'an dernier, même s'il suggère que les violences de Lhassa le 14 mars 2008 auraient pu être organisées par le pouvoir chinois.

"Les dirigeants chinois devraient savoir que tous les vingt ans, ils ont face à eux une nouvelle génération déterminée. Ils devraient savoir que sans une approche plus réaliste, d'autres manifestations suivront. Ce n'est dans l'intérêt de personne".

A moins que, comme il l'admet lui-même, "ils attendent ma mort" ! Et d'éclater de nouveau de rire… A 74 ans, le chef exilé des Tibétains réfléchit en effet à sa succession pour ne pas laisser Pékin en profiter pour semer la confusion parmi son peuple. La succession des dalaï lama répond en effet à des rituels très stricts liés à la "réincarnation" et le pouvoir chinois a déjà prouvé dans celle du panchen lama, le "numéro deux" de la hiérarchie tibétaine, qu'il était capable de s'immiscer dans un processus religieux complexe.
 
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Source France Tibet
 
Réincarnation de son vivant ?
 
Le dalaï lama a confirmé dimanche qu'il réfléchissait, avec les autres chefs spirituels tibétains en exil en Inde, à désigner de son vivant l'enfant qui devra "accueillir" sa réincarnation après sa mort. Une procédure qui, selon lui, n'est pas étrangère à la tradition tibétaine, même si elle peut sembler contradictoire avec l'idée même de "réincarnation". Il est certain que Pékin s'opposera à ce choix et tentera d'imposer une alternative.
 
Pour l'heure, le dalaï lama reste le porte drapeau de la cause tibétaine et reste une épine pour le géant chinois. On conscoit bien que Pékin mise beaucoup sur sa disparition au plus vite. Fort de son aura spirituelle, il parvient à remplir un stade comme Bercy pour écouter ses enseignements spirituels et a développé un discours "universel" qui s'adresse aussi aux non-croyants, ou aux non-bouddhistes.
 
De ce point de vue, quel que soit le jugement que l'on porte sur son action, le dalaï lama a assurément pris un ascendant moral sur ses ennemis de Pékin, qui l'emportent toutefois au "nombre de divisions", comme disait Staline en parlant du Vatican… Le profil bas des officiels français dimanche en est le signe le plus sûr !
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Le Dalaï-lama accuse la Chine
d'avoir orchestré les émeutes de mars 2008

 Dimanche 07 juin 2009 - LEXPRESS.fr

Le chef spirituel en exil des Tibétains, de passage dans la capitale, a été fait "citoyen d'honneur" de la ville de Paris.
 
Le Dalaï-lama, chef spirituel en exil des Tibétains, a évoqué dimanche à Paris une "orchestration" par la Chine des émeutes de mars 2008 au Tibet et une campagne pour le discréditer, peu avant de recevoir le titre de "citoyen d'honneur" de la ville de Paris.
 
"On a eu des témoignages selon lesquels trois camions de Tibétains qui étaient inconnus ont été amenés le 14 (mars) au matin. On soupçonne une orchestration", a affirmé le Prix Nobel de la Paix à quelques journalistes.
 
"Les Chinois ont dit que tout avait commencé le 14 mars au matin et en fait on sait très bien que ça a commencé le 10 après-midi mais que la police et l'armée ne sont pas intervenues", a-t-il ajouté en tibétain traduit par son interprète officiel en France, Matthieu Ricard.
 
De même, en février 2006, lors d'une rencontre entre des envoyés du Dalai-lama et des officiels chinois, ces derniers "ont reconnu qu'ils acceptaient le fait que le Dalai lama ne demandait pas l'indépendance (du Tibet). Mais quelques mois plus tard, il y eu une intensification de la dénonciation du Dalaï-lama comme étant un séparatiste", a traduit Matthieu Ricard.
 
Le Dalaï lama qui multiplie les rencontres avec les Chinois à l'étranger depuis un an, leur explique, comme il l'a fait samedi à Paris, "qu'il n'a pas confiance dans le gouvernement totalitaire chinois mais qu'il fait confiance au peuple chinois", a expliqué à l'AFP Matthieu Ricard.
 
"Il veut contrer la propagande de Pékin qui tend à monter les Chinois contre les Tibétains et ramener de bonnes relations entre les deux ethnies", explique Marie Holzman, présidente de l'association Solidarité Chine, proche des dissidents chinois, qui a organisé la rencontre entre le Dalai-lama et un groupe de Chinois.
 
La Chine avait accusé le Dalaï-lama d'avoir fomenté des émeutes anti-chinoises en mars 2008 pour saboter les jeux Olympiques de Pékin, et l'accuse de séparatisme. Lui dément, et affirme qu'il prône seulement une large autonomie culturelle et spiriturelle du Tibet.
 
Samedi, le Dalaï lama avait dénoncé, à son arrivée à Paris, la "condamnation à mort" dont est victime la "nation tibétaine", en raison de la "politique dure" de Pékin.
 
Dimanche après-midi, il devait donner une conférence de deux heures sur le thème de "l'Ethique laïque" au Palais-Omnisport de Bercy où des milliers de fidèles étaient attendus.
 
"Mon engagement c'est la promotion des valeurs humaines. Je décris ces valeurs comme [l'éthique laïque] ce qui signifie le respect de toutes les origines, de toutes les religions", a-t-il expliqué en anglais.
 
Le Dalaï lama devait se rendre ensuite à la mairie de Paris en fin d'après-midi pour recevoir son titre de citoyen d'honneur pour lequel il s'est dit "honoré". Décernée en 2008, la distinction lui sera remise par le maire de Paris Bertrand Delanoë, membre de l'opposition socialiste à Nicolas Sarkozy.
 
En dépit des foudres de Pékin, qui avait qualifié l'octroi de ce titre d' "ingérence dans les affaires intérieures chinoises", M. Delanoë a maintenu le rendez-vous, affirmant qu'il n'entendait pas renoncer à ses convictions.
 
Cette visite intervient à un moment délicat des relations entre la France et la Chine qui se remettent à peine de quatre mois de "brouille" consécutifs précisément à une rencontre en décembre en Pologne entre le président Nicolas Sarkozy et le Dalaï-lama, qui avait ulcéré la Chine. Aucun rendez-vous avec le gouvernement n'est prévu lors de cette visite de deux jours à Paris du chef tibétain.

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Le Dalaï-Lama à Paris, une visite embarrassante

Vendredi 5 juin 2009 - LEMONDE.FR - Hélène Franchineau

Programmée le même week-end que les élections européennes et la finale de Roland-Garros, la visite du dalaï-lama en France, les 6 et 7 juin, pourrait presque passer inaperçue. Surtout depuis que la France et la Chine se sont officiellement réconciliées, reléguant à l'arrière-plan leur différend autour du Tibet. Après une conférence à Bercy sur le thème "l'éthique et la société", le dalaï-lama recevra une médaille de citoyen d'honneur des mains du maire de Paris, Bertrand Delanoë.
 
Le Dalaï-lama avait été fait citoyen d'honneur de la Ville de Paris le 21 avril 2008, au moment où les relations franco-chinoises connaissaient un sérieux refroidissement en raison des positions françaises concernant le chef spirituel des Tibétains. Quelques mois plus tard, en décembre, le président de la République, Nicolas Sarokzy, l'avait rencontré, provoquant l'ire de Pékin. Mais depuis une entrevue entre le président français et son homologue chinois Hu Jintao, le 1er avril, l'ardoise semble effacée. Un voyage en Chine du président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, y aura aidé. Ce qui n'a pas empêché Pékin, dans un communiqué publié le 7 mai, d'exprimer à nouveau sa forte opposition à la venue du chef spirituel dans la capitale, appelant Paris à "ne plus commettre d'erreurs au sujet du Tibet".

Le Dalaï-Lama " mérite un meilleur accueil " dixit Lionnel Luca

Le député UMP Lionnel Luca, président du groupe d'études sur le Tibet à l'Assemblée nationale, déplore que l'événement n'intéresse plus personne.
 
"Ce n'est pas un enjeu pour les médias, car il tombe après les Jeux olympiques et les vingt ans de la répression sur la place Tiananmen." Du côté de la Mairie de Paris, l'équilibre est délicat. Sur l'agenda de M. Delanoë, disponible en ligne, on ne trouve aucune mention de la cérémonie censée commencer dimanche à 17 heures. L'entourage du maire explique qu'elle sera organisée en petit comité. Les groupes UMP, centriste et communiste au conseil municipal ont pour leur part annoncé leur intention de boycotter la rencontre. Jean-François Lamour, président du groupe UMP au conseil municipal, s'interroge en effet sur "l'opportunité d'un tel événement" alors que les relations entre les deux pays commencent à s'améliorer.

"Cet état de choses reflète la situation de la diplomatie en France : on ne sait pas sur quel pied danser. L'autocensure envers la Chine s'exerce à fond", déplore la sinologue Marie Holzman, qui participera à la rencontre entre le Dalaï-lama et la communauté chinoise de Paris. Lionnel Luca regrette pour sa part que le chef spirituel des Tibétains reçoive un accueil aussi ambigu : "Le Dalaï-lama n'est pas un repris de justice, c'est un Prix Nobel de la paix. Il mérite un meilleur accueil."
 
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Contre toute tentative d'ingérence de la Chine
dans les affaires intérieures françaises...
 
A chacun son drapeau :
une haie d'honneur demain rue de Rivoli pour le Dalaï-lama
 
Dimanche 7 juin 2009 - France Tibet
 
L'idée lancée par l'association "France-Tibet" et reprise par nombre de groupes de soutien au Tibet qui doivent se réunir lundi, à l'invitation du Dalaï-Lama et du Bureau du Tibet, consiste à faire rue de Rivoli une haie d'honneur au Dalaï-lama avec les drapeaux tibétains à la sortie de sa conférence à Bercy demain dimanche.

Pour honorer d'une part le prix Nobel de la paix, citoyen d'honneur de la Ville de Paris, guide spirituel et leader politique du Peuple tibétain.

Pour souligner d'autre part l'opposition nette et massive de l'opinion publique française à toute tentative d'ingérence de la Chine dans les affaires intérieures européennes ou françaises.
 
Dans un communiqué l'association France Tibet indique notamment : "Pour que l'on n'oublie pas le Tibet et tous les drames qui s'y déroulent actuellement, pour obliger les médias à un minimum de couverture de cette " cérémonie ", pour montrer au gouvernement de la République Populaire de Chine, que nombre de citoyens français n'ont pas l'intention de fermer les yeux sur ce qui se passe au Tibet, mais bien au contraire de poursuivre le soutien pour la revendication d'un Tibet autonome, nous vous invitons à rejoindre dès la sortie de la conférence de Bercy, la rue de Rivoli au plus près de l'Hôtel de Ville. A l'intérieur de Bercy, en fin de conférence, comme à Nantes, nous saluerons le Dalaï-lama avec nos drapeaux du Tibet, et avec ces mêmes drapeaux nous nous déploierons le long de la rue de Rivoli pour une haie d'honneur la plus longue possible.

A Pékin, la place Tian' an Men a été bouclée le jour anniversaire du massacre de sa jeunesse étudiante. Le rêve du gouvernement chinois serait sans doute de baillonner la presse à Paris et que cet hommage passe inaperçu."

Une position similaire a été adoptée par de nombreux groupes de soutien au Tibet dont ceux du sud-est et du sud-ouest . Ces groupes qui en dehors de la conférence de Bercy doivent se retrouver lundi pour une réunion de coordination [le 2e vice-président de TVD, Benoît L'HUILLIER, y représentera l'association] , appellent ainsi chacun à rejoindre avec son drapeau dès la sortie de la conférence ou au plus tard à 17 h, la rue de Rivoli au plus près de l'Hôtel de Ville  (métro ligne 14) .
 
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Hillary Clinton veut que Pékin rende publics
les noms des victimes

Mercredi 3 Juin 2009 - Le Monde

A la veille de l'anniversaire de la répression des manifestations de Tiananmen, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a appelé le régime chinois à publier les noms des personnes tuées, disparues ou arrêtées il y a vingt ans.
 
"Des centaines de milliers de manifestants étaient descendus dans la rue pendant des semaines à Pékin et dans l'ensemble du pays, tout d'abord pour honorer la mémoire du dirigeant réformiste disparu Hu Yaobang, puis pour exiger les droits fondamentaux qui leur étaient refusés", a rappelé la chef de la diplomatie américaine.
 
A ses yeux, "une Chine qui a fait d'énormes progrès économiquement et qui est en train de trouver sa juste place au premier plan sur la scène internationale devrait examiner ouvertement les pages sombres de son passé et publier le décompte de ceux qui ont été tués, arrêtés ou ont disparu".
 
Aucun décompte définitif des manifestations dans la capitale chinoise n'existe. Des centaines, peut-être des milliers de personnes auraient été tuées le 4 juin 1989. Le 30 juin 1989, un rapport de la mairie de Pékin avait fait état de "dizaines de militaires morts, six mille membres des forces de l'ordre blessés, plus de trois mille civils blessés et plus de deux cents morts dont trente-six étudiants".
 
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Droits de l'homme :
des réfugiés tibétains interpellent l'ONU à Genève
 
Mardi - 2 Juin 2009 - Romandie News
 
Une centaine de manifestants tibétains ont demandé à l'ONU d'envoyer une mission d'enquête au Tibet et de faire annuler des condamnations à mort prononcées par Pékin. Ils ont lancé cet appel à l'ouverture d'une session du Conseil des droits de l'homme.

Parti le 25 mai de Berne, un groupe de marcheurs de la communauté tibétaine en Suisse s'est joint à la manifestation sur la place des Nations, devant le siège de l'ONU. Les Tibétains ont alterné prières et discours et condamné les "détentions arbitraires" au Tibet.

Dans un mémorandum transmis au bureau de la Haut Commissaire aux droits de l'homme Navi Pillay, la communauté tibétaine de Suisse lui demande d'intervenir pour exiger de la la Chine qu'elle annule les condamnations prononcées le 8 avril dernier à Lhassa contre quatre militants. Lobsang Gyaltsen et Loyak ont été condamnés à mort et Gangtsu Tenzin Phuntsog et Penkyi à la prison à vie.

Dans sa pétition, la communauté tibétaine de Suisse demande à la Haut Commissaire et au Conseil des droits de l'homme de "censurer la Chine". Elle souhaite l'envoi immédiat d'une commisison d'enquête internationale indépendante au Tibet, l'autorisation d'un accès sans entraves, notamment pour la presse, au territoire et la fin des "exécutions brutales" de militants tibétains.

Le Conseil des droits de l'homme a entamé une session régulière de trois semaines, consacrée à la discussion des rapports de plusieurs experts de l'ONU. Les nouveaux pays membres élus le 12 mai par l'Assemblée générale de l'ONU, dont les Etats-Unis, n'assumeront leur nouveau rôle qu'à la fin de cette session, le 19 juin.
 
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Les figures clefs de la confrontation
sur la place Tiananmen en 1989

Mardi 02 juin 2009 - NOUVELOBS.COM

Voici les principales figures qui ont marqué le mouvement prodémocratique de 1989 en Chine...
 
Les politiques :
 
Li Peng : le boucher de Pékin
Premier ministre et principal opposant au secrétaire général du Parti Zhao Ziyang's - ce dernier étant contre la répression militaire du mouvement prodémocratique -, Li Peng fut considéré comme "le boucher de Pékin". Il est vu comme celui qui persuada Deng Xiaoping que les étudiants menaçaient le régime. Il se retira en 2002 et vit toujours à Pékin.

Chen Xitong : la repression + la corruption
Maire de Pékin en 1989, il soutint la répression militaire. En 1995, il fut démis de ses fonctions et écopa de 16 ans de prison pour corruption. Mais les observateurs voient plutôt dans son emprisonnement le résultat de rivalités politiques. Il fut libéré en 2006.

Deng Xiaoping : l'ordre à l'Armée de tirer c'est lui
En 1989, il était l'homme fort du régime. Président de la Commission militaire centrale et père des réformes économiques, il fit pencher la balance en imposant la manière forte et ordonna que l'armée tire sur les manifestants après sept semaines de paralysie du pouvoir.
 
Zhao Ziyang et Hu Yaobang : les honnêtes hommes
Quand s'est déclenché le "Printemps de Pékin", Zhao Ziyang était secrétaire général du Parti communiste et partisan du dialogue. Le 19 mai 1989, il se rendit à Tiananmen, exhortant, en pleurs, les étudiants à quitter la place. Ce fut sa dernière apparition publique. Limogé le 24 juin, il fut placé en résidence surveillée à Pékin. Il mourut en 2005. Ses mémoires posthumes ont été publiés en avril dernier. Il avait succédé au poste de secrétaire général du PCC à Hu Yaobang mort le 15 avril 1989 en résidence surveillée qui de retour d'une tournée au Tibet dans les années 80 avait jugé l'occupation chinoise au Tibet :  "ça, c'est du colonialisme à l'état pur" .
 
Les étudiants :
 
Wang Dan
Il fut, à 20 ans, l'un des plus importants leaders étudiants du mouvement de 1989. Il passa près de huit ans en prison avant d'être relâché en 1998. Il s'exila aux Etats-Unis où il reprit ses études et passa une thèse sur l'Histoire asiatique.
 
Wuer Kaixi
Il avait 21 ans et étudiait à Pékin au moment du "Printemps de Pékin". Il prit part aux grèves de la faim sur la place Tiananmen et devint célèbre en tenant tête au Premier ministre chinois Li Peng, en mai, en direct à la télévision.
 
Chai Ling
Etudiante de 23 ans, elle fut baptisée la "pasionaria" des étudiants chinois. Elle reste une figure controversée du mouvement prodémocratique de 1989, en raison de l'obstination qu'elle montra à convaincre les étudiants à continuer d'occuper la place Tiananmen, alors que la répression semblait imminente. Elle s'enfuit plus tard à Paris, puis partit en exil aux Etats-Unis. Elle y poursuivit ses études à Harvard avant de monter une société d'informatique. > lire son témoignage dans Le Nouvel Observateur de 1989

Les intellectuels et artistes :
 
Liu Xiaobo
Il fut l'un des principaux intellectuels à soutenir le mouvement prodémocratique de 1989. Il participa aux négociations avec l'armée pour laisser la vie sauve au dernier groupe d'étudiants qui demeurait sur la place Tiananmen. Pour avoir combattu pour les droits de l'homme et critiqué le Parti communiste, il a passé bon nombre de ces vingt dernières années en prison.
 
Fang Lizhi
S'il n'a pas participé directement au mouvement de Tiananmen, les idées de cet astrophysicien, expulsé du Parti communiste en 1987 pour avoir soutenu des manifestations d'étudiants, l'a inspiré. Peu après la répression, les autorités émirent un mandat d'arrêt à son encontre. Il trouva refuge à l'ambassade des Etats-Unis, pays où il obtint l'asile politique en 1991.
 
Cui Jian
Le "père du rock" en Chine vint plusieurs fois sur la place Tiananmen et l'une de ses chansons ("Etre dans un extrême dénuement") devint l'hymne du mouvement des étudiants.
 
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Nouvelle tentative d'ingérence de la Chine
dans les affaires européennes...
 
Pékin menace à nouveau les pays hôtes du Dalaï-Lama

Mardi 2 juin 2009 - NOUVELOBS.COM
 
Une "détérioration" des relations serait le prix à payer pour les pays qui recevront le leader spirituel tibétain, actuellement en tournée européenne, prévient le gouvernement chinois.

Une nouvelle mise en garde contre les pays qui accueilleraient le Dalaï-Lama a été lancée, mardi 2 juin, par la Chine, alors que le leader spirituel est actuellement en tournée européenne. En cas d'accueil du chef des bouddhistes tibétains, une "grave détérioration"  des relations avec Pékin seraient la conséquence à assumer par ces nations.

Qin Gang, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a annoncé aux médias que "Toute action irresponsable de quelque pays que ce soit sur cette question représentera une grossière ingérence dans les affaires intérieures de la Chine et détériorera gravement les relations (de la Chine) avec ces pays", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Qin Gang à la presse.
 
Le Dalaï-Lama est accusé par Pékin de demander l'indépendance du Tibet. Il est pourtant uniquement partisan d'une large autonomie. Le leader spirituel tibétain vient de séjourner au Danemark pendant trois jours, où il a été reçu par le Premier ministre Lars Loekke Rasmussen.

Du 6 au 8 juin, le Dalaï-Lama est attendu dans la capitale française, où le maire de Paris, Bertrand Delanoë, doit le recevoir afin de lui remettre la distinction de citoyen d'honneur de la ville, accordé l'année dernière par le conseil de la ville. Une visite qui survient alors-même que les relations franco-chinoises commençaient à s'apaiser. Invité par Nicolas Sarkozy après des mois de tension, le président chinois est attendu en France avant la fin de l'année. Les deux chefs d'Etat s'étaient rencontrés début avril à Londres, en marge du sommet du G20. La rencontre avait mis fin à une longue période de tensions dans les relations franco-chinoises.

Lors du passage de la flamme olympique à Paris, en 2008, les manifestations pro-tibétaines avaient créé des frictions entre les deux pays.

En réponse à un rendez-vous entre Nicolas Sarkozy et le Dalaï-Lama à Gdansk (Pologne) début décembre, le président chinois avait annulé sa venue au sommet de l'Union européenne à Lyon.
 
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Deux manifestants (frères) évadés du Tibet
parlent des atrocités chinoises

Lundi 1er Juin 2009 - Tibet de Facto

Tsewang Dhondup, 38 ans et Lobsang Thupten, 31 ans, originaires de Tehor, (district de Dragko (Ch?: Luhuo), préfecture autonome de Kardze (Ch?: Ganzi), province du Sichuan) avaient participé avec des centaines d'autres personnes à une grande marche de protestation contre les autorités chinoises dans le district de Dragko le 24 avril 2008. En tête de cette marche, des nonnes et des moines du monastère de Palden Chokri.

La manifestation pacifique s'était terminée par des tirs meurtriers de la police armée chinoise, faisant au moins deux morts et plus de dix blessés graves.

Tsewang pense qu'il y a eu probablement beaucoup plus de victimes.

 "Vers 16?h?30, le 24 mars, une grande marche de protestation menée par environ 150 nonnes du couvent de Ngangong se met en branle à Dragko. La marche est ensuite rejointe par des moines de Palden Chokri et des centaines de civils, principalement des paysans", explique Tsewang.

Les marcheurs chantaient "Longue vie au Dalaï-lama", "Chine, quitte le Tibet", et "Retour de Sa Sainteté le Dalaï-lama au Tibet".

"Plus tard, plus de 300 policiers chinois armés ont ouvert le feu au hasard dans la foule. Ils ont également lancé des gaz lacrymogènes et fait usage de cannes électriques et de matraques métalliques pour réprimer la manifestation. Ces forces chinoises ont frappé sans aucune retenue et sans montrer la moindre pitié."

Tsewang a été touché par deux fois en essayant d'aider Kunga, un moine de 20 ans du monastère de Chokri, blessé par balle.

"Alors que j'essayais de sauver la vie de kunga, j'ai moi-même étais atteint par deux fois. Une balle tirée dans mon dos a traversé mon corps et est ressortie devant, un peu au-dessus de ma taille et une autre a touché mon bras gauche. Je suis tombé quasi inconscient", raconte Tsewang tout en montrant ses mauvaises blessures aux journalistes présents à la conférence de presse.

Son frère Thupten l'a vu tomber sous les balles. Très vite, il réussit à le mener en sécurité à l'aide de sa moto. Konga, le moine de 20 ans et fils de Tashi Gyaltsen, était lui déjà mort.

À partir de là, Tsewang a lutté entre la vie et la mort tout en réussissant à ne pas être arrêté pendant un an et trois mois.

"C'est mon frère qui a pris constamment soin de moi alors qu'on était toujours en cavale de peur d'être arrêtés", raconte Tsewang.

"On a même passé environ 6 mois dans une famille. On ne pouvait pas rentrer dans notre ville vu que nos noms apparaissaient dans la liste des personnes recherchées par le gouvernement avec une prime entre 15000 et 20000 Yuan (1500 et 2000 €) sur chacune de nos têtes."

"C'était vraiment un combat entre la vie et la mort pour moi. Comme je ne pouvais pas accéder à des soins médicaux corrects, les blessures par balle ont commencé à pourrir en se couvrant d'asticots et de pus, ce qui provoquait des douleurs insoutenables."

"Ma santé allait tellement de mal en pis que j'ai envisagé de mettre fin à mes jours".

"Et puis l'espoir et la détermination de voir Sa Sainteté le Dalaï-lama et l'envie de raconter au monde extérieur les souffrances endurées par le peuple tibétain sous l'occupation chinoise m'ont rendu plus fort."

"Tout au long du parcours, nous avons été généreusement soutenus par plusieurs familles. Mais je suis avant tout éternellement redevable à mon frère Thupten."

Questionné par un étudiant américain sur ce que les communautés afro-américaines pouvaient faire pour le Tibet, Tsewang a lancé un appel pour que des "recherches approfondies" soient faites pour mettre réellement en lumière le problème du Tibet.

 "Je demande à la communauté internationale de soutenir le Tibet en se basant sur la réalité de la situation et à se dégager de l'emprise de l'information partisane émise par la puissante machine de propagande chinoise en Chine et à travers le monde."

"Je demande à la communauté internationale d'aider le Dalaï-lama à retourner dans son pays, le Tibet. Vous pouvez également aider à faire libérer les prisonniers politiques tibétains ainsi que le Panchen-lama, celui reconnu par le Dalaï-lama."

"Les gens des médias doivent être assez courageux pour aller au cœur des villages tibétains et dans les régions isolées pour évaluer eux-mêmes et de manière indépendante la véritable situation du Tibet sous l'autorité chinoise. Ils doivent entendre les vraies voix du Tibet qui sont si bien bâillonnées par le gouvernement chinois", insiste Tsewang.

"Le niveau de violence que nous avons dû subir de la part des forces chinoises l'année dernière confirme ce que nous pensons depuis longtemps. La Chine n'a aucun respect ni aucune considération pour la vie et le bien-être des Tibétains", ajoute Tsewang avec dédain.

"Je ne peux même pas m'imaginer comment les Chinois ont pu infliger une telle violence à des manifestants pacifiques l'année dernière. Après ce qu'ils ont fait au Tibet l'année dernière, je peux seulement imaginer la quantité de ressentiment qu'éprouvent maintenant les Tibétains envers le gouvernement chinois."

Les deux frères disent qu'ils ont quitté le Tibet avec la "conviction et l'espoir" d'aider à soulager les souffrances des Tibétains au Tibet.

À la conférence de presse, Tsewang et Thupten ont été rejoints par Tsering Gyurmey et Gompo qui avaient pris part à une manifestation similaire à Kardze l'année dernière et qui ont réussi eux aussi à regagner l'Inde la semaine dernière.
 
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Six femmes tibétaines blessées
lors d'une fusillade à Tawu

Mardi 26 mai 2009 - Tibet de Facto
 
Au moins 6 femmes tibétaines ont été gravement blessées après que les forces de sécurité chinoises aient ouvert le feu sur des Tibétains dans le district de Tawu.

Dimanche 24 mai, 11 heures du matin (heure de Pékin): la police et la police armée (la PSB et la PAP) tirent à l'aveuglette sur des habitants des districts de Tawu et de Kardze (préfecture autonome de Kardze).

A l'origine de cet événement, la volonté de la Chine de construire un énorme barrage hydroélectrique entre les districts de Nyagchu et Tawu qui implique un déplacement massif de Tibétains (des dizaines de milliers). Alors qu'elles commencent à planifier les travaux début 2008, les autorités chinoises contraignent les habitants du district de Tawu à signer des documents relatifs à leur expropriation.

Cette année, les autorités veulent commencer le transfert des populations, ce à quoi les Tibétains s'opposent vivement, refusant de quitter leurs terres et maisons ancestrales.

Le 5 mai 2009, le gouvernement chinois envoie un grand nombre de policiers armés dans la région. Ils détruisent les maisons de plusieurs familles dont celles d'Ati Gyatso Tsang et de Chego Pezi Tsang.

Plus tôt, lors d'une réunion à laquelle les habitants de la ville de Wara Mato ont été convoqués, les autorités font ériger un pilier en pierre pour leur signifier leur transfert dans un autre lieu.

Sous la conduite de Lhamo, une femme de plus de 70 ans, les habitants furieux et s'opposant fermement à cette politique de transfert forcé, refusent de bouger et détruisent le pilier.

Le 24 mai 2009, les habitants des districts de Tawu et de Nyagchu sont convoqués au siège du district de Tawu pour assister à une déclaration publique à propos de leur évacuation de la région à cause du barrage. Très vite après cette annonce, le rassemblement se mue en manifestation que la police tente d'arrêter en lançant des gaz lacrymogènes. L'armée ouvre le feu.

Six femmes (Tsering Lhamo, Rigzin Lhamo, Dolma, Kelsang, Dolkar et Khaying) sont gravement blessées sans que l'on sache si c'est mortellement ou non vu qu'elles ont été immédiatement évacuées de force.
 
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Le maire de Paris recevra
le Dalaï-Lama début juin

Mercredi 27 mai 2009 - AFP
 
PARIS - Le maire socialiste de Paris Bertrand Delanoë recevra le Dalaï-Lama lors de sa visite en France prévue du 6 au 8 juin, a indiqué mardi à l'AFP Laurent Fary, porte-parole du maire, confirmant des informations de RTL.

Le porte-parole a cependant précisé qu'il n'était pas en mesure pour le moment de "confirmer quelque date ou créneau horaire que ce soit".

Le Conseil de Paris avait voté en 2008 pour faire du Dalaï-Lama un Citoyen d'honneur de la capitale et le secrétaire général du bureau du Tibet à Paris, Wangpo Bashi, avait évoqué début mai la possibilité que le chef spirituel des Tibétains reçoive ce titre des mains de M. Delanoë lors d'une visite à Paris prévue du 6 au 8 juin.

La Chine avait immédiatement demandé à la Ville de Paris de cesser ses "ingérences dans les affaires intérieures chinoises", assurant que ce titre de Citoyen d'honneur décerné au chef spirituel tibétain, que Pékin accuse de vouloir obtenir l'indépendance du Tibet, avait "soulevé une forte indignation du peuple chinois".

"Si la municipalité de Paris remet ce titre, cela entraînera de nouveau une forte opposition de la Chine", avait déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Ma Zhaoxu.

Le 11 mai dernier, M. Delanoë avait toutefois indiqué ne pas avoir "l'intention de changer de point de vue" à ce propos, tout en affirmant qu'il "n'est pas question d'ingérence" dans les affaires intérieures chinoises.

"Mais il n'est pas question non plus de renoncer à mes convictions, sans provocation", avait-il ajouté.

Le Quai d'Orsay a confirmé mardi la venue du "Dalaï-Lama (qui) effectue une tournée européenne qui va le conduire au Danemark, en Islande, aux Pays-Bas et en France".

"Il sera à Paris pour recevoir la distinction de citoyen d'honneur qui lui a été attribuée en 2008", a confirmé le porte-parole adjoint du ministère, Frédéric Desagneaux.

"Il s'agit d'une initiative prise par la Ville de Paris en toute indépendance", a-t-il ajouté, soulignant qu'"aucune demande n'a été faite, aucune rencontre n'est prévue avec un représentant du gouvernement français".

"Nous considérons que la visite du Dalaï-Lama à Paris ne doit pas avoir d'impact sur la qualité de nos relations avec la Chine", a-t-il ajouté, alors que la France et la Chine ont mis officiellement un terme début avril à la brouille provoquée par une rencontre en décembre du président Nicolas Sarkozy et du Dalaï-Lama, qui avait ulcéré Pékin.

M. Sarkozy a nié l'existence d'un accord secret avec Pékin au terme duquel il aurait renoncé à rencontrer le Dalaï-Lama en échange de la reprise d'un dialogue de haut niveau avec la Chine.

Le Dalaï-Lama vit en exil depuis 1959 dans le nord de l'Inde, à Dharamsala, et affirme avoir renoncé à ses exigences indépendantistes au profit d'une autonomie pour la région himalayenne.

Après l'invasion et l'occupation par la Chine du Tibet en 1950-1951, le 14e Dalaï-Lama avait fui le 17 mars 1959 et traversé la frontière indienne le 30, près de trois semaines après le début d'une insurrection avortée contre le régime chinois.

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Visite du Dalaï-Lama :
Bertrand Delanoë se défend de toute ingérence,
mais ne veut pas renoncer à ses convictions

Mardi 12 mai 2009 - AFP
 
Le maire socialiste de Paris Bertrand Delanoë n'a "pas l'intention de changer de point de vue" à propos du Dalaï-lama qui a été fait citoyen d'honneur de la capitale tout en affirmant qu'il "n'est pas question d'ingérence" dans les affaires intérieures chinoises.

La Chine a récemment demandé à la Ville de Paris de cesser ses "ingérences dans les affaires intérieures chinoises", alors qu'il y a un an, la municipalité parisienne a décerné le titre de citoyen d'honneur au Dalaï-lama. "J'ai reçu le Dalaï-lama il y a quelques années (...) J'assume le vote des élus de Paris de lui accorder la citoyenneté d'honneur. Quand lui remettrai-je? Je n'en sais rien", a indiqué M. Delanoë lors d'un déjeuner de presse en marge du conseil de Paris. "Il n'est pas question d'ingérence.
 
Mais il n'est pas question non plus de renoncer à mes convictions, sans provocation" a-t-il ajouté.

Le secrétaire général du bureau du Tibet à Paris, Wangpo Bashi, avait évoqué les dates d'une visite du 6 au 8 juin pour que le chef spirituel des Tibétains, accusé par les Chinois de vouloir obtenir l'indépendance du Tibet, reçoive son titre de citoyen d'honneur des mains de M. Delanoë. 
 
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Photo : VOA Tibetan language TV relayée par Tibet de Facto
 
Des images de la manifestation étudiante
à Labrang sortent du Tibet

Dimanche 10 mai 2009 - Tibet de Facto

De nouvelles images de la manifestation réunissant lycéens et étudiants à Labrang (chinois?: Xiahe) le 24 avril 2009 sont sorties du Tibet.
 
Les images confirment que plusieurs centaines d'étudiants du collège tibétain de Labrang ainsi que plusieurs enfants âgés d'environ une dizaine d'années ont participé à la manifestation contre la diffamation permanente du Dalaï-lama qu'orchestrent les autorités chinoises.

Une des images montre un groupe de jeunes filles d'environ douze ans, presque toutes en costumes tibétains traditionnels, en tête d'un cortège de manifestants.

D'autres images montrent des enfants portant des bannières apparemment " faites mains ".

Des adultes ou des étudiants plus âgés sont également visibles ainsi que des moines (probablement du monastère de Labrang) en arrière-plan bien qu'ils ne semblent pas prendre part à la manifestation.

Ces photos ont été prises avant que la police n'intervienne pour appréhender les étudiants. Sur une photo postérieure, on aperçoit en arrière-plan des camions de l'armée.
 
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Des moines manifestants de Labrang s'échappent du Tibet

Dimanche 10 mai 2009 - Tibet de Facto

Cinq moines tibétains recherchés par les autorités chinoises pour avoir organisé une manifestation au monastère de Labrang en 2008 viennent de trouver refuge en Inde.
 
Les cinq moines tibétains (Gendun Gyatso, Kelsang Jinpa, Lobsang Gyatso, Jamyang Jinpa et Jigme Gyatsa) avaient réussi à manifester contre l'oppression chinoise devant des journalistes étrangers participant à une visite organisée et contrôlée par le gouvernement chinois en avril 2008 au monastère de Labrang (province de Gansu). Cette action avait eu un grand retentissement médiatique à un moment ou de nombreuses autres manifestations se multipliaient dans la région depuis le mois de mars. Les moines sont arrivés sains et saufs à New Delhi, la capitale indienne, après avoir réussi à échapper aux forces de sécurité chinoises pendant plus d'un an.

Ayant eu vent après la manifestation qu'ils seraient arrêtés, les cinq moines, séparés en plusieurs groupes, se réfugient dans les collines près du monastère.

" Nous avons vécu comme des animaux, nous déplaçant constamment d'un endroit à un autre. Mais mieux valait ça que la prison " déclare Gendun Gyatso.

Alors qu'ils vivent dans la clandestinité depuis deux mois, Gyatso et ses deux amis se retrouvent un jour encerclés par la police chinoise. Kelsang Gyatso et Jinpa arrivent à s'échapper de nouveau mais leur compagnon est capturé et est toujours en prison.
 

Une évasion conseillée

Jamyang Jinpa, l'un des moines ayant parlé aux journalistes étrangers lors de la manifestation, dit avoir entendu parler une première fois de leur visite à Labrang sur Radio Free Asia diffusant une émission en dialecte de l'Amdo " Mais nous ne savions pas la date exacte " précise-t-il.

Jinpa et ses camarades de classe du monastère, Jigme Gyatso et Lobsang Gyatso, se sont mis alors à planifier la manifestation, persuadés que c'était " une excellente occasion " de faire connaître les problèmes du Tibet.

" Nous avons demandé la liberté pour le Tibet ainsi que la libération des prisonniers politiques tibétains dont le Panchen-lama " déclare Jinpa.

Les troupes chinoises ont encerclé le monastère de Labrang après la manifestation ajoute Jinpa, précisant que lui et ses amis se sont enfuis dans les collines, habillés en civil, après qu'un lama leur ait conseillé de s'échapper.

Questionnés sur leurs intentions actuelles, Jinpa dit qu'ils ne souhaitent qu'une chose, aller à Dharamsala, siège du gouvernement tibétain en exil, afin de rencontrer le Dalaï-lama.

 En dépit de leur évasion réussie, ils n'éprouvent pas de satisfaction particulière " Trop de personnes souffrent encore au Tibet " dit Jinpa.

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Tibet : un juge espagnol veut interroger des responsables chinois
 
Mardi 5 mai 2009 - NOUVELOBS.COM

Un juge espagnol souhaite interroger huit hauts dirigeants chinois sur leur implication dans la répression tibétaine du printemps dernier. Le ministre chinois de la Défense fait partie des "mis en examen".
 
Le juge d'instruction espagnol Santiago Pedraz a annoncé, mardi 5 mai, son intention d'interroger huit hauts dirigeants chinois présumés responsables de la répression du printemps 2008 au Tibet.

Il a indiqué avoir demandé aux autorités chinois l'autorisation de se rendre en Chine et y interroger ces personnes parmi lesquelles figurent le ministre chinois de la Défense, Liang Guanglie, selon un document auquel l'AFP a eu accès.

Le juge souligne que ces responsables politiques et militaires seront interrogés en qualité de "mis en examen", c'est-à-dire de suspects, et non comme témoins. Leurs interrogatoires seront ensuite remis à l'Audience nationale, tribunal espagnol dédié aux enquêtes sur les crimes de masse commis dans le monde entier.

Répression chinoise : "un crime contre l'humanité"
 
En août 2008, la justice espagnole s'est déclarée compétente pour instruire une plainte du Comité de soutien au Tibet (CAT) déposée à Madrid contre ces dirigeants chinois. Les plaignants estiment que la répression des troubles au Tibet par les autorités chinoises au printemps 2008, est constitutive "de crimes contre l'humanité par élimination systématique et généralisée de Tibétains, de blessures graves, tortures et disparitions forcées".

Cette répression a fait, selon eux, au moins 203 morts, plus de 1.000 blessés graves et 5.972 arrestations illégales et disparitions. De son côté, Pékin a assuré qu'un seul Tibétain avait été tué par les forces de sécurité et que les émeutiers avaient tué 21 personnes lors des graves troubles de la mi-mars 2008 au Tibet et dans les régions environnantes.

Le juge Santiago Pedraz souligne que les faits dénoncés par la plainte, s'ils se confirment, "seraient constitutifs de crime contre l'humanité selon la législation pénale espagnole". La justice espagnole se reconnaît, depuis 2005, une compétence universelle pour enquêter sur les crimes contre l'humanité, génocides, et tortures de masse commis dans le monde entier, à condition que les faits dénoncés ne fassent pas ou n'aient pas fait l'objet d'une enquête dans le pays concerné.
 
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La Chine reçoit Chirac, un "vieil ami"

Mardi 28 avril 2009 - Aujourd'hui la Chine

L'ancien président de la République française Jacques Chirac, que les autorités chinoises aiment à qualifier de "vieil ami de la Chine", a été reçu par le chef de l'Etat Hu Jintao, au début d'une brève visite à Pékin.

M. Chirac a été reçu mardi 28 avril par M. Hu à Diaoyutai, la résidence des hôtes étrangers, pour un entretien qui devait être précédé d'un dîner, a constaté l'AFP. Hu Jintao l'a remercié au début de la rencontre pour son action, alors qu'il était président, au service de l'amitié sino-française.

M. Chirac a été invité par les autorités chinoises pour cette visite de deux jours de caractère privé lors de laquelle il souhaite évoquer la crise
économique mondiale, le G20, l'Afrique, et le rôle prépondérant de la Chine sur ces dossiers, a-t-on indiqué dans son entourage.

L'ancien chef de l'Etat français devait avoir mercredi un entretien téléphonique avec l'ex-numéro un chinois Jiang Zemin, puis prononcer un discours à l'Institut des Hautes Etudes Diplomatiques de Pékin, dont il sera fait docteur honoris causa.

M. Chirac doit évoquer également à Pékin les questions que défend la Fondation Chirac qu'il a créée après avoir quitté le pouvoir en 2007 : lutte contre la déforestation, accès aux médicaments pour tous et sauvegarde des langues et cultures menacées.

Jacques Chirac est populaire en Chine où les autorités le traitent souvent de "lao pengyou", vieil ami de la Chine, un pays qu'il connaît bien.

Cette affection officielle et populaire fait ressortir par contraste la difficulté de la relation avec son successeur Nicolas Sarkozy, surtout depuis le passage chaotique de la flamme olympique au printemps 2008 à Paris et sa rencontre avec le Dalaï-lama, leader spirituel des Tibétains. Cet entretien, en décembre, avait ulcéré Pékin et provoqué une brouille diplomatique de quatre mois, jusqu'à ce que les deux pays signent le 1er avril un communiqué conjoint et tournent officiellement la page.

Depuis, le chef de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer a fait le voyage de Pékin. Un autre ancien président français, Valéry Giscard d'Estaing, est également attendu, fin mai, dans la capitale chinoise.
 
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Chine : la mort après les JO
Suite aux condamnations à morts réaction du député Lionnel Luca
Président du groupe d'étude sur le Tibet à l'Assemblée Nationale

Nice 17 Avril 2009

L'agence Chine Nouvelle a révélé des condamnations à mort prononcées à l'encontre des manifestants tibétains arrêtés l'an dernier. Au mépris de tous ses engagements pour obtenir les JO, le Gouvernement chinois poursuit tranquillement sa politique de répression avec la complicité passive des démocraties qui se taisent.

En France où on aime faire du zèle, c'est le moment qu'ont choisi des responsables politiques anciens et actuels pour se rendre en Chine sûrement pour s'excuser du soutien du peuple français au peuple tibétain…

L'annonce de ces condamnations à mort politique devraient les faire renoncer à ce déplacement sauf à prendre l'engagement d'intercéder en leur faveur.

Lionnel LUCA   
Président du Groupe d'Etudes sur la question du Tibet   
Vice-Président du Conseil Général des Alpes-Maritimes   
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REPUBLIQUE FRANCAISE
 
Communiqué du Sénat
 
Paris, le 9 avril 2009
Réaction du Président du groupe d’information sur le Tibet du Sénat au "communiqué de presse sino-français"
du 1er avril 2009
 
Les sénateurs membres du groupe d’information sur le Tibet du Sénat ont pris connaissance avec la plus grande attention du communiqué de presse rendu public le 1er avril 2009, après plusieurs réunions de consultations, par le ministère des Affaires étrangères de la République populaire de Chine et le ministère des Affaires étrangères de la République française, à l’occasion de la rencontre entre le président Nicolas Sarkozy et le président Hu Jintao.
 
M. Jean-François Humbert (UMP – Doubs), président du groupe d’information sur le Tibet du Sénat, formule à propos de ce communiqué de presse sino-français les observations suivantes :
 
1. La Chine et la France sont légitimement attachées au principe de non-ingérence tel que consacré par la Charte des Nations unies. Toutefois, la question tibétaine ne saurait être considérée comme une affaire intérieure à la Chine, tant que 140 000 exilés politiques tibétains continueront de vivre en dehors des frontières du Tibet, et que le flux quotidien des réfugiés tibétains vers le Népal et l’Inde, à travers l’Himalaya, ne sera pas tari.
 
2. La question du Tibet est effectivement très importante et sensible, au premier chef pour les Tibétains eux-mêmes. Elle est aussi sensible pour les Français et pour leurs représentants élus, nationaux ou locaux, qui sont attachés au respect partout dans le monde des droits humains, et notamment des libertés politiques, d’opinion et de conscience.
 
3. le Tibet est effectivement partie intégrante du territoire chinois, depuis "l’accord en dix-sept points" signé sous la menace de la force en 1951 par les émissaires de Lhassa avec les représentants de Pékin. Même si les Tibétains ont une interprétation très différente de celle des Chinois sur les relations qui ont existé entre les deux pays dans le passé, antérieurement à la "libération pacifique" du Tibet en 1949, il est aujourd’hui inutile de contester ce fait.
 
4. Depuis 1988, la position constante et très claire du Dalaï Lama, comme du Gouvernement tibétain en exil à Dharamsala en Inde, a été de renoncer à l’indépendance pour demander une véritable autonomie. Les propositions concrètes des négociateurs tibétains pour un nouveau statut du Tibet, dans le cadre actuel de la Constitution de la République populaire de Chine, sont exposées dans le Memorandum pour une véritable autonomie du peuple tibétain présenté en novembre 2008 aux négociateurs chinois.
 
Source : Sénat, 9 avril 2009 et Rédaction Tibet Info (JMB)
 
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REPUBLIQUE FRANCAISE

Communiqué de l'Assemblée nationale
 
Paris, le 3 avril 2009
" L'ingérence dans la non-ingérence "
 
L'annonce d'un accord entre les gouvernements français et chinois pour renouer des contacts ne peut que réjouir tous ceux qui sont attachés à la défense de l'identité culturelle et religieuse du peuple tibétain.
 
Affirmer que le Tibet est partie intégrante de la Chine est également la position du Dalaï- lama ; par contre l'affichage d'une région autonome du Tibet au sein de l'Etat chinois reste purement virtuel et doit donc être vraiment réalisé en étant conforme à la constitution chinoise.
 
Cela dit, quand le Quai d'Orsay évoque le respect du principe de non-ingérence, a-t-il consulté son Ministre des Affaires Etrangères avant lui qui s'était fait le hérault de l'ingérence ?

Lionnel LUCA
Président du Groupe d'Etude sur la question du Tibet
 
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Jean-Pierre Raffarin se félicite
du "compromis fertile" avec la Chine

Mercredi  8 avril 2009 - Le Monde - Bruno Philip
 
Pékin - Venu présider un colloque économique franco-chinois, l'ancien premier ministre français Jean-Pierre Raffarin a estimé, lundi 6 avril, que le communiqué de réconciliation publié le 1er avril par Paris et Pékin était le fruit d'un "compromis fertile" qui permettait d'en revenir "aux fondamentaux" après des mois de bouderie chinoise. M. Raffarin a expliqué que le texte était à la fois "plus précis et plus engageant" à l'égard de Pékin.
 
"On ne parle pas seulement de (l'attachement français) à l'unité de la Chine (dans ce communiqué) : on dit que l'on est non seulement contre l'indépendance du Tibet mais aussi contre le soutien à l'indépendance.
 
Jean-Pierre Raffarin persiste et signe...
"Si Nicolas Sarkozy rencontrait de nouveau le Dalaï Lama
Pékin considérerait que c'est un soutien à l'indépendance" (*)
 
" A la question de savoir si le même texte engage le président Nicolas Sarkozy à renoncer à toute rencontre avec le Dalaï-Lama, M. Raffarin a répondu qu'"on ne peut pas faire dire au texte ce qu'il ne dit pas", ajoutant cependant que, si M. Sarkozy rencontrait de nouveau le chef spirituel tibétain en exil, "les Chinois considéreraient cela comme une forme de soutien (à l'indépendance du Tibet)".
 
La rencontre entre les deux hommes, en décembre 2008, en Pologne, avait provoqué la fureur de Pékin, qui avait annulé un sommet sino-européen.
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(*) NDLR : Rappelons, pour la vérité des faits, que le Dalaï Lama ne demande pas l'indépendance du Tibet, mais une réelle autonomie. Il n'y donc pas lieu d'évoquer un quelconque soutien à l'indépendance.
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Quelque soit leur âge "Les Tibétains votent avec leurs pieds et avec leurs vies" pour fuir le "le Paradis chinois" - @ Centre des réfugiés - Dharamsala.
 
 
EXPO A PEKIN
Un sommet dans l'art de la propagande d'Etat !

" Au Tibet, c'est le paradis ! "

Vendredi 3 avril 2009 - Le Monde - Bruno Philip (correspondant à Pékin)
 
En ce 50e anniversaire du soulèvement de Lhassa et de la fuite du Dalaï-Lama (10 et 17 mars 1959), le régime chinois a tenu à frapper les esprits. En témoigne l'organisation à Pékin d'une exposition dont l'intitulé ne laisse pas place au doute - "Cinquante ans de réforme démocratique au Tibet" - et qui, de fait, représente, dans son genre, un sommet dans l'art de la propagande d'Etat.
 
Les organisateurs ne se sont préoccupés ni d'une vision historique globale ni des subtilités anthropologiques ou culturelles pour décrire la réalité médiévale du Tibet d'avant les "réformes". Pris sous le feu d'une critique occidentale qui ne faiblit pas à propos de la "colonisation" han sur le Toit du monde ou des failles de la légitimité chinoise historique au pays des neiges, il leur fallait choisir dans les réalités de l'Histoire ce dont ils avaient besoin pour démontrer que le Tibet d'autrefois n'était qu'une terre de violence et d'injustice.
 
A l'entrée, alors qu'une longue file d'attente d'enfants des écoles et des membres des comités d'entreprise s'est formée devant le Musée des nationalités, qui héberge l'exposition, tout visiteur est soigneusement fouillé. Une inspection si minutieuse que le journaliste étranger, qui a pourtant montré sa carte de presse prouvant son accréditation officielle auprès des autorités chinoises, se fait subtiliser son carnet de notes par les gardiens. Motif : les notes déjà prises en français ressemblent à du tibétain et il est interdit d'introduire des documents dans l'exposition...
 
Celle-ci est organisée de façon chronologique. Tout commence, au temps du Tibet "féodal", une époque marquée par le servage dans lequel étaient plongés, selon les chiffres des légendes explicatives, "95 % des Tibétains". Dans le premier hall, le visiteur ne peut qu'être impressionné par les vieilles photos de certains serfs enchaînés, d'autres qui brandissent des moignons, d'autres encore qui fixent l'objectif de leurs orbites vides, signes de l'amputation et de l'énucléation rituelles punissant parfois les coupables de crimes.
 
Dans une ferme reconstituée, une paysanne ploie sous un sac tandis que son bébé en haillons gémit sur le sol en terre battue. A côté, une maison d'aristocrate respirant l'opulence illustre les contrastes du monde tibétain d'autrefois.
 
Une notice enfonce le clou : "Avant 1959, la société tibétaine était sombre et cruelle. Le peuple souffrait de l'oppression politique et spirituelle. La société était décadente et arriérée, le Tibet était plongé dans un stade prolongé de pauvreté et d'immobilisme." Selon le même texte, "les aristocrates, les officiels et les représentants du clergé qui constituaient 5 % de la population possédaient toutes les terres".
 
Certes, le Tibet d'autrefois n'était pas le pays de cocagne tel que se le représentent certains Occidentaux fantasmant sur le pays des neiges qui, selon certaines images d'Epinal, incarne une sorte de "Shangri-La" paisible et bienheureux avant l'invasion chinoise. Le Tibet était un pays médiéval et un royaume théocratique. Les réalités sociales étaient cependant plus complexes ou différentes de ce que la propagande chinoise instrumentalise aujourd'hui pour justifier sa politique dans l'ancien royaume du dalaï-lama. Ces mêmes réalités continuent de faire débat et divisent les chercheurs occidentaux : A. Tom Grunfeld, un sinologue canadien pourtant plutôt bien en cour à Pékin, publie des chiffres différents de ceux présentés à l'exposition dans son livre sur l'histoire du Tibet : "Le clergé et la noblesse formaient 20 % de la population et 60 % des Tibétains étaient des serfs." (Et pas 95 %, donc...) Le grand tibétologue américain Melvyn Goldstein confirme que le Tibet d'avant 1950 était une "théocratie féodale" dirigée par "des leaders incompétents et corrompus". Il ajoute que le servage ne signifiait pas pour autant que la société était figée et qu'il n'existait pas une certaine forme de mobilité sociale chez les serfs où se distinguaient plusieurs sous-groupes, de conditions variables.
 
En 2003, Heidi Fjeld, anthropologue norvégien, affirmait pour sa part que les termes servage et féodalisme étaient des concepts non adaptés au Tibet qui aurait, selon lui, davantage ressemblé à une "société de castes"... Le terme de serf lui-même - qui se dit miser en tibétain - est controversé dans sa traduction, certains spécialistes estimant qu'il faut y voir avant tout la notion de "sujet" lié aux seigneurs féodaux ou aux monastères, même si une partie d'entre eux étaient soumis à l'impôt ou à la corvée.
 
A ce sujet, Melvyn Goldstein devait préciser que les conditions de vie du serf tibétain ressemblaient fort à celles du serf de l'Europe médiévale, utilisant les écrits de l'historien français Marc Bloch. Selon ce dernier, la condition de servage supposait un statut héréditaire, permettait à l'individu de jouir de certains droits sans qu'il lui soit possible de posséder les moyens de production, en l'occurrence les terres.
 
En ce qui concerne les amputations et l'énucléation, si ces formes de punitions existaient bel et bien dans le Tibet médiéval, elles n'étaient pas employées de manière systématique et le treizième Dalaï-Lama les avait même fait évoluer dans les années 1930 en alternant curieusement d'une année sur l'autre châtiments corporels et peine de mort. Ce qui n'empêcha pas le gouvernement tibétain de condamner à l'énucléation, en 1934, le politicien réformateur Lungshar, accusé d'avoir fomenté un complot contre certains ministres...
 
Heureusement, tout cela est bel et bien révolu. Une autre partie de l'exposition vante les mérites de la "Libération pacifique du Tibet" (1951), celle-ci finissant par être mise en danger par les "23 000 rebelles" qui, à la fin de 1958, infestaient les campagnes tibétaines. Mais l'insurrection populaire de mars 1959 dans Lhassa fut matée, le Dalaï-Lama s'enfuit, les rebelles se rendirent et, le 28, la Chine finit par dissoudre le "gouvernement local du Tibet". Cette date, annonce fièrement l'une des affichettes de l'exposition, sanctionne désormais "le jour anniversaire de l'émancipation des serfs".
 
Dans un des halls principaux, une fresque spectaculaire annonce la couleur : des mannequins vêtus en paysans brûlent, sur un feu artificiel aux flammes mouvantes, les titres de propriété des seigneurs désormais dépossédés de leurs droits sur les serfs. Des fusils mitrailleurs et des grenades capturés sur les guérilleros sont exposés dans des vitrines, mais la violente répression de l'année 1959, les conséquences du Grand Bond en avant, durant lequel un Tibétain sur cinq serait, selon certaines sources occidentales, mort de faim au début des années 1960, les émeutes des années 1980, sont bien entendu passées sous silence.
 
La dernière partie de l'exposition est consacrée, chiffres à l'appui, à la mise en valeur de la modernisation du Tibet grâce à la République populaire de Chine. Au hasard, on apprend qu'il n'y avait encore que 0,4 télévision pour 100 habitants en "Région autonome" tibétaine en 1990 et qu'il y en a 61,8 aujourd'hui. En 1958, il y avait 62 hôpitaux, cliniques ou dispensaires au Tibet. Il y en a 1 339 désormais. Dans le Tibet féodal, 2 % des enfants étaient scolarisés ; depuis 1985, 29 500 Tibétains ont étudié dans différentes provinces chinoises.
 
Sur les livres de commentaires mis à la disposition du public, on peut lire des phrases du genre : "L'union fait la force !" "Vive la République populaire prospère !" "Vive l'Union des nationalités de Chine !" Un jeune homme de 23 ans nommé Peng Xu, stagiaire informaticien, nous glisse gentiment en sortant : "La Chine est une grande famille. Taïwan et le Tibet sont des parties inaliénables de la Chine. Personne ne pourra les séparer de la mère patrie."
 
Comme le dit l'un des slogans de l'expo : "Au Tibet, maintenant, c'est le paradis !"
 
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Tibet : pas d'accord "secret" France-Chine
pour renouer le dialogue
 
Vendredi 3 avril 2009 - AFP
 
Londres - Le président Nicolas Sarkozy a catégoriquement démenti jeudi à Londres tout "accord secret" au terme duquel il aurait renoncé à rencontrer le Dalaï Lama en échange de la reprise d'un dialogue de haut niveau avec la Chine.
 
"Il n'y a pas d'accord caché avec la Chine (...). Les Chinois sont extrêmement pragmatiques et il ne leur viendrait pas à l'idée de demander des choses qu'ils n'obtiendraient pas", a déclaré M. Sarkozy lors d'une conférence de presse en clôture du sommet du G20.
 
"Toute ma vie politique, j'ai considéré qu'il n'existait qu'une Chine (...) J'ai toujours considéré que le Tibet faisait partie de la Chine", a-t-il poursuivi, rappelant que le chef spirituel des bouddhistes tibétains lui-même "ne demande pas l'indépendance du Tibet".
 
"Je tiens beaucoup au partenariat stratégique avec la Chine (...) On a levé les malentendus, j'en suis extrêmement heureux", a conclu Nicolas Sarkozy.
 
Après quatre mois d'une brouille provoquée par sa rencontre en décembre en Pologne avec le Dalaï Lama, la France et la Chine ont repris leur relation à haut niveau mercredi soir, à la faveur d'une rencontre entre Nicolas Sarkozy et le président chinois Hu Jintao en marge du G20.
 
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La France et la Chine se réconcilient
sur le dos du Tibet...
 
Jeudi 02 avril 2009 - Liberation.fr
 
La France et la Chine se sont réconciliées en catimini, à l’ombre des grandes tractations du G20. Alors qu’une rencontre avec Nicolas Sarkozy ne faisait pas partie des plans de Hu Jintao, il y a encore une semaine, c’est un petit communiqué (voir le communiqué du Ministère des Affaires étrangères, en fin d'article), glissé discrètement hier, qui a scellé la réconciliation. Ce texte a été publié conjointement par les deux pays.
 
Symbole du renouveau, les deux présidents se sont finalement entrevus hier soir. Hu Jintao s’est félicité de ce revirement: «Notre rencontre (...) marque un nouveau point de départ pour nos relations bilatérales et j’espère que les deux parties vont travailler ensemble pour lancer une nouvelle phase dans les relations sino-françaises».
 
Pour rétablir les relations, il n’a fallu qu’une petite phrase, paraphée par la France: «La France mesure pleinement l’importance et la sensibilité de la question du Tibet et réaffirme qu’elle s’en tient à la politique d’une seule Chine et à sa position selon laquelle le Tibet fait partie intégrante du territoire chinois».
 
Finies les références à une autonomie culturelle large tibétaine, au respect des droits de l’homme, la France lâche le Tibet pour courtiser Pékin.
 
Les relations sino-françaises, déjà peu chaleureuses depuis le passage chaotique de la flamme olympique à Paris l'an dernier, avait pris un sérieux coup de froid en décembre, lorsque Nicolas Sarkozy avait rencontré le Dalaï Lama à Gdansk.
 
A cette époque, Nicolas Sarkozy exprimait encore sa «préoccupation» pour le Tibet, jugeant primordiaux la reprise du dialogue entre les autorités chinoises et le dalaï lama ainsi que le respect des droits de la minorité tibétaine. Mais dans le communiqué d'hier, nulle trace de ces exigences. La realpolitik a repris le dessus.
 
Cette réconciliation furtive reste largement eclipsée par la poignée de main entre Barack Obama et Hu Jintao. Le président américain a accepté une invitation de son homologue chinois à se rendre à Pékin avant la fin de l’année. Les Etats-Unis, comme beaucoup d’autres, veulent s’engager sur la voie d'une collaboration plus étroite avec le géant chinois.
 
Communiqué du ministère des Affaires étrangères et européennes
 
Après plusieurs réunions de consultations, le ministère des Affaires étrangères et européennes de la République française et le ministère des Affaires étrangères de la République populaire de Chine sont parvenus aux conclusions agréées suivantes.
 
Les deux parties ont réaffirmé leur attachement à l’importance primordiale de la relation franco-chinoise et leur volonté de saisir l’occasion du 45e anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la Chine pour renforcer le partenariat stratégique global, fondé sur une approche stratégique et de long terme, le respect mutuel et la prise en considération des intérêts fondamentaux des deux pays. La France et la Chine réitèrent leur attachement au principe de non-ingérence tel que consacré par la Charte des Nations unies, et conviennent de renforcer leur concertation sur les dossiers mettant en jeu les intérêts fondamentaux des deux pays dans un esprit de confiance mutuelle.
 
La France mesure pleinement l’importance et la sensibilité de la question du Tibet et réaffirme qu’elle s’en tient à la politique d’une seule Chine et à sa position selon laquelle le Tibet fait partie intégrante du territoire chinois, conformément à la décision prise par le général de Gaulle qui n’a pas changé et ne changera pas. Dans cet esprit et dans le respect du principe de non-ingérence, la France récuse tout soutien à l’indépendance du Tibet sous quelque forme que ce soit.
 
Les deux parties estiment que dans la situation politique et économique internationale actuelle marquée par de profonds changements, la France et la Chine, membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, assument de lourdes responsabilités dans la préservation de la paix mondiale comme dans la promotion du développement. Les deux parties ont souligné leur disposition à renforcer le dialogue et la concertation pour relever ensemble les défis planétaires tels que la crise financière internationale.
 
Dans cet esprit, les deux parties ont décidé de tenir, au moment opportun, des contacts de haut niveau ainsi que de nouvelles sessions du dialogue stratégique entre les deux pays, en vue de promouvoir la coopération bilatérale dans les différents domaines et d’assurer un développement harmonieux et stable de la relation franco-chinoise.
 
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Paris honore la censure chinoise

Rue89 - Pierre Haski  et Aujourd'hui la Chine
 
C'est Aujourd'huilachine.com qui a découvert cette décoration insensée remise à Long Xinmin (à droite sur la photo), alors Directeur Général de l'Administration générale de la Presse et de la Publication.

La révélation de cette cérémonie a aussitôt provoqué la disparition des photos de la cérémonie et du discours de l'ambassadeur de France du site de la Chancellerie...
 
L'ambassadeur de France, Hervé Ladsous, avait eu quelque audace, pendant la cérémonie, en déclarant :  "une information plurielle, une information fiable, libre d'accès et libre de circuler sont autant d'objectifs pour une réelle liberté d'expression dans un Etat de droit en construction".
 
Mais cette réaffirmation des principes s'accompagnait d'un passage de pommade en règle, avec cette phrase étonnante au paragraphe suivant :  "Vous avez su concilier votre passion pour les médias avec une carrière au sein du parti". Long Xinmin est membre suppléant du Comité central du Parti Communiste Chinois.
 
Commentaire du site Aujourd'huilachine.com à propos de M. Long :  "C'est en fait lui qui a la responsabilité de la mise en place de la politique d'information voulue par les autorités. Il n'est certes à ce poste que depuis la fin 2005, mais c'est en droit à lui que les journalistes emprisonnés en Chine, ou que les internautes en délicatesse avec la sécurité d'Etat pourraient s'adresser. Il a fait interdire plusieurs publications, dont le populaire supplément du China Youth Daily". C'est ce qui s'appelle concilier une passion pour les médias avec une carrière au PCC...
 
 
Remerciements pour l'autorisation de lancement du magazine
"Chine Plus" du groupe Hachette ?
 
Une clé de cette décoration est peut-être contenue dans les remerciements qui lui sont adressés pour avoir permis le lancement du magazine Chine Plus. Chine Plus, c'est le dernier né du groupe Hachette, qui a besoin d'avoir beaucoup de guangxi, de relations au sein des autorités, pour sortir ses nombreuses publications.
 
Quelle qu'ait été l'arrière-pensée de cette cérémonie, elle aura tourné court :  Long Xinmin a en effet perdu son poste, soupçonné, selon la presse de Hongkong, d'être impliqué dans un "énorme scandale immobilier à Pékin". D'autres sources hongkongaises attribuent son limogeage à son conservatisme excessif... De quoi donner un petit goût encore plus détestable à cette décoration de la honte.

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Militaires chinois frappant des Tibétains menottés au sol (mars 2008)
 
Les premières images
de la répression chinoise au Tibet
 
Vendredi 20 mars 2009 - NOUVELOBS.COM
 
Le gouvernement tibétain en exil a diffusé les premières images – extrêmement choquantes –
des violences exercées par le régime chinois lors de la répression des manifestations à Lhassa en mars 2008
 
POUR VOIR LA VIDEO, CLIQUEZ SUR LE LIEN SUIVANT : http://videos.nouvelobs.com/video/iLyROoafJ_qE.html
ATTENTION CERTAINES IMAGES PEUVENT CHOQUER !
 
Diffusée vendredi 20 mars par le gouvernement tibétain en exil, la vidéo provient apparemment de trois sources différentes. On peut y voir des images qui ont de toute évidence été prises par des cameramen de l'armée chinoise. Des manifestants affrontant les forces de l'ordre sont ensuite roués de coups et menottés à terre. Certains semblent s'être évanouis.

Les images qui suivent proviennent probablement de la famille d'un jeune Tibétain. Il a été torturé, et apparemment relâché sans avoir été soigné. A l'Hôpital de la Région autonome du Tibet (TAR), des médecins – payés par sa famille, précise la voix off – essayent de le soigner, sans parvenir à le sauver. La vue de ses plaies infectées est insoutenable. L'équipe médicale a été amenée à extraire 2,5 kg de chair pour parvenir à les nettoyer, est-il précisé. Le jeune homme serait mort le 19 juin 2008. La vidéo montre ensuite ses "funérailles célestes" célébrées selon la tradition, avec les vautours qui dévorent rituellement le cadavre. Dans les restes d'ossements, indique la voix off, un clou fiché dans son pied est découvert. Selon les indications de la vidéo, il aurait notamment été brûlé, battu avec bâton électrique et son talon droit aurait été percé avec un clou, avant d'être relâché.

Enfin, une troisième source a fourni des images volées des troupes chinoises qui quadrillent Lhassa aujourd'hui.

En mars 2008, des manifestations pacifiques de moines avaient démarré à Lhassa et rapidement débordé du Tibet. Elles s'étaient soldées par de nombreuses arrestations et par la mort de 21 personnes selon Pékin, d'au moins 203 Tibétains selon le gouvernement tibétain en exil.
 
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Texte de la "Résolution du Parlement européen"
du 12 mars 2009

Le Parlement européen,

-  vu ses précédentes résolutions sur la Chine et le Tibet, et en particulier celles du 10 avril 2008 sur le Tibet[1] et du 10 juillet 2008 sur la situation en Chine après le tremblement de terre et avant les jeux olympiques,

- vu l'allocution prononcée par Sa Sainteté le Dalaï-Lama devant le Parlement européen le 4 décembre 2008,

- vu la déclaration sur le Tibet faite par le gouvernement des États-Unis et l'Union européenne lors du sommet UE-États-Unis du 10 juin 2008,

- vu l'article 108, paragraphe 5, de son règlement,

A. considérant que le mois de mars 2009 marque le cinquantième anniversaire de la fuite du Tibet et du début de l'exil en Inde de Sa Sainteté le Dalaï-Lama,

B. considérant que les huit sessions du dialogue entre les émissaires de Sa Sainteté le Dalaï-Lama et les représentants du gouvernement chinois se sont soldées par un échec et qu'aucune nouvelle négociation n'est prévue,
 
C. considérant que le mémorandum sur une autonomie réelle pour le peuple tibétain, élaboré à la demande du gouvernement chinois et présenté en novembre 2008 à Pékin par les émissaires de Sa Sainteté le Dalaï-Lama, lors de la huitième session de négociations, respecte les principes de la constitution chinoise et de l'intégrité territoriale de la République populaire de Chine, mais qu'il a été rejeté par le gouvernement chinois, qui y voit une tentative de "semi indépendance" et d'"indépendance déguisée",

D. considérant que Sa Sainteté le Dalaï-Lama fait appel à la non-violence, que cette démarche lui a valu d'être couronné par le prix Nobel de la Paix en 1989 et qu'il ne demande pas l'indépendance du Tibet mais la reprise des négociations avec les autorités chinoises, afin de parvenir à un accord politique global d'autonomie réelle, dans le cadre de la République populaire de Chine,

E. considérant que, au cours des derniers jours, les autorités chinoises ont renforcé les mesures de sécurité au Tibet, en interdisant aux journalistes et aux étrangers de se rendre dans la région et en annulant les autorisations qui avaient été accordées aux étrangers, menant une campagne de représailles violentes à l'encontre du peuple tibétain,

F. considérant qu'un grand nombre de moines du monastère de An Tuo, dans la province chinoise de Qinghai, ont été arrêtés le 25 février 2009 au cours d'une marche pacifique à l'occasion du nouvel an tibétain,

1. prie instamment le gouvernement chinois de considérer le mémorandum sur une autonomie réelle pour le peuple tibétain, présenté en novembre 2008, comme une base de discussion sur le fond, dans la perspective d'un changement positif et notable au Tibet, dans le respect des principes énoncés dans la constitution et la législation de la République populaire de Chine;

2. invite le Conseil à établir avec précision ce qui s'est passé lors des négociations entre la République populaire de Chine et les émissaires de Sa Sainteté le Dalaï-Lama;

3. demande à la présidence du Conseil, à l'occasion du cinquantième anniversaire du départ en exil vers l'Inde de Sa Sainteté le Dalaï-Lama, d'adopter une déclaration demandant au gouvernement chinois l'ouverture d'un dialogue constructif en vue de parvenir à un accord politique global et d'y introduire une référence au mémorandum sur une autonomie réelle pour le peuple tibétain;

4. condamne tous les actes de violence, qu'ils soient le fait de manifestants ou d'une répression disproportionnée de la part des forces de l'ordre;

5. demande au gouvernement chinois de libérer sans délai et sans conditions toutes les personnes détenues au seul motif de leur engagement dans un mouvement de protestation pacifique et de fournir des informations sur toutes les personnes qui ont été tuées, qui sont portées disparues ou maintenues en détention, y compris sur les charges retenues contre elles;

6. demande aux autorités chinoises de permettre aux médias étrangers d'entrer librement au Tibet, y compris dans les territoires tibétains situés hors de la région autonome du Tibet, et de supprimer le système d'autorisations spéciales nécessaires pour pouvoir se rendre dans ladite région autonome;

7. invite instamment les autorités chinoises à permettre aux experts des droits de l'homme des Nations unies et aux organisations non gouvernementales internationales et reconnues d'accéder librement au Tibet afin qu'ils puissent enquêter sur la situation sur place;

8. prie instamment la présidence du Conseil de prendre l'initiative d'inscrire la question tibétaine à l'ordre du jour d'une session du Conseil "Affaires générales" afin d'aborder la manière dont l'Union pourrait faciliter l'accomplissement de progrès en vue d'une solution pour le Tibet;

9. charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil et à la Commission, ainsi qu'aux gouvernements et aux parlements des États membres, au président, au gouvernement et au parlement de la République populaire de Chine et à Sa Sainteté le Dalaï-Lama.
 
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Rama Yade estime que le Dalaï-Lama
est un "homme de paix" et non un "homme dangereux"

Mercredi 11 mars 2009 - NOUVELOBS.COM - AP

Réagissant aux commentaires du gouvernement chinois accusant le Dalaï -lama de colporter des "mensonges", Rama Yade souligne que le chef spirituel des Tibétains est "un homme de paix".
 
La secrétaire d'Etat aux droits de l'homme Rama Yade a estimé mardi 10 mars que le Dalaï-Lama n'est "pas un homme dangereux", mais "un homme de paix". Réagissant aux déclarations du gouvernement chinois accusant le chef spirituel tibétain de colporter des "mensonges", à l'occasion du 50e anniversaire du soulèvement manqué de mars 1959 contre l'occupation chinoise, Rama Yade a souligné sur France-2 que "ce n'est pas un homme dangereux, c'est un homme de paix, un homme de dialogue, (...) de sagesse, un apôtre de la non violence. C'est pour cela qu'on lui doit respect et égard".

Pas d'indépendance
 
"Ce que nous souhaitons c'est que l'identité spirituelle et religieuse du Tibet soit pleinement respectée", a rappelé la secrétaire d'Etat aux droits de l'homme. "Nous ne demandons pas l'indépendance du Tibet (qui) fait partie intégrante de la Chine. C'est une donnée de la politique étrangère française depuis le général de Gaulle".

"Partenariat stratégique" avec la Chine
 
Sur le plan économique, Mme Yade a déclaré qu'un "partenariat stratégique" entre la France et la Chine "existe déjà depuis plusieurs années, et nous y tenons". En ce qui concerne le Tibet, "il n'y a nulle ingérence, il y a eu juste, rencontre entre le chef de l'Etat français et un homme de paix", a-t-elle insisté, faisant référence à la rencontre entre Nicolas Sarkozy et le Dalaï-Lama en décembre en Pologne.

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Les eurodéputés appellent à une autonomie réelle du Tibet
 
Jeudi 12 mars 2009 - NOUVELOBS.COM
  
Les députés européens ont demandé, jeudi 12 mars, à Pékin de renouer le dialogue sur une "autonomie réelle" du Tibet. Ils se sont à leur tour penchés sur la question tibétaine, deux jours après le 50e anniversaire du départ en exil en Inde du dalaï lama, et au lendemain de l'adoption d'un texte similaire par la Chambre des représentants américaine.

Le texte des eurodéputés a été adopté par 338 voix contre 131 et 14 abstentions. Ce document "prie instamment le gouvernement chinois de considérer le mémorandum sur une autonomie réelle pour le peuple tibétain, présenté en novembre 2008, comme une base de discussion sur le fond".

Un memorandum rejeté par Pékin
 
Les eurodéputés, qui ont pour nombre d'entre eux arboré un drapeau tibétain dans l'hémicycle ces derniers jours, demandent aussi aux 27 Etats membres de l'Union européenne de faire une déclaration demandant à Pékin "l'ouverture d'un dialogue constructif" et mentionnant explicitement ce mémorandum.

Présenté en novembre 2008 aux autorités chinoises par les émissaires du Dalaï-Lama, ce mémorandum a été rejeté par Pékin. Car la Chine le considère comme une remise en question de l'intégrité territoriale chinoise.

Lors d'un débat, la commissaire européenne aux Affaires étrangères, Benita Ferrero-Waldner, a regretté le fait que les discussions en 2008 entre Pékin et les émissaires du Dalaï-Lama n'aient "pas apporté de résultats substantiels".

Elle a rappelé elle aussi "la nécessité pour les deux parties de reprendre rapidement le dialogue", soulignant qu'il s'agissait du "meilleur moyen d'éviter la frustration et la violence chez les jeunes Tibétains".

Le vote du Parlement européen intervient peu après des protestations de Pékin contre l'adoption par la Chambre des représentants américaine d'une autre résolution de soutien au Tibet.

Pour un libre accès au Tibet
 
Invité en marge de la session du Parlement à Strasbourg, le représentant à Bruxelles du Dalaï-Lama, Tashi Wangdi, avait appelé mardi les journalistes à faire pression sur Pékin pour obtenir le droit d'aller librement au Tibet.

Un appel relayé par les eurodéputés qui demandent le libre accès au Tibet aux médias étrangers et aux observateurs indépendants.

Les journalistes étrangers ne peuvent pas se rendre librement dans la région autonome du Tibet. Cependant, selon les règles en vigueur depuis deux ans, ils sont autorisés à circuler normalement dans les régions tibétaines proches.

Mais, ces derniers jours, de nombreux journalistes étrangers ont rencontré les mêmes difficultés dans ces zones, ce qui a suscité des protestations du Club des correspondants étrangers de Chine et de groupes de défense des droits de l'Homme.

Paris dans le collimateur de Pékin
 
Les relations entre l'UE et la Chine avaient été mises à mal en décembre par la rencontre entre le chef spirituel des bouddhistes tibétains et le président français Nicolas Sarkozy, qui assumait alors la présidence tournante de l'UE. Pékin avait alors annulé le sommet UE-Chine prévu à Lyon.

En janvier, le Premier ministre chinois Wen Jiabao a effectué une tournée d'apaisement en Europe, en évitant soigneusement de faire escale à Paris.
 
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Le Congrès américain vote une résolution de soutien au Tibet par 422 voix contre 1

Mercredi 11 mars 2009 - Romandie News

WASHINGTON - La Chambre des représentants américaine a adopté mercredi une résolution de soutien au Tibet à l'occasion du 50e anniversaire du soulèvement de Lhassa contre la présence chinoise dans la région himalayenne qui a provoqué le départ en exil du dalaï lama.
 
La résolution a été adoptée par 422 voix contre 1.
 
Le texte introduit à la chambre basse par le représentant Rush Holt appelle à "reconnaître la détresse du peuple tibétain à l'occasion du 50e anniversaire de la fuite du dalaï lama et appelle à un effort multilatéral soutenu pour apporter une solution durable et pacifique au problème du Tibet".
 
Aucun texte similaire n'était en projet au Sénat mercredi.
 
La Chine estime que cette résolution représente l'expression de quelques anti-Chinois... 422 représentants !!!
 
De son côté, Pékin avait appelé mardi le Congrès américain à retirer son projet de résolution. "Nous faisons part de notre profonde inquiétude à ce sujet, la résolution au Congrès américain proposée par quelques représentants anti-chinois va à l'encontre de l'histoire et de la réalité du Tibet", avait déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Ma Zhaoxu.
 
Le texte "reconnaît le peuple tibétain pour sa persévérance face aux épreuves et à l'adversité". Il appelle "le gouvernement de la République populaire de Chine à répondre aux initiatives du dalaï lama pour trouver une solution durable à la question tibétaine".
 
"Cette résolution appelle à une cessation immédiate de la répression et des violences à l'encontre du peuple tibétain", a déclaré M. Holt mercredi devant ses collègues de la Chambre des représentants.
 
La présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi a ensuite pris la parole affirmant, en reprenant les mots du dalaï lama, que "la vie pour les Tibétains sous la répression du régime chinois est l'enfer sur terre".
 
Le chef spirituel des Tibétains, âgé de 73 ans, vit en exil en Inde depuis l'écrasement en 1959 d'un soulèvement contre la domination chinoise du Tibet, occupé neuf ans plus tôt par Pékin.
 
Pékin accuse le dalaï lama de séparatisme, ce que ce dernier rejette en se prononçant seulement pour le respect de l'identité culturelle du Tibet et des droits de l'homme dans cette région himalayenne au sein de la Chine.
 
En octobre 2007, malgré la colère de la Chine, le président américain George W. Bush avait remis au dalaï lama, la plus haute distinction civile du Congrès, au cours d'une cérémonie sous la coupole du Capitole.
 
Le ministre chinois des Affaires étrangères Yang Jiechi a rencontré mercredi son homologue américaine Hillary Clinton. Il devrait être reçu jeudi par le président Barack Obama.
 
Mardi, le département d'Etat américain a exprimé sa "profonde préoccupation" concernant les droits de l'homme au Tibet et pressé la Chine de "revoir" une politique "qui a créé des tensions à cause de son impact négatif sur la religion, la culture et le mode de vie tibétains".

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Cinquante ans après la fuite du Dalaï-lama,
le Tibet sous tension
 
Lundi 9 mars 2009 - Pierre Haski  (Rue 89)
 
Extraits   -   C'était il y a cinquante ans. Mais la page d'histoire n'a jamais été tournée, et continue de peser sur l'un des points de crise de la planète: le Tibet. Un demi-siècle après la fuite de Lhassa du Dalaï-lama, le "toit du monde" sous contrôle chinois reste sous haute tension, comme en témoigne la forte mobilisation sécuritaire à l'approche de cet anniversire à haut risque. 
 
L'approche de l'anniversaire du 10 mars 1959 est chaque année un moment difficile pour les autorités chinoises. L'an dernier, on se souvient que la répression des premières manifestations de moines avait dégénéré en émeutes antichinoises dans les rues de la capitale tibétaine, Lhassa, le 14 mars, faisant une vingtaine de morts et d'importants dégats matériels, et replaçant la question tibétaine au coeur de l'agenda mondial.
 
Les autorités chinoises redoutent ce désormais double anniversaire, celui du soulèvement de 1959 et celui des émeutes du 14 mars 2008 et de la répression qui s'ensuivit. Ces derniers jours, un début d'agitation a été signalé parmi les moines des zones tibétaines du Sichuan, où un moine nommé Tabe s'est immolé par le feu vendredi 27 février devant le monastère de Kirti, dans la ville d'Aba. Le moine serait sorti de son monastère avec un drapeau tibétain à l'effigie du dalaï lama dessiné à la main, puis se serait aspergé d'essence avant d'allumer le feu.
 
Le poids de l'histoire
 
Il y a un demi-siècle, l'histoire a basculé dans cette partie du monde. Les troupes chinoises avaient pris le contrôle du Tibet peu après la victoire des troupes communistes de Mao Zedong à Pékin en 1949, mais avaient respecté jusque-là une autonomie relative à cette région placée sous l'autorité d'un chef religieux, le dalaï lama, quatorzième "réincarnation" du Bouddha de la Compassion. De vieilles photos montrent même le jeune dalaï lama, Tenzin Gyatso, qui n'a alors que 16 ans, en compagnie du chef de la révolution chinoise, un choc culturel profond.
 
Mao extorque au leader tibétain un "Accord en dix-sept points" signé le 23 mars 1951, qui intègre le Tibet dans la toute jeune République populaire de Chine, tout en lui garantissant la liberté religieuse et une relative autonomie.
 
Mais cette autonomie se révèle de plus en plus factice, et le parti communiste chinois (PCC) veut imposer aux Tibétains le système qu'il met en oeuvre dans le reste du pays : une modernisation à marche forcée doublée d'un égalitarisme absolu, et un abandon des "superstitions" religieuses. Le contexte de la guerre froide naissante accentue le climat de crise, d'autant que deux frères du dalaï lama critiquant sa soumission à la volonté de Pékin s'enfuient aux Etats-Unis où ils sont enrôlés dans un programme de destabilisation de la CIA...
 
La crise arrive à son paroxysme en mars 1959. Les Tibétains sont convaincus que les Chinois, qui ont amassé des troupes, veulent tuer le dalaï lama. Le 10 mars, la foule assiège la résidence de son chef spirituel pour l'empêcher de se rendre à ce qui ressemble comme un traquenard chinois. La tension monte, et l'armée chinoise tire même quelques obus près de la maison.
 
Le 16 mars, finalement, conseillé par son "oracle", le dalaï lama s'enfuit en pleine nuit de Lhassa avec quelques fidèles, et gagne à travers les sommets enneigés l'Inde voisine, où Nehru l'accueille et lui accorde l'asile. En apprenant la fuite du chef spirituel des Tibétains, Mao aurait déclaré : "Dans ce cas, nous avons perdu la bataille"...
 
Le dalaï lama vit depuis un demi siècle à Dharamsala, en Inde, où il a été rejoint par quelque 250 000 réfugiés formant une véritable nation tibétaine en exil, avec son gouvernement, son parlement, ses rituels...
 
A Lhassa, la fuite du dalaï lama provoque une répression sanglante de ce soulèvement populaire, faisant des milliers de victimes - jusqu'à 80 000 selon les exilés, chiffre invérifiable - et plongeant le Tibet dans une situation de soumission totale à l'autorité chinoise. Le Tibet subira, comme le reste de la Chine, les outrances du maoïsme, à commencer par la Révolution culturelle dont un des aspects a porté sur la tentative d'éradication de la religion.
 
Le 10 mars 1959 marque la dernière tentative des Tibétains de résister massivement à la mainmise chinoise; c'est aussi le début d'un exil sans fin pour celui qui incarne historiquement ce peuple des montagnes, fort d'à peine quelques millions d'âmes et qui tente de maintenir sa culture et son identité dans un pays d'1,3 milliard d'habitants.
 
Cinquante ans après, le problème tibétain est entier
 
Les événements de l'an dernier ont montré que cinquante ans de pouvoir chinois absolu sur la "Région autonome tibétaine" n'ont rien changé au problème: les Tibétains vivent leur situation comme coloniale, un mot qui agace les Chinois qui, documents historiques à l'appui, disent que le Tibet est chinois.
 
Mais le problème est moins l'appartenance du Tibet à la Chine - même le dalaï lama affirme qu'il ne veut pas l'en détacher - que ce qui s'y passe. Une fois passées les outrances de la Révolution culturelle, le pouvoir chinois a changé de stratégie au Tibet et a joué la carte du développement économique et de l'intégration de plus en plus forte du Tibet dans l'ensemble chinois.
 
L'identité tibétaine est-elle soluble dans le matérialisme? C'est finalement sur cette queston que repose le pari chinois, qui semble d'ores et déjà perdu. En déversant des milliards dans une des zones les plus pauvres de l'ensemble chinois, le gouvernement pensait calmer les critiques tibétaines contre l'afflux de Chinois Han dans la zone autonome, et affaiblir le poids de l'influence du dalaï lama et des moines.
 
Si les Chinois s'étaient contentés de casser la vieille société féodale et d'apporter au Tibet la "modernité", ils seraient sans doute moins critiqués aujourd'hui. Mais l'autonomie du Tibet a été réduite à une dimension purement symbolique, et le très athée parti communiste chinois se mêle même de décider qui est la bonne réincarnation des dignitaires bouddhistes.
 
Un an après, le rendez-vous de mars est donc revenu hanter les dirigeants chinois, confrontés à une équation sans autre solution, pour le moment, que celle de la force et de la patience : attendre la mort du dalaï lama en espérant profiter de la confusion qui en découlera pour asseoir définitivement le pouvoir chinois.
 
Le temps presse pour le dalaï lama
 
Le dalaï lama, pour sa part, sait que le temps presse. A 73 ans, il sait que les autorités chinoises jouent la montre en attendant sa disparition. Lorsque le successeur du panchen lama, le deuxième personnage du clergé bouddhiste tibétain, a été sélectionné selon les rituels de la "réincarnation", Pékin a littéralement kidnappé le choix du dalaï lama et lui a imposé son propre choix. On n'a plus jamais revu l'enfant qui avait été initialement choisi, et c'est le "panchen lama de Pékin" qui parade aujourd'hui dans les cérémonies officielles.
 
La même chose risque de se reproduire pour le choix du 15e dalaï lama, et le risque est d'en avoir deux, l'un choisi en exil, l'autre par Pékin, avec les dangers de la confusion. Le parti communiste a même émis un décret interdisant les réincarnations sans l'accord du PCC, un comble pour un parti théoriquement marxiste !
 
En attendant, Pékin amuse la galerie avec un dialogue largement destiné à montrer sa bonne foi au reste du monde qui se mobilise à intervalles réguliers autour de la question tibétaine, pour mieux l'oublier dès que les opinions publiques sont apaisées... Ainsi, pour sauver ses Jeux olympiques, le gouvernement chinois a accepté de tenir plusieus réunions l'an dernier, avec les émissaires du dalaï lama, sans résultat et sans lendemain.
 
Le calcul chinois pourrait être à courte vue, car le dalaï lama est aujourd'hui en mesure de contrôler les éléments les plus radicaux de la jeunesse tibétaine, en empêchant le recours à la violence, même si Pékin l'accuse sans preuve d'avoir été l'instigateur des émeutes de mars 2008.
 
On sait que la Ligue de la jeunesse tibétaine en exil rue dans les brancards, et n'accepte que par fidélité de soutenir la "voie moyenne" du dalaï lama, c'est-à-dire la négociation d'une véritable autonomie pour le Tibet au sein de la RPC.
 
Pour l'heure, la bataille de propagande fait rage. Pékin vient ainsi de publier un "livre blanc", à la veille de cette période anniversaire, pour accuser les Occidentaux d'entretenir les troubles et de freiner le développement économique de la région tibétaine. Ce texte, rédigé par le Bureau de l'Information du Conseil d'Etat et publié par l'agence de presse officielle Xinhua, souligne notamment : " Il est clair que la soi-disante question tibétaine n'est en aucune façon un problème ethnique, religieux ou social. Il s'agit plutôt d'une manoeuvre des forces occidentales anti-chinoises pour affaiblir, diviser et diaboliser la Chine. "
 
Pas vraiment la main tendue aux Tibétains, mais plutôt le signe d'une nervosité du pouvoir chinois actuel, confronté à une grogne sociale de plus en plus forte, pris au dépourvu par l'impact colossal de la crise économique mondiale sur une Chine qui se croyait au-dessus de ça, et même au réveil d'une dissidence qu'il croyait matée, comme le montre la publication de la Charte 08 en décembre dernier.
 
Au moment où s'engage un rapprochement à pas comptés avec Taiwan, Pékin ne veut pas donner le moindre signe de faiblesse sur la question de l'"unité nationale". Ce sont les Tibétains qui en font les frais, mais qui pourraient bien ne pas l'accepter sans se faire entendre.

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COMMUNIQUE DU BUREAU DU TIBET
ET DE LA COMMUNAUTE TIBETAINE EN FRANCE

C'est au cours des années 1949/50 que les troupes chinoises envahirent le territoire tibétain. Le Tibet lança un appel à la communauté internationale qui resta sans réponse. Seule face à la Chine, la délégation tibétaine fut contrainte de signer, en 1951, à Pékin, l'infâme " Accord en 17 Points " dans lequel le Tibet fut forcé d'abandonner sa souveraineté. Il s'ensuivit, pour le Tibet bouddhiste et la Chine communiste, une période de neuf années de coexistence difficile.
 
Les Tibétains du Nord-Est et de l'Est du Tibet, qui assistèrent les premiers à l'intrusion de l'Armée populaire de " libération ", fuirent devant la répression chinoise croissante et durent gagner les zones rurales. C'est là qu'une résistance armée s'organisa, laquelle se propagea bientôt dans tout le Tibet. Tristement célèbres dans la mémoire des Tibétains, les provinces de l'Amdo et du Kham furent la scène d'un cycle résistance-répression qui contraignit des milliers de Tibétains à fuir vers le Tibet central et vers Lhassa, relativement plus sûrs. Mais le ressentiment de ces populations, engendré par l'arrogance et la violence avec lesquelles la Chine traitait le gouvernement tibétain, s'abreuva encore des récits de destructions des monastères et de massacres de lamas et de moines que rapportaient les réfugiés venus du Tibet oriental.  Bientôt, le mécontentement qui couvait se traduisit par une défiance ouverte à l'égard de la Chine et le rejet de son pouvoir colonialiste.
 
Le 10 mars 1959, ce sont des dizaines de milliers d'hommes et de femmes qui descendent dans les rues de Lhassa pour réclamer l'indépendance du Tibet. Ce mouvement de protestation, porté par une population déjà exaspérée, fut réprimé dans un bain de sang.  Selon une estimation chinoise, près de 87 000 Tibétains furent massacrés dans le seul Tibet central. Il fallut un peu plus de trois jours à l'Armée Populaire de Libération pour venir à bout du soulèvement, mais elle ne réussit pas à étouffer le mouvement de la résistance qui se répandait dans tout le Tibet. Le soulèvement du 10 mars et sa répression inconditionnelle eurent pour conséquence la fuite vers l'Inde du Dalaï-Lama, des membres de son gouvernement et d'environ 80 000 Tibétains.
 
Le gouvernement tibétain en exil, depuis son siège de Dharamsala en Inde, a développé, sous la conduite du Dalaï-Lama, une résistance non-violente contre l'occupation chinoise, résistance qui a donné naissance à un Mouvement pour la liberté du peuple tibétain étendu aujourd'hui à l'échelle mondiale.
 
Aussi chaque année, où qu'ils soient, les Tibétains commémorent le 10 mars, pour qu'eux-mêmes se souviennent et pour rappeler au monde que les Tibétains qui sont morts pour la cause de la liberté ne sont pas morts en vain, que leur mort est un sacrifice juste et noble, consenti pour que puisse renaître un Tibet libre.
 
Depuis 1996, plusieurs communes en France et en Europe, ont décidé de hisser le drapeau du Tibet autour du 10 mars pour manifester leur solidarité envers le peuple tibétain et ainsi soutenir sa lutte non-violente pour trouver une solution négociée avec la Chine afin de résoudre durablement le problème du Tibet.  
 
C'est ainsi qu'en France, près de 500 communes arborent une fois par an le drapeau du Tibet et plus de 300 communes ont décidé de le hisser de façon permanente. Ces actions ont pris de l'ampleur et depuis, sont suivies dans de nombreux pays européens. 
 
Pour la première fois, le 10 mars 2006, la Ville de Paris et le Conseil régional d'Ile-de-France, ont décidé de hisser le drapeau du Tibet dans le cadre d'une cérémonie officielle afin de montrer leur solidarité au peuple tibétain.
 
AUJOURD'HUI LA REPRESSION CONTINUE AU TIBET : plus de 6000 Tibétains sont détenus pour leur participation dans les manifestations de mars-avril 2008, plusieurs Tibétains ont été condamnées sans aucun recours ou avec le simulacre de justice, les surveillances sont renforcées autour de tous les monastères et lieux du culte au Tibet, les autorités ont annoncé le renforcement de campagne " Frapper fort " au Tibet, toute manifestation est interdite, postes de contrôles de l'armée et de la police ont été multiplié de façon significative, voyageurs étrangers sont autorisés avec des restrictions extrêmes, aucun journaliste n'est autorisé de travailler sur place, et récemment, des nouvelles arrestations ont eu lieu,…et pour provoquer les Tibétains, les autorités chinoises ont récemment fait annoncer au gouvernement de la soi-disant " Région autonome du Tibet " de décréter le 28 mars comme la journée de fin de servage au Tibet !!
 
Manifestation de commémoration organisée conjointement par la Communauté tibétaine en France et le Bureau du Tibet.
  
CONTACTS PRESSE :
 
M. Thupten Gyatso        Mobile : 0680729054 ou  0145673837
M. Wangpo Bashi           Mobile : 0633346087 au Bureau : 0146565453
M. Alain Vercamer          Mobile : 0616572592 ou 0144520969                              
E mail :
10mars2009@gmail.com  ou  tibetparis@aol.com
Sites :  www.tibet-info.net  ou www.tibetan.fr
 
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Au Tibet... vive inquiétude à l'approche du 10 mars
 
La presse chinoise se déchaîne !

Samedi 21/02/2009 - Le Monde - Bruno Philip 

Ecraser la clique du Dalaï-Lama !" Trois semaines avant le 50e anniversaire du soulèvement de Lhassa, le 10 mars 1959, la presse officielle se déchaîne contre le chef de l'Eglise tibétaine, et prévient que le pouvoir ne tolérera pas une répétition des émeutes antichinoises du printemps 2008.
 
Selon le journal Xi Zang Ribao ("Le Quotidien du Tibet"), des responsables de la "Région autonome" tibétaine ont appelé "le Parti communiste, le gouvernement, l'armée et le public à se mobiliser", afin "d'écraser fermement la sauvage agression de la clique du Dalaï-Lama". "Il faut, conclut l'article, vaincre le séparatisme et maintenir la stabilité."

Dans les zones tibétaines, le niveau de contrôle exercé par la police et les forces paramilitaires de la Police armée populaire (PAP) a été renforcé. Les forces de l'ordre ont été déployées principalement à Lhassa, à Xiahe (Gansu) - où se situe le grand monastère de Labrang, qui avait été le théâtre de manifestations en mars 2008 -, à Tongren, dans la province du Qinghai, et enfin à Litang, au Sichuan.

C'est dans cette dernière ville que vient d'avoir lieu la manifestation la plus significative depuis les troubles du printemps 2008 : dimanche 15 février, un moine du nom de Lobsang Lhundup, 37 ans, a été arrêté après avoir crié des slogans en faveur du Dalaï-Lama.

Selon l'organisation Free Tibet et le Tibetan Centre for Human Rights and Democracy (TCHRD), basé à Dharamsala, en Inde, 300 personnes se sont rassemblées le lendemain dans le centre de Litang pour exiger la libération du moine. Des heurts ont éclaté avec les forces de l'ordre, qui ont dispersé la manifestation à coups de bâton et de crosse de fusil. Selon ces mêmes sources, une vingtaine de manifestants ont été arrêtés.

"Le doigt sur la détente"

Que ce soit au Tibet ou dans les districts et "préfectures autonomes" tibétaines des provinces avoisinantes, l'ambiance est morose, rapportent des voyageurs ou des habitants. La population semble bien décidée à boycotter les festivités du nouvel an tibétain (Losar), qui ont débuté mercredi 18 février. Les Tibétains veulent faire de ce boycottage un exemple, afin de marquer leur hostilité au pouvoir et de protester contre la répression qui s'est abattue sur ces régions depuis les événements de 2008.

Les mesures prises à l'approche de l'anniversaire qui marque la fuite en exil du Dalaï-Lama trahissent la préoccupation des autorités. De passage en Allemagne, le chef de l'Eglise tibétaine avait déclaré : "La situation est si tendue que les militaires chinois ont le doigt sur la détente quand ils portent leurs armes. Aussi longtemps qu'il y aura présence militaire chinoise, il y a aura tension."
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Le Dalaï-Lama contre le Karma noir

19 Février 2009 - L'Express - François Gautier à Auroville (Inde)  

Le 14e Dalaï-Lama est en visite à Auroville, la cité internationale près de Pondichéry, où 2000 personnes venant de 44 pays s'essaient à l'unité humaine. " Le monde a besoin de tentatives comme celle d'Auroville ", sourit le Dalaï-Lama, alors qu'il sort du Matrimandir, une boule d'or futuriste qui est le centre spirituel d'Auroville. Un peu plus tard, après avoir inauguré le pavillon tibétain, le premier centre culturel tibétain au monde, le Dalaï-Lama accorde une interview exclusive au Point. Cette interview -immédiatement après le conclave de Dharamsala, où de nouvelles stratégies pour la libération du Tibet ont été discutées - est une première.
 
INTERVIEW

Le Point : Qu'avez-vous pensé des attentats de Bombay du 26 novembre ?

Le Dalaï-Lama : Quelle horreur ! Le terrorisme frappe de plus en plus l'Inde et ces gens-là ont réussi à prendre Bombay en otage pendant trois jours. Du point de vue tibétain, le terrorisme est un péché, non seulement contre ceux que l'on assassine, mais contre soi-même, lorsqu'il s'agit de terrorisme suicide, comme cela a été le cas à Bombay...

Le Point : Justement, sous l'angle bouddhique, quel karma se créent ces terroristes ?

Le Dalaï-Lama : Nous, les Tibétains, croyons en un karma noir que des individus ou des peuples se créent à eux-mêmes, et qui leur revient un peu plus tard, ou au cours d'autres vies [il marque un silence]... mais, pour ces terroristes, je ne veux pas [il insiste sur " veux pas "] répondre à cette question [autre silence]... La violence engendre la violence... Mais tous mes amis musulmans me disent que le vrai djihad, c'est contre soi-même, que le Coran ne prêche pas la violence et qu'à partir du moment où on pratique la violence, on n'est plus musulman. Alors, je ne sais pas [il marque une pause]... Tout de même, ces terroristes recherchent la publicité, et à Bombay, ils en ont bénéficié au maximum grâce aux télévisions. Montrer ces images qui médiatisent la terreur constitue une sorte de violence passive, qui elle aussi engendre son karma.

Le Point : Comment combattre le terrorisme ?

Le Dalaï-Lama : Du point de vue bouddhiste, si votre motif est sincère, si vous êtes plein de compassion, alors la violence est permise pour se défendre, ou pour combattre une autre violence qui cherche à faire le mal. Les dieux grimaçants de nos temples tibétains sont d'ailleurs les incarnations de cette violence pétrie de compassion et de sagesse. En fait, il existe deux sortes de violence : une première qui est mentale ; et la seconde, physique, qui se manifeste dans l'action. Généralement, on ne parle que de celle-ci et on oublie celle-là, qui est le moteur premier de la violence. Mais si vous avez un mental plein de compassion et d'amour pour le prochain, même vos mots durs et vos actions violentes seront pleins d'amour. Cela dit, une fois que vous avez commis quelque violence, même si au départ votre motif est juste, on ne peut jamais prédire quels effets cette violence va avoir sur vous car, comme je l'ai déjà dit, la violence engendre la violence.

Le Point : Alors, comment faire ?

Le Dalaï-Lama : Il faut utiliser le dialogue, pour que la prochaine génération de musulmans soit différente. Il faut avoir de la compassion, fût-ce envers les terroristes-car c'est aussi à eux-mêmes qu'ils se font du mal.

Le Point : Vous avez récemment dit que vous étiez en semi-retraite ?

Le Dalaï-Lama : Absolument ! J'ai remis tous mes pouvoirs au gouvernement tibétain [en exil] démocratiquement élu, ce qui a été entériné par le récent conclave de Dharamsala ; 90 % des décisions sont d'ailleurs aujourd'hui prises par les élus tibétains.

Le Point : Mais vous êtes le porte-flambeau du Tibet !

Le Dalaï-Lama : [Il rit] Je sais bien... C'est pour cela que je continue à voyager et à donner des interviews comme celle-là [nouveau rire]. Mais le sort du Tibet ne peut pas reposer sur une seule personne, c'est trop dangereux. Notre lutte doit devenir nationale et tous les Tibétains doivent y prendre part. Personnellement, j'ai toujours pris trois engagements : le premier, envers le monde entier, est de promouvoir les valeurs humaines telles que la compassion, le pardon, la tolérance ; le deuxième, en tant que bouddhiste, est d'inciter à une compréhension ainsi qu'à une harmonie parmi les traditions religieuses majeures à travers le monde ; et le troisième, en tant que dalaï-lama , est donc d'oeuvrer pour la cause tibétaine, pour le Tibet.

Le Point : Le Tibet en dernier ?

Le Dalaï-Lama : Oui, mon premier engagement est pour l'humanité tout entière.

Le Point : Vous avez été opéré récemment de la vésicule biliaire ; quel est l'état de votre santé ?

Le Dalaï-Lama : [Il part d'un grand rire] Je suis en pleine forme. Regardez : je me suis levé à 4 h 30 ce matin, j'ai fait deux heures d'avion, trois heures de voiture, puis deux heures d'audiences... Est-ce que j'ai l'air fatigué ? Le docteur qui m'a récemment examiné pour voir si j'avais bien récupéré de l'opération m'a dit que j'avais la constitution d'un homme de 60 ans, alors que je vais en avoir 74... Est-ce grâce à toutes ces heures de méditation et de contemplation ? Je n'en sais rien, mais je pense que je vais vivre jusqu'à 95 ans... Tant pis pour les Chinois qui attendent ma mort prochaine afin de choisir un dalaï-lama qu'ils pourront contrôler.

Le Point : Justement, préparez-vous votre prochaine réincarnation ?

Le Dalaï-Lama : [Il soupire] Je ne sais pas si je vais me réincarner... ou alors je me réincarnerai en femme... [rire]... Vous savez, dans la tradition des dalaï-lamas, on peut même se réincarner avant sa mort. Un de mes maîtres, Sakya Tchögyach Rimpoché, fut choisi par le 13e dalaï-lama comme la réincarnation de son propre maître, alors que ce dernier était encore vivant. Les Chinois sont fous de rage quand je parle de nommer quelqu'un de mon vivant.

Le Point : Pensez-vous que la récession économique chinoise va aider la cause tibétaine ?

Le Dalaï-Lama : Vous faites allusion au fait que le Tibet a recouvré la liberté chaque fois que la Chine connaissait des problèmes internes... Mais non, cette fois, cela va les durcir encore plus [il marque un silence]. J'ai l'impression que mes cinquante ans de politique de non-violence pour retrouver l'autonomie tibétaine ont échoué et c'est de cela que le conclave récent a principalement discuté. En même temps, que pouvons-nous faire, nous un million de Tibétains, contre un milliard de Chinois ? Lors de la dernière rencontre [entre Tibétains et Chinois après les JO], les Chinois ont purement et simplement nié l'existence d'un problème tibétain. Le seul problème pour eux, c'est le dalaï-lama, ce " séparatiste ".

Le Point : Quelle est la solution ?

Le Dalaï-Lama : Il faut protester. Le mouvement contre la guerre du Vietnam a été un exemple de suprême efficacité pour nous. Mais comment créer un tel mouvement contre les Chinois ? Il faudrait que le monde entier participe à cette protestation.

Le Point : Que pensez-vous d'Obama ?

Le Dalaï-Lama : Je l'ai rencontré en 2004 lorsqu'il était sénateur. Il a l'air très jeune, dynamique, mais je ne le connais pas très bien [il marque une pause puis dévoile un petit sourire moqueur]. Moi, j'aimais bien Bush ! Il rigolait tout le temps et me prenait par la main chaque fois qu'il me rencontrait...

Le Point : Vous trouvez que le monde va mieux ?

Le Dalaï-Lama : Absolument ! Il y a de nombreux signes positifs : l'élection d'Obama en est une, mais aussi l'Union européenne qui avance-et les Français ont donné le ton et le donnent encore aujourd'hui grâce à votre président.

Le Point : De quoi d'autre avons-nous besoin ?

Le Dalaï-Lama : D'un peu plus d'amour, d'un peu plus de compassion les uns pour les autres... Du sens de l'humour, il faut savoir sourire [il part alors d'un rire tonitruant qui lui secoue tout le corps]...

Le Point : Vous avez rencontré récemment Carla Bruni...

Le Dalaï-Lama : J'ai été très impressionné. Carla Bruni est non seulement belle, mais elle est intelligente, dynamique et sincère. Lorsque je l'ai rencontrée en août 2008, à Lodève, elle m'a demandé comment elle et son mari pouvaient aider la cause tibétaine [le dalaï-lama ne veut pas nous dire ce qu'il lui a demandé mais, trois mois plus tard, Nicolas Sarkozy rencontrait enfin officiellement le dalaï-lama en tête à tête].

Le Point : Vous pensez qu'elle est bouddhiste ?

Le Dalaï-Lama : [Silence]... Je ne sais pas... Il faudrait lui demander [grand rire]...

Le Point : Comment s'est donc déroulée votre entrevue avec le président français à Gdansk ?

Le Dalaï-Lama : Il a les idées claires , il est très intelligent et ne cache pas ses buts. J'ai décelé quelqu'un d'ouvert, qui sait écouter et qui, peut-être grâce à Carla, comprend la spiritualité tibétaine.

Le Point : Si vous deviez définir les Français en quelques mots...

Le Dalaï-Lama : Chaque fois que je vais chez vous, je remarque que les journalistes français, même s'ils ne sont pas toujours des plus polis, posent des questions plus intellectuelles, plus profondes, que celles que posent par exemple les journalistes américains. Beaucoup de Français s'intéressent également de près à la cause tibétaine et au bouddhisme tibétain.

Le Point : A quoi attribuez-vous cet engouement ?

Le Dalaï-Lama : Moi, je ne cherche pas à convertir, je crois que chacun devrait garder sa religion. Mais que l'on croie au bouddhisme ou non, il n'y a pas de doute que c'est une des philosophies les plus riches de ce monde ; et cela explique peut-être cet engouement croissant en France.

Le Point : Vous avez proposé que le Tibet devienne un Etat démilitarisé, dénucléarisé, qui fasse tampon entre l'Inde et la Chine, les deux géants d'Asie.

Le Dalaï-Lama : Oui, dénucléarisé surtout. Car les Chinois ont placé sur le plateau du Tibet un certain nombre d'ogives nucléaires. Nous savons également qu'ils stockent leurs déchets nucléaires dans des grottes au nord du Tibet, car de nombreux animaux y donnent naissance à des bébés difformes. Il faut que cela cesse et c'est pour cela que je pense que le bouddhisme et sa religion de non-violence et de compassion peuvent aider la Chine communiste [silence]. Une zone de paix ne veut pas simplement dire une absence d'armes nucléaires, mais aussi qu'il n'y ait pas la moindre trace de haine et de violence mentale dans ceux qui la peuplent. Car, comme je l'ai dit plus haut, c'est la motivation de la haine qui est plus grave que l'acte lui-même. Grâce à une longue tradition bouddhique qui enseigne la compassion et l'amour, nous les Tibétains pouvons remplir ce rôle
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Tibet : les ferments de la révolte

Vendredi 20/02/2009 - Libération.fr - Pascale Nivelle
 
Grand angle - A l'approche des commémorations d'un mois de mars qui s'annonce explosif, et malgré le bouclage de la région, notre envoyée spéciale a pu rencontrer des résistants au quotidien.

Des centaines d'hommes, serrés, debout à l'arrière de camions, remontent l'unique rue de Tagong. Moines en robes rouges, bergers en manteaux doublés de fourrure, le couteau à la ceinture. Ils lèvent les bras en signe de victoire. Devant le temple étincelant dans le soleil d'hiver, un millier de personnes et quelques yacks placides ont formé une haie d'honneur. Villageois et nomades descendus des plateaux sont venus sur leurs chevaux harnachés, les femmes ont sorti leurs lourdes coiffes de fête ornées d'os de yack et d'argent. La foule pousse des cris aigus, s'engouffre dans l'enceinte du monastère à la suite des camions. Deux garçons, la tête basse, sont menés dans les profondeurs du temple sous les huées : "Voleurs, pilleurs !" Dans la salle de prière, du riz et du thé au beurre fumants attendent les justiciers. Partis à 300 avant le lever du soleil à la poursuite des pilleurs de temple, ils n'ont rien avalé depuis près de dix heures.

Dans le Tibet verrouillé, constellé de casernes de la wujing, la police armée, la scène paraît inouïe. Toute cette longue journée, les policiers chinois de Tagong sont restés terrés dans leur local. L'expédition punitive aurait été montée à leur insu. "Ils savent, mais ils ont peur", se moque Adjie (1), une solide commerçante tibétaine, les joues écarlates de soleil et d'excitation. "La police, c'est nous", pérore Telsen, l'un des "combattants". "Nous savions où étaient les voleurs, nous sommes allés les chercher.
 
Maintenant, c'est aux grands lamas de les juger." Bras nus dans le froid coupant, un moine, Nonorpa, explique : "Ces jeunes garçons ont volé sept statues au temple, pour les revendre à Chengdu. Leur famille, des nomades pauvres installés par ici pour l'hiver, les a dénoncés. On les a arrêtés chez eux." A la découverte du vol, il y a moins d'un mois, le temple n'avait pas porté plainte devant la justice. Selon Nonorpa, le pouvoir chinois n'a pas à se mêler des "affaires intérieures du monastère". C'est la tradition, Tagong s'y accroche au mépris de la loi. "Si la police chinoise intervenait, les villageois se soulèveraient, affirme Telsen, on ne la voit jamais dans ce genre d'affaires." Selon le moine, "il s'agit d' un vol de plusieurs millions de yuans, les jeunes risquent la peine de mort avec la loi chinoise. Pour eux, mieux vaut que nous rendions la justice entre nous." La peine est fixée à l'avance : quelques jours de détention dans le monastère, puis une parade dans l'unique rue de Tagong, sous les sifflets de la foule en colère, prête à lyncher les iconoclastes. Et peut-être un pèlerinage obligatoire, à pied jusqu'au palais du Potala de Lhassa, à quelque 1 500 kilomètres. Tout Tibétain doit s'y rendre un jour. "Cela leur remettra les idées à l'endroit et servira d'exemple, juge Telsen, 33 ans. Beaucoup de jeunes n'ont plus de religion, plus rien dans la tête. Le gouvernement leur a lavé le cerveau."

Bouche à oreille

Des Telsen, le Tibet en compte des dizaines de milliers. Fiers, forts, fervents, ils sont allés, ou rêvent d'aller en Inde se prosterner devant leur idole, la bête noire de Pékin. "Chez moi, j'ai 400 photos du dalaï-lama, affirme Telsen dans un anglais presque parfait. Si la police en découvre une seule, je peux partir en prison pour huit mois." A 20 ans, ce fils de nomades pratiquement illettrés, en charge de sa mère et de plusieurs frères et sœurs depuis la mort de son père, était parti pour "devenir un vrai voyou", traînant de bars en bars, prompt à la bagarre. Un séjour d'un an et demi à Dharamsala, parmi les Tibétains en exil, l'a "métamorphosé". Il a vu le dalaï-lama deux fois et a appris l'anglais. Revenu à Tagong, il a ouvert un commerce, s'est acheté une voiture et des chevaux, et s'est mis au service du temple qui a facilité son voyage en Inde : "J'ai compris ce que signifiait être Tibétain", dit-il. Sur la route du Kham, haute région tibétaine rattachée à la province du Sichuan, Telsen fait mine de tirer sur les voitures de police et les convois militaires qui sillonnent la région depuis les émeutes de mars dernier : "Je hais ce gouvernement. Pas les Chinois, qui sont comme nous, mais ce régime." Il ajoute : "On est tous prêts à se battre. Ce ne sera pas pour l'économie ou la politique, mais pour défendre notre religion. A Pékin, ils n'ont pas compris ça."

Adjie, la villageoise aux joues rouges, n'est pas une rebelle. Mariée à un Chinois elle remercie "le gouvernement qui nous donne à manger", se rappelant qu'enfant, elle marchait pieds nus l'hiver : "On n'avait que de l'herbe et de la poudre d'os de yack pour ne pas mourir de faim." Ce qui manque à Adjie, c'est "la liberté d'aimer celui que vous appelez DL". Jamais elle ne reniera "sa sainteté" comme le voudraient les autorités de Pékin. "Sa présence nous éclaire, il est dans le cœur de chaque Tibétain, pour toujours", dit-elle. C'est sa façon "personnelle" de résister. Le 25 mars, pour la première fois de sa vie, Adjie boycottera le Losar, le nouvel an tibétain. Pas de danse, pas de parades de chevaux, comme le veut la tradition. Cette année, le Tibet priera "pour les morts de mars 2008". Selon les Tibétains en exil, la répression des violentes émeutes au printemps dernier aurait fait 200 morts et 1 000 blessés. Pékin parle d'une vingtaine de victimes, tous han (ethnie majoritaire chinoise).

Dans l'immense région tibétaine, de la Région autonome du Tibet (TAR) au Kham et à l'Amdo (provinces de Gansu et Qinghai), la consigne du boycott du Losar est passée de bouche à oreille, de portable en portable. Elle est partie d'on ne sait où, mais chacun s'apprête à la suivre : "Seuls les Tibétains carriéristes ou ceux qui sont fonctionnaires danseront ce jour-là", affirme Cewang, commerçant de 27 ans et déjà propriétaire de plusieurs boutiques de souvenirs. Une vieille femme au visage tanné, occupée à balayer le temple, s'approche à la vue d'étrangers : "Comment va le dalaï-lama ?" Mola fera la grève du nouvel an et priera pour les morts du 14 mars, "comme tout le monde". Elle ajoute : "Je ne suis jamais allée à l'école, j'ai passé ma vie avec les yacks, je suis un yack moi-même. Je ne comprends pas tout."

A huit heures de voiture de Tagong, sur la plus mauvaise route de Chine qui relie la capitale du Sichuan à Lhassa, voici Lithang, devenue en dix ans une bourgade chinoise grise et sale, serrée au pied d'un immense monastère. L'altitude - 4200 mètres - n'a pas découragé les nombreux Chinois installés ici. Pour arriver ici, il faut passer au travers de plusieurs check-points tenus par des policiers de 18 ans, peu motivés. "Des Tibétains enchinoisés", comme explique, maussade, notre chauffeur local : "La plupart des policiers, sauf les chefs, sont Tibétains. C'est la force du pouvoir chinois de faire ça. En cas d'émeutes, ils préfèrent qu'on se batte entre nous."

Bâton de pèlerin

La foule est tibétaine. Les hommes, cheveux longs, portent la chuba, une manche négligemment rejetée en arrière. Les femmes aux lourds bijoux cachent leur visage sous des bonnets colorés et doublés de fourrure. Les policiers sont partout, errants sans but dans la rue principale. Ce dimanche, vers midi, Lobsang Lhundup, 37 ans, lama d'un monastère voisin, a brusquement levé son bâton de pèlerin dans la rue du marché. Il a crié : "Longue vie au dalaï-lama, indépendance pour le Tibet, pas de Losar cette année !" Les policiers ont fondu sur lui aussitôt. "Ils l'ont frappé et arrêté", raconte un témoin. Le lendemain, 300 personnes défilaient dans Xingfu Donglu, la "rue du Bonheur" en chinois. 24 Tibétains ont été arrêtés selon le groupe Free Tibet et des témoins sur place. Le district, assure un commerçant, a été "placé sous loi martiale".

En mars dernier, les émeutes tibétaines avaient démarré comme ça. L'immense région s'était enflammée à quelques mois des Jeux olympiques. Lithang était restée calme. Mais depuis, la ville a été transformée en garnison de la PAP, la police armée populaire. Des milliers de soldats campent, prêts à intervenir, ne sortant que pour des parades spectaculaires.

Dans son Restaurant des Neiges, minuscule gargote qui sert des momos (raviolis) tibétains, Metipa écarte le rideau de la cuisine. Sous ses fenêtres, dans la cour d'une école transformée en caserne, des dizaines de soldats s'entraînent, bouclier au poing, hurlant en chœur. Metipa branche une cassette du chanteur interdit Gonga pour couvrir ces "cris de guerre". Sur une étagère, une petite photo du dalaï-lama jeune, du temps où il portait des verres fumés : "S'ils la découvrent, les policiers m'obligeront à l'écraser du pied. Ils me colleront une amende de plusieurs milliers de yuans et me mettront en prison." Ce portrait pourtant en évidence, c'est la contribution de Metipa, père de deux jeunes enfants, à la révolte secrète qui habite selon lui les Tibétains : "Tout est devenu interdit, porter un couteau en ville, mettre l'écharpe blanche à la porte du restaurant, ou des drapeaux de prière… On a tous, tout le temps, envie de se rebeller. Mais d'un autre coté, on a peur." Metipa dit connaître "au moins dix personnes, dont des moines", qui ont été arrêtées ces derniers mois et dont personne n'a plus de nouvelles. Au pied du Chöde Gompa, la grande lamaserie qui surplombe la ville, il désigne quelques ruines : "Tout a été détruit par l'armée chinoise dans les années 50. Des milliers de moines ont été tués à cette époque. Chaque Tibétain le sait. On n'a jamais pardonné."

Le 10 mars prochain sera le cinquantième anniversaire de la plus importante rébellion tibétaine, matée dans la violence par l'Armée populaire de libération (APL) qui avait "libéré" le Tibet neuf ans plus tôt. Une semaine après, le dalaï-lama s'échappait définitivement pour l'Inde, laissant 6 millions d'orphelins. Les Tibétains, et encore plus les autorités chinoises, craignent de nouvelles émeutes début mars. Déjà, de nombreuses régions de la zone tibétaine ont été fermées préventivement aux étrangers, le passage des convois militaires s'intensifie. Un jeune moine hésite à parler, de peur d'avoir affaire à des envoyés du gouvernement, comme cela arrive souvent. Puis il se lance, au mépris des caméras de surveillance piquées tout autour : "Il va se passer des choses lors de cet anniversaire."

Il ne faut pas insister longtemps pour être conduit dans un dédale d'escaliers antiques jusque sous les toits. Comme dans chaque monastère tibétain, la "Présence" est là, dans un réduit enfumé d'encens. Dans un cadre d'un demi-mètre de hauteur, Tenzin Gyatso, quatorzième dalaï-lama, sourit devant un monceau de billets de banque à l'effigie de Mao. Un vieux moine fait un clin d'œil, le pouce levé, heureux de la visite. Ses jeunes frères, occupés à façonner des statuettes en beurre coloré dans un local glacial, le sont moins. Leurs yeux en disent plus long que leurs paroles, contingentées sur ordre du supérieur. Un bonnet enfoncé sur les yeux, un masque sur le visage, un grand moine finit par souffler en anglais : "J'ai passé dix mois en prison, comprenez-nous, on ne peut pas vous parler."
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(1) Les noms ont été changés

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A Pékin, Jean-Pierre Raffarin fait un faux procès au gouvernement tibétain en exil !

" Peut-on être favorable à la théocratie quand on est Français, c'est-à-dire que le religieux prenne le pouvoir ? "
 
Mardi 10 février 2009 - Aujourd'hui la Chine
 
L'ancien haut responsable français Jean-Pierre Raffarin a affirmé mardi à Pékin qu'il restait "encore du travail" pour un apaisement des relations entre la Chine et la France, à l'issue d'un entretien avec le Premier ministre Wen Jiabao. "On est plutôt dans une situation où tout le monde cherche à sortir de la crise (...) mais naturellement il y a encore du travail à faire, des précisions et des clarifications à apporter", a-t-il déclaré à la presse, soulignant que M. Wen avait insisté "de manière positive sur l'exigence d'une bonne relation avec la France".

"Les Chinois attendent de nous des positions rassurantes", a-t-il poursuivi, se déclarant persuadé que le président français Nicolas Sarkozy prendrait "des initiatives avant le 2 avril (date du G20 à Londres) pour rassurer les autorités chinoises sur son attachement au partenariat global stratégique".

"Les diplomates travaillent", a-t-il souligné, refusant de donner des précisions sur les initiatives que la France pourrait prendre pour calmer la situation.

"Sur la souveraineté et la théocratie, deux sujets sur lesquels les Chinois nous interpellent, nous avons une forte proximité", a jugé M. Raffarin, expliquant que la France ne pouvait pas "encourager le séparatisme du Tibet". "Peut-on être favorable à la théocratie quand on est Français, c'est-à-dire que le religieux prenne le pouvoir ?", a-t-il aussi lancé.

Les relations sino-françaises qui avaient déjà pris un coup de froid au printemps dernier, lors du passage chaotique de la flamme olympique à Paris, se sont encore tendues à la fin de l'année dernière.

Le président Sarkozy, alors président en exercice de l'Union européenne, avait décidé de rencontrer le 6 décembre le dalaï lama en Pologne, entraînant l'annulation exceptionnelle par Pékin d'un sommet sino-européen prévu à Lyon le 1er décembre. Wen Jiabao a aussi volontairement évité la France lors de sa récente tournée européenne.
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Sénat : Jean-François Humbert élu à la tête
du groupe d'information sur le Tibet

Visitez le site de Jean-François Humbert... édifiant !!!  Ce sénateur " est engagé", c'est sur !!!   http://www.jfhumbert.com/index2.php
 
5 Février 2009  - Ma Commune.info 

Le groupe a porté à sa présidence le sénateur du Doubs qui succède à Louis de Broissia. La cause du Tibet a toujours été très chère à Jean-François Humbert.
 
En cette année 2009, qui s'annonce cruciale pour le Tibet et sera l'occasion de commémorer l'invasion chinoise de 1949 et l'insurrection de Lhassa en 1959, le groupe d'information sera plus actif que jamais, annonce un communiqué.
 
Il s'efforcera de prendre des initiatives en commun avec les groupes sur le Tibet de l'Assemblée nationale, du Parlement européen, et des autres Parlements de pays démocratiques.
 
Le nouveau président du groupe d'information sur le Tibet du Sénat a, sans plus attendre, demandé à l'ambassadeur de la République populaire de Chine à Paris de bien vouloir recevoir une délégation de son bureau.
 
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Matthieu Ricard :
"le Dalaï-Lama est découragé..."
 
Mardi 3 février 2009 - Le Matin (Suisse)  - Patrick Vallélian

Le chef spirituel des Tibétains n'a pas le moral. La faute aux Chinois qui refusent tout dialogue, estime Matthieu Ricard, un de ses proches.

Quelle issue à la crise entre le Tibet et la Chine? Aucune, estime Matthieu Ricard*, moine bouddhiste français et proche du dalaï-lama. Pis, cette situation bloquée par les Chinois sape le moral du chef spirituel des Tibétains, 73 ans, qui a été hospitalisé brièvement cette semaine à New Delhi. Pour la troisième fois en cinq mois. "Le dalaï-lama est découragé depuis les tragiques événements de mars dernier (ndlr: les révoltes antichinoises de Lhassa)", reconnaît Matthieu Ricard.

"Les Chinois ne veulent pas négocier un accord sur l'autonomie culturelle et religieuse du Tibet. Depuis la fin des Jeux olympiques et le refus en bloc par Pékin du projet tibétain d'une autonomie, compatible avec la Constitution chinoise, qui permettrait la survie de l'héritage culturel du Tibet, le dialogue semble être au point mort", poursuit Matthieu Ricard qui est sorti de sa retraite spirituelle dans l'Himalaya le temps du WEF pour participer à divers dialogues auxquels il a été convié et promouvoir Karuna-Shechen, l'association humanitaire qu'il coordonne et qui est active au Népal, en Inde et au Tibet.
C'est une situation déplorable, estime le Français: "Les Chinois ne comprennent pas que le mieux pour tous serait de trouver un accord avec le gouvernement tibétain en exil tant que le dalaï-lama est en vie. Une fois qu'il ne sera plus là, ceux qui exigent l'indépendance du Tibet pourraient prendre le relais. Ce qui ne mènera pas à grand-chose."

D'autant que la communauté internationale a d'autres préoccupations que de voler au secours du Tibet depuis l'éclatement de la crise des subprime. "Dans beaucoup de pays démocratiques, c'est le plus souvent "mollesse oblige". Il est regrettable que la cause tibétaine soit ainsi sacrifiée."

Intérêts commerciaux

Les pays capitalistes ont trop besoin de faire du commerce avec la Chine pour exiger un véritable respect des droits de l'homme de la part de la nation la plus peuplée du monde. "Le monde se couche trop facilement devant les Chinois. C'est un mauvais calcul, car le gouvernement chinois est des plus cyniques et méprise ceux qui s'abaissent devant lui."
Une phrase que le Conseil fédéral devrait méditer, lui qui a accueilli en grande pompe la semaine dernière à Berne Wen Jiabao, le premier ministre chinois. Et qui a fait dégager manu militari de la place Fédérale la poignée de manifestants protibétains.

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Appel du Kashag à propos de la relance de la campagne "Frapper fort" au Tibet
 
Dharamsala le 29 janvier 2009
 
A la suite des politiques très répressives adoptées par la RPC pour étouffer la protestation des Tibétains dans toutes les régions du Tibet l'année dernière, nous sommes très inquiets d'apprendre qu'à compter du 18 janvier 2009, les autorités chinoises à Lhassa ont lancé une campagne "Frapper fort" de 42 jours dans l'intention d'accroître la vigilance contre le regain de protestations politiques et pour maintenir la stabilité dans la politiquement rétive région du Tibet.
 
Des sources crédibles ont signalé des " raids " officiels dans des maisons et hôtels tibétains à Lhassa par le Bureau de sécurité publique (PSB) qui a raflé "5766 suspects" à fin d'interrogatoire. Un incident de tir a été également signalé au monastère de Dergué, à minuit le 27 janvier. Cette campagne a pris un angle politique, particulièrement après les nombreuses émeutes au Tibet en mars 2008 et est utilisée comme une arme pour éliminer les dissidents.
 
Nous sommes consternés d'apprendre par un récent communiqué de presse, qu'en raison de tortures et de coups sévères, Pema Tsepak, un jeune garçon tibétain, est mort le 23 janvier dans la région de Chamdo. Le 20 janvier, il avait prit part à une manifestation non-violente avec deux autres jeunes garçons tibétains, dont le sort reste aujourd'hui inconnu.
 
Il y a davantage de témoignages d'une pression accrue sur les Tibétains au Tibet pour célébrer le prochain nouvel an tibétain (le Lossar), malgré leur réticence à la célébration de celui-ci afin de montrer leur deuil envers les compatriotes tibétains qui sont morts pendant les manifestations de mars 2008. Dans les régions de "la préfecture autonome tibétaine" de Ngaba et de "la préfecture autonome tibétaine" de Kardzé, au Sichuan, les autorités chinoises ont même promis des primes de 500 yuan pour chaque famille et la délivrance de pétards gratuits afin d'inciter à célébrer le Lossar tibétain.
 
La relance de la campagne "Frapper fort" et l'intensification d'autres politiques extrêmes de la RPC vont causer encore bien plus de violations des droits fondamentaux et des libertés du peuple tibétain. Il y a un accroissement du sentiment de peur et d'intimidation à Lhassa et dans d'autres régions du Tibet. Nous sommes très peu informés des intentions de la RPC derrière la relance de ces campagnes, y compris l'éducation politique, qui vont incontestablement créer une atmosphère propice à plus d'agitation politique et, de ce fait, justifier l'usage de mesures encore plus répressives.
 
Nous demandons aux autorités de la RPC de suspendre leur campagne "Frapper fort" et de mettre immédiatement un terme à leurs politiques extrêmes au Tibet. Nous demandons vivement aux parlements, aux gouvernements et à tous citoyens autour du monde d'intervenir activement de façon à ce que les incidents malheureux de mars 2008 ne se répètent pas.
 
Nous demandons également aux Tibétains au Tibet de comprendre que, malgré la dure répression et les sévères restrictions, nous devons maintenir notre calme et puiser dans notre persévérance non-violente, dans l'intérêt à long terme de notre combat. Nous appelons vivement les Tibétains au Tibet à ne pas s'engager dans la violence et d'éviter toute activité qui risquerait de conduire à un emprisonnement inutile ou une mise en danger de la vie. Nous vous engageons également à tout faire pour prévenir toute animosité et conflit avec le peuple chinois.
 
Le Kashag 
Cabinet de l'Administration centrale tibétaine en exil 
Dharamsala  
  
Traduction en français effectuée par le Bureau du Tibet  
tibetparis@aol.com
 
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Opération "Frapper fort"... La police est chargée
d'enquêter sur plusieurs milliers de personnes

Mercredi 28 janvier 2009 - Redaction Tibet Info (JMB)
 
La Chine a lancé une opération de police au Tibet, enquêtant sur des milliers de personnes, dont certaines ont été arrêtées pour leurs opinions "réactionnaires", a affirmé le 28 janvier 2009 l’organisation de défense des Droits de l’Homme International Campaign for Tibet (ICT).

La campagne "Frapper fort" a été lancée le 18 janvier, à quelques semaines du 50e anniversaire du soulèvement antichinois de mars 1959 au Tibet.

En une semaine, 8 424 personnes (1) ont fait l’objet d’une enquête et 81 ont été interpellées, a de son côté indiqué le journal officiel China Tibet News sur son site internet, dans un article récent.

Deux personnes ont notamment été arrêtées parce que des "opinions réactionnaires" ont été trouvées dans leur téléphone portable. D’autres sont soupçonnées de crimes tels que vol, prostitution, meurtre, actes de violence, selon ce media.

La police de Lhassa n’a pas voulu commenter ces informations.

 
China Tibet News affirme que l’opération visait à créer "un bon environnement social" pour le Nouvel an chinois (le 26 janvier) et le Nouvel an tibétain, le 25 février, mais ICT estime qu’elle pourrait avoir pour but "d’intimider les Tibétains" avant le 50e anniversaire du soulèvement de mars, et le premier anniversaire des violences qui avaient secoué la région en 2008.
 
"Les autorités ont peur de nouveaux troubles après la vague de manifestations qui avaient balayé le plateau (himalayen) l’an dernier", a indiqué ICT.
 
(1) L’AFP mentionne 8 424 personnes, ICT n’en mentionne "que" 5 766, car il fait référence à une source antérieure.
 
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Pema Tsepak. © Phayul
Communauté tibétaine de Tsawa
Un jeune Tibétain battu à mort par la police chinoise

Mardi 27 janvier 2009 - Redaction Tibet Info (JMB) - Phayul 
 
Pema Tsepak, l’un des trois jeunes Tibétains qui ont protesté dans le comté de Dzogang [1], préfecture de Chamdo, en "Région autonome du Tibet", est décédé le 23 janvier 2009 de ses blessures après avoir été battu par les autorités chinoises.

Le 20 janvier, trois Tibétains, identifiés comme Thinley Ngodrub, 24 ans, son frère Thargyal, 23 ans [2], et Pema Tsepak, 24 ans, tous originaires de Punda, Comté de Dzogang, ont exhibé une bannière blanche où était écrit "Indépendance pour le Tibet", ont jeté des tracts en l’air et crié des slogans, avant de se faire arrêter par les forces de sécurité chinoises. Une jeune tibétaine, Dechen Dolma, qui a été trouvée en possession du portable de Pema Tsepak, a également été arrêtée mais libérée plus tard, le 24 janvier.

Selon des contacts à Dharamsala, Pema a été admis à l’hôpital du Comté de Dzogang pour des soins, mais son cas était tellement grave qu’il a dû être transporté à l’hôpital de la préfecture de Chamdo, où il a succombé à ses blessures.

Pema avait subi de graves blessures à l’intestin et aux reins, selon le témoignage de Yeshi Tsomo, originaire de cette région du Tibet, à Phayul.
 
Dans un autre incident survenu le 22 janvier, trois autres Tibétains ont participé à une manifestation de protestation et ont été arrêtés immédiatement. Ils ont été identifiés comme étant Tashi Norbu, 29 ans [3], Thinlay Gyatso, 44 ans, et Lobsang Lhamo, 27 ans, tous du Comté de Dzogang. [4]
 
Une veillée aux chandelles et une session de prière ont eu lieu à Dharamsala pour pleurer la mort de Pema Tsepak avec les personnes originaires de sa communauté, en collaboration avec les associations Tibetan Women Association (Association des femmes tibétaines), Gu-Chu-Sum, et Students for a Free Tibet - India (Etudiants pour un Tibet libre - Inde).
 
Le Gouvernement tibétain en exil rappelle que la violente répression des manifestations au Tibet après mars 2008 est estimée avoir fait 219 morts, 1 294 blessés, et 5 600 personnes arrêtées ou détenues, dont plus de 1 000 manquent encore.
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[1] Le Comté de Dzogang forme, avec celui de Markham, la partie la plus au sud-est de la "Région Autonome du Tibet".
[2] Thinley Ngodrub et son frère Thargyal sont retenus à la prison de Chamdo
[3] Tashi Norbu est enfermé à la prison du Comté de Dzogang
[4] Thinlay Gyatso et Lobsang Lhamo ont été libérés le 24 janvier.
 
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BUREAU DU TIBET - PARIS
 
Mercredi 14 janvier 2009
 
Discours au parlement Européen
Traduction française effectuée par le Bureau du Tibet
 
Décembre 2008

Sa Sainteté le Dalaï Lama

Votre Excellence, M. le Président, Honorables membres du Parlement, Mesdames et Messieurs,

C'est un grand honneur de parler devant vous et je vous remercie de votre invitation. Où que j'aille, mon principal intérêt et mon engagement premier sont la promotion des valeurs humaines, telles que l'affection - que je considère comme le facteur clé d'une vie heureuse tant aux niveaux individuel et familial que collectif. De nos jours, il semble qu'une attention insuffisante soit prêtée aux valeurs intérieures. Les promouvoir constitue donc mon engagement numéro un.

Mon second engagement le plus important, c'est la promotion de l'harmonie entre les religions. Nous acceptons le besoin de pluralisme en politique et en démocratie mais nous semblons souvent plus hésitants quant à la pluralité des fois et des religions. Malgré leurs différents concepts philosophiques, les traditions religieuses majeures portent le même message d'amour, de compassion, de tolérance, de contentement et de maîtrise de soi. Elles ont également en commun le potentiel d'aider les êtres humains à mener des vies plus heureuses. Ces deux objectifs constituent mes engagements les plus forts.

Bien sûr, le problème du Tibet me concerne tout particulièrement et j'ai une responsabilité spécifique à l'égard du peuple tibétain, qui continue de placer en moi ses espoirs et sa confiance en cette très difficile période de notre histoire. Le bien-être du peuple tibétain est ma constante préoccupation et je me considère comme son libre porte-parole en exil.

La dernière fois que j'eus le privilège de m'adresser au Parlement européen (PE), le 24 octobre 2001, j'ai déclaré : " malgré quelques développements et progrès économiques, le Tibet continue de faire face à des problèmes de survie fondamentaux. Les violations sérieuses aux droits de l'Homme sont répandues dans tout le Tibet et sont souvent le résultat de politiques de discriminations raciales et culturelles. Malgré tout, elles sont seulement les symptômes et les conséquences d'un problème plus profond. Les autorités chinoises voient la culture et la religion distinctes du Tibet comme la source d'une menace de séparation. De ce fait, un peuple entier avec sa culture et son identité uniques font face à la menace d'extinction résultant de politiques délibérées ".

Depuis mars de cette année, des Tibétains de tous milieux, à travers tout le plateau tibétain, ont manifesté contre les politiques discriminatoires et oppressives des autorités chinoises au Tibet. Avec la pleine conscience du danger imminent pour leurs vies, des Tibétains de tout le Tibet appelé aussi Tcheulkha-Soum (U-Tsang, Kham et Amdo), jeunes et vieux, hommes et femmes, moines et laïcs, croyants et non-croyants, y compris des étudiants, se sont rassemblés spontanément et courageusement pour exprimer leur angoisse, leur mécontentement et leurs doléances authentiques vis-à-vis des politiques du gouvernement chinois. J'ai été profondément attristé par la perte de vies humaines, tibétaines et chinoises, et j'ai immédiatement appelé les autorités chinoises à la retenue. Comme les autorités chinoises m'ont accusé d'orchestrer les récents événements au Tibet, j'ai appelé de façon répétée à ce qu'une investigation en profondeur soit diligentée par un comité indépendant et internationalement reconnu, que j'invite aussi à Dharamsala, en Inde. Si le gouvernement chinois dispose de la moindre preuve pour soutenir ses allégations, il doit la révéler au monde.

Malheureusement, les autorités chinoises ont eu recours à des méthodes brutales pour gérer la situation au Tibet, malgré les appels de plusieurs dirigeants du monde, d'ONG et de personnalités de stature internationale pour éviter la violence et montrer de la retenue. Durant les évènements, un grand nombre de Tibétains ont été tués, des centaines blessés et emprisonnés. Nombreux sont ceux dont le sort reste inconnu. Alors que je me tiens devant vous, il y a dans plusieurs régions du Tibet une forte présence policière et militaire. Dans plusieurs endroits, les Tibétains continuent de souffrir à cause d'une situation de loi martiale de fait. Il y a une atmosphère d'angoisse et d'intimidation. Les Tibétains au Tibet vivent constamment avec la peur d'être le prochain arrêté. Compte tenu de l'interdiction faite aux observateurs internationaux, aux journalistes ou même aux touristes de se rendre dans plusieurs régions du Tibet, je suis profondément inquiet du sort des Tibétains. Actuellement, les autorités chinoises ont la main complètement libre au Tibet. C'est comme si les Tibétains faisaient face à une peine de mort, une peine visant la destruction de l'esprit du peuple tibétain.

Plusieurs honorables membres du PE connaissent mes efforts constants pour parvenir à une solution mutuelle acceptable au problème tibétain, à travers le dialogue et la négociation. Dans cet esprit, au PE à Strasbourg, en 1988, j'ai présenté une proposition formelle de négociation qui n'appelle pas à la séparation et à l'indépendance du Tibet. Depuis lors, nos relations avec le gouvernement chinois ont connu diverses fortunes. Après une interruption de près de dix ans, en 2002 nous avons établi à nouveau un contact direct avec les dirigeants chinois. Des discussions importantes ont eut lieu entre mes envoyés et des représentants du gouvernement chinois. Dans ces discussions nous avons clairement exposé les aspirations du peuple tibétain. L'essence de mon approche de la voie médiane est d'assurer une autonomie véritable pour le peuple tibétain, dans le cadre de la constitution de la République populaire de Chine (RPC).

Durant le 7ème round de discussions à Pékin, les 1er et 2 juillet de cette année, la partie chinoise nous a invités à présenter nos vues sur l'autonomie véritable. En conséquence, le 31 octobre 2008 nous avons présenté au gouvernement chinois le Mémorandum pour l'autonomie réelle du peuple tibétain. Notre mémorandum présente notre position sur l'autonomie véritable et comment les besoins primaires de la nation tibétaine pour cette autonomie peuvent être satisfaits. Nous avons présenté ces suggestions avec le seul objectif de faire un effort sincère pour régler les problèmes réels au Tibet. Nous étions confiants qu'avec de la bonne volonté, les solutions présentées dans notre mémorandum pouvaient être mises en œuvre.

Malheureusement, la partie chinoise a rejeté notre mémorandum dans sa totalité, stigmatisant nos suggestions comme une tentative de " semi-indépendance " et " d'indépendance déguisée " et, pour cette raison, inacceptables. De plus, la partie chinoise nous accuse de " nettoyage ethnique " parce que notre mémorandum appelle à la reconnaissance du droit des régions autonomes " de réguler la résidence, l'installation, l'emploi ou les activités économiques des personnes qui souhaitent venir dans des régions tibétaines et provenant d'autres régions de la RPC. "

Nous avons clairement exposé dans notre mémorandum que notre intention n'est pas d'expulser des non-Tibétains. Notre inquiétude est le mouvement de masse mis en oeuvre, en premier lieu de Han, mais aussi d'autres nationalités, dans plusieurs régions tibétaines qui marginalise la population autochtone tibétaine et menace l'écosystème fragile du Tibet. Les changements démographiques majeurs qui résultent d'une immigration massive conduiront à l'assimilation plutôt qu'à l'intégration de la nationalité tibétaine dans la RPC et, graduellement, à l'extinction de la culture distincte et de l'identité du peuple tibétain.

Le cas des populations de la Mandchourie, de la Mongolie intérieure et du Turkestan oriental sont des exemples pertinents des conséquences dévastatrices d'un transfert massif de population Han majoritaire vers des zones aux ethnies minoritaires. Aujourd'hui, la langue, l'écriture et la culture du peuple mandchou ont disparu. Et en Mongolie intérieure, aujourd'hui, seuls 20% sont d'origine mongole sur une population totale de 24 millions.

Malgré les déclarations contraires de certains officiels chinois tenant d'une ligne dure, nous avons répondu sincèrement aux inquiétudes du gouvernement chinois s'agissant de la question de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la RPC. Le mémorandum, dont nous vous remettons une copie, l'explique parfaitement. Vos commentaires et vos suggestions sont les bienvenus.

Je profite de cette opportunité pour solliciter les bons offices de l'Union européenne et du Parlement : ne ménagez pas vos efforts pour convaincre le gouvernement chinois de résoudre le problème du Tibet par des négociations sincères , pour le bien commun des peuples tibétain et chinois.

Bien que je rejette fermement l'emploi de la violence comme moyen, dans notre combat, nous avons certainement le droit d'explorer toutes les autres options politiques qui nous sont disponibles. Dans un esprit démocratique, j'ai appelé à une réunion spéciale des Tibétains en exil pour discuter de l'état du peuple tibétain, du problème du Tibet et de la conduite future de notre mouvement. La réunion a eu lieu du 17 au 22 novembre 2008 à Dharamsala, en Inde. Le manque de réponse positive du gouvernement chinois à nos initiatives a renforcé la suspicion de nombreux Tibétains, qui considèrent que le gouvernement chinois n'a aucun intérêt à trouver une solution mutuellement acceptable. Ils continuent de croire que le gouvernement chinois est résolu à une assimilation forcée et complète et à une absorption du Tibet par la Chine. Du coup, ils appellent à une complète indépendance du Tibet. D'autres défendent le droit à l'autodétermination et à un référendum au Tibet. En dépit de ces différents points de vue, les délégués ont unanimement décidé de me donner le pouvoir de décider de la meilleure approche, en accord avec la situation du Tibet, de la Chine et du monde et des changements qui interviennent.

Je vais étudier les suggestions faites par 600 leaders et délégués des communautés tibétaines dans le monde, y compris les vues que nous pouvons rassembler de Tibétains au Tibet.

Je suis un ardent défenseur de la démocratie. En conséquence, j'ai constamment encouragé les Tibétains en exil à suivre le processus démocratique. Aujourd'hui, la communauté de réfugiés tibétains fait partie des rares communautés de réfugiés qui ont établi les trois piliers de la démocratie : le législatif, le judiciaire et l'exécutif. En 2001, nous avons franchi une grande étape dans le processus de démocratisation en élisant par suffrage direct le Premier ministre du Kashag (le cabinet de l'administration tibétaine en exil).

J'ai toujours soutenu que le peuple tibétain devait, en dernier ressort, décider du futur du Tibet. Comme l'a dit le Pandit Nehru, Premier ministre de l'Inde, devant le Parlement indien le 7 décembre 1950 : " le dernier mot en ce qui concerne le Tibet devrait être celui du peuple du Tibet et de personne d'autre ". Le problème du Tibet a des dimensions et des implications qui vont bien au-delà du sort de 6 millions de Tibétains. Tout d'abord, le Tibet est situé entre l'Inde et la Chine. Pendant des siècles le Tibet a été une zone tampon pacifique, séparant les deux pays les plus peuplés de la Terre. Quoi qu'il en soit, en 1962, seulement quelques années après la soi-disant " libération pacifique du Tibet ", le monde a été témoin de la première guerre de l'histoire entre les deux géants de l'Asie. Cela démontre clairement l'importance qu'il y a à trouver une résolution juste et pacifique de la question du Tibet pour permettre une confiance et une amitié véritables et durables entre les deux plus puissantes nations de l'Asie. Le problème du Tibet tient également en la fragilité de son environnement qui, selon les scientifiques, a un impact sur une grande partie de l'Asie et ses milliards d'habitants. Le plateau tibétain est la source de plusieurs des plus grands fleuves d'Asie. Les glaciers du Tibet forment la plus grande masse de glace en dehors des pôles. Certains experts de l'environnement parlent du Tibet comme du 3ème Pôle. Et si le présent réchauffement perdure, le fleuve Indus pourrait s'assécher dans les prochains 15-20 ans. Enfin, l'héritage culturel du Tibet est basé sur le principe bouddhique de compassion et de non-violence. De ce fait, il concerne non seulement les 6 millions de Tibétains mais aussi les 13 millions de personnes à travers l'Himalaya, la Mongolie et les Républiques de Kalmoukie et de Bouriatie en Russie, y compris les frères et soeurs chinois qui, de plus en plus nombreux, partagent cette culture qui a le potentiel de contribuer à bâtir un monde pacifique et harmonieux.

Ma maxime a toujours été d'espérer le meilleur et de se préparer pour le pire. Avec ceci à l'esprit, j'ai conseillé aux Tibétains en exil de faire plus d'efforts dans l'éducation de nos jeunes générations, de renforcer nos institutions culturelles et religieuses en exil, avec pour objectif de préserver notre riche héritage culturel, d'étendre et de renforcer les institutions démocratiques et la société civile au sein de la communauté des réfugiés tibétains. L'un des principaux objectifs de notre communauté en exil est de préserver notre héritage culturel là où c'est possible et d'être la voix libre de notre peuple captif au Tibet. Nous faisons face à des tâches et à des défis démesurés. En tant que communauté de réfugiés, nos ressources sont naturellement limitées. Nous, Tibétains, devons également envisager le fait que notre exil pourrait durer encore plus longtemps. Je voudrais donc remercier l'Union européenne pour son aide dans les domaines de l'éducation et la culture.

Je n'ai aucun doute sur le fait que l'engagement, fidèle sur les principes, du Parlement européen à l'égard de la Chine aura un impact sur le processus de changement en cours en Chine. La tendance globale est vers plus d'ouverture, de liberté, de démocratie et de respect pour les droits de l'Homme. Tôt ou tard, la Chine devra suivre la tendance mondiale. Dans ce contexte, j'aimerais louer le PE pour avoir honoré du prestigieux prix Sakharov le défenseur des droits de l'Homme Hu Jia. C'est un signal important alors que nous voyons la Chine progresser rapidement. Avec son nouveau statut, celle-ci est conduite à jouer un rôle majeur de leader sur la scène mondiale. Pour le remplir, je pense qu'il est essentiel pour la Chine de permettre l'ouverture, la transparence, le droit et la liberté d'information et de penser. Il n'y a pas de doute sur le fait que les attitudes et les politiques de la communauté internationale envers la Chine auront un impact sur le processus de changement en cours, autant que sur les événements et développements internes.

En contraste avec l'attitude toujours extrêmement rigide du gouvernement chinois envers le Tibet, il y a heureusement au sein de la population chinoise - surtout au sein des cercles chinois éduqués et informés - une compréhension et une sympathie grandissantes pour la souffrance du peuple tibétain. Bien que ma foi dans le gouvernement chinois sur la question du Tibet devienne de plus en plus faible, ma foi dans le peuple chinois reste inébranlable. J'ai donc conseillé au peuple tibétain de faire des efforts concertés pour toucher le peuple chinois. Les intellectuels chinois ont ouvertement critiqué la répression brutale des manifestations tibétaines par le gouvernement chinois en mars de cette année et ont appelé à la retenue et au dialogue pour résoudre les problèmes au Tibet.
 
Des avocats chinois ont publiquement offert de défendre lors de leur procès des manifestants tibétains arrêtés. Aujourd'hui, il existe une compréhension, une sympathie, un soutien et une solidarité grandissantes au sein de nos frères et soeurs chinois pour la situation difficile des Tibétains et leurs aspirations légitimes. C'est très encourageant. Je profite de cette opportunité pour remercier nos courageux frères et soeurs chinois pour leur solidarité.

Je remercie également le PE pour son soutien et son attention continus pour le combat juste et non-violent des Tibétains. Votre sympathie, votre soutien et votre solidarité ont toujours été une grande source d'inspiration et d'encouragement pour le peuple tibétain, à la fois au-dedans et au-dehors du Tibet. Je voudrais remercier tout particulièrement les membres de l'Intergroupe Tibet du PE, qui ont fait de la tragédie du peuple tibétain non seulement le sujet de leur travail politique mais aussi la cause de leur coeur. Les nombreuses résolutions du PE sur le problème du Tibet ont beaucoup aidé à révéler la souffrance du peuple tibétain et à faire prendre conscience du problème du Tibet au grand public et aux gouvernements, ici, en Europe, et partout dans le monde.

Le soutien constant apporté par le PE pour le Tibet n'a pas été ignoré en Chine. Je regrette que cela ait causé quelques tensions dans les relations UE - Chine. Quoi qu'il en soit, j'aimerais partager avec vous mon espoir et ma croyance sincères que l'avenir du Tibet et de la Chine passera d'une incompréhension à une relation basée sur le respect mutuel, la confiance et la reconnaissance d'intérêts communs - malgré la situation actuelle très sombre au Tibet et l'impasse du processus de dialogue entre mes émissaires et le gouvernement chinois. Je n'a pas de doutes sur le fait que votre attention et votre soutien continus pour le Tibet vont, sur le long terme, avoir un impact positif et aideront à créer l'environnement politique nécessaire pour une résolution pacifique du problème du Tibet. Votre soutien continu est donc essentiel.

Je vous remercie de l'honneur que vous m'avez fait de pouvoir partager mes pensées avec vous.

Sa Sainteté le XIVème Dalaï Lama
le 4 décembre 2008
Bruxelles
 
 
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La Chine relâche des prisonniers
pour ne pas les voir mourir en prison

Mardi 6 janvier 2009 - Redaction Tibet Info (JMB) - Phayul et Voice of Tibet
 
La Chine a commencé à libérer les prisonniers tibétains qui sont susceptibles de succomber à leurs blessures des suites de la torture et des sévices subis en prison. Cela permet aux autorités chinoises de ne pas être responsable de la mort d’un détenu en prison.

"Ils (les autorités chinoises) remettent les prisonniers aux familles pour éviter d’être blâmé pour leur mort", a déclaré Tenzin Choeying de Students for a Free Tibet (Étudiants pour un Tibet Libre) en Inde.

Selon la radio Voice of Tibet, Guru Dorji, de Kardzé, a été libéré avant la fin de sa peine de prison, après avoir été sauvagement torturé en prison.

Citant des sources fiables, VOT a indiqué que les villageois ont été appelés par les autorités pénitentiaires pour venir récupérer Guru Dorji le 1er janvier. Les villageois l’ont ramené à son domicile le lendemain dans un piètre état.

L’épouse de Guru Dorji est décédée alors qu’il était en prison. Il a exprimé sa tristesse de ne pas avoir pu la voir, mais a déclaré qu’il n’était pas inquiet au sujet de sa propre mort. Prévoyant sa mort prochaine, Guru Dorji a distribué ses biens à ses deux enfants et a exhorté ses concitoyens à prendre soin d’eux.

Les villageois qui sont allés le chercher ont été forcés de signer une lettre promettant qu’il ne participerait pas à des manifestations, s’il se remettait de ses blessures. Une source locale a indiqué à Voice Of Tibet que Guru vomissait ce qu’il mangeait, et qu’il était dans un état grave.
 
Dans un autre incident, une fille nommée Rigden Lhamo, 21 ans, de Kardzé, a été remise à sa famille autour du 25 décembre 2008, parce que les autorités craignaient qu’elle ne succombe à ses blessures en prison. Elle a été grièvement blessée lors des manifestations du 28 mai 2008, et a ensuite été emprisonnée.
 
Le 22 décembre, Rinchen et Jampa Dolma, du couvent de Getsul à Kardzé, ont également été libérées avant leur date de sortie prévue. Elles ont été arrêtées avec deux autres religieuses de Getsul pour leur participation à des protestations le 22 mai à Kardzé.

Cependant, les raisons de leur libération n’ont pas pu être confirmées pour le moment.
 
Une autre sœur nommée Dolma Yangtso du couvent de Laru à Sertha avait informé sa famille de sa condamnation à 2 ans de prison. Elle est décédée des suites de ses blessures après avoir été touchée par balle par les forces de sécurité chinoises lors d’une manifestation le 10 août 2008, toujours à Kardzé.
 
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Voeux de Thupten GYATSO, président de la Communauté tibétaine de France
 
Chers amis du Tibet,
 
A l'occasion de la festivité de la Saint Sylvestre, je voudrais vous présenter à toutes et à tous de tout mon coeur au nom de notre équipe du Bureau de "la Communauté Tibétaine de France et ses Amis" nos meilleurs voeux pour 2009. Nous prions que celle-ci vous apporte de la paix et de la santé aussi bien à l'échelle individuelle que collective, ainsi que la réalisation de vos projets.
 
L'année 2008 a marqué par une multitude des événements de tout genre sur le plan mondial et  plus particulièrement au Tibet, les manifestations politiques du mois de mars dernier ont ouvert une nouvelle page dans l'Histoire de la Résistance pacifique du peuple tibétain contre l'occupation illégale de notre pays par la "République populaire de Chine".
 
Une répression sanglante menée par des militaires chinois et "la Police armée du Peuple" à l'encontre des manifestants Tibétains et celle-ci a été commandité directement par Hu Jin Tao sous sa responsabilité.
 
Nous sommes tellement attristés par l'absence d'une réaction concertée de la part de "la Communauté internationale" sur la question tibétaine à l'instar d'autres problèmes du monde afin d'imposer aux autorités chinoises "une enquête internationale" sur la persécution généralisée de la population civile tibétaine complètement désarmée.
 
La République populaire de Chine a bénéficié une totale impunité de l'ONU pour ses crimes contre l'humanité au Tibet et ailleurs.  Le résultat de course, le Tibet est devenu une prison à ciel ouvert où les Tibétains sont considérés moins que rien par un pouvoir colonial qui ne sait que exprimer à travers la violence ensuite Hu Jing Tao cherche à cacher ses crimes en déformant les faits et sa machine de propagande (Xinghai) prêche une version des faits selon laquelle les rôles inversés des criminels des victimes.
 
Au mois de mai dernier, malgré la tension qui régnait au Tibet suit aux répressions chinoises, les Tibétains dans le monde entier ont fait preuve de compassion et d'amitié en exprimant leurs solidarité avec le peuple chinois lors de la tremblement de Terre du 12 mai 2008 en Chine, qui a provoqué la mort de 92, 000 personnes selon "l'agence officielle de Chine nouvelle" et que plusieurs millions se seraient retrouvés sans abri.

le processus du dialogue sur l'avenir du Tibet entre Dharamsala et Pékin se retrouve dans l'impasse à cause de la mauvaise foi et du manque de la volonté politique des autorités chinoises pour régler la question tibétaine. Mais tout n'est pas perdu pour le Tibet, les Tibétains dans sa forte majorité ont apporté un soutien sans faille à la politique de la voie médiane du gouvernement tibétain donc à Sa Sainteté le Dalai Lama à travers la "Réunion extraordinaire du 17-22 du novembre dernier à Dharamsala en Inde.
 
A l'issue de cette réunion spéciale, la société civile a démontré son unité et sa pertinence sur sa demande de l'autonomie pour le Tibet. Désormais la balle se trouve du côté de Pékin.
 
En tant que Tibétains, nous apportons notre soutien à " Charte 08" rédigée par plus de trois cents chinois de tous les secteur de la société chinoise. ce document résume en 19 points réclame fin de monopole du pouvoir "du parti communiste" afin d'engager la Chine vers un Etat fédérale dans un cadre d'une démocratie chinoise soucieuse du respect des droits fondamentaux pour tous.
 
Enfin, nous vous souhaitons une très belle année et nous demandons à nos amis citoyens de continuer votre soutien à la cause du Tibet. je vous remercie infiniment.
 
Thupten GYATSO,
pour l'équipe du Bureau
de "la Communauté Tibétaine de France".

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Nicolas Sarkozy a rencontré le Dalaï-Lama

6 Décembre 2008 - Le Parisien
 
Le président de la République a rencontré pour la première fois le chef spirituel tibétain. L'entretien a eu lieu à Gdansk (Pologne), à l'occasion de la cérémonie organisée pour le 25e anniversaire de la remise du prix Nobel de la paix à Lech Walesa, ancien président polonais et ancien dirigeant du syndicat Solidarnosc.

"Il convient de ne dramatiser aucun rendez-vous. Je suis libre en tant que président de la République française de mon agenda", a déclaré Nicolas Sarkozy, avant  la rencontre avec le dalaï lama qui devrait durer trente minutes cet après-midi.  "En tant que président du Conseil de l'Europe, je porte des valeurs, des convictions. C'était mon devoir de le faire, je le fais bien volontiers", a-t-il ajouté.
 
Cette rencontre suscite la colère des Chinois, qui menacent de boycotter les produits français. Pour Pékin, le chef spirituel tibétain en exil est un agitateur dangereux. Après avoir annulé un sommet avec l'UE à Lyon le 1er décembre et, dans la foulée, le sommet France-Chine prévu le lendemain à Paris, Pékin a maintenu la pression sur Paris. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Liu Jianchao, a ainsi affirmé que les relations commerciales bilatérales pourraient en souffrir, tandis que les appels à boycotter les produits français ont ressurgi sur Internet.

Face à la colère chinoise, Nicolas Sarkozy a déclaré à Gdansk : "Il faut voir ces choses tranquillement, sereinement. Le monde a besoin d'une Chine ouverte qui participe à la gouvernance mondiale. La Chine a besoin d'une Europe puissante (...) nous avons le devoir de travailler ensemble." Les relations s'étaient refroidies au printemps après la sévère répression par Pékin de manifestations tibétaines, qui avait "choqué" le chef de l'Etat français, puis du passage mouvementé de la flamme olympique à Paris. En août, Nicolas Sarkozy avait renoncé à rencontrer le dalaï lama en visite en France. Le chef spirituel tibétain avait inauguré un temple boudhique avec Carla Bruni-Sarkozy.  "J'ai déjà rencontré l'épouse. Je suis heureux maintenant de rencontrer le mari", a-t-il déclaré, non sans ironie, cette semaine lors de sa visite au Parlement de Bruxelles.
 
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Edito du Monde

Alarme tibétaine
 
Edition du 25/11/2008 - Le Monde  
 
Il faut s'inquiéter pour le Tibet. L'apparent calme qui règne sur le Toit du monde, secoué au printemps par des troubles violents avant que la main de fer de Pékin ne le bâillonne, est trompeur. En l'absence de règlement politique, le désenchantement et le désespoir continueront d'y faire oeuvre délétère, avant la prochaine explosion.

L'échec récent des discussions avec Pékin, auxquelles les dirigeants chinois avaient consenti pour faire bonne figure avant les Jeux olympiques de l'été, est un fort mauvais présage.

Déjà le raidissement se dessine dans le camp tibétain. Comme si la trêve olympique se concluait. En l'absence d'une information libre, on peine évidemment à prendre toute la mesure des sentiments qui travaillent les cinq millions de Tibétains de l'"intérieur" qui vivent sous la férule chinoise.

Mais la diaspora (140 000 personnes) est gagnée, elle, par une exaspération lourde de périls. Si un message devait être retenu des états généraux de l'exil qui se sont réunis du 17 au 22 novembre à Dharamsala, sur les contreforts himalayens du nord de l'Inde, c'est bien celui-là : les esprits se crispent à nouveau.

Il ne faut pas chercher à se rassurer en relevant que le document final du conclave, sans précédent dans les annales du mouvement tibétain, réaffirme le soutien à la voie modérée - l'autonomie - prônée par le dalaï-lama. Il convient de bien lire entre les lignes. Ce que sous-entend vraiment ce texte, c'est que toutes les options vont redevenir ouvertes si, "dans un proche futur", Pékin ne se départ pas de son intransigeance coutumière.
 
Toutes les options ? Le projet d'"indépendance", terme jusque-là tabou dans les cercles proches du dalaï-lama, est ainsi brandi comme une mise en garde.

Deux décennies d'approche conciliatrice - la fameuse "voie du milieu" - du chef politique et spirituel des Tibétains sont ainsi virtuellement en danger. Il est urgent que la communauté internationale comprenne la rupture en train de se dessiner. Il est impératif qu'elle se tourne à nouveau vers Pékin pour le convaincre qu'il n'est dans l'intérêt de personne, y compris des Chinois eux-mêmes, que le Toit du monde s'enfièvre à nouveau.

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Le Dalaï-Lama juge la communauté tibétaine
"en grand danger"

Dimanche 23/11/2008 - LEMONDE.FR

Le dalaï-lama a tenu une conférence de presse, dimanche 23 novembre, à Dharamsala, après avoir déclaré, lors d'un rassemblement des Tibétains en exil, qu'il avait "récemment perdu de plus en plus confiance dans les autorités chinoises".

La communauté tibétaine est "en grand danger" faute de stratégie, a averti, dimanche 23 novembre, le dalaï-lama, qui a aussi reconnu avoir perdu toute confiance dans les autorités chinoises après l'échec d'années de négociations sur le statut du Tibet.

"J'ai récemment déclaré que ma confiance dans les autorités chinoises s'amenuisait", a-t-il ainsi déclaré lors d'un rassemblement de la communauté tibétaine à Dharamsala, "capitale" depuis 1959 du gouvernement en exil, située dans le nord de l'Inde. Ce type de consultation, où quelque 550 exilés tibétains débattaient depuis une semaine sur l'avenir de leur lutte, était sans précédent. "Dans les vingt prochaines années, si nous ne prenons pas garde à nos actes et à notre stratégie, alors la communauté tibétaine est en grand danger", a prévenu le dignitaire bouddhiste, âgé de 73 ans, qui a appelé à des "projets innovants pour les Tibétains".

Alors qu'une frange des exilés tibétains aspirait à une radicalisation de la lutte contre la domination chinoise, l'option d'un possible durcissement - l'indépendance du Tibet plutôt qu'une simple autonomie - a été écartée. Un consensus s'est en fait dégagé parmi les délégués pour s'aligner sur la ligne conciliante prônée par le dalaï-lama, qui a renoncé à revendiquer l'indépendance, sachant que la Chine ne reviendra jamais sur sa souveraineté sur le Tibet qu'elle contrôle depuis 1951. Le chef politique et spirituel tibétain a ainsi choisi une diplomatie dite de la "voie moyenne" consistant à réclamer une large "autonomie culturelle".

 "La majorité s'est prononcée pour poursuivre la politique de la 'voie moyenne'" du compromis avec Pékin sur le statut de la province autonome chinoise, avait déclaré, samedi, le président du Parlement tibétain en exil, Karma Chophel. Mais "un certain nombre [d'exilés] ont déclaré que si la 'voie moyenne' ne donnait pas de résultats dans un avenir proche, alors le peuple tibétain sera contraint de modifier sa position en vue d'une totale indépendance ou d'une exigence d'auto-détermination", a cependant prévenu Karma Chophel.
 
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La pièce originale (sa version en tibétain) du "Traité Tibet-Mongolie de 1913" a été retrouvée en Mongolie
 
Le traité d'indépendance du Tibet (1913) a été retrouvé

Phayul - 12 novembre 2008 - par Phurbu Thinley (English version)

"Dans les premières lignes du traité (traité Tibet-Mongolie de 1913) le Tibet et la Mongolie attestent de s'être libéré de la domination Mandchou et d'avoir chacun constitué un état indépendant."

Au cours des siècles, le Tibet et la Mongolie avaient développé des liens très forts au niveau culturel et historique. Suite à l'effondrement de la Dynastie Manchu (Qing) en 1911, le Tibet et la Mongolie déclarèrent leur indépendance puis, par la suite, signèrent en 1913 un traité d'amitié et de reconnaissance mutuelle de leurs indépendances respectives.

Parfois, l'existence de ce traité entre le Tibet et la Mongolie, tel qu'il a été conclu début 1913, a été mise en doute par certains intellectuels. Mais récemment, la pièce originale de la version en Tibétain (mais pas celle en Mongol) du traité Tibet-Mongolie de 1913 a été redécouverte, mettant pour la première fois à la disposition des experts une part essentielle du document original.

Interviewé par Phayul, le Professeur Elliot Sperling fait un peu plus la lumière sur ce traité, en montrant sa portée historique par rapport aux controverses sur la question du Tibet.

Le Professeur Elliot Sperling travaille au Département d'Etudes Eurasie-Centrale de l'Université d'Indiana (USA). Il y dirige le programme de recherche sur le Tibet. Il est venu récemment à Dharamsala (siège du Gouvernement Tibétain en Exil en Inde) pour une conférence sur le Traité, la redécouverte de son texte original, et en décrivant ses implications. Il vient de donner de nombreuses conférences sur ce sujet dans diverses universités occidentales.
 
Interview
Q - En quoi consiste exactement ce traité Tibet-Mongolie de 1913 ?

Elliot Sperling : Le Traité revêt exactement ce que laisse entendre son libellé. C'est un traité signé en janvier 1913 et portant les sceaux des représentants du Tibet et de la Mongolie. Dans les premières lignes du traité, le Tibet et la Mongolie attestent de s'être libéré de la domination Mandchou et d'avoir chacun constitué un état indépendant. Suivent une série de courts articles portant, entre autres sujets, sur leur engagement mutuel de secours et d'assistance, et abordant des dispositions commerciales et financières.

Q - La version en tibétain de l'original du Traité a été retrouvée au cours de l'année dernière. Où et à quelle date précisément ? Pourquoi n'a-t'il pas été officiellement accessible plus tôt ?

E.S. - Le Traité a été retrouvé en Mongolie. Il devait être dans les archives nationales (d'ailleurs il porte le sceau de l'ancien ministère des affaires étrangères). Des copies ont commencé à circuler seulement en 2007. La délicate situation politique de la Mongolie (située entre l'URSS et la Chine), pendant presque tout le XXème siècle, a sûrement joué sur le fait que cette version originale soit restée inaccessible aussi longtemps.

Néanmoins, d'autres versions du traité étaient disponibles : en anglais, mandarin, et mongol. Il y en avait même une en tibétain - résultant d'une traduction de l'anglais (!) comme celle en mandarin - réalisée par Tsepon W.D. Shakabpa - et, avant que n'apparaisse le document original en tibétain, c'était la seule version accessible pour ceux qui lisent le tibétain.

La version en anglais résultait quant à elle d'une traduction d'une version en russe, cette dernière ayant probablement été rédigée à partir d'un rapport officieux des Mongols relatant l'original. Aucune de ces autres versions ne donnait une vue exhaustive de toutes les parties du texte original en tibétain, mais elles sont étonnament fidèles à l'original sur le fond.

En résumé, les traductions se sont enchaînées à partir de la pièce originale en tibétain, qui fut d'abord traduite en mongol, puis cette version fut convertie en russe, elle-même traduite en anglais. Ce dernier a ensuite été traduit d'un côté en mandarin, et de l'autre en tibétain (par Shakabpa) à nouveau (avec des différences par rapport à l'original en tibétain).
 
Q - Quelle est la signification historique de ce traité daté de 1913 ?

E.S. - Sachant que l'existence même de ce traité était parfois mise en doute, la redécouverte du document original est très importante au niveau historique. Sa portée vient surtout du fait qu'il s'agit d'un document officiel dans lequel, conjointement, le Tibet et la Mongolie reconnaissent mutuellement leur indépendance, suite à l'effondrement de la Dynastie Qing.
 
Q - La Chine conteste l'existence et la validité de ce traité. Sur quelles bases ?

E.S. - La plupart des auteurs chinois ont dénigré ce traité, mais pas tous de la même façon. Il y a un ouvrage en mandarin qui s'évertue laborieusement à n'évoquer ce traité que sous le terme "accord", laissant entendre qu'il n'a aucune valeur au plan international. (Les mêmes circonvolutions lexicales furent utilisées pour l'Accord en 17 Points de 1951, où le terme "Accord" fut choisi pour montrer que le document en question ne constituait qu'un arrangement entre parties à l'intérieur d'un même pays, et pour le rendre inutilisable juridiquement au niveau international.)

D'autres auteurs chinois s'appuient, pour dénigrer le traité Tibet-Mongolie de 1913, sur les observations de Charles Bell, qui affirmait que le 13ème Dalai Lama n'aurait ni requis explicitement la signature d'un tel traité, ni assuré ensuite sa ratification.
 
Q - Il est incontestable que le Tibet ait été totalement indépendant de toute subordination étrangère entre 1911 et 1950. Aussi le 13ème Dalai Lama avait-il déclaré formellement l'indépendance du Tibet en 1912. Cependant, l'existence du traité entre le Tibet et la Mongolie, conclu début 1913, était sujet à discussion pour certains intellectuels.

E.S. - Cela est, je le répète, largement dû à ce compte rendu de Bell. Alfred Rubin dénigre sa validité avec l'expression "même si le traité existe vraiment", tandis que Tom Grunfeld y fait allusion avec l'adjectif "prétendu". Dans l'édition 1987 de son livre sur le Tibet moderne, il affirme que le traité "se révèle être un cas classique de désinformation venant de responsables russes, colons en Mongolie". Il a omis cette mention dans l'édition de 1996.
 
Q - Maintenant que le texte original du traité est retrouvé, quelles sont les implications éventuelles sur le problème du Tibet, pour les experts de cette question ?

E.S. - C'est un point qui reste à étudier. Mais désormais il ne peut évidemment plus être balayé d'un revers de main.
 
Q - Quelle conclusion pouvez vous tirer après avoir eu accès à l'original de ce traité méconnu, objet de tant de débats ?

E.S. - Le traité est authentique. Il existe vraiment, et il porte les signatures et les sceaux de responsables agissant avec les attributions de Ministres Plénipotentiaires du Dalai Lama, dotés des pleins pouvoirs pour conclure ce traité. Il n'y a aucun doute sur le contenu du traité.

Même si des doutes ont pu être émis, venant notamment de Charles Bell, il serait inconcevable que les Tibétains signataires aient pu fabriquer les certificats prouvant que le Dalai Lama leur avait donné tout pouvoir pour mener à bien cette mission (je fais notamment référence à leur délégation de pouvoir accordée par le Dalai Lama les faisant ses Plénipotentiaires), et qu'ils auraient ensuite pu masquer leur fraude à travers la formulation même du traité.

Pour comprendre les remarques de Bell sur le fait que le Dalai Lama ait minimisé son rôle dans ce traité, on peut supposer que dans le prolongement des événements qui ont conduit par deux fois à son exil, le Dalai Lama ne se faisait plus d'illusion sur les rapports de force autour du Tibet : alors, quand il a vu les Britanniques, informés par des rumeurs, commencer à exprimer leur désaccord par rapport à ce traité, il a sûrement préféré rester dans le vague sur le traité dans ses échanges avec Bell.
 
Merci beaucoup Professeur Sperling.

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Des copies ont commencé à circuler seulement en 2007. Le Prof. Elliot Sperling pense que la délicate situation politique de la Mongolie, pendant presque tout le XXème siècle, expliquerait le fait que l'original du traité n'ait pas été découvert plus tôt. (Phayul/File).
 
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Malgré l'échec des dernières discussions le Dalaï Lama veut continuer à discuter avec la Chine

Mercredi 12 novembre 2008 par Redaction Tibet Info (JMB)
 
Le Dalaï Lama croit toujours aux vertus du dialogue avec la Chine sur une éventuelle autonomie du Tibet, a annoncé le 11 novembre son conseiller, malgré l’échec des récentes discussions sino-tibétaines.

Le Secrétaire du Département de la Sécurité Tenzin Taklha a indiqué à l’AFP que le chef en exil du bouddhisme tibétain "estimait que, dans n’importe quel conflit, la seule solution réside dans le dialogue".

"Il ne peut y avoir aucun progrès sans pourparlers. C’est la position constante du Dalaï Lama", a-t-il affirmé.
 
 
"La Chine ne fera jamais de concession sur le statut du Tibet"

Pourtant, la Chine a annoncé le 10 novembre que ses dernières discussions à Pékin avec les émissaires du dignitaire religieux avaient échoué en précisant qu’elle ne ferait "jamais de concession" sur le statut du Tibet, région annexée par la Chine en 1951.

Deux émissaires du Dalaï Lama ont participé début novembre en Chine à un nouveau cycle de négociations sur le Tibet, premiers entretiens depuis ceux de juillet jugés décevants par les Tibétains.

Des émissaires du lauréat 1989 du prix Nobel de la paix 1989 et des représentants chinois discutent officiellement depuis 2002.

En octobre, le Dalaï lama avait reconnu que la revendication pour une plus grande autonomie du Tibet avait échoué et s’était dit prêt à envisager un durcissement de sa stratégie. Des groupes de jeunes exilés tibétains, amers et indépendantistes, sont favorables à une radicalisation du mouvement. Pour sa part, Pékin refuse toute idée d’indépendance ou de "semi-indépendance".
 
Une grande réunion de Tibétains est programmée à Dharamsala du 17 au 22 novembre pour discuter de l’avenir de la cause tibétaine.

Le Dalaï Lama avait lui-même admis en octobre avoir perdu espoir de trouver un règlement avec la Chine, "mais il n’a jamais dit qu’il renonçait au dialogue", a assuré le Secrétaire du Département de l’Information et des Relations Internationales, Thubten Samphel.
 
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Des moines tibétains battus à coups de pelles et de machettes par la police paramilitaire chinoise !  
 
27 septembre 2008
 
Free Tibet Campaign  English version  Free Tibet Campaign (FTC) rapportait le fait que 50 moines tibétains avaient été battus par la police paramilitaire chinoise le 24 septembre 2008 au monastère de Kirti (dans le comté de Ngaba, région d'Amdo, dans l'est du Tibet historique; territoire rattaché à la province chinoise de Sichuan).

Aujourd'hui FTC dispose de plus de détails, venant d'une source certifiée, sur ces événements au monastère de Kirti : Le moine qui avait été battu dans la soirée du 24 sept. se dénomme Jimpa Ladja. Il était sorti du bâtiment du monastère pour aller aux toilettes, à l'intérieur de l'enclave du monastère.

Le monastère de Kirti se trouve encerclé par la police paramilitaire chinoise, qui a installé 9 postes de garde autour du monastère: chacun d'eux est entouré de barrières et 10 à 15 policiers y sont regroupés. Au delà de ces checkpoints, une limite a été tracée tout autour du monastère : les religieux ont interdiction de sortir de cette zone sans autorisation.

Jimpa Ladja a été arrêté par des paramilitaires, à l'un des postes de garde, alors qu'il revenait vers le batiment du monastère. Les policiers l'ont accusé de circuler hors du périmètre autorisé. Ladja a dit que c'était faux, et ils se sont mis à le frapper sauvagement. Après ce tabassage, Ladja a pu parvenir à pied jusqu'à la cantine qui fait partie du monastère. Une cinquantaine de moines s'y trouvaient en train de dîner. En sang, Ladja leur a raconté qu'il avait été battu sans qu'il ait commis d'infraction.

Alors, deux des moines sont allés demander des explications au poste de police, du côté nord du monastère. Là-bas des paramilitaires chinois les ont menacé en tirant en l'air et dans le sol, à balles réelles, tout près des moines qui sont alors repartis en courant vers le réfectoire, poursuivis par les policiers qui exigeaient que Ladja en sorte immédiatement. 

 A la cantine, deux moines se sont indignés auprès des paramilitaires du fait insensé de sanctionner des moines sortant de leur monastère pour aller aux toilettes. Les religieux ont demandé aux policiers de contacter leurs responsables pour traiter avec eux de cette affaire. L'un des policiers a effectivement téléphoné mais, juste après, deux camions remplis de paramilitaires ont débarqué. Ils étaient armées de fusils, de pelles et de machettes. 

 Lorsque ces policiers en armes firent irruption, les moines se tenaient assis par terre, ouvrant même leurs vêtements pour montrer qu'ils n'avaient aucune arme. Les religieux n'ont montré aucun signe de violence, mais la police s'est mise brutalement à leur taper dessus à coups de crosses de fusil, de pelles et même de machettes.  

 Leurs blessures étaient telles que cinq moines durent être hospitalisés. Il s'agit de Lama Sotse, Rabgye, Tsang Chopel, Labchoek and Lophel. Rabgye et Tsang Chopel souffrent de graves blessures dues à des coups de pelles et de machettes. 

Les moines blessés ont été conduits à l'hôpital public de la ville de Ngaba. Au 26 sept. seul Lama Sotse s'y trouvait encore.

A ce jour, on ne sait toujours pas ce que sont devenus les quatre autres religieux hospitalisés.
 
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Jetsun Pema à Crest - Fabrice Anterion - Dauphiné Libéré
 
La soeur du Dalaï-Lama était hier à Crest
 
Lundi 25 août 2008 - Chantal Seignoret - Dauphiné Libéré
 
Pour tous les réfugiés tibétains d'Inde, elle est "Pema la", la "Mère". C'est par son action inlassable en faveur de l'éducation et des enfants que Jetsum Pema a mérité cet affectueux surnom. La soeur cadette du Dalaï Lama a consacré près de 40 ans de sa vie aux "tibetian children village" installés pour les exilés sur le territoire indien. Depuis 2006, date de sa retraite, elle parcourt le monde pour témoigner et recueillir les fonds nécessaires à la poursuite de son action et à la création de la première université tibétaine. Elle était hier à Crest à l'invitation de l'association "Tibet vallée de la Drôme" et de "Tibet, les enfants de l'espoir".

Le matin, la soeur du Dalaï-Lama -avec lequel elle partage une certaine noblesse physique- a été officiellement honorée par la municipalité d'Hervé Mariton. Membre du groupe d'études pour le Tibet à l'Assemblée nationale, le député maire soutient depuis longtemps la cause du Tibet; il a tenu à remettre à Jetsum Pema la médaille de l'Assemblée nationale, la ville se serait également engagée à parrainer les études de deux jeunes tibétains.
 
Toujours de jeunes orphelins arrivants  Au lendemain de la visite du Dalaï Lama en France, sa soeur s'est refusée à tout commentaire politique, se déclarant seulement "inquiète de l'après Jeux Olympiques" et des quelque 10.000 prisonniers qui seraient actuellement dans les prisons chinoises.
 
"Notre mission est d'être "la voix des sans voix". La Chine est un pays économiquement très fort, mais très faible du point de vue des droits de l'homme et il lui faudra progresser sur cette voie pour être reconnue des autres nations". Pas de découragement donc puisque le long combat pacifique des exilés tibétains et de leur chef spirituel "est aujourd'hui connu dans le monde entier".
 
"L'important est de former un bon être humain"

En Inde, un travail considérable a été accompli depuis la première école, créée dès 1959. Aujourd'hui 27.000 enfants sont accueillis, dont 16.000 en "tcv", ces villages d'orphelins organisés en communauté éducative autour d'une "mère". Et il en arrive encore près d'un millier par an. Les parents tibétains préfèrent se sacrifier et se séparer de leurs enfants pour qu'ils rejoignent l'Inde -souvent à pied, dans le froid et la neige- et puissent conserver leur culture d'origine. Ces écoles sont financées soit par l'aide occidentale, soit par le parrainage individuel (30 dollars par enfant).

A Bangalore, est en construction la première université qui accueille déjà 87 étudiants destinés au professorat. Neuf millions d'euros sont nécessaires, dont la moitié est déjà trouvée. "La démocratie va de pair avec l'éducation et celle-ci est au centre des préoccupations du Dalaï-Lama, explique Jetsum Pema, mais plus que le savoir, l'important est de former un bon être humain". Porteur de ces valeurs éthiques et spirituelles qui ont valu au Dalaï-Lama une reconnaissance mondiale.
 
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SS le Dalaï Lama à Nantes, à ses côtés Matthieu Ricard
(photo : Régis Routier - Ville de Nantes)
 
L'armée chinoise tire sur la foule dans le Kham

140 Tibétains tués lundi 18 août (*)
 
Jeudi 21 août 2008 - Henri Tincq  - Le Monde
 
A la veille de sa visite au temple bouddhiste Lerab Ling près de Lodève (Hérault), où il doit rencontrer, vendredi 22 août, Carla Bruni-Sarkozy, Bernard Kouchner et Rama Yade, le Dalaï-Lama a évoqué à Nantes, pour Le Monde, l'avenir politique du Tibet après les Jeux olympiques de Pékin.

Le Monde - La répression a-t-elle continué au Tibet, malgré la trêve olympique ?

Dalaï-Lama - L'armée chinoise a encore tiré sur la foule, lundi 18 août, dans la région du Kham, dans l'est du Tibet : cent quarante Tibétains auraient été tués, mais ce chiffre demande à être confirmé (*). Depuis le début des émeutes, le 10 mars, des témoins fiables ont pu établir que 400 personnes ont été tuées dans la seule région de Lhassa. Tuées par balles, alors qu'elles manifestaient sans armes. Leurs corps n'ont jamais été rendus aux familles. Si l'on considère tout le Tibet, le nombre des victimes est bien sûr plus grand. Dix mille personnes ont été arrêtées. On ne sait pas où elles sont incarcérées.
 
La nouveauté est la construction de vrais campements militaires. La présence militaire au Tibet est ancienne, mais la frénésie de constructions nouvelles, dans les régions de l'Amdo et du Kham, me fait dire que cette colonisation par l'armée est destinée à durer. Autrefois, des camions militaires venaient et restaient quelques mois. Aujourd'hui, un projet de répression brutale s'inscrit dans la durée.

Le Monde - Qu'attendre donc de la discussion que vous espérez toujours avec Pékin ?

Dalaï-Lama - Entre les émeutes de mars et les Jeux olympiques, nous avions cru à des signaux positifs. Le président Hu Jintao lui-même s'était engagé à des discussions sérieuses. Mais nous avons vite déchanté. Nos émissaires se sont heurtés à un mur. Aucune ouverture n'a été enregistrée. Le Parlement tibétain en exil se réunira donc en septembre, mais notre approche ne va pas bouger : celle de la non-violence et de la voie médiane. L'autonomie reste notre but. Une autonomie véritable, car l'autonomie à la chinoise, nous savons ce qu'elle est : un leurre.

Le Monde - Vous venez de déclarer au Financial Times qu'il faut "respecter" la Constitution de la République populaire de Chine. Et au New York Times, que vous êtes prêt à endosser le "socialisme" chinois. Est-ce un changement de cap ?

Dalaï-Lama - J'ai toujours dit qu'il fallait instaurer l'autonomie du Tibet dans le cadre de la Constitution de la République populaire de Chine. Je n'ai pas changé d'avis. De même, je dis depuis longtemps qu'il faut respecter le régime chinois, y compris sa nature socialiste. Dès 1992, j'affirmais que si une solution était trouvée au Tibet et nous paraissait acceptable, alors nous rentrerions au pays et reconnaîtrions les pouvoirs en place. J'avais même ajouté que le gouvernement tibétain en exil se trouverait automatiquement dissous. C'est toujours vrai.

Le Monde - Hypothèse inimaginable...

Dalaï-Lama - Oui, parce que les autorités continuent de penser qu'il n'y a pas de problème au Tibet, que le seul problème est celui posé par le dalaï-lama ! Elles ont souvent tenté de me convaincre que si je m'alignais, je retrouverai tous mes pouvoirs. Mais le sort du dalaï-lama me préoccupe moins que le sort de six millions de Tibétains.
 
Bien sûr, il y a un problème au Tibet ! Le président Hu Jintao affirme qu'il travaille à une "société harmonieuse". Mais tout ce qu'il fait va à l'encontre d'une telle harmonie. Den Xiao Ping avait un vrai projet de développement économique et nous l'avions approuvé, car nous connaissons les retards matériels du Tibet. Mais tout ce qui a suivi a contredit les projets d'éducation, de développement, de stabilité politique, d'unité nationale. Aucune harmonie ne sera possible en Chine avec la politique de la force, qui est tout sauf une politique réaliste.
 
La Chine veut devenir une superpuissance ? Elle doit d'abord retrouver une autorité morale. La répression qui frappe le Tibet et d'autres régions de Chine porte une atteinte considérable à sa respectabilité. De plus en plus d'intellectuels le disent et critiquent le régime. Mais notre position n'est pas qu'il y ait des gagnants et des perdants. C'est que les deux parties soient gagnantes. En attendant, nous considérerons toujours que les Tibétains de l'intérieur sont nos maîtres. Je ne suis que le porte-parole libre du peuple tibétain qui est chez lui et réprimé au Tibet.

Le Monde - La "voie médiane" et la "non-violence" ne sont-elles pas en recul chez les jeunes, comme l'ont prouvé les émeutes de mars ?

Dalaï-Lama - Contrairement à ce qu'on a dit dans les médias, ce n'est pas la non-violence qui est en cause. Il n'y a qu'une très faible minorité - y compris chez les jeunes - qui évoque le recours à la violence. La vraie divergence est celle qui oppose ceux qui réclament l'indépendance du Tibet et ceux qui, comme nous, veulent proposer une voie médiane et une véritable autonomie. Or nous sommes dans une situation difficile parce que la voie médiane, il faut le reconnaître, n'a pas porté beaucoup de fruits.
 
Je voudrais ajouter, à propos de la violence, que celle-ci n'est jamais une solution. L'Europe le sait, qui a subi les carnages de deux grandes guerres. La France le sait, qui va enterrer dix de ses soldats tués en Afghanistan. J'ai de la compassion pour leurs familles. Comme j'ai de la compassion pour les familles du Sichuan touchées par le tremblement de terre : cette politique chinoise de l'enfant unique est amère. En perdant un enfant dans une école détruite, beaucoup de parents perdaient leur enfant unique !

Le Monde - Quel bilan faites-vous, après les polémiques, de l'accueil de la France ?

Dalaï Lama - Si j'étais venu avec un agenda politique précis, des rendez-vous avec des responsables politiques et gouvernementaux, alors il y aurait eu de quoi être largement déçu ! Je dois rencontrer Bernard Kouchner. Je le connais depuis longtemps et n'ignore pas sa solidarité pour le Tibet, ni celle du président Sarkozy.
 
Alors, j'espère qu'après les Jeux olympiques, le président en exercice de l'Union européenne fera des propositions constructives au gouvernement chinois. Quoi qu'il en soit, mon agenda n'était pas politique. Je suis venu en France travailler à la promotion de valeurs humaines et au dialogue entre les religions. Si j'en juge par les publics rencontrés, j'ai de quoi être très satisfait.
 
Propos recueillis par Henri Tincq
 
(*) Le bureau du Dalaï-Lama a publié un communiqué, jeudi 21 août à 17 heures, de mise au point : "Suite à un article paru dans le journal Le Monde, daté du 21 Août, Sa Sainteté Dalaï-Lama aurait déclaré que 140 personnes auraient été tuées récemment dans l'est du Tibet. Nous souhaitons clarifier le fait que Sa Sainteté n'a pas mentionné un nombre de victimes. En réponse à une question du journaliste concernant des nouvelles récentes selon lesquelles les troupes chinoises auraient tiré sur une foule de manifestants, Sa Sainteté a clairement répondu que nous n'avions pas d'informations spécifiques concernant le nombre de victimes. Dans cette interview, Sa Sainteté a dit : " Nous avons simplement reçu cette nouvelle, mais sans pouvoir la confirmer. " Depuis la réception de ces nouvelles, tous les efforts faits pour communiquer avec la population locale affectée par ces événements à Kardzé (Kham, est du Tibet, province du Sichuan) ont échoués."

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"Les Chinois : prix Nobel de la dictature" selon Lionnel Luca
 
Lundi 11 août 2008 - Tibet Info (JMB)
 
Plusieurs voix se sont élevées le 11 août contre la réception à huis clos et sans journalistes du Dalaï Lama au Sénat, prévue le 13 août, notamment qualifiée de "honte" par un parlementaire UMP.

Les présidents des groupes parlementaires sur le Tibet des deux assemblées - tous deux membres de l’UMP - ont chacun regretté cette décision.

"Nous devons le recevoir à huis clos, dans le bureau d’un sénateur. C’est une honte !", a déclaré le député Lionnel Luca, président du groupe d’études sur le Tibet à l’Assemblée.

Soulignant que le Dalaï Lama est prix Nobel de la paix, il a relevé que "ce n’est pas le cas des dirigeants chinois. Eux, c’est plutôt le prix Nobel de la dictature. Elle me fatigue, l’ambassade de Chine", a-t-il dénoncé dans un communiqué.
 
Christian Poncelet fait ami-ami avec Pékin !

Son homologue du Groupe d’information sur le Tibet au Sénat, Louis de Broissia, a assuré que le huis-clos (prévu dès l’annonce de la rencontre fin juillet) avait été décidé car le président de la Haute Assemblée Christian Poncelet "craignait de fâcher la Chine" avec une réception officielle.

"En outre, Christian Poncelet a souhaité que les journalistes ne soient pas là. Heureusement, il ne peut pas interdire aux parlementaires d’accéder au Sénat !", ajoute M. de Broissia dans un entretien du 12 août dans La Croix (publié le 11 août sur le site web du journal La Croix).

Il considère cependant le rendez-vous comme un "contact officiel". "Nous sommes un groupe reconnu par le bureau du Sénat et, en tant que parlementaires, nous représentons la nation", dit-il.
 
"Le président du Sénat tente une nouvelle fois de faire plaisir aux autorités de Pékin en refusant à la presse de couvrir une rencontre entre des élus français et le Dalaï Lama", a déploré de son côté Reporters sans frontières.

Selon un communiqué de l’ONG, M. Poncelet tente ainsi "d’empêcher la presse de se faire l’écho d’un événement qui revêt une grande importance pour la communauté tibétaine".
 
Les deux groupes sur le Tibet réunissent respectivement 189 députés et 63 sénateurs, soit 252 parlementaires de toutes tendances politiques.
 
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" On ne dit plus rien, sauf aux amis très sûrs... "

Le tibet sous la botte
 
Lhassa - Jeudi 24 juillet - Ursula Gauthier - Le Nouvel Observateur

Patrouilles incessantes, contrôles d'identité à chaque instant, mouchards, caméras de surveillance, micros-espions dans les rues : quatre mois après la révolte du Tibet, le pouvoir chinois fait régner à Lhassa, d'où les journalistes sont bannis, une paranoïa qui rappelle les pires persécutions staliniennes, a constaté notre envoyée spéciale Ursula Gauthier.

A Lhassa, les chauffeurs de taxi sont presque tous chinois, les cyclopousses presque tous tibétains : c'est un des signes les plus visibles de l'inégalité des statuts qui fait grincer les dents des Tibétains. Mais depuis l'écrasement de la révolte du 14 mars et l'imposition d'une loi martiale qui ne dit pas son nom, on n'entend plus la moindre plainte. Il faut être fou, ou inconscient, pour élever la voix. Ou ivre. C'est le cas de ce jeune homme qui prend un taxi un jour de juin, trois mois après les émeutes. Il vient d'une "bonne famille tibétaine", il est éméché et sans doute arrogant. Sûrement trop confiant dans l'entregent de son père, haut cadre du Parti. Il se répand en invectives contre ces Chinois qui se conduisent au Tibet comme en pays conquis. En temps normal, le chauffeur aurait fait profil bas, de crainte que le fils à papa ne le prive de sa licence. Mais les temps ont changé. Le petit taxi sichuanais s'arrête au premier carrefour et va se plaindre auprès des soldats postés là comme à tous les coins de rue. Les militaires foncent sur l'ivrogne. Malgré sa mise de golden boy de la nomenklatura, malgré le nom de son père qu'il hurle en chinois, ils le jettent sur le pavé et s'acharnent sur lui à coups de botte - jusqu'à ce que mort s'ensuive. Paralysée d'effroi, une foule immense a suivi toute la scène, sans un mot, sans un geste.

Mission accomplie. Tout Tibétain, du haut en bas de l'échelle, sait désormais qu'il risque la mort au moindre soupçon d'irrespect à l'égard de la puissance chinoise. Lhassa doit oublier la dangereuse audace des grappes de jeunes qui hurlaient d'excitation en arrachant les grilles métalliques de la Banque de Chine, qui caillassaient les camions militaires, incendiaient les commerces chinois et molestaient leurs boutiquiers. Après avoir passé en boucle à la télévision les images inouïes de ces jours de désordre et de rébellion, le pouvoir veut maintenant imprimer la terreur dans les esprits.
 
La présence militaire est écrasante, les contrôles d'identité incessants. Ne pas avoir ses papiers entraîne une arrestation immédiate, parfois une disparition définitive. Car la lutte contre les "éléments criminels" responsables des troubles de mars n'est pas terminée. Une liste d'émeutiers recherchés est toujours affichée sur des panneaux publics.
 
Les contrôles visent surtout les grands gaillards aux cheveux longs, au teint cuivré, portant un rosaire au poignet, une turquoise au cou ou une dent en or : des Tibétains des hauts plateaux, qui ont fourni le gros des insurgés de mars. "La plupart sont renvoyés dans leurs bleds, souffle un habitant de Lhassa sous couvert d'anonymat. Ceux qui ont trempé de près ou de loin dans les émeutes sont arrêtés, torturés, déportés. Une amie chinoise, qui prenait le train quelques semaines après les événements, a vu des centaines d'hommes blessés, claudiquant, couverts de bandages sales, menottes, embarqués sur le train pour Xining. De là, ils auraient été envoyés au Sinkiang, où se trouvent les pires goulags de Chine. Les familles, des nomades ou des paysans illettrés, n'osent pas demander des comptes..."
 
Cette chasse au faciès a vidé les rues de Lhassa des impressionnants nomades couverts de bijoux qui faisaient tourner les moulins à prières. Surtout fuir toute ressemblance avec ces fiers Khampas qui ont osé se dresser contre les maîtres chinois. Exit la mode "ethnique" qui avait cours chez les jeunes branchés de Lhassa. "Plus personne ne porte les cheveux sur l'épaule : trop dangereux, explique un musicien avec un rire amer. On s'est tous rabattus sur la coiffure déstructurée qui a cours chez les modeux Chinois..." En priant pour ne pas s'attirer la suspicion des uniformes omniprésents.
 
On ne peut faire trois pas sans tomber, à chaque carrefour, devant chaque bâtiment officiel, chaque point sensible ou symbolique (stations d'essence, postes, banques, etc.), sur des groupes de soldats, l'air mauvais, déployés en éventail, fusils pointés vers l'extérieur, doigt sur la gâchette. Dans toutes les rues et ruelles, toutes les cinq minutes, une patrouille de militaires, visages fermés, tenue léopard et gants blancs, défile au pas. Des camions vert-de-gris sillonnent les avenues, exhibant leur cargaison de wujing (police armée) en attirail complet - casques, boucliers, matraques, fusils... Les nombreuses casernes qui entourent la ville sont-elles insuffisantes à loger cet afflux de troupes ? Les unités militaires venues du Sichuan avec leurs véhicules briqués, leur matériel dernier cri, occupent ostensiblement le Musée du Tibet, la Bibliothèque du Tibet, désormais fermés aux visiteurs.
 
A cette mise en scène qui vise à frapper les esprits s'ajoute la part immergée de l'iceberg : des milliers de mouchards, déguisés en citoyens ordinaires, en nomades, voire en moines, épient les conversations dans tous les lieux publics. "On ne dit plus rien de personnel, sauf aux amis très sûrs, dans des endroits très sûrs, avoue un Tibétain à mi-voix. Prenez la place du Jokhang, le temple principal : c'est le lieu le plus fliqué de la planète." En effet, il suffit de lever le nez : à côté des caméras de surveillance classiques, les bâtiments qui bordent l'esplanade du majestueux coeur de Lhassa ont reçu de nouvelles caméras sphériques plantées au bout de longs bras horizontaux. Ce sont des fish eyes, capables de filmer à 360°. Le bruit court que des "micros-zooms" ont été installés, qui peuvent capter une conversation particulière à des dizaines de mètres de distance.
 
De quoi créer une paranoïa qui rappelle l'époque des pires persécutions staliniennes. Les gens simples sont ainsi persuadés que les Chinois disposent de moyens techniques fabuleux. "Quand les fouilles des maisons ont commencé, ma nounou m'a confié en pleurant qu'elle avait détruit les deux photos du dalaï-lama qu'elle possédait, raconte une intellectuelle. Pourquoi ne pas les avoir cachées ? Parce qu'elle avait entendu dire que les Chinois avaient une torche spéciale qui bipait et détectait les photos du dalaï-lama les mieux dissimulées..."
 
Cette terreur extrême, frôlant l'irrationnel, explique peut-être en partie l'absence de photos de la répression. Certes, lors des fouilles, des contrôles, les forces de l'ordre ont spécifiquement recherché les images, épluchant les ordinateurs, les cartes à mémoire des mobiles, saisissant tout ce qui avait trait aux événements de mars. Mais il faut aussi compter avec l'autocensure : "Si quelqu'un a eu le courage de faire des photos des tués, il lui en faut encore plus maintenant pour ne pas les détruire. Quant à essayer de les faire sortir, ce serait de l'héroïsme", affirme-t-on sous le manteau. Toute personne en possession de la moindre image "sensible" est traitée comme un criminel.
 
Tous les touristes, y compris les touristes chinois, doivent respecter la consigne : pas de photos qui fâchent. Les agences habilitées à recevoir des visiteurs étrangers se sont engagées auprès du Bureau du Tourisme à surveiller étroitement leurs clients : "Pas de photos de militaires, ni de policiers. Pas de photos de bâtiments détruits pendant les émeutes. Ne faites pas de photos d'un quelconque incident, un quelconque heurt entre la population et les forces de l'ordre, insistent les guides. S'il vous plaît, respectez les ordres, nous sommes responsables de votre conduite."
 
A ce jour, la stratégie est payante : aucune image n'a transpiré des tueries de mars, ni des arrestations massives qui ont suivi. Quant à celles de l'occupation militaire actuelle, elles se réduisent à quelques photos volées.
 
Le 25 juin, la Chine a pourtant annoncé la réouverture du Tibet au tourisme. En fait, seuls de rares voyageurs indépendants sont admis. Quant aux journalistes accrédités, théoriquement bienvenus, on les empêche systématiquement de s'y rendre. Le Tibet est la seule province de Chine dont l'accès soit subordonné à un permis spécial - aux conditions désormais draconiennes : séjour limité à six jours; visites et trajets prédéfinis; guide, chauffeur et même véhicule désignés à l'avance et impossibles à modifier... Ici, les touristes sont surveillés comme le lait sur le feu.

"Jusqu'aux JO, il ne faut pas espérer autre chose que cette ouverture en trompe-l'oeil, estime le patron d'un café privé. Une concession à l'opinion publique internationale, aussi factice que la prétendue reprise du dialogue avec les émissaires du dalaï-lama." La Chine, à l'évidence, cherche à gagner du temps au Tibet. Mais dans quel but ? Que va-t-elle faire après les JO ? Remédier enfin aux causes réelles de la colère tibétaine ? Ou, comme le redoutent les habitants traumatisés de Lhassa, déclencher "la répression finale" une fois l'attention du monde détournée ? 
 
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La Chine réfute une déclaration sur le Tibet formulée au sommet UE-Etats-Unis  

Beijing, le 11 juin (Agence Xinhua) - La Chine a marqué mercredi son  opposition par rapport à un commentaire tenu récemment au sommet  entre l'Union Européenne et les Etats-Unis concernant le Tibet,  lui reprochant de s'ingérer dans les affaires intérieures de la  Chine. 
 
"Nous sommes attentifs aux reportages relatifs et nous opposons à la déclaration sur le Tibet tenue au sommet entre l'Union  Européenne (UE) et les Etats-Unis", a dit le porte-parole du  ministère chinois des Affaires étrangères Qin Gang. 
 
Ses commentaires font suites à une déclaration conjointe  proclamée à la fin du sommet 2008 UE-Etats-Unis, faisant des  commentaires sur le Tibet et accusant la situation sur les droits  de l'homme en Chine.  
 
Soulignant que le Tibet constituait une partie inaliénable du  territoire chinois, Qin a dit que "la question du Tibet était une  affaire intérieure de la Chine, de même que les relations entre le gouvernement chinois et le Dalaï Lama". 
 
Les dirigeants de l'Union Européenne et des Etats-Unis ont  exprimé dans la déclaration leur "inquétude face aux émeutes  récentes au Tibet, et encouragé toutes les parties à s'abstenir de toute violence supplémentaire". 
 
Ils ont apprécié la décision récente de la Chine de rentrer en  contact avec les représentants du Dalaï Lama et encouragé les deux parties à progresser par le biais d'un dialogue substantiel,  constructif et orienté vers des résultats rapidement. 
 
Répondant à l'appel de l'UE et des Etats-Unis à la Chine pour  que cette dernière "s'attaque à son mauvais bilan en matière des  droits de l'homme", Qin a répliqué que le gouvernement avait  fourni des efforts continus pour promouvoir et protéger les droits de l'homme. 
 
"Nous résistons à toute tentative d'ingérence dans les affaires intérieures d'autres nations sous prétexte des droits de l'homme  et nous opposons à l'adoption de tout double standard", a-t-il  ajouté. 
 
La Chine croit que les différends peuvent être gérés sur une  base d'égalité et de confiance mutuelles, et par le dialogue et la coopération, a affirmé le porte-parole.
 
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17 Tibétains condamnés... dont 2 à perpétuité !!!
 
Selon Pékin, il y aurait eu 19 morts... tous Chinois ???
 
Mardi 29 avril 2008 - par FRANCE 24

La justice chinoise a condamné 17 Tibétains pour leur implication dans les émeutes de mars à Lhassa, capitale du Tibet, contre la Chine. Le tribunal, basé à Lhassa, a prononcé des peines allant de trois ans à la perpétuité. Il s’agit des premières condamnations depuis les violences.
 
Notre correspondant à Pékin, Sébastien Le Belzic, parle de "peines sévères et de justice expéditive". Et de préciser : "La justice a retenu des accusations de meurtres affirmant que ces émeutes avaient fait 19 victimes, toutes chinoises". La Chine accuse également les émeutiers d'avoir blessé 382 civils et 241 policiers.
 
Selon les autorités chinoises, les émeutiers ont incendié sept écoles, cinq hôpitaux et 120 habitations et pillé 908 magasins, pour des dégâts totaux estimés à plus de 244 millions de yuans (plus de 22 millions d'euros).
 
Le détail des peines individuelles n’a pas été rendu public excepté pour deux condamnés : Soi'nam Norbu, un conducteur employé par une agence immobilière de Lhassa, et un moine, Basang, qui ont écopé de la prison à vie. "Ce genre de procès est très opaque", commente Sébastien Le Belzic.
 
Un responsable du tribunal a indiqué à l’AFP que les détails des jugements seraient annoncés publiquement en fin de journée.
 
Selon Dharamsala, on dénombre 203 Tibétains tués et 2000 arrestations
 
Les manifestations anti-chinoises, qui avaient commencé à Lhassa le 10 mars, jour anniversaire de la révolte anti-chinoise de 1959, avaient dégénéré quatre jours plus tard. Elles s’étaient ensuite étendues dans l’ouest de la Chine où vivent des minorités tibétaines. Le dalaï lama, en exil en Inde, est accusé par Pékin d'avoir fomenté les émeutes pour saboter les Jeux olympiques du mois d'août. De leur côté, les dirigeants tibétains en exil assurent que la répression chinoise a fait au moins 203 morts et que plus de 2.000 personnes ont été arrêtées. La police chinoise avait annoncé l'arrestation de 400 personnes participant aux émeutes.
 
"On s’attend à d’autres condamnations dans les jours et les semaines à venir", avance Sébastien Le Belzic.
 
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Le dernier maoïste de France
 
Réponse à Jean-Luc Mélenchon
 
Lundi 14 avril 2008 par Jean-Paul Ribes
 
Jean-Luc Mélenchon, sénateur de l'Essone, aime que l'on parle de lui. Bien qu'élu du parti socialiste, il n'hésite pas à faire ouvertement campagne contre son parti quand ça l'arrange, l'essentiel étant de se singulariser par des positions, souvent outrancières, sur les sujets les plus variés.
 
Aujourd'hui, devant le grand mouvement de sympathie pour le Tibet qui se manifeste en France et un peu partout dans le monde, il fallait bien que quelqu'un se dresse, à contre-courant, comme le champion de la Chine calomniée. Le sénateur s'est donc instruit sur la question... mais aux plus mauvaises sources. A savoir, la petite collection de brochures de propagande diffusée par l'ambassade de Chine.
 
D'où ses chiffres fantaisistes, ses dates inexactes, ses affirmations aussi fausses que péremptoires. Le tout baignant dans un éloge vibrant de la politique chinoise, non seulement au Tibet, mais en Mongolie, au Turkestan oriental (ch. : Xinjiang), et une approbation à peine voilée des mesures de répression à l'égard des dissidents ou des adeptes de Falung Gong (une secte, donc pas vraiment des humains) torturés et croupissant en prison.
Si le bouillant défenseur de la bureaucratie pékinoise avait un peu le souci de l'équilibre, nous lui conseillerions de se mettre vraiment au travail en allant s'informer, non seulement auprès des "fanatiques du Dalaï Lama" que nous sommes à ses yeux (la fameuse "clique" n'est pas loin) mais des universitaires les plus qualifiés, experts d'une histoire, d'une langue et d'une culture auxquelles ils consacrent leur vie et leur intelligence. Plus de cinq-cents d'entre eux, de Varsovie à Oslo en passant par Hong Kong, Paris et Washington, viennent d'ailleurs d'adresser une lettre sans équivoque au président chinois M. Hu Jintao.
 
 Premier ouvrage dont nous lui recommandons instamment la lecture " Le Tibet est-il chinois ? " [1], paru en 2002 chez Albin-Michel sous la direction d'Anne-Marie Blondeau et de Katia Buffetrille, et qui regroupe les contributions de tibétologues mondialement reconnus.
 
Il y découvrirait que la prétention d'appartenance du Tibet à la Chine depuis le IXème siècle, qu'il a glanée dans ses lectures approximatives, est une idée récente, et qui n'a vraiment cours que depuis une cinquantaine d'années, depuis qu'elle a été imposée par le PC chinois.
 
Même Mao Zedong avait quelques doutes sur la question, puisque, dans ses années de lutte pour le pouvoir, il reconnaissait aux Tibétains le droit à leur drapeau, et son projet constitutionnel accordait aux "nationalités" le droit à l'autodétermination.
 
Pour faire court voici ce qu'affirment les universitaires compétents.
Lié aux empereurs mongols (dynastie Yuan), lors de leur arrivée au pouvoir en 1271 par un accord spécifique (Chö-Yon) dit de "maître spirituel à bienfaiteur", le Tibet ne figure pas comme faisant partie du domaine impérial dans les très officielles "annales des Yuan". Pas plus qu'il ne figure dans les "annales des Ming", la dynastie qui devait succéder aux Yuan en 1368.
 
Avec l'arrivée des Mandchous (dynastie Qing) en 1644 les choses se sont lentement modifiées, notamment sous le règne de Qianlong (1735-1796) où l'on voit apparaître l'idée d'une suzeraineté de l'empereur sur le Tibet. En quelque sorte le "bienfaiteur" devient "protecteur" et le Tibet un "protectorat", sans pourtant que cela prête vraiment à conséquence sur le terrain. La présence symbolique des ambans (envoyés de l'empereur) et l'entretien épisodique d'une petite garnison (quelques centaines d'hommes), à qui était exclusivement confiée une tâche de défense extérieure devant être perçue comme relevant d'un consentement mutuel plus que d'une domination par le pouvoir central.
 
L'érudit sénateur pourrait-il par exemple nous citer une seule "mesure de gouvernement" imposée par l'empereur, comme les rois de France pouvaient en prendre dans leurs provinces ?
 
Un pouvoir central qui ira en s'affaiblissant au cours du XIXème siècle au point que le corps expéditionnaire envoyé par la couronne britannique en 1904 et commandé par le lieutenant-colonel Younghusband ne trouvera en face de lui pas l'ombre d'un soldat chinois !
 
En revanche, la première et sanglante tentative d'annexion du Tibet en 1906 par les troupes de Zhao Erfeng, le "boucher du Kham" se terminera par une déroute en 1911, avec la chute de la dynastie mandchoue.
 
C'est donc tout naturellement que, de retour dans sa capitale Lhassa, le XIIIéme Dalaï Lama pourra déclarer l'indépendance du Tibet et (point 5 de la déclaration) limiter considérablement le système des fermiers "attachés à la terre" en affirmant : "nul n'a le droit d'empêcher quiconque de cultiver toute terre vacante", allant même jusqu'à utiliser, bien avant d'autres, cette formule : "la terre appartiendra au cultivateur".
 
Le Tibet va donc frapper monnaie, produire ses propres timbres, délivrer des passeports, bref s'attribuer les instruments de tous les pays indépendants. Une indépendance que la Commission des juristes qui siège à Genève, avec statut consultatif à l'ONU, décrira ainsi dans son rapport de 1960 : "le Tibet était au moment de la signature de l'accord en dix-sept points en 1951 un Etat indépendant de facto... Il a démontré de 1913 à 1950 qu'il présentait les conditions d'un Etat, telles qu'elles sont généralement acceptées par la loi internationale".
 
Le seul reproche que l'on puisse faire aux Tibétains de l'époque, par négligence ou mauvaise connaissance du terrain diplomatique, c'est de n'avoir pas transformé ce "de facto" en "de jure", comme avait su le faire la Mongolie, dite extérieure.
 
Sur la question du régime politique et social qui prévalait au Tibet avant l'invasion chinoise de 1950, personne ne prétend qu'il était un modèle de justice et de modernité. Tout n'allait pas pour le mieux au Pays des Neiges. Il fallait réformer. Mais les meilleures réformes ne sont-elles pas celles auxquelles le peuple consent ?
 
Le XIVème Dalaï Lama, dès son installation dans ses fonctions en 1950, avait fermement exprimé son souhait de s'atteler à la tâche et de sortir son pays de l'archaïsme. L'invasion chinoise ne lui en laissera pas le temps.
L'ébauche de constitution qu'il promulgue en 1963, dès son arrivée en exil, est d'ailleurs une preuve évidente de sa détermination démocratique, puisqu'il y est prévu que les députés et même les membres du gouvernement, y soient élus au suffrage universel.
 
En revanche, parer le régime chinois de toutes les grâces, lui qui n'accorde aucun droit de vote à ses citoyens, et même pas celui de s'exprimer sur internet (mémento Hu Jia), notre gaucho sénatorial y va un peu fort. Et de lui attribuer, dans la foulée, toutes les vertus émancipatrices que revendiquent les régimes coloniaux, à commencer par la France lorsqu'elle régnait Outre-mer. Le brouillon sénateur ne s'embarrasse d'ailleurs pas de ses propres contradictions ; lui qui se montre si critique de l'importation armée de la "démocratie" américaine en Irak, ne trouve rien à redire à l'imposition du communisme au bout des baïonnettes chinoises au Tibet, et ce depuis un demi-siècle.
 
Enfin là où l'ignorance devient carrément de la mauvaise foi partisane, c'est lorsque le Mao du Sénat reprend quasiment mot à mot les thèmes qui lui sont soufflés par l'ambassade de Chine sur la "volonté de restaurer la théocratie" du Dalaï Lama et autre balivernes mensongères.
 
Dans toutes ses déclarations sur l'avenir de son pays, le dirigeant tibétain affirme clairement sa volonté de n'assumer aucun rôle au pouvoir lorsqu'il reviendra au Tibet, celui-ci devant être issu exclusivement des urnes, dans le cadre d'une constitution laïque et démocratique.
 
Quant au régime social, c'est en France, devant la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, présidée à l'époque par Jack Lang et devant un Edouard Balladur ébahi, que nous avons tous entendu le Dalaï Lama affirmer avec une certaine audace que son choix se portait résolument vers un système socialiste. Affirmation qu'il complétait dans le Nouvel Observateur du 17 janvier 2008 en se décrivant comme "un marxiste en robe bouddhiste". On comprend que cela puisse déplaire au sénateur de gauche. Enfin, la robe de moine. Car il préfère sans doute réserver l'appartenance marxiste aux vareuses des commissaires politiques, aux complets-vestons des businessmen et aux uniformes des militaires, zélés défenseurs du capitalisme chinois.
 
Qu'on nous pardonne notre ton parfois polémique, il ne cache ni hargne ni colère. Simplement notre souhait de voir l'élu de la République s'obliger à un peu de retenue dans ses propos, appliquant la consigne que tous les journalistes dignes de ce nom partagent : "qui n'a pas fait d'enquête n'a pas droit à la parole". Inutile de lui préciser l'auteur de cette citation.
 
Qu'il sache en outre que nous n'agissons jamais par haine de la Chine, attachés que nous sommes à la liberté de ce grand peuple, que nous ne sommes pas des "indépendantistes tibétains" et encore moins des "agitateurs professionnels" comme l'affirme la langue de bois pékinoise. S'il veut s'en convaincre, et à moins qu'il ne calque son attitude sur l'horreur du dialogue propre aux dirigeants chinois, nous sommes, cela s'entend, parfaitement disposés à le rencontrer. En toute bonne foi.
 
Jean Paul Ribes
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Petite bibliothèque à l'usage de l'élu qui veut savoir de quoi il parle sans limiter sa connaissance à "Tintin au Tibet" ou aux brochures de propagande :
 "Histoire du Tibet", Laurent Deshayes : Fayard, 1997 [2]
 
 "Le Tibet est-il chinois ?", Anne-Marie Blondeau, Katia Buffetrille : [1], Albin Michel, 2002
et bien sûr les deux excellents rapports publiés dans le cadre des documents de travail du Sénat :
 "Tibet, un peuple en danger" (GA 50, Octobre 2003)
 "Quelle solution politique pour le Tibet ?" (GA77, Octobre 2007)

articles récents :
 "Tibet, le défi à la Chine", Le Nouvel Observateur, janvier 2008
 "Bourgeonnement précoce du printemps de Lhassa", Le monde diplomatique, avril 2008, interview de M. Ricard dans Le Monde
et pour une information quotidienne :
www.tibet-info.net
 
[1] Le Tibet est-il chinois ? sous la direction d'Anne-Marie Blondeau et de Katia Buffetrille.
Pour la première fois, des chercheurs du monde entier se sont réunis pour donner au lecteur une connaissance aussi exacte et pondérée que possible du Tibet. Symbole en Occident d'une prestigieuse tradition spirituelle "orientale", ce pays est aussi, depuis la "libération pacifique" chinoise dans les année '50, l'objet de polémiques, de propagande et contre-propagande, entre Chinois, Tibétains en exil, Tibétains du Tibet et Occidentaux.
 
Tout en reconnaissant dans son titre, Le Tibet est-il chinois ?, l'enjeu essentiel de ces affrontements, cet ouvrage ne cède à aucun parti pris et recherche seulement l'objectivité. La genèse de l'ouvrage est liée à une réaction de spécialistes occidentaux à la publication, en 1988 d'un pamphlet chinois intitulé "Le Tibet, cent questions et réponses". Ce document affirmait présenter le résultat des recherches des tibétologues chinois sur les points controversés de l'histoire tibétaine et de la politique chinoise au Tibet. Anne-Marie Blondeau et Katia Buffetrille, les éditrices, ont conservé le plan du pamphlet et ont placé en regard des réponses des savants chinois celles des savants occidentaux pour chacun des thèmes traités.
 
L'éventail est vaste, de l'histoire à l'éducation, de la médecine à la démographie en passant par les émeutes, la folklorisation de la culture tibétaine, etc. Cette encyclopédie condensée sur le Tibet offre tout particulièrement un éclairage novateur sur la religion, inscrite ici dans l'ensemble dont elle est solidaire. La forme interrogative du titre de l'ouvrage est une invitation à la réflexion, à partir de connaissances rassemblées sans passion et dont la divulgation s'imposait dans les circonstances présentes. Le lecteur pourra enfin juger sur pièces de ce que fut le Tibet, de ce qu'il est devenu et de ce qu'il pourra devenir.
 
[2] " Histoire du Tibet " de Laurent Deshayes. Editions Fayard, janvier 1997.
Très attendue, cette "Histoire du Tibet" - la première du genre en français - est fondée, outre les sources classiques, sur un fond d'archives peu utilisé jusqu'alors : celui du Ministère des Affaires étrangères français et de la Société des Missions Etrangères de Paris. D'où, sans doute, l'accent mis sur la place des missionnaires chrétiens au Tibet, à différents moments de son histoire.
 
Une histoire complexe et tourmentée dont Laurent Deshayes réussit, et c'est un tour de force, à suivre le fil à travers les influences mongoles et mandchoues, les guerres pour le pouvoir entre écoles du bouddhisme (ou du moins entre lamas dignitaires), ou les convoitises étrangères. Une chose est certaine en tous cas : cette histoire ne peut être lue avec les seuls concepts occidentaux de la géopolitique.
 
Ainsi cette relation Chö-Yon (de maître spirituel à bienfaiteur) qui unit les peuples tibétains (de Sakya Pandita aux Dalaï Lamas) d'abord aux Khans mongols, puis à l'empereur de Chine, malgré ses implications politiques, ne peut en rien se confondre avec une suzeraineté chinoise et encore moins un protectorat, impliquant un abandon de soumission du côté tibétain.

Historien, donc impartial, Laurent Deshayes rétablit les vérités tronquées, masquées, transformées par les fonctionnaires impériaux du Parti communiste chinois.
 
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République Française
 
Paris, le 8 avril 2008
 
Assemblée Nationale
 
 
Lionnel LUCA
Président du Groupe d'études sur le problème du Tibet 
à l'Assemblée nationale
 
Flamme olympique : une organisation "bunkérisée"
 
Le président UMP du groupe Tibet à l'Assemblée nationale, Lionnel Luca, a dénoncé le choix fait par les organisateurs du passage de la flamme olympique à Paris de "bunkériser" l'événement, écartant par principe les associations de défense des droits de l'Homme.
 
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Des députés manifestent sur le passage de la flamme olympique

Le 07 avril 2008 - AP

Des députés de toutes sensibilités politiques ont manifesté lundi après-midi pour le respect des droits de l'Homme en Chine lors du passage de la flamme olympique devant le Palais-Bourbon. Trente-cinq d'entre eux sont sortis sur le mur d'enceinte de l'Assemblée au moment du passage de la flamme. Les manifestants, dont certains étaient ceints de l'écharpe tricolore et agitaient des drapeaux tibétains, ont crié "Liberté pour le Tibet" et chanté "La Marseillaise".
 
Une banderole "Respect des droits de l'Homme en Chine" avait été placée sur le mur. Sur le quai, des manifestants pro-tibétains ont repris le slogan, couvrant de leurs voix quelques dizaines de partisans du régime de Pékin installés au coin du quai Anatole-France et du boulevard Saint-Germain.
Parmi les députés manifestants se trouvaient Jean-Marc Ayrault (PS), Françoise de Panafieu (UMP), Jean-Christophe Lagarde (Nouveau centre) ou encore Yves Cochet (Verts).
 
Le groupe d'études sur le Tibet et le groupe socialiste avaient organisé cette manifestation inédite pour "montrer l'attachement de notre peuple aux droits de l'Homme de manière générale et en particulier pour les Tibétains qui ont eu le courage d'alerter le monde en bravant la répression et en mourant pour cela", selon Lionnel Luca (UMP), président du groupe d'études.
 
 
"Une manifestation de CRS" selon Jean-Louis Borloo
 
Personne n'a pu voir la flamme olympique, qui se trouvait à l'intérieur d'un autocar précédé de plusieurs dizaines de camions de CRS et protégé par un impressionnant dispositif policier. "Vous avez vu la flamme, vous?", demandait la députée socialiste Aurélie Filippetti, qui avait revêtu pour l'occasion le T-shirt de l'association Reporters sans frontières.
 
"C'est une manifestation de CRS", s'est amusé le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo, venu assister à la scène depuis les marches du Palais-Bourbon.
 
"On a l'impression que c'était un défilé militaire", a remarqué M. Ayrault, un badge avec le mot "liberté" au revers de sa veste. "La flamme olympique, c'est le symbole de la fraternité, et aujourd'hui on a entr'aperçu cette flamme olympique encadrée de policiers".
 
 
L'ambassade de Chine se comporte comme "une ambassade occupante" selon Lionnel Luca
 
De son côté, M. Luca a trouvé "scandaleux" que les forces de l'ordre ait arraché les drapeaux tibétains brandis par des manifestants sur le passage de la flamme. "Plutôt que Pékin à copier Paris, c'est plutôt Paris qui aurait tendance à copier Pékin", s'est insurgé le député UMP. Il a dénoncé "l'arrogance" de "l'ambassade de Chine à Paris qui se comporte selon lui comme "une ambassade occupante".
 
Le débat sur le projet de loi relatif aux organismes génétiquement modifiés (OGM) avait été interrompu pendant une demi-heure pour permettre aux députés de participer à la manifestation.
 
Le président UMP de l'Assemblée Bernard Accoyer n'a en revanche pas accédé à la demande du groupe socialiste de déployer le drapeau du Tibet sur le fronton du Palais-Bourbon. Il a invoqué le principe de neutralité des services publics qui "s'oppose à ce que soient apposés sur les édifices publics des signes symbolisant la revendication d'opinions politiques, religieuses ou philosophiques".
 
"Il y a quelques temps, le portrait d'Ingrid Betancourt avait été érigé devant l'Assemblée nationale et le règlement ne l'exigeait peut-être pas non plus", a remarqué le président du groupe socialiste Jean-Marc Ayrault.
 
M. Accoyer a informé les députés qu'il allait saisir le prochain bureau de l'Assemblée d'une "réflexion sur l'utilisation du frontispice de l'Assemblée lors des expressions nationales de cette nature". AP
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      Louis de Broissia
 
 
  REPUBLIQUE FRANÇAISE
  Paris, le 31 octobre 2007
 
 
  COMMUNIQUE DE PRESSE


Quelle solution politique pour le tibet ?

M. Louis de Broissia (UMP – Côte-d’Or), président du groupe d’information sur le Tibet du Sénat, a présenté à la presse son rapport intitulé « Quelle solution politique pour le Tibet ? », qui fait suite à la visite officielle d’une délégation du groupe d’information à Pékin et à Lhassa. Cette visite officielle répondait à une invitation de l’Assemblée nationale populaire de Chine, car les sénateurs membres du groupe d’information sur le Tibet sont partisans d’un dialogue direct avec les autorités chinoises. Les entretiens tenus à cette occasion, dont les comptes-rendus figurent en annexe du rapport, ont été courtois mais francs.
 
Si la position des autorités chinoises mérite d’être entendue, elle ne peut pas cependant être acceptée sans réserves. La « libération pacifique » du Tibet, en 1950, puis sa « réforme démocratique », à partir de 1959, sont des expressions reçues de la propagande destinées à masquer la réalité d’une annexion par la force suivie de bouleversements violents. De même, il est contraire aux faits d’imputer la rébellion tibétaine à un complot impérialiste occidental, alors qu’elle résultait spontanément d’un sentiment national bafoué.

Le développement matériel du Tibet depuis son annexion a pu être constaté sur place par la délégation du groupe d’information. Toutefois, l’envers du décor laisse apparaître une marginalisation économique et culturelle des Tibétains de souche, caractéristique d’une situation de type colonial.

Les sénateurs membres du groupe d’information sont convaincus qu’il est de l’intérêt des autorités chinoises de parvenir rapidement à un accord avec le Dalaï-Lama, dont les positions modérées sont connues. Ce n’est pas un arrangement relatif au statut personnel de celui-ci qui est en jeu, mais bien une vraie solution politique qui permettrait au Tibet de s’épanouir au sein de la grande Chine dans un cadre d’autonomie sincère.

Le rapport, qui est le troisième publié par le groupe d’information, après « Tibet : un peuple en danger » (n°GA 50 – octobre 2003) et « Le Tibet en exil : à l’école de la démocratie » (n° GA 67 – juin 2006), est disponible sur internet : http://www.senat.fr/noticerap/2007/ga77-notice.html.   

Contact presse : Jacques-Henri de Rohan Chabot   01 42 34 35 17  
 
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COMMUNIQUE DE PRESSE
 

 

République Française

Paris, le 16 octobre 2006

Assemblée Nationale


Le Groupe d'Etudes sur le Tibet
à l'Assemblée Nationale
exprime sa révolte sur la tuerie du Nangpa-La

Les Jeux de Pékin ont-ils commencé ?

Ball-trap avec les Tibétains ! Le 30 septembre dernier, Kelsang Namdrol (*), une jeune nonne tibétaine âgée de 17 ans, a été abattue par les gardes-frontières chinois qui ont ouvert le feu sur un groupe d'environ soixante-dix personnes qui tentaient de passer du Tibet au Népal.

Contrairement à ce qu'affirmaient les autorités chinoises, les pélerins n'étaient pas armés et n'ont pas attaqué les gardes chinois, comme le montre bien la vidéo réalisée par un caméraman de la chaîne roumaine ProTV qui se trouvait avec les alpinistes qui ont alerté l'opinion internationale.

Les 140 membres du groupe d'études sur le problème du Tibet, révoltés par cette lâche agression, dénoncent avec fermeté cette violation des règles internationales, et demandent à la communauté internationale d'ouvrir une enquête indépendante sous l'égide de l'ONU, afin de faire toute la lumière sur cette affaire.

Ils saisissent le Ministre des Affaires Etrangères pour obtenir des explications auprès du Gouvernement chinois.

C'est une nouvelle fois la preuve indiscutable de ce que le Peuple tibétain subit depuis 56 ans; des centaines de Tibétains tentent de quitter le Tibet, occupé depuis 1950 par la Chine, afin de fuir la répression politique, culturelle et religieuse dont ils sont victimes.

Lionnel LUCA
Président du Groupe d'études sur le problème du Tibet
à l'Assemblée nationale
Député des Alpes-Maritimes

CONTACT PRESSE:
Marie Huteau 06 63 04 61 09

(*) Note de FranceTibet : Rectificatif de l'identité de le jeune nonne abattue KELSANG NORTSO (et non Kelsang Namdrol ) indique le Centre des Droits de l'Homme de Dharamsala.

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PARIS
Le 23 août 2006

INTERVIEW AFP

"Je pensais aller au Tibet, je suis allé en Chine"

Le sénateur UMP Louis de Broissia, de retour de la première visite au Tibet d'une délégation parlementaire française, a plaidé auprès des autorités chinoises le retour des réfugiés tibétains avant les Jeux olympiques de 2008.

M. de Broissia, qui préside le "Groupe d'information sur le Tibet" du Sénat était accompagné des UMP Jean Faure et Laurent Béteille, ainsi que du PS Thierry Repentin, pour ce voyage à l'invitation de l'Assemblée populaire de Chine.

AFP - Cette visite représente-t-elle à vos yeux une ouverture de la part des autorités chinoises ?

Louis de Broissia - C'est la première fois, en tout cas, qu'une délégation parlementaire française s'occupant officiellement des questions tibétaines est reçue par les autorités chinoises, donc c'est un pas positif puisque, après tout, ils ont accepté le dialogue. On a beaucoup parlé du Panchen Lama, disparu il y a 11 ans, on a beaucoup parlé du Dalaï Lama, on a parlé de prisonniers politiques, avec une liste que j'ai remise aux autorités officielles. Donc ça a été un langage vraiment franc. Et que ces autorités aient accepté ce langage est déjà un premier pas.

AFP - Avez-vous pu avoir des contacts avec des Tibétains hors la présence d'autorités chinoises ?

Louis de Broissia - On n'a pas eu de contact. Je ne voulais pas non plus compromettre des Tibétains. On voit des policiers dans les monastères. On sent que les monastères ne sont pas un lieu d'expression spontanée. Ce qui est pesant, pour un occidental qui y va, c'est que c'est la Chine. Moi, je pensais aller au Tibet, je suis allé en Chine. La ville de Lhassa est une ville chinoise, la ville de Shigatse est une ville chinoise. Tout le long de la route, l'habitat rural tibétain laisse la place à des habitats chinois. Mais les jeunes tibétains revenus des universités chinoises veulent retrouver leur identité tibétaine.

AFP - Quel message avez-vous laissé aux autorités chinoises ?

Louis de Broissia - Faites rentrer, avant 2008, les réfugiés tibétains au Tibet. Faites cela, ce sera un coup de génie, et vous réussirez les Jeux olympiques, vous réussirez l'exposition universelle. Dans le respect de l'autonomie, de la Constitution, ouvrez des négociations sérieuses avec le Dalaï Lama. Ils ne nous ont pas dit non. Les autorités chinoises se disent ouvertes au dialogue. Je considère que la question tibétaine doit être posée par la Chine et réglée à l'intérieur de la Chine. A ce moment-là, ce sera un problème intérieur chinois.

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L'association TIBET VALLEE DE LA DROME remercie
Patrick Bonnassieux, Cl. B. Levenson,
ainsi que le Sénat et la Chambre des députés pour leurs précieuses infos.
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